CassandraJe bois une gorgée, puis pose mon verre.— Qu’est-ce que tu veux, Gabriel ?Il ne répond pas tout de suite. Il fait lentement le tour de la pièce, comme un fauve en cage.Puis il s’arrête juste devant moi, s’accroupit à ma hauteur et plante ses yeux dans les miens.— Arrête ton jeu, Cassandra.Je souris doucement.— Quel jeu ?Il effleure mon genou du bout des doigts, un geste à peine perceptible, mais suffisant pour faire monter la tension d’un cran.— Celui où tu fais semblant de ne pas voir à quel point je suis prêt à tout pour t’avoir., murmure-t-il.Je soutiens son regard, impassible.— C’est ça, ton grand plan ? M’intimider ?Il ricane doucement.— Je n’intimide pas, Cassandra. Je persuade.Il se redresse et tend la main vers moi.— Danse avec moi.Je hausse un sourcil.— Sérieusement ?— Sérieusement., répète-t-il.Lentement, je glisse ma main dans la sienne. Il m’attire contre lui avec une aisance déconcertante, une main posée sur le creux de mes reins.La musique ne
RaphaëlLe pinceau tremble légèrement dans ma main. Je le fixe un instant, agacé par mon propre trouble.Cassandra est partout.Sur la toile. Dans mon esprit. Sous ma peau.Depuis le premier jour.La peinture fraîche coule légèrement, brouillant les traits de son visage que j’ai tenté de capturer. Un détail qui me frappe en plein cœur.Elle m’échappe.Comme toujours.Je recule d’un pas, contemple mon œuvre inachevée sous la lumière tamisée de mon atelier. Trop imparfaite. Trop brutale. Comme nous.Un bruit derrière moi me fait sursauter.— Je vois que tu es toujours aussi obsédé.Je ferme brièvement les yeux avant de me retourner.Emma.Ma sœur.Vêtue d’un manteau sombre, ses longs cheveux blonds légèrement humides à cause de la pluie.— Que fais-tu ici ? demandé-je en déposant mon pinceau.Elle s’avance sans se presser, effleurant les pots de peinture du bout des doigts.— Tu es au courant pour Cassandra et Gabriel ?Un rictus amer étire mes lèvres.— Bien sûr.La photo a circulé bie
LucienLe club est bondé ce soir.Musique enivrante. Lumières tamisées. L’odeur du cigare et de l’alcool qui se mêlent à la luxure ambiante.Je suis installé dans un carré VIP, observant la foule en contrebas.Mais je ne la cherche pas dans cette foule.Parce que Cassandra ne se perd jamais dans la masse.Elle fait en sorte que la masse se tourne vers elle.Et ce soir ne fait pas exception.Lorsqu’elle entre, tous les regards convergent vers elle.Robe noire fendue. Cheveux relevés en un chignon parfait. Un port de tête de reine.Elle sait l’effet qu’elle produit.Et elle l’utilise à son avantage.Je me lève alors qu’elle approche lentement.Nos regards se croisent.Une tension électrique s’installe immédiatement.— Lucien., murmure-t-elle en s’arrêtant devant moi.— Cassandra., répliqué-je avec un sourire en coin.Je tends la main et elle l’accepte, me laissant l’attirer contre moi.— Tu joues un jeu dangereux., soufflé-je à son oreille.Elle esquisse un sourire provocateur.— Toi au
CassandraL’air nocturne est un baume sur ma peau brûlante. Je descends les marches du club sans me retourner, les talons de mes escarpins claquant sur le béton.Gabriel, Raphaël, Lucien.Trois hommes. Trois pièges.Et je suis au centre de leur guerre silencieuse.J’inspire profondément, tentant de faire abstraction du tourbillon d’émotions qui m’assaille. Pourtant, le goût du danger persiste sur ma langue.Un moteur gronde à proximité.Je me fige.Une voiture noire est garée non loin, moteur allumé, phares éteints.Quelqu’un m’attend.Je serre les poings.Il ne manque plus que ça.La porte arrière s’ouvre lentement.— Monte.Une voix que je reconnaîtrais entre mille.Je soupire avant de glisser sur le siège en cuir, refermant la porte derrière moi.LucienCassandra s’installe à mes côtés avec une élégance exaspérante, mais son regard trahit une impatience contenue.— Je suppose que ce n’est pas une coïncidence., dit-elle en croisant les jambes.Un sourire en coin étire mes lèvres.—
