Après une petite invocation aux Dieux et une libation à lui, faite par son père à base de vin de palme et de l'eau pour que les portes du succès lui soient infailliblement ouvertes, Senyon quitte ses parents pour revenir à Lomé afin de débuter sa vie d'homme. Il se sert de l'argent pour ouvrir sa petite activité de fabrication de jus de fruit et de reconditionnement des fruits de champ en conservation pour les ménages ; ce qui devient une grande entreprise, l'une des plus importantes du pays en un bout de temps. Évidemment que les bénédictions de ses parents ne se font pas prier et sont immanquables à toute épreuve. Sa petite amie Senam aussi est là pour l'épauler, le revigorer en toute chose avec un amour sublimé.
C'est alors il entame les démarches pour se marier enfin avec la femme de sa vie ; laquelle l'a épaulé et l'épaule en tout pour lui donner la force d'avancer et de prendre goût à la vie autrement. Le mariage coutumier se fait dans une fête grandiose digne de leur rang avec des invités de taille et des orchestres pour animer l'évènement.À cette fête de mariage, prend part toute personne de toute couche sociale sans différenciation. Car, le couple était déjà familier avec tout le monde. Et Senyon offrait de temps en temps des vivres aux familles pauvres et aux veuves ; chose que ne lui refusait jamais sa fiancée Senam, et qu'il continue même après leur mariage. Senam est plutôt fière d'avoir un tel homme comme compagnon.Quinze mois après le mariage, Senam tombe enceinte. Quelle joie ! Que du bonheur pour Senyon de l'apprendre, un soir pendant qu'ils dînent, et que sa femme lui révèle son nouvel état.-Mon amour...-Oui, ma raison...-Tu aimes le repas ?-Y'a-t-il meilleur cuisine que la tienne ?-C'est toujours toi pour exagérer quand il s'agit de moi.-C'est toujours toi pour me donner plus que je ne le mérite.-Et toi alors ?-Si tu le penses, chérie. Tu es mon honneur. Et il embrasse sa femme.-Devine quoi, mon amour...-Deviner ! Que je t'embrasse encore ! Et il le fait de nouveau.Senam, avec un regard foudroyant et un ton enchanteur :-Non pas ça ! Mais devine ce que je peux te donner de plus précieux au monde.-À quoi veux-tu faire allusion ?-Mais de ça...-Tu veux dire...-Oui mon cœur ! Je te porte en moi, le plus beau cadeau du ciel. Le fruit de notre immense amour.Senyon ne peut contenir sa joie. Il saute au cou de sa femme qu'il soulève. Il quitte la table à manger et va la déposer doucement comme un œuf dans le sofa de leur magnifique salon pendant que celle-ci lui crie :-Mais tu as quoi ? -À partir d'aujourd'hui, que tu le veuilles ou non, nous engageons une domestique. Plus pour toi de cuisine, petits travaux et autres patati patata...Senam change d'humeur.-Ah non ! Ne viens pas nous gâcher ce moment avec ces histoires encore. Je suis ta femme. Je me dois de faire mes devoirs ménagers. À moi de m'occuper de ma maison. Que je sois enceinte, ne veut pas dire que je deviens un bébé à servir.-Ça, nous en reparlerons. Dis-moi, depuis quand es-tu au courant ?-Depuis deux semaines déjà que je l'ai senti quand mon mois n'a pas coulé. Mais, je voulais en être sûre avant de t'en informer. Avant-hier, j'ai fait la consultation. Hier, j'ai eu les résultats et c'est positif. J'ai demandé au docteur de ne rien te dire pour que je te fasse une surprise moi-même. Mais, tu étais revenu si éreinté que j'ai dû me retenir. Bah, voilà, je te le dis ! Nous attendons notre tout premier magnifique enfant, un joli et gentil garçon comme mon mari.-Une fille resplendissante et épanouissante comme ma Reine, sa maman.-Non ! Il nous faut Apélété d'abord. Après, je te ferai autant de filles que tu voudras.