3.

ELIZABETH WILSON

Je me réveillais en sursaut sur mon lit, en sueur, tout en regardant autour de moi. Foutu cauchemar. Je soupirais avant de me passer une main sur le visage, angoissée.

Voilà une semaine que j'étais rentrée chez mes parents et que j'avais revu Ethan. Je l'avais revu presque tous les jours de la semaine depuis, ce qui me brisait le cœur un peu plus à chaque fois. J'attrapais la bouteille d'eau sur ma table de chevet avant d'en boire une gorgée et finis par attraper mon téléphone pour regarder l'heure : 4h30. Comme tous les matins. C'était comme si ces cauchemars se déclenchaient à la même heure et me réveillaient à la même heure.

Je me redressais, enfilais un fuseau, une brassière, un manche longue ainsi que mes baskets avant de sortir discrètement de ma chambre et enfin de la maison. Je regardais autour de moi, mis mon casque sur mes oreilles et commençais à courir. C'était comme ça tous les matins. Je fis mon jogging tentant de me changer les idées et ça fonctionnait toujours jusqu'au prochain cauchemar. L'air frais matinal emplissait mes poumons à chaque pas que je faisais et je fermais les yeux en même temps. La course à pieds était devenue une vraie thérapie, ça me faisait le plus grand bien.

Quand je faisais du sport, tout me semblait plus simple, tout était plus clair. Je me sentais sereine et capable de tout.

Après un peu plus d'une heure je me retrouvais sous la douche, le jet d'eau tiède me fit le plus grand bien. Je fermais les yeux et me passais les mains dans les cheveux. Je restais ainsi un long moment avant de me savonner et de me les laver. Lorsque je sortis et que je me séchais, j'enfilais un tee-shirt à manche longue blanc et un legging noir, je mis mes chaussons puis descendis. Mes parents étaient installés dans la cuisine et discutaient. Ma mère tenait entre ses mains une tasse de thé et mon père l'écoutait, lorsque je rentrais dans la pièce, ils s'arrêtèrent de parler et me sourirent.

- Bien dormi ma puce ? Me demandait papa en faisant la moue. On t'a encore entendu sortir ce matin. Tu es sûre que ça va ?

- Oui ça va, j'aime bien aller courir à l'aurore.

- Tu peux nous parler ma chérie tu le sais hein ?

- Oui maman je le sais.

Je leur souris avant qu'elle ne me serve un petit-déjeuner bien garnie. On entendit la porte de la maison s'ouvrir et je soupirais sachant pertinemment qui c'était. La tête blonde de Jamie passait le pas de la porte et j'eus à peine le temps de me lever que je sentis des bras entourer ma taille. Je ris malgré moi. C'était comme ça depuis une semaine. Il était devenu mon petit pote.

Il leva ses beaux yeux verts vers moi et un grand sourire était logé sur ses lèvres.

- Bonjour Ellie.

- Salut p'tit gars.

L'instant d'après ce fut le tour d'Ethan de passer le pas de la porte. Je le regardais du coin de l'œil, il portait un tee-shirt noir sur un jean foncé et des grosses bottes en cuir marron. Ses muscles roulaient sous son tissu lorsqu'il marchait, il était vraiment canon. Mon cœur se mit à battre plus rapidement et c'était toujours comme ça lorsque je le voyais.

- Ethan c'est bon de te voir ! Lança maman en le prenant dans ses bras.

- Rose, on se voit tous les jours, tu le sais bien. Bonjour Charles. Ajouta-t-il en serrant la main de mon père. Mais c'est vrai que ça me fait toujours plaisir de vous voir. Bonjour Elizabeth.

Je détestais qu'il m'appelle par mon prénom entier et il le savait pertinemment. Je m'autorisais à lever les yeux vers lui et putain qu'il était beau. Ses cheveux dorés brillaient et ses yeux... J'en avais le souffle coupé. Il me souriait tendrement ce qui me brisa un peu plus le cœur.

- Salut. Marmonnais-je. Tu vas bien ?

- Je... Ouais. Dit-il en souriant. Ouais ça va. Je... Ça se passe bien depuis que...

- Oui ça va. Le coupais-je. Merci.

Un ange passa. Plusieurs même, avant que l'un de mes parents ne se racle la gorge. C'était vraiment gênant. Je détournais le regard.

- Bon je vais y aller, je ne suis pas en avance... Dit Ethan. A ce soir.

- A ce soir p'pa !

- Salut mon bonhomme.

Il reparti aussi vite qu'il fut arrivé et je sentis une pointe de déception en moi. Même si je ne l'admettrais jamais devant lui ni devant qui que ce soit, le voir me faisait toujours un bien fou. J'adorais le voir, le voir me regarder et sentir cette tension électrique autour de nous.

Ma mère envoya Jamie aller se décharger de sa veste ainsi que de son sac. Elle commença à lui servir son petit-déjeuner. Je me rassis devant mon assiette, sous le regard surprit de mon père.

- On dirait que c'est tendu entre Ethan et toi. Lança-t-il.

Je le regardais avant de hausser un sourcil.

- Vous étiez proches avant, non ? Continua-t-il. Quand il est là, on a l'impression que...

- Papa je suis partie pendant cinq ans. Il se passe beaucoup de choses en cinq ans.

- Vous vous êtes disputés ?

- Non. D'ailleurs ! Pourquoi vous ne m'avez pas dit qu'il avait un fils ?

