Chapitre 0003

J'entends les pas d'Alpha Graham résonner dans le couloir alors qu'il quitte le cachot. Ryan resserre son emprise sur mon cou et déploie ses griffes de loup, me faisant pousser un cri.

Dès que la porte claque, Ryan lâche mon cou et s'agenouille devant moi. Son visage est tordu de colère. Ses yeux scintillent en noir alors que son loup, Dagger, refait surface. Il attrape mes épaules et me secoue brutalement, « Qu'est-ce que tu as fait pour le rendre si furieux ? »

Pourquoi ne me bat-il pas comme il l'a dit à Alpha Graham qu'il le ferait ? Je raidis tout mon corps et évite le contact visuel avec lui. Je tremble tellement que je ne peux même plus parler maintenant. L'idée que deux personnes me battent régulièrement pour le reste de ma vie... cela ne peut tout simplement pas être réelle. Est-ce possible ?

Comment la déesse peut-elle permettre que cela se produise ? Je veux mourir. Ce n'est pas une exagération. Ce n'est pas moi qui dramatise. S'il vous plaît, déesse, ne laissez pas cela se produire. Juste laissez-moi mourir.

Je tremble tellement que je tombe à genoux. Je commence à sangloter de façon hystérique, et mon cerveau cesse de fonctionner et m'empêche de penser de manière rationnelle.

Ryan attrape mon menton et me force à le regarder dans ses yeux gris froids. Il me regarde avec horreur pendant un moment, « Qu… qu'est-il arrivé à tes yeux ? »

Il déplace ses mains de mon menton juste en dessous de mes yeux. Il semble que ses mains tremblent contre mon visage.

« Tu… tu es une hybride ou quoi ? »

Tout ce que je peux faire, c'est secouer la tête en signe de désaccord entre les sanglots. Alors que je secoue la tête, je le sens commencer à appuyer ses pouces contre mes paupières inférieures en obstruant ma vision.

Oh non non non, il va me crever les yeux. Mon dieu, il a vu la couleur violette. Il allait me rendre aveugle. Je place mes mains sur les siennes pour essayer de l'éloigner. Je m'entends crier, « NON NON NOOOOOON ! ARRÊTEZ ! ! Ne retirez pas mes yeux ! S'IL VOUS PLAIIIIIIIT ! »

Pendant un instant, le temps se fige. Je ne veux pas dire que j'ai l'impression que le temps s'arrête parce que je suis au milieu d'une situation traumatisante. Non, le temps est en fait figé. Eh bien, je devrais dire, figé pour tout sauf pour moi. Je peux le sentir dans l'air.

Ça ne dure qu'un instant. Je retire facilement les mains de Ryan de mon visage. L'expression de colère mêlée de confusion est figée sur son visage. À côté de lui, une mouche est suspendue en plein air. La trotteuse de la montre sur le mur derrière lui s'est arrêtée. Les gouttes d'eau ne finissent pas de tomber, laissant des éclaboussures en forme de parapluie dans les flaques sur le sol.

Que diable ! La Déesse de la Lune m'a-t-elle entendu ? M'a-t-elle fait grâce ? M'a-t-elle laissée mourir ?

Je regarde Ryan avec de grands yeux. Mes mains brillent en violet. Aussi rapidement qu'il s'est arrêté, le temps s'écoule de nouveau. Ryan commence à crier et se pousse loin de moi. Les dessus de ses mains, où mes mains touchaient, sont rouges et enflés.

Je baisse les yeux sur mes mains. Elles sont de nouveau normales, et elles ne brillent plus en violet. Sérieusement, qu'est-ce qui vient de se passer ?

Je ferme les yeux très fort et attends que Ryan riposte.

« Si tu dis quoi que ce soit à quelqu'un, je te tuerai », dit-il à mes oreilles. Ensuite, il me donne un coup de poing sur le ventre, me coupant le souffle.

J'entends ses pas courir dans le couloir, puis sortir par la porte. Je ne sais pas combien de temps je reste assise comme ça, mais quand j'ouvre enfin les yeux, je soupire de soulagement.