(Apélété : non donné au tout premier-né chez les Éwé du Togo quand il s'agit d'un garçon. Apélété qui veut dire littéralement la maison tient debout. Et Apéfa ou Ahoéfa s'il est question d'une fille comme tout première-née, et ce qui veut dire : la maison est en paix ou la maison est quiète).-Qu'à cela ne tienne, qu'il soit garçon ou fille. De plus, tu n'es pas une pondeuse. Et moi, je ne veux pas détruire ton magnifique corps pour pondre des enfants. Si je pouvais même prendre la grossesse, je la prendrais pour que tu n'aies pas à supporter de douleurs pour moi.-Monsieur ne serait-il pas jaloux de moi par hasard, d'avoir ce bonheur de femme de porter en moi une vie à donner ?-Bien sûr, je le suis ! Tu es vraiment la femme la plus magique au monde, mon amour.Ils s'embrassent tendrement. Avec toute cette euphorie, la table est abandonnée. L'appétit a disparu.Senyon très enthousiaste, raconte à son meilleur ami au bureau, son compagnon de toujours depuis le collège, sur la grossesse de sa femme lorsque celui-ci vient lui parler de l'entrevue avec un nouveau partenaire de l'entreprise. Ce dernier, avec la tête qu'il fait quand il lui parle, se rend compte de son euphorie, et qu'il n'est vraisemblablement pas avec lui, mais ailleurs.
-Je vois que tu es plus d'humeur ce matin que jamais avec ta mine que tu fais là. Mais moi, je viens t'apporter quelque chose de plus à célébrer.-Rien en ce jour ne me fera plus plaisir que ce que je vis actuellement, mon frère. Même si notre entreprise arrivait à gagner le plus gros contrat jamais eu.-Là, je ne te suis pas, tu n'es pas sérieux.-Moi pas sérieux ? Est-ce-que j'ai l'air d'un plaisantin ? Je te dis que je vis le plus grand bonheur d'un homme actuellement.-Ah, ça ! Tu peux finir avec tes charades et faire jaillir le soleil ? Puisque je viens te parler d'un nouveau partenariat pour un grand contrat de conception.-Oublie contrat en attendant. Je te dis mon frère, qu'à l'heure où nous sommes, je vais bientôt devenir papa. Je suis un homme aussi. Un vrai, je te dis...-Quoi ! Tu veux dire que Senam est déjà enceinte ?-C'est quoi tu veux dire par « déjà ? » Senam vient de faire de moi, un homme accompli. Je suis aux anges, tu ne peux te l'imaginer.-Que tu peux être tranchant, toi ! Je suis fier pour toi. Tu as de quoi à être heureux vraiment.-Tu ne peux pas savoir. Mais il faut que je lui trouve aujourd'hui plus que jamais, une domestique pour l'aider dans ses tâches quotidiennes, chose dont elle ne veut pas entendre parler encore.-Laisse le temps faire, et toi, profite juste du moment.-Toi, tu es mon frère. Penses-tu qu'elle n'en a pas besoin ? Surtout cette fois-ci où elle est grosse ?-Elle en a toujours besoin avant de refuser. Mais je crois qu'avec le temps et l'évolution de sa grossesse, elle se rendra compte de l'évidence. Et si tu veux, j'ai une meilleure idée pour toi.-Oui, oui laquelle ? Parle vite !-Doucement...! Parle avec votre docteur. Lors de l'une de ses consultations prénatales, de lui prescrire du repos pour éviter des complications de grossesse. Du coup, elle n'aura plus le choix que de capituler et d'accepter une domestique.-Ouais ! Comment n'y ai-je pas pensé trop tôt ? Toi, tu mérites un cadeau. C'est ce que je vais faire à l'instant même. D'ailleurs je dois y aller.-Et le contrat en question ? Ce dont je suis venu te parler ?-Cette entreprise est tienne aussi. Occupe-toi donc tu contrat. Nous en parlerons après, et tu me feras le point, mon frère.Il sort déjà du bureau. Sa veste accrochée à son fauteuil, prise et pendue à son bras, il laisse son ami en lui jetant :-Au revoir, on se voit à la maison ce soir !L'ami reste un peu cloué dans son fauteuil, secoue la tête, hausse les épaules avant de se lever pour s'en aller aussi.Senyon rentre du boulot. Il gare sa voiture et va au salon...
