Cassandra
Un silence pesant s’installe entre nous.
Puis, lentement, il se lève.
— Tu veux savoir pourquoi ?
Il s’approche, réduisant la distance entre nous à une simple inspiration.
— Parce que tu es bien trop intelligente pour appartenir à quelqu’un.
Je retiens mon souffle.
— Même à toi ?, soufflé-je.
Il esquisse un sourire en coin, un sourire de prédateur patient.
— Surtout pas à moi.
Les jours qui suivent sont une tempête silencieuse.
Lucien ne fait aucun mouvement. C’est mauvais signe. Lorsqu’un homme comme lui disparaît des radars, c’est qu’il prépare un coup.
Gabriel, lui, reste dans mon sillage, toujours prêt à m’offrir sa protection déguisée en alliance.
Et Raphaël…
Je ferme les yeux un instant.
Il est le seul à ne pas jouer selon les règles. Le seul qui ne veut ni me posséder, ni me contrôler. Mais peut-être est-il aussi le plus dangereux.
Parce qu’un homme prêt à brûler le monde pour une femme…
… est aussi capable de se consumer avec elle.
Raphaël
Paris étouffe sous la chaleur nocturne. L’ombre des lampadaires découpe des silhouettes sur les pavés, et le vent transporte un parfum d’orage imminent.
Je traverse les ruelles, les mains enfoncées dans les poches de mon manteau. Mon atelier est à quelques rues, mais ce soir, l’inspiration m’échappe. Mon esprit est ailleurs.
Sur elle.
Cassandra.
Son nom résonne comme une note persistante au creux de mon crâne, une mélodie entêtante qui refuse de s’effacer.
Elle ne m’a pas appelé depuis des jours.
Je ne devrais pas m’en soucier. Après tout, je suis celui qui s’est juré de ne jamais la forcer à quoi que ce soit.
Mais putain, je la veux.
Je la veux comme on veut l’interdit. Comme un homme affamé qui sait qu’un seul morceau pourrait le rassasier… ou l’empoisonner.
Un bruit de talons sur le bitume attire mon attention. Je lève les yeux, et mon cœur rate un battement.
Elle est là.
Cassandra Morel.
Sa silhouette se découpe sous la lumière tamisée du néon d’un bar. Elle porte une robe noire, simple mais terriblement efficace, qui épouse chaque ligne de son corps avec une élégance nonchalante. Ses cheveux cascadent sur ses épaules, et ses lèvres sont peintes d’un rouge qui appelle au péché.
Mais c’est son regard qui me frappe le plus.
Froid.
Déterminé.
Brisé, peut-être ?
— Raphaël., murmure-t-elle en s’arrêtant devant moi.
Je plisse les yeux, cherchant à comprendre ce qu’elle fait ici, seule, à une heure pareille.
— T’as perdu ton chemin, princesse ?
Elle esquisse un sourire, mais il n’atteint pas ses yeux.
— Tu as un peu de temps ?
Je me passe une main dans les cheveux, hésitant une fraction de seconde avant de hocher la tête.
— Toujours pour toi.
Nous sommes assis sur le toit de mon atelier, un verre de whisky chacun.
Elle ne parle pas.
Elle regarde Paris, son regard perdu dans l’infini des lumières de la ville.
Je la laisse faire.
Parfois, le silence en dit plus que les mots.
Enfin, après ce qui semble être une éternité, elle prend la parole.
— Ils veulent me posséder.
Je n’ai pas besoin de demander qui.
Lucien.
Gabriel.
Les hommes qui pensent pouvoir l’enfermer dans une cage dorée.
— Mais toi…, murmure-t-elle en tournant la tête vers moi. Toi, tu ne me réclames rien.
Je soutiens son regard, sentant l’intensité de sa présence me consumer lentement.
— Parce que je sais que tu es une tempête., dis-je calmement.
Elle frissonne.
— Et toi, tu veux être emporté par moi ?
Je pose mon verre, me penchant légèrement vers elle.
— Je veux brûler avec toi.
Ses lèvres s’entrouvrent, comme si elle cherchait une réponse. Mais au lieu de parler, elle se rapproche.