Maman posa au même moment l'assiette de Jamie qui arriva et s'installa à côté de moi pour déjeuner. Jamie était la copie-conforme d'Ethan. Il avait les mêmes cheveux blonds, les mêmes yeux verts, le même sourire malicieux et la même fossette sur la joue droite. De vrais jumeaux. Je m'étais toujours imaginé me marier avec lui, pouvoir lui faire des tas de gosses et faire chaque dimanche des barbecues en famille. C'était le premier garçon que j'avais aimé et qui m'avait brisé le cœur.

- Ce n'était pas à nous de te le dire ma chérie.

Je continuais de regarder Jamie qui était en train de dévorer une assiette de pancakes remplies de sirop d'érables, il se régalait.

- Ouais c'est vrai. Marmonnais-je, et puis ça me regarde même pas. Ce sont ses affaires. Mais je suis contente pour lui, il a l'air heureux. Et puis j'ai d'autres chats à fouetter vous savez.

Je pris un morceau de bacon que je mis dans ma bouche et que je mâchais.

- Si tu le dis. Mon père souriait, amusé.

La vérité était que mes parents avaient toujours adorés Ethan, et je savais que secrètement ils avaient toujours voulu que je finisse avec lui. Jamie terminait son petit-déjeuner et je me relevais en même temps que lui.

- Ça te dirait que je t'emmène ce matin ?

Jamie releva la tête vers moi, les yeux brillants.

- A l'école ?

- Oui mon p'tit gars. Tu vas t'habiller ?

Il n'attendit pas que je le lui répète une seconde fois, qu'il courut pour aller s'habiller. Ma mère me sourit.

- Il t'aime beaucoup ce petit.

- Ouais moi aussi je l'adore. Je lui souris aussi. Allez je vais mettre mes chaussures. J'ai pas envie qu'il n'arrive en retard.

- Ça marche ma puce. A tout à l'heure ?

- Ouais, j'irais sûrement me promener un peu après.

J'allais mettre mes chaussures et lorsque je redescendis de ma chambre, Jamie m'attendait en bas, prêt. Je lui souris et lui pris la main avant que l'on ne sorte. Il faisait super beau aujourd'hui à Sherwood. Il n'était même pas encore neuf heures du matin que le soleil brillait déjà énormément. Je décidais que je le déposerais à pieds, il faisait super beau et ce serait bête de ne pas en profiter. Surtout que papa et maman habitaient à dix minutes de la maternelle.

Jamie mit sa main dans la mienne pour traverser.

- Alors t'aimes aller à l'école ?

- Oui j'aime bien je crois. On apprends à lire des fois.

- A la maternelle ? M'exclamais-je surprise. C'est carrément cool non ?

- Oui c'est cool. Mais pour l'instant je sais toujours pas lire.

- Tu verras, ça va venir.

- Tu as appris à lire vite toi ?

- A six ans je crois.

- Ça aussi c'est cool.

On tourna dans une rue, une bonne femme promenait son caniche et d'autres parents donnaient la main à leur enfants, qu'ils emmenaient certainement à l'école également.

Jamie portait un maillot de football encore aujourd'hui. Je souris.

- Tu es fan de football américain Jamie ?

- Oui. Dit-il en relevant la tête vers moi, un grand sourire aux lèvres. Avec papa on regarde tout le temps les matchs. Il adore ça et moi aussi.

Je souris, attendrie, je savais pertinemment qu'Ethan était fan de football américain, il jouait dans l'équipe du lycée en tant que Quarterback et je savais qu'il adorait ça. Il était parti à la fac après le lycée et ensuite moi aussi j'étais partie à la fac de New York et on s'était définitivement perdus de vue jusqu'à il y a une semaine.

- Et ta maman ? Elle aime le football elle aussi ?

Jamie resta silencieux un instant et je baissais les yeux vers lui.

- J'ai pas de maman.

- Tu... N'as pas de maman ? Répétais-je, surprise.

- Il n'y a que papa et moi.

- Ah...

Il y eut un blanc et je finis par ébouriffer ses cheveux.

- C'est pas très grave tu sais, tu m'as moi. Je suis ta copine moi, non ?

Il relevait les yeux vers moi et me fit un sourire tellement gigantesque, qu'il atteint mon cœur. Jamie était vraiment un amour. C'était vraiment le genre de petit garçon que l'on avait envie de prendre et de serrer dans ses bras. Il était gentil, intelligent et vraiment drôle. Comme son père, me souffla ma conscience.

On arrivait rapidement devant l'école et on restait l'un à côté de l'autre un petit moment avant que je me baisse pour me retrouver à sa hauteur.

- Je passerais te récupérer ce soir et une bonne gaufre de Rose t'attendra dans la cuisine.

- Avec du chocolat ?

- Avec beaucoup beaucoup de chocolat. Assurais-je.

Il sourit, super content avant d'entourer ses petits bras autour de mon cou.

- Merci de m'avoir déposé Ellie !

- Avec plaisir. Dis-je en déposant un baiser sur sa joue. A ce soir mon p'tit gars.

Il me fit un bisous lui aussi puis s'en allait vers l'entrée de l'école et passait le portail. Il se retourna vers moi, me fit un signe de la main avant de s'en aller. Mon cœur se serra d'amour. Ce petit était vraiment la chose la plus mignonne au monde. Sans aucune exagération.