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Chapitre 04

La veille, Antoine Moreau avait un peu trop bu, et en fin de la soirée, ce chenapan de Charles Leroux l’avait encore entraîné pour continuer la fête.

Lorsque le chauffeur a ramené Antoine à la villa, le jour commençait déjà à poindre.

Il s’était déjà allongé sur le lit, le sommeil l'envahissant, mais il s'est forcé tout de même à se rendre à la salle de bain pour prendre une douche.

Comme ça, Béné ne le grondera pas, n’est-ce pas ?

Somnolent, Antoine ne pouvait s’empêcher d'y penser.

Quand il a rouvert les yeux, c’était la douleur qui l’avait réveillé.

« Aïe… » Une main pressant son estomac, il s'est levé péniblement du lit.

« J’ai mal à l'estomac ! Bénéd… »

Le nom à peine prononcé, il s'est figé brusquement.

Antoine a froncé les sourcils. Elle était vraiment un brave, plus obstinée que la dernière fois.

Bien, voyons combien de temps elle tiendra.

Cependant… Où sont les médicaments ?

Antoine a fouillé de fond en comble le salon, tous les tiroirs, tous les placards qui pouvaient contenir les choses, mais la trousse à pharmacie restait introuvable.

Il a appelé Mme Léa.

« Vous parlez du médicament pour l’estomac ? Il est dans la trousse de secours. »

Les tempes d’Antoine palpitaient douloureusement. Il a pris une profonde inspiration : « Où est la trousse ? »

« Dans le tiroir du dressing de la chambre. Mlle Bénédicte en a mis plusieurs boîtes. Elle disait que vous aviez souvent mal à l’estomac après avoir trop bu, alors elle les a rangées dans la chambre pour que vous puissiez les trouver facilement… »

« Allô ? Allô ? Monsieur, vous m’entendez encore ? Pourquoi avez-vous raccroché... »

Antoine s'est rendu dans le dressing et a trouvé effectivement la trousse à pharmacie dans le tiroir.

Elle était remplie de ses médicaments habituels pour l'estomac, cinq boîtes entières.

Après avoir pris ses médicaments, la douleur s’apaisait et ses nerfs tendus commençaient à se détendre lentement.

Il a refermé distraitement le tiroir, mais soudain, il s’est immobilisé.

Les bijoux, les sacs de luxe de grandes marques, tout était là, sauf les papiers de Bénédicte DUBOIS : carte d’identité, passeport, le diplôme, le certificat de fin d'études. Ils ont tous disparu.

Un coup d’œil aux valises empilées dans un coin lui a confirmé qu’il en manquait une.

Antoine restait figé, sentant une colère soudaine lui monter à la tête.

« Bien… bien… très bien… »

Il a répété trois fois « bien », tout en hochant la tête.

En effet, il ne pouvait pas trop gâter une femme.

Plus il la gâtait, plus elle devenait difficile.

À ce moment-là, le bruit d’une porte qui s’est ouverte a retenti en bas, et Antoine est descendu aussitôt.

« ... Comment es-tu ici ? »

C’était alors que sa sœur, Nathalie Moreau, en train de changer de chaussures, le regardait, un peu surprise : « Qui d’autre, sinon ? »

Antoine est allé s’asseoir sur le canapé et a dit d’un air désintéressé : « Que viens-tu faire ici ? Qu'y a-t-il ? »

« J’ai entendu dire par Mme Léa que tu avais une rechute de ton problème d'estomac ? Maman m’a envoyée te voir et prendre soin de mon cher frère. »

Nathalie s'est dirigée vers la cuisine en parlant : « Je n’ai pas encore déjeuné, autant en profiter pour manger ici. »

Une autre raison pour laquelle elle avait une si bonne impression de Bénédicte était que la nourriture qu'elle préparait était vraiment délicieuse.

Cependant, une demi-minute plus tard…

« Grand frère ! Pourquoi ta cuisine est-elle froide et déserte ? »

« Où est Bénédicte ? Elle n’est pas à la maison aujourd’hui ? Ça ne devrait pas être le cas… »

Normalement, à cette heure, elle aurait déjà préparé le repas en attendant que son frère descende manger, et elle aurait peut-être même eu la chance de se joindre à eux pour manger.

Bénédicte DUBOIS, encore et toujours Bénédicte Dubois…

Antoine s'est pincé les tempes, ne voulant pas lui parler.

Nathalie, déçue, est sortie de la cuisine : « Elle ne se sent pas bien ? Hier, je l’ai croisée à l’hôpital et elle n’avait pas l’air en forme… »

« ... Tu l’as vue à l’hôpital ? » Antoine s'est redressé inconsciemment.

« Oui, hier je suis allée rendre visite à la Professeure Fabre à l'hôpital Saint-Rémy, et j’ai croisé Bénédicte à l’entrée du service des hospitalisations. Frère, laisse-moi te dire, la professeure Fabre m’a accordé une place pour le programme de doctorat direct ! »

L’homme a froncé les sourcils : « Que faisait-elle à l’hôpital ? »

« Tu me demandes ? Si toi, tu ne sais pas, comment pourrais-je le savoir ? »

Antoine restait silencieux.

« Peut-être qu’elle n’est pas malade, mais qu’elle rendait visite à quelqu’un d’autre ? Mais je n'ai jamais entendu parler d'amis de Bénédicte… sa vie tourne autour de toi, et rien d’autre… »

« Tu as fini ? »

Nathalie a laissé échapper un « ah ».