Lentement.
Trop lentement.
Mon souffle se bloque quand sa main effleure ma joue, puis glisse dans ma nuque.
— Alors brûlons., murmure-t-elle.
Et elle m’embrasse.
Un baiser qui n’a rien de doux. Rien d’innocent.
C’est un incendie qui ravage tout sur son passage.
Un baiser qui goûte à la peur, à la rage, au désir inassouvi.
Je l’attire contre moi, ma main se refermant sur sa hanche, mes doigts glissant sur le tissu soyeux de sa robe.
Je la veux.
Je l’ai toujours voulu.
Mais au fond de moi, une vérité brûle plus fort que ce baiser.
Cassandra Morel n’embrasse jamais sans raison.
Et cette nuit, ce n’est peut-être pas moi qu’elle cherche…
Mais un moyen d’échapper aux chaînes qui l’encerclent.
Cassandra
Le soleil n’a pas encore percé l’horizon lorsque je quitte l’appartement de Raphaël. L’air du matin est encore chargé de la fraîcheur de la nuit, mais en moi, c’est une fournaise.
Mes lèvres brûlent encore de son baiser.
Ses mains, sur ma peau, ont laissé des traces invisibles, des empreintes que je refuse d’analyser.
Je ne suis pas une femme qui se laisse distraire.
Et pourtant, me voilà, le souffle court, la démarche plus féline que d’ordinaire, l’esprit hanté par des souvenirs que je devrais effacer.
Ce n’était qu’un baiser.
Rien de plus.
Rien que je ne puisse contrôler.
Mais je sais que ce n’est pas vrai.
Parce que Raphaël Deveraux est un danger d’un autre genre.
Lucien veut me posséder.
Gabriel veut me lier.
Mais Raphaël ?
Lui, il veut me voir me consumer.
Et je crains qu’il n’ait déjà commencé à allumer le feu.
CassandraLorsque j’arrive au siège de Morel Industries, la tension est déjà dans l’air.Mon assistante, Léa, m’accueille avec une expression soucieuse.— Madame Morel, monsieur Valmont vous attend dans votre bureau.Je me fige brièvement avant d’afficher un masque d’impassibilité.— Bien. Servez-nous du café et ne laissez entrer personne.Elle hoche la tête et je me dirige vers mon bureau, mon cœur battant un peu trop fort.Lucien Valmont ne se déplace jamais sans raison.Et s’il est ici ce matin, après que j’aie passé la nuit avec Raphaël, ce n’est pas une coïncidence.J’ouvre la porte et le trouve installé dans mon fauteuil, comme s’il était chez lui.Il lève les yeux vers moi et sourit lentement.— Cassandra., dit-il d’une voix veloutée.Je referme la porte derrière moi et m’avance, refusant de montrer le moindre trouble.— Lucien. Toujours aussi à l’aise dans ce qui ne t’appartient pas ?Son sourire s’élargit.— Tu ne devrais pas me tenter. Ce qui ne m’appartient pas encore finit
CassandraCassandraLa nuit est tombée quand je quitte le restaurant.Gabriel croit avoir marqué un point aujourd’hui.Il pense que son avertissement m’a ébranlée.Il a tort.Je ne suis pas une femme qui se laisse manipuler. Ni par Lucien, ni par Gabriel, ni même par Raphaël.Mais alors pourquoi mes mains tremblent-elles légèrement lorsque j’ouvre la portière de ma voiture ?Pourquoi mon cœur bat-il plus fort en repensant aux mots de Gabriel ?"Raphaël est une tempête."Et si, au fond, c’était justement ce que je cherchais ?Un souffle d’air chaud me fait frissonner alors que je m’installe au volant. J’allume le moteur, prête à rentrer chez moi, mais une vibration dans ma poche m’arrête.Un message.De Raphaël."Viens me voir ce soir."Je fixe l’écran, indécise.Puis, lentement, mes doigts glissent sur le volant.Et je prends une décision.Je démarre la voiture.Direction : l’atelier de Raphaël.Minuit approche quand j’arrive devant l’atelier de Raphaël.Le quartier est silencieux, pr