-Mon amour ! Chérie, où es tuuuuuu ? Je suis làààààà, viens dans mes braaaaaaaas !Il appelle Senam en vain d'une voix suave. N'obtenant aucune réponse, il monte et va dans leur chambre mais ne l'y trouve pas. Il redescend, prend la direction de la cuisine. Au seuil, il la voit vaquer aux tâches culinaires. Il retourne se déshabiller, met une bavette, et marche à pas de caméléon derrière elle jusqu'à la prendre par derrière, l’entourant de la taille de ses bras.Senam sursaute. Elle tourne la tête, et le voit.-Ah ! Que tu m'as fait peur !-De quoi aurait peur une Reine dans son royaume, mon Amour ?Senam se tourne complètement face à son mari maintenant pour l'embrasser, avec ses yeux étincelant amour et bonheur. Surprise, elle le remarque maintenant dans sa bavette.-Mais, en quoi tu es là ! Quand es-tu de retour ?-Je suis en ce que tu vois. Je suis de retour à l'instant. Je t'ai appelée en vain. Je suis monté, je ne t'ai pas vue et je suis venu te retrouver iciiiiiiiii ! Maintenant nous faisons la cuisine ensemble, toi et moi. Tu prends les commandes et moi j'obéis, ma Capitaine.-Tu as crié pour m’appeler sans que je ne t’entende !-Mais oui, puisque tu es toute concentrée sur de quoi remplir mon ventre ce soir.-[...] Tu ne cesseras jamais de me surprendre, toi. Va là-bas éplucher les ognons, et écrase les condiments. Vite, vite ! Surtout, pas de moulinette hein, tu écrases à la pierre ! C'est cuisine tu veux faire non ?Ils en rient, s'amusent et le travail va bon train.C'est la nuit au plumard. Senyon a la tête de sa femme sur sa poitrine. Il la caresse de sa main gauche sur ses cheveux afro naturels comme toujours et qui lui donnent chaque fois un air particulier.
-Chérie, je programme que nous allions au village le week-end pour y apporter des vivres à ceux qui en ont besoin. Ça fait au moins trois mois nous n'y sommes plus. Qu'en dis-tu ?-Tu le sais bien, c'est toujours un réel plaisir pour moi que tu prennes ces initiatives et je suis toujours avec toi, mon Amour. Tu n'as pas besoin de mon avis. Tu m'avertis juste.-Tu peux avoir raison mais tu n'en as pas. Toi et moi sommes un et nos biens nous appartiennent tous les deux. Donc, c'est à deux nous devons décider.-Je suis toujours pour la bonne cause, chéri. Tant que c'est pour la bonté, j'y suis de cœur.-Je sais que je peux toujours te faire confiance. C'est toi ma force dans toutes mes démarches. C'est pourquoi j'ai un autre projet à te proposer.-De quoi s'agit-il ?-Je voudrais que nous construisions de cantines scolaires pour les écoles primaires publiques du village, à commencer par l'école N○1. Et ainsi de suite jusqu'à faire le tour des quatre écoles. Doter ensuite la bibliothèque de plus de livres, pour permettre ainsi aux enfants démunis d'étudier aussi dans de bonnes conditions.-Je me demande toujours de quoi es-tu fait ? Je ne sais quoi dire. Tu es comme un ange sur terre.-[Soupir...!] Quand je me rappelle de mon enfance, de ce que mes parents ont enduré, de toutes ces souffrances, avant d'être à ce niveau aujourd'hui en ta compagnie, et quand je pense que d'autres enfants aussi sont aujourd'hui dans la même situation que j'ai connue, voire pire, je ne peux que partager pour aider, mon amour. Aussi, il est un devoir de toujours retourner à l'environnement qui nous a donné quelque chose, le peu de ce que nous avons pour le remercier, lui témoigner nos gratitudes. Et la fortune faisant bien les choses, j'ai une femme qui me comprend et m'épaule.