CassandraLes heures s’étaient écoulées dans un ballet effréné, à peine marquées par le doux murmure de la nuit. La chambre était baignée d'une lumière tamisée, où les ombres dansaient sur les murs, comme si elles témoignaent de chaque instant partagé. Gabriel était là, à mes côtés, l’énergie vibrante entre nos corps comme un fil conducteur, tissant un lien tangible et chargé d'émotions.La première fois qu'il avait effleuré ma joue, un frisson m’avait parcouru la colonne vertébrale. Sa main, chaude et rassurante, glissait lentement le long de ma peau, et j'avais su à cet instant que rien ne serait plus jamais comme avant. Le monde extérieur n'existait plus. Tout ce qui comptait, c'était lui et moi. Je ne pouvais m'empêcher de plonger dans le bleu profond de ses yeux, captivée par la promesse d'une décennie de secrets inavoués.Quand nos lèvres s’étaient finalement rencontrées, c'était comme si le monde avait explosé autour de nous. La douceur mêlée à une urgence palpable attisait un
CassandraLe soleil perce à peine l’horizon lorsque j’ouvre les yeux. Mon corps est tendu, mon esprit encore embrumé par les événements de la veille. Le goût du whisky et de la tentation persiste sur mes lèvres.Lucien.Son baiser.Sa domination silencieuse, cette façon qu’il a de me regarder comme s’il me possédait déjà.Je ferme les yeux un instant, cherchant à reprendre le contrôle. Mais le visage de Gabriel s’impose aussitôt dans mon esprit. Son regard acéré, ce sourire qui promet tout et ne donne rien.Et puis, il y a Raphaël.Sa passion brute, sa loyauté sans faille, cette douleur dans ses yeux lorsqu’il me voit vaciller entre eux.Je me lève avec un soupir, traversant mon appartement en quête d’un café bien serré.Je suis la reine de mon propre empire.Mais chaque roi tente de m’enfermer dans son château.Et je refuse d’être une reine captive.Mon téléphone vibre sur le comptoir.Gabriel.— Bonjour, ma douce.Je fronce les sourcils. Trop tôt pour les manigances de Morel.— Qu’e
Cassandra— Avec plaisir.Il m’attire contre lui, son étreinte ferme, possessive. Contrairement à Raphaël, il ne cherche pas l’émotion.Il impose.— Gabriel joue son jeu ce soir., murmure-t-il à mon oreille alors que nous tournons sur la piste.Je garde mon sourire en place.— Et toi ? Quel est le tien ?Il penche légèrement la tête, ses lèvres frôlant presque ma tempe.— Tu le sais déjà.Et je le sais.Lucien ne se contente pas de convoiter. Il conquiert.Mais moi, je ne suis pas une terre à envahir.Lorsque la musique ralentit, il resserre légèrement son étreinte, refusant de me laisser partir trop vite.— Ne laisse pas Morel te manipuler., murmure-t-il.Je lève les yeux vers lui.— Et toi ? Tu ne cherches pas à me manipuler, peut-être ?Son sourire est lent, dangereux.— Non. Moi, je prends ce que je veux.Je ne baisse pas les yeux.— On verra bien qui prendra qui, Lucien.Il éclate de rire, un son grave et chaud qui fait tourner quelques têtes autour de nous.Mais avant qu’il ne p
CassandraL'air nocturne est chargé de tensions et de promesses inavouées. En quittant la terrasse où Lucien et Raphaël se disputaient mon sort, je me dirige vers la sortie du domaine. Derrière moi, le tumulte des mondanités continue, mais je n’y prête plus attention. Ce soir, je n’ai pas envie d’être une reine scrutée sous tous les angles.J’ai besoin de reprendre mon souffle.Mon téléphone vibre dans ma main. Un message.Gabriel : Viens me voir. Je t’attends.Je soupire. Morel n’abandonne jamais. Mais ce n’est pas une invitation anodine. C’est une provocation.Je devrais rentrer.Je devrais l’ignorer.Mais ce serait lui donner la victoire trop facilement.Je relève le menton et appelle mon chauffeur.— Chez Gabriel Morel., ordonné-je en montant dans la voiture.Si Gabriel veut jouer, alors je jouerai. Mais aux mesures que je décide.GabrielJ’entends le vrombissement de la voiture avant même qu’elle ne s’arrête devant mon immeuble. De ma baie vitrée, je la vois descendre, silhouette
CassandraJe suis là, dans ses bras, mon corps encore brûlant des flammes de ce que nous venons de partager. Mon cœur bat encore la chamade, et chaque respiration que je prends semble chargée de ce qu’il m’a donné. De ce qu’il m’a arraché. J’ai toujours cru que je pouvais contrôler ma vie, que je pouvais choisir, que je pouvais fuir quand ça devenait trop intense. Mais lui, Raphaël, il m’a prouvé qu’il n’y a rien que je puisse faire pour empêcher ce qui s’éveille en moi. Ce désir brûlant, cette passion dévorante.Je me recule légèrement, me redressant dans le lit, observant son visage. Ses yeux, encore noyés de cette intensité que nous avons partagée, me regardent avec cette familiarité douce et pleine de promesses. Je veux l’éviter, fuir ce qui semble pourtant inéluctable, mais chaque parcelle de mon être me crie que je suis bien là où je devrais être. Avec lui. Pas seulement pour le moment, mais pour plus.Je caresse sa joue, mes doigts traçant les contours de son visage avec une do