LucienJe n’aime pas être défié.Encore moins par une femme qui croit pouvoir m’échapper.Cassandra est à moi.Elle l’a toujours été.Elle peut jouer à ses petits jeux de manipulation avec Gabriel, se perdre dans les bras de cet artiste sans avenir… mais à la fin, c’est moi qui aurai le dernier mot.Parce qu’elle sait aussi bien que moi qu’on ne peut pas fuir l’inévitable.Je l’attends dans son bureau. Installé dans son fauteuil, les doigts croisés sur le bureau en acajou qu’elle chérit tant. Quand elle entre enfin, mon regard s’accroche au sien.Elle ne s’arrête pas, refermant la porte derrière elle avant de venir poser son sac sur le bureau, à quelques centimètres de ma main.— Qu’est-ce que tu fais ici, Lucien ?Sa voix est calme. Trop calme.Mais je vois la tension dans ses épaules.Elle sait pourquoi je suis là.— Tu m’as manqué., dis-je en me levant lentement.Elle rit, un son froid et tranchant.— Épargne-moi ces conneries. Si tu es ici, c’est que tu veux quelque chose.Je sour
RaphaëlUn silence s’installe.Un silence lourd, chargé d’une tension qui crépite dans l’air.Elle me scrute, cherchant à lire entre mes mots, à démêler le vrai du faux.Et elle sait.Elle sait que je ne suis pas comme Lucien, qui veut la posséder.Que je ne suis pas comme Raphaël, qui veut la consumer.Moi, je veux la couronner.Et elle, elle veut le pouvoir.— Tu es doué.Sa voix est basse, presque amusée.— Je le sais., dis-je en haussant légèrement les épaules.Elle repose son verre, et quelque chose change dans son regard.Un éclat de défi.Un défi qui m’excite plus que je ne devrais l’admettre.— Alors dis-moi, Gabriel. Si je suis une reine…Elle se penche légèrement vers moi.— Quel rôle comptes-tu jouer dans mon règne ?Je souris lentement.— Celui qui s’assure que tu ne tomberas jamais.Elle rit.Un vrai rire, cette fois.Et je sais que j’ai marqué un point.Mais le jeu ne fait que commencer.Et je suis prêt à jouer jusqu’à la fin.Il y a des jours où je me demande ce qui m’a
LucienLes affaires ne laissent pas de place à l’incertitude.Elles exigent contrôle, stratégie, une précision implacable.Cassandra Morel l’a toujours su.C’est pour ça qu’elle m’intrigue autant qu’elle m’agace.Elle joue selon ses propres règles, et je suis fatigué d’attendre qu’elle se décide à reconnaître l’évidence.Elle est à moi.Elle l’a toujours été.Ce n’est pas une question de sentiment, ni même de possession.C’est une question d’ordre naturel.Il y a des femmes qui naissent pour appartenir à un homme.Et d’autres qui naissent pour régner à ses côtés.Cassandra est la seconde.Mais elle refuse de l’admettre.Alors je vais lui montrer.Je l’attends dans son bureau, installé derrière son propre fauteuil en cuir.Lorsqu’elle entre, elle s’arrête net, ses yeux se plissant légèrement.— Que fais-tu ici, Lucien ?Je croise les doigts sous mon menton, la scrutant avec un sourire lent.— Chez toi, à ce que je vois. Tu as pris mes habitudes ?Elle ferme la porte derrière elle avec
CassandraJe hoche lentement la tête, acceptant sa réponse pour l’instant.Mais ce n’est qu’un recul temporaire.Parce que je sais une chose avec certitude :Peu importe le temps que ça prendra…Cassandra Morel finira par être mienne.CassandraGabriel Morel est un piège.Un piège soigneusement conçu, délicatement posé sur mon chemin.Il ne brûle pas comme Raphaël.Il ne m’impose pas sa volonté comme Lucien.Non.Lui, il attend.Il glisse ses mots comme du poison, lentement, patiemment, jusqu’à ce qu’ils s’ancrent dans l’esprit et deviennent une vérité inévitable.Je me lève, glissant quelques billets sur la table.— Je dois y aller., dis-je simplement.Il ne me retient pas.Il se contente de me suivre du regard, un sourire presque imperceptible sur les lèvres.Et je sais qu’il croit avoir gagné quelque chose ce soir.Mais je ne suis pas un trophée à obtenir.Je suis la seule qui décidera qui aura ma main.Et ce soir, alors que je quitte le restaurant, je me jure une chose :Aucun d’e