-Vraiment que la vie n'a pas été facile ! À la mort de papa, la vie était devenue si dure pour nous que j'ai dû laisser les études. Le quotidien était tellement difficile que je ne pouvais même pas suivre une formation ou apprendre au moins un métier manuel. Le ciel seul sait comment je suis parvenue à avoir ce minuscule commerce d'alimentation générale quand tu es venu dans ma vie pour m'apporter de la lumière, et la changer radicalement.-Toi aussi tu as changé la mienne et ça ne devait qu'être ainsi pour nous, mon Amour. Me réveiller chaque matin et voir une déesse comme toi à mes côtés, partir au travail avec du sourire et la paix du cœur que tu me donnes, rentrer le soir te voir, accueilli par tant d'affections, sont une quiétude totale. Cette quiétude que je ressens, c'est toi. Et une femme quiète pour son mari, lui est une bénédiction et une réussite dans ses activités.-Merci mon Amour pour toutes ces prévenances dont tu me couvres chaque jour minutieusement pour me faire sentir aimée, précieuse à tes yeux et importante dans ta vie. Par toi, je suis une femme épanouie et heureuse ; tu m’as donné une image. Et au cœur de tout, aujourd'hui nous aussi nous pouvons aider les gens.-Merci, mon Autorité pour tout. Dès le week-end, nous parlerons du projet au village. Notre ami viendra aussi avec nous. Dans sa voiture bien sûr. Et nous mettrons les points. Aussi, nous en profiterons pour annoncer notre bonne nouvelle à la famille. Tu ne trouves pas que c'est génial ?-Ah oui, mon idéal de mari ! Quoi de plus beau que ça ? Dit-elle en caressant son ventre encore plat qui abrite une vie désormais, couvert par sa robe de nuit blanche un peu transparente. Je t'aime, mon Amour.-Et moi, je t'aime plus, Senam. Dormons maintenant. Demain, j'ai une journée chargée.-À demain, mon Ange !-À demain, mon Bonheur !Il embrasse sur le front, sa femme avant de se tirer tous les deux, la couverture qui ne leur couvrait que les pieds, jusqu'à leur buste.Le week-end comme prévu, le couple est au village avec des vivres bien sûr aux veuves et nécessiteux : sac de riz, huile, sel et même des boites pharmaceutiques ainsi que du pétrole.
Après les salutations à toute la famille et autres divers, le couple Senyon, accompagné de leur ami, est bien accueilli par la maman de Senyon qui leur sert un bon plat.-Eééh maman, toujours tu te fatigues ! Déjà, tu nous as préparé à manger. Que c'est succulent, ce plat. Vraie cuisine du village avec le naturel, dit Senyon à sa maman avec tout un visage qui respire le confort.-Ah oui maman ! Elle n'a utilisé que des produits tous frais, ajoute Senam. Et elle ne m'a même pas invitée à la cuisine. Elle est partie préparer secrètement pendant que je suis là.-Toi, tu veux venir faire quoi à la cuisine ? Demande Eya avec un air tout ému à sa belle-fille. Ici, tu es servie en Reine. Tu es ma visiteuse et moi, ton hospitalière.-Aaaaaah maman ! Je suis ta fille et c'est à moi de m'occuper de toi.-Parlez pendant que nous, nous nous gavons ; ou bien, mon frère ! S'émeut Senyon qui se tourne vers son ami.-Ce repas est trop bon. Je n'ai pas le temps de parler, moi, lui répond son ami qui ne fait que manger.Se tournant vers son père qui comme indifférent à toute cette joie, Senyon lui demande :-Papa, pourquoi toi tu ne dis rien ?-Dire quoi encore avec toute cette joie ? Mon fils et ma fille à mes côtés, accompagnés de leur ami qui leur tient toujours bonne compagnie. Je suis ému que je n’aie point de mots.-Rectificatif ! Pas un ami, mais un frère !-Votre relation, bien évidemment, ne date pas d'aujourd'hui. Je me rappelle encore quand vous étiez adolescents, et vous vous querelliez pour un rien du tout pour être encore ensemble la minute d'après, relate Eya.-Eh, maman. Maintenant nous avons grandi. Nous sommes des hommes murs désormais et bientôt, Senyon