Je m'appuie contre mon lit pendant un moment de plus. Je sanglote, tremble et essaie de reprendre mon souffle. Il ne m'a pas fait de mal ? Il revenait sûrement. Je renifle l'air, mais son odeur a disparu. J'ai écouté attentivement, mais il n'y avait aucun bruit dans les autres parties du cachot. Je suis seule.

« Déesse, merci de m'avoir sauvée. Merci », dis-je à voix haute, juste au cas où le miracle que je viens de vivre serait grâce à elle.

Je me sens épuisée, mais je commence à me sentir plus calme. Bon Kas, concentre-toi. Je dois préparer le dîner pour la meute, sinon l'Alpha Graham me trouvera et me tuera. Je ne pense pas que ce soit une exagération non plus. Même si j'essaie de m'enfuir, soit lui soit Ryan me trouverait avant que je puisse quitter le territoire. Je pense qu'à ce stade, il me tuerait vraiment. En parlant de cela, il n'a fallu que peu de temps avant que Ryan revienne me tabasser comme son père lui a dit de le faire.

Je prends quelques grandes respirations et me force à aller dans le couloir pour me laver au lavabo. Je me suis éclaboussé le visage avec de l'eau froide et j'ai regardé dans le miroir sale. Maintenant, mes deux yeux sont d'un violet pur. Les mèches argentées commencent à envahir mes cheveux maintenant. Ce n'est pas comme les cheveux d'une personne âgée. C'est d'un blanc argenté qui scintille presque, même dans la faible lumière du cachot. C'est tellement bizarre, il n'y a aucun moyen que je m'habitue à cette apparence nouvelle.

Je retourne dans ma chambre et m'habille en leggings et en t-shirt. J'ai mis la casquette de baseball que Diane m'a donnée et tiré la visière basse pour cacher mes yeux. Tout au long du dîner, je reçois des regards assassins de la part d'Alpha Graham. Je veille à garder les yeux fixés au sol pour que l'Alpha Graham évite de voir la couleur. Ryan me lance des regards noirs à chaque occasion. Après le dîner, il faut plus de temps que d'habitude pour remplir les placards, car celui qui l'a fait pendant que j'étais à l'hôpital ne savait pas ce qu'il faisait.

Il est bien après minuit lorsque je m'effondre sur mon lit et ferme les yeux. Le 20 juin, je pense à moi-même. C'est le dernier jour d'école. Eh bien, pour les autres, pas pour moi. Tu n'as pas besoin d'une éducation pour cuisiner et remplir les garde-manger, les paroles d'Alpha Graham résonnent dans mes oreilles. Juste un autre jour pour moi, je suppose. Je me vautre un peu dans l'autoapitoiement avant de me retourner et essayer de m'endormir. Je suis presque endormie quand j'entends la voix d'une femme.

« Bonjour ! »

Je me lève rapidement en hâte et regarde partout pour voir qui cela pourrait être. Je suis la seule dans la pièce. Je jette un coup d'œil dans le couloir et regarde autour de moi, mais il n'y a personne non plus.

« Bonjour ? » Je chuchote bruyamment dans le couloir.

« Euh, Kas. Ce n'est pas la façon dont un guerrier doit se comporter. Reprends-toi », réprimande la voix. Je réalise que la voix vient de l'intérieur de ma tête.

« Tu… tu es ma louve ? » Je demande avec hésitation, inquiète que je sois devenu folle.

« Je le suis. Je m'appelle Elexis. Tu peux m'appeler Lex. »

« Oh, Elexis. Tu t'es réveillée trop tard. Notre Alpha nous a transformés en esclaves il y a moins de douze heures. Nous n'avons aucun moyen de nous échapper maintenant », je sens les larmes monter.

Je lui explique tout : Comment l'Alpha a tué mon père, comment la Luna m'a fait vivre dans le cachot, les coups, tout ça. Je sanglote à travers tout ça.

« Je suis là maintenant, Kas. Ne t'inquiète pas. Nous sommes l'enfant de la Déesse de la Lune, nous sommes un guerrier. Ce qui signifie que nous sommes fortes. Nous allons surmonter cela. »

« Lex, plus tôt, quand mes mains sont devenues violettes et ont brûlé Ryan. Était-ce toi ? »

« En quelque sorte. C'était toi, mais mon réveil a aidé à activer ton pouvoir. Je peux t'expliquer plus tard. Dors un peu pour l'instant. »