« Si tu as fini, alors pars. Je veux encore dormir. » Antoine s'est levé.

« Hein… Tu veux vraiment me chasser comme ça ? Très bien, je m’en vais. » Nathalie s'est chaussé en grognant, « Au fait, je suis ici en mission. »

Antoine n’avait aucune envie d’écouter, il est monté directement à l’étage.

« Demain, à deux heures de l’après-midi, au restaurant Rivage, maman t’a arrangé un rendez-vous galant. Ne sois pas en retard ! »

« Tu parles trop. »

Nathalie a fait une grimace en direction de son dos, puis a quitté la maison.

Elle n’était plus surprise par ce genre d’arrangement. Après tout, être avec Bénédicte n'était pas incompatible avec chercher un futur partenaire de mariage approprié.

Pendant ces dernières années, son frère n’avait pas manqué une seule de ces rencontres arrangées.

Bien que la plupart du temps, ce soit juste une formalité, une façon d'apaiser leur mère.

Une fois Nathalie est partie, Antoine est allé dans son bureau pour s’occuper de ses affaires de l'entreprise.

Il y a quelques années, il avait quitté la maison pour échapper à l’emprise familiale et avait lancé sa propre entreprise.

Les trois premières années avaient été vraiment difficiles. Il avait refusé l’aide de la famille, avec seulement Bénédicte à ses côtés.

Ce n’était que ces deux dernières années qu’il avait enfin réussi à se faire un nom, avec sa propre entreprise. Il s'est débarrassé ainsi de l’étiquette de « fils de riche » et de « dandy ».

À ce moment-là, l'attitude de la famille s'est adoucie et ils ont commencé à s'approcher de lui de manière proactive.

Cela se voyait au fait qu’ils étaient passés de s’opposer farouchement à sa relation avec Bénédicte, à l’accepter à demi-mot.

Une fois son travail terminé, le soleil était déjà couché.

Dehors, la nuit tombait, les premières lumières de la ville s’allumaient.

C’était alors qu’Antoine ressentait enfin la faim.

Il a sorti son portable et a appelé sa petite amie : « … Que fais-tu ? »

Un carillon a retenti à l’autre bout du fil, puis la voix douce et basse de la fille lui a répondu : « Chéri, désolée, j’ai un cours. Je viendrai te voir après ? »

Ce « chéri » a fait se sentir mal à l'aise à Antoine de tout son être : « Bon, travaille bien. »

Il a raccroché aussitôt et a jeté le portable de côté.

Une demi-minute plus tard, quelqu’un l’a appelé. Antoine ne regardait même pas, préférant continuer son travail.

Ce n’était que lorsque son estomac s'est fait entendre qu’il s'est résolu à quitter son bureau.

Il a pris rendez-vous avec Charles et sa bande pour dîner, et il a changé de vêtements et s’apprêtait à sortir.

Assise près de la porte, une jeune fille s'est levée soudainement en entendant du bruit. Elle s'est tournée vers lui, souriante et timide.

« Sandra ? »

« Désolée, j’ai frappé, mais tu n’as pas dû m’entendre, alors j’ai attendu ici. » Elle a jeté un coup d’œil à la veste de costume accrochée au bras d’Antoine, « Tu sors ? »

Antoine n'a pas répondu, mais a froncé les sourcils et demandait : « Comment as-tu trouvé cet endroit ? »

Sandra Rousseau semblait embarrassée : « J’ai demandé à ton ami… »

« Charles Leroux ? »

« Non, non, c’est à Alexis Girard que j’ai demandé. »

Antoine : « Alors, entres. »

La jeune fille a retrouvé immédiatement son sourire, sautillant joyeusement à l’intérieur. Elle a jeté un regard curieux autour d’elle tout en se plaignant d'une voix boudeuse : « Tu n'as pas répondu à mes appels depuis que tu as raccroché, j’étais tellement inquiète… »

Antoine : « Tu devrais être en cours, non ? »

« J’ai séché le cours. Mon petit ami est plus important. »

Bénédicte n’aurait jamais fait ça.

Quand il la courtisait, elle venait d’entrer en première année, avec un emploi du temps chargé, mais elle n’avait jamais manqué un cours pour lui.

Ce n’était que lorsqu’ils avaient commencé à sortir ensemble et qu’elle était en quatrième année, avec moins de cours, qu’elle s’était organisée pour passer plus de temps avec lui.

« Chéri, tu n’as pas encore mangé ? Je… »

« Sais-tu comment faire de la bouillie pour l’estomac ? » demandait soudainement Antoine, presque machinalement.

« … La bouillie pour l’estomac ? »

« Oui. »

« Non, mais je peux apprendre. »

......

Antoine a refusé poliment les sous-entendus de Sandra qui voulait rester pour la nuit. Après avoir mangé le repas qu’elle avait apporté, il l'a raccompagnée en voiture jusqu’à l'université.

Puis, il est parti rejoindre Charles.

En attendant au feu rouge, il a jeté un coup d’œil à son portable et repensait à ce que Nathalie avait dit plus tôt, qu’elle avait vu Bénédicte à l’hôpital.

Bien qu’ils aient rompu, il lui restait encore de l’affection pour elle à cause de leurs années ensembles.

Même en tant qu’amis ordinaires, il aurait dû en soucier un peu.

Il a ouvert WhatsApp —

« Tu es malade ? »

[ BD a activé la vérification des amis, vous n’êtes pas encore son ami(e), veuillez d’abord… ]

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