RaphaëlJe la regarde, debout près de la fenêtre, les rayons du soleil effleurant sa peau. Elle semble presque irréelle, comme si le monde autour d’elle s’était suspendu, comme si tout prenait sens dès qu’elle était là, dans ma vie. Cassandra... Elle a ce don, sans même le savoir, de transformer chaque instant en quelque chose d’intense, d’important. Et pourtant, aujourd’hui, elle semble différente. Elle est calme, mais d’une manière que je n’ai jamais vue. Il y a une sorte de paix en elle, une décision qu’elle a prise sans retour possible.Je me permets de la regarder un peu plus longtemps, absorbé par la beauté de ce moment, par la simplicité de sa présence. Puis je la vois se tourner vers moi, son regard croisant le mien. Ses yeux sont pleins de promesses, mais aussi d'une fragilité que je ressens au plus profond de moi.« Bien dormi ? » J'essaie de briser le silence, de lui offrir une ouverture, quelque chose pour qu'elle se sente à l'aise. Sa réponse est une légère esquisse de so
CassandraLe vent souffle doucement à travers les rideaux ouverts, apportant avec lui un parfum de printemps qui flotte dans l’air. Il est presque tard, et le soleil se couche lentement, parant la pièce d’une lumière dorée. Mais dans mon esprit, il fait plus sombre qu’il ne l’a jamais été. J’ai repoussé ce moment trop longtemps, tenté de fuir cette vérité que je savais au fond de moi. Le temps m’a apporté une clarté nouvelle, mais aussi une décision lourde, une décision qui pèse sur mon cœur.Je regarde Raphaël. Il est là, à quelques pas de moi, attendant patiemment que je trouve les mots qui, je le sais, changeront tout. Il n’a pas cherché à me convaincre. Il m’a laissée choisir, et je l’ai observé, espérant trouver une raison de m’échapper de ce lien invisible qui m’attire pourtant vers lui. Mais chaque jour passé à ses côtés, chaque instant partagé, m’a convaincue que c’était lui. Lui qui m’avait donnée une autre chance. Lui qui, malgré tout, n’avait jamais cessé de croire en nous.
CassandraLe jour s’étire dans une lenteur que je peine à supporter. Mon esprit est encore agité par la dernière conversation avec Lucien, un écho de ses mots résonnant dans mon esprit. La souffrance de le voir partir, d’être celle qui a décidé de tout laisser derrière, me pèse comme un fardeau. Mais ce n’est pas le poids de la décision qui m’accable, c’est l’incertitude qui m’attend. Est-ce que j’ai fait le bon choix ? Est-ce que je pourrais vivre avec cette décision ?Je ferme les yeux, la chaleur du soleil effleurant ma peau, mais à l’intérieur, il y a une tempête. Une part de moi veut crier, briser tout ce que j’ai construit pour me libérer de cette douleur. Mais une autre part, plus calme, me dit de continuer, de ne pas regarder en arrière.Un bruit derrière moi me fait sursauter. Je me retourne, et je trouve Raphaël, debout dans l’encadrement de la porte, son regard posé sur moi avec une intensité que je ne peux ignorer.« Tout va bien ? » Sa voix est douce, mais il y a une inqu
CassandraJe suis frappée par la force de ses paroles. Un frisson me parcourt, mais je garde les yeux baissés, cherchant à rassembler mes pensées. C’est trop. Il me pousse dans mes retranchements, me forçant à faire un choix. Mais quel choix ?« Et si je te dis que je n’ai plus envie de choisir ? » La question m’échappe avant que je ne puisse la retenir. « Que je n’ai plus envie de jouer à ce jeu ? »Raphaël ne répond pas tout de suite. Il se tient là, silencieux, comme s’il pesait chaque mot avant de parler. Et puis, il s’avance un peu plus près, et cette fois, ses mains encadrent doucement mon visage, forçant mes yeux à se poser sur lui.« Alors fais-le pour toi. » Ses mots sont un souffle, presque une prière. « Ne choisis pas pour lui. Choisis pour toi. Parce que tu le mérites. »Les larmes montent sans que je puisse les retenir. Elles ne sont pas seulement de tristesse. Il y a de la colère, de la frustration, de l’impuissance. Et au milieu de tout cela, un désir inavoué. Un désir
CassandraJe me tourne brusquement. Raphaël. Sa silhouette se découpe dans l’encadrement de la porte, son regard perçant. Il me fixe intensément, presque à la manière d’un spectateur, comme si chaque émotion qui me traverse était une scène qu’il observait avec une curiosité non dissimulée.« Pourquoi es-tu là ? » Ma voix est plus froide que je ne le voudrais, mais je ne peux m’empêcher de le regarder, d’analyser son visage, ses traits, toujours aussi fascinants, mais aussi tellement complexes.« Parce que je sais que tu souffres. » Il s’avance lentement, chaque pas résonnant comme un défi. « Et parce que tu ne veux pas l’admettre. »« Je n’ai rien à te dire. »« C’est pour ça que tu me dis tout. » Il sourit légèrement, un sourire entendu. Il connaît bien mes mécanismes de défense, il sait que je lutte, que je me cache derrière des murs d’acier pour ne pas laisser mes émotions se déverser. Mais je n’ai pas envie de jouer à ce jeu. Pas ce soir.« Il est trop tard, Raphaël. »« Peut-être
CassandraLe vent souffle fort, comme si la ville elle-même voulait m’emporter, me tester, m’éprouver encore. Je n’ai pas l’habitude de cette solitude, pas après toutes les années passées à naviguer entre des hommes, des désirs, des ambitions. Mais aujourd’hui, ce vide est devenu un allié. Un vide que j’ai créé, un espace que j’ai ouvert pour moi seule. L’indépendance est un fardeau et une bénédiction, et pourtant, je m’y sens étonnamment bien.Je marche, presque sans but, mes pensées flottant entre ce que je suis devenue et ce que je pourrais encore être. Les décisions que j’ai prises se bousculent dans ma tête, se superposent à ce que j’ai ressenti avant. Il y a encore des échos de Gabriel dans mon esprit, des morceaux de Raphaël qui m’appellent, mais je les ignore. Je dois garder le cap, avancer, ne pas me laisser emporter par les vagues du passé.Mais, au détour d’une rue, je le vois. Lucien. Le visage marqué par les batailles, une lueur de colère froide dans ses yeux, mais aussi
CassandraJe me tais, le silence s’étire, et même à travers l'écran, je peux sentir son souffle lourd. Il sait ce que je veux dire, il le comprend, et, à ma grande surprise, je n'ai pas peur. Ni de la solitude, ni de l'avenir incertain. Parce que je sais que, même si cela me déchire, je choisis enfin de me libérer.« Je comprends, Cassandra. Je ne veux pas te forcer à choisir, mais sache que je serai là. Si jamais tu changes d'avis… »« Je n’ai pas à changer d’avis. C’est juste que je dois me retrouver d’abord. »J’entends la tristesse dans sa voix, mais aussi une forme de respect. Il sait que ce n’est pas la fin, même si c’est difficile.Je raccroche et laisse un dernier regard sur la fenêtre, l’obscurité de la nuit enveloppant ma silhouette. Une décision lourde, mais pleine de sens. J’ai choisi de ne pas me perdre dans une relation où je serais l’ombre de ce que je suis, à côté de l’autre. Ce ne sera pas Raphaël, ni Gabriel, ni un autre. Ce sera moi. Et c’est ainsi que je veux avanc
CassandraLes heures s’étirent après l’appel de Raphaël, mais une étrange sensation m'envahit. La paix n'est pas totale, mais elle est là, persistante, comme une lumière qui commence à percer les nuages sombres. Pourtant, mon esprit reste agité, les échos de ce passé, aussi douloureux soient-ils, résonnent encore en moi. Je sais que le chemin vers la guérison sera long, mais je ne peux plus attendre. Je ne veux plus.Je me lève du canapé, secouant les ténèbres de ma tête. Mes jambes se dirigent presque par instinct vers mon bureau, où des piles de papiers s’accumulent depuis trop longtemps. J'ai l’impression de fuir, de chercher à occuper mon esprit pour ne pas sombrer dans la mélancolie qui m’enveloppe. Mon regard se fixe sur le premier dossier que je prends, un projet sur lequel j'avais commencé à travailler avant que tout ne déraille. C'est une tâche simple, mais qui me demandait d’être présente, de me concentrer. Ce qui est exactement ce dont j'ai besoin.Je me plonge dans les chi