LucienLe pouvoir ne se donne pas.Il se prend.Il se conquiert.Il se mérite.Cassandra Morel semble l’avoir oublié.Et je suis là pour le lui rappeler.Mon bureau surplombe la ville, un monstre de verre et d’acier perché au sommet de mon empire. Derrière moi, une vue panoramique sur Paris ; devant moi, Cassandra, assise dans un fauteuil de cuir, une jambe élégamment croisée sur l’autre, une expression de marbre sur son visage parfait.— Je suis surprise que tu aies trouvé le temps de me convoquer., dit-elle d’un ton froid, prenant une gorgée de son espresso.Je souris légèrement en m’adossant à mon bureau.— Il faut toujours du temps pour ce qui compte.Elle repose sa tasse avec une lenteur calculée.— Je ne suis pas une de tes affaires, Lucien.Je m’approche lentement, posant les mains sur les accoudoirs de son fauteuil, emprisonnant son espace sans la toucher.— Non., murmuré-je. Tu es bien plus que ça.Elle soutient mon regard, impassible, mais je vois la tension dans ses épaules
CassandraSes lèvres frôlent les miennes, juste assez pour que je sente la chaleur de son souffle.— Tu joues avec moi, Cassandra.Je souris lentement, glissant mes doigts dans ses cheveux.— Et toi, tu pensais pouvoir me dompter ?Il rit doucement, un son grave, presque dangereux.— Je ne dompte pas les reines.Ses mains descendent sur mes hanches, son étreinte possessive, mais contenue.— Je les garde à mes côtés.Je sens l’électricité entre nous, cette tension insupportable qui nous consume sans jamais nous brûler totalement.Parce que c’est notre malédiction.Nous savons que si nous cédons entièrement…Nous serons perdus.Alors je le repousse doucement, mon regard ancré dans le sien.— Pas ce soir., soufflé-je.Une ombre passe dans ses yeux, une lueur de frustration, mais aussi d’amusement.Il savait.Il savait que je viendrais, et il savait aussi que je partirais avant que nous ne franchissions cette ligne.Parce que c’est ainsi que nous jouons.Et ce n’est pas encore le moment d
CassandraJe suis là, dans ses bras, mon corps encore brûlant des flammes de ce que nous venons de partager. Mon cœur bat encore la chamade, et chaque respiration que je prends semble chargée de ce qu’il m’a donné. De ce qu’il m’a arraché. J’ai toujours cru que je pouvais contrôler ma vie, que je pouvais choisir, que je pouvais fuir quand ça devenait trop intense. Mais lui, Raphaël, il m’a prouvé qu’il n’y a rien que je puisse faire pour empêcher ce qui s’éveille en moi. Ce désir brûlant, cette passion dévorante.Je me recule légèrement, me redressant dans le lit, observant son visage. Ses yeux, encore noyés de cette intensité que nous avons partagée, me regardent avec cette familiarité douce et pleine de promesses. Je veux l’éviter, fuir ce qui semble pourtant inéluctable, mais chaque parcelle de mon être me crie que je suis bien là où je devrais être. Avec lui. Pas seulement pour le moment, mais pour plus.Je caresse sa joue, mes doigts traçant les contours de son visage avec une do
RaphaëlJe la regarde, debout près de la fenêtre, les rayons du soleil effleurant sa peau. Elle semble presque irréelle, comme si le monde autour d’elle s’était suspendu, comme si tout prenait sens dès qu’elle était là, dans ma vie. Cassandra... Elle a ce don, sans même le savoir, de transformer chaque instant en quelque chose d’intense, d’important. Et pourtant, aujourd’hui, elle semble différente. Elle est calme, mais d’une manière que je n’ai jamais vue. Il y a une sorte de paix en elle, une décision qu’elle a prise sans retour possible.Je me permets de la regarder un peu plus longtemps, absorbé par la beauté de ce moment, par la simplicité de sa présence. Puis je la vois se tourner vers moi, son regard croisant le mien. Ses yeux sont pleins de promesses, mais aussi d'une fragilité que je ressens au plus profond de moi.« Bien dormi ? » J'essaie de briser le silence, de lui offrir une ouverture, quelque chose pour qu'elle se sente à l'aise. Sa réponse est une légère esquisse de so
CassandraLe vent souffle doucement à travers les rideaux ouverts, apportant avec lui un parfum de printemps qui flotte dans l’air. Il est presque tard, et le soleil se couche lentement, parant la pièce d’une lumière dorée. Mais dans mon esprit, il fait plus sombre qu’il ne l’a jamais été. J’ai repoussé ce moment trop longtemps, tenté de fuir cette vérité que je savais au fond de moi. Le temps m’a apporté une clarté nouvelle, mais aussi une décision lourde, une décision qui pèse sur mon cœur.Je regarde Raphaël. Il est là, à quelques pas de moi, attendant patiemment que je trouve les mots qui, je le sais, changeront tout. Il n’a pas cherché à me convaincre. Il m’a laissée choisir, et je l’ai observé, espérant trouver une raison de m’échapper de ce lien invisible qui m’attire pourtant vers lui. Mais chaque jour passé à ses côtés, chaque instant partagé, m’a convaincue que c’était lui. Lui qui m’avait donnée une autre chance. Lui qui, malgré tout, n’avait jamais cessé de croire en nous.
CassandraLe jour s’étire dans une lenteur que je peine à supporter. Mon esprit est encore agité par la dernière conversation avec Lucien, un écho de ses mots résonnant dans mon esprit. La souffrance de le voir partir, d’être celle qui a décidé de tout laisser derrière, me pèse comme un fardeau. Mais ce n’est pas le poids de la décision qui m’accable, c’est l’incertitude qui m’attend. Est-ce que j’ai fait le bon choix ? Est-ce que je pourrais vivre avec cette décision ?Je ferme les yeux, la chaleur du soleil effleurant ma peau, mais à l’intérieur, il y a une tempête. Une part de moi veut crier, briser tout ce que j’ai construit pour me libérer de cette douleur. Mais une autre part, plus calme, me dit de continuer, de ne pas regarder en arrière.Un bruit derrière moi me fait sursauter. Je me retourne, et je trouve Raphaël, debout dans l’encadrement de la porte, son regard posé sur moi avec une intensité que je ne peux ignorer.« Tout va bien ? » Sa voix est douce, mais il y a une inqu
CassandraJe suis frappée par la force de ses paroles. Un frisson me parcourt, mais je garde les yeux baissés, cherchant à rassembler mes pensées. C’est trop. Il me pousse dans mes retranchements, me forçant à faire un choix. Mais quel choix ?« Et si je te dis que je n’ai plus envie de choisir ? » La question m’échappe avant que je ne puisse la retenir. « Que je n’ai plus envie de jouer à ce jeu ? »Raphaël ne répond pas tout de suite. Il se tient là, silencieux, comme s’il pesait chaque mot avant de parler. Et puis, il s’avance un peu plus près, et cette fois, ses mains encadrent doucement mon visage, forçant mes yeux à se poser sur lui.« Alors fais-le pour toi. » Ses mots sont un souffle, presque une prière. « Ne choisis pas pour lui. Choisis pour toi. Parce que tu le mérites. »Les larmes montent sans que je puisse les retenir. Elles ne sont pas seulement de tristesse. Il y a de la colère, de la frustration, de l’impuissance. Et au milieu de tout cela, un désir inavoué. Un désir
CassandraJe me tourne brusquement. Raphaël. Sa silhouette se découpe dans l’encadrement de la porte, son regard perçant. Il me fixe intensément, presque à la manière d’un spectateur, comme si chaque émotion qui me traverse était une scène qu’il observait avec une curiosité non dissimulée.« Pourquoi es-tu là ? » Ma voix est plus froide que je ne le voudrais, mais je ne peux m’empêcher de le regarder, d’analyser son visage, ses traits, toujours aussi fascinants, mais aussi tellement complexes.« Parce que je sais que tu souffres. » Il s’avance lentement, chaque pas résonnant comme un défi. « Et parce que tu ne veux pas l’admettre. »« Je n’ai rien à te dire. »« C’est pour ça que tu me dis tout. » Il sourit légèrement, un sourire entendu. Il connaît bien mes mécanismes de défense, il sait que je lutte, que je me cache derrière des murs d’acier pour ne pas laisser mes émotions se déverser. Mais je n’ai pas envie de jouer à ce jeu. Pas ce soir.« Il est trop tard, Raphaël. »« Peut-être
CassandraLe vent souffle fort, comme si la ville elle-même voulait m’emporter, me tester, m’éprouver encore. Je n’ai pas l’habitude de cette solitude, pas après toutes les années passées à naviguer entre des hommes, des désirs, des ambitions. Mais aujourd’hui, ce vide est devenu un allié. Un vide que j’ai créé, un espace que j’ai ouvert pour moi seule. L’indépendance est un fardeau et une bénédiction, et pourtant, je m’y sens étonnamment bien.Je marche, presque sans but, mes pensées flottant entre ce que je suis devenue et ce que je pourrais encore être. Les décisions que j’ai prises se bousculent dans ma tête, se superposent à ce que j’ai ressenti avant. Il y a encore des échos de Gabriel dans mon esprit, des morceaux de Raphaël qui m’appellent, mais je les ignore. Je dois garder le cap, avancer, ne pas me laisser emporter par les vagues du passé.Mais, au détour d’une rue, je le vois. Lucien. Le visage marqué par les batailles, une lueur de colère froide dans ses yeux, mais aussi
CassandraJe me tais, le silence s’étire, et même à travers l'écran, je peux sentir son souffle lourd. Il sait ce que je veux dire, il le comprend, et, à ma grande surprise, je n'ai pas peur. Ni de la solitude, ni de l'avenir incertain. Parce que je sais que, même si cela me déchire, je choisis enfin de me libérer.« Je comprends, Cassandra. Je ne veux pas te forcer à choisir, mais sache que je serai là. Si jamais tu changes d'avis… »« Je n’ai pas à changer d’avis. C’est juste que je dois me retrouver d’abord. »J’entends la tristesse dans sa voix, mais aussi une forme de respect. Il sait que ce n’est pas la fin, même si c’est difficile.Je raccroche et laisse un dernier regard sur la fenêtre, l’obscurité de la nuit enveloppant ma silhouette. Une décision lourde, mais pleine de sens. J’ai choisi de ne pas me perdre dans une relation où je serais l’ombre de ce que je suis, à côté de l’autre. Ce ne sera pas Raphaël, ni Gabriel, ni un autre. Ce sera moi. Et c’est ainsi que je veux avanc
CassandraLes heures s’étirent après l’appel de Raphaël, mais une étrange sensation m'envahit. La paix n'est pas totale, mais elle est là, persistante, comme une lumière qui commence à percer les nuages sombres. Pourtant, mon esprit reste agité, les échos de ce passé, aussi douloureux soient-ils, résonnent encore en moi. Je sais que le chemin vers la guérison sera long, mais je ne peux plus attendre. Je ne veux plus.Je me lève du canapé, secouant les ténèbres de ma tête. Mes jambes se dirigent presque par instinct vers mon bureau, où des piles de papiers s’accumulent depuis trop longtemps. J'ai l’impression de fuir, de chercher à occuper mon esprit pour ne pas sombrer dans la mélancolie qui m’enveloppe. Mon regard se fixe sur le premier dossier que je prends, un projet sur lequel j'avais commencé à travailler avant que tout ne déraille. C'est une tâche simple, mais qui me demandait d’être présente, de me concentrer. Ce qui est exactement ce dont j'ai besoin.Je me plonge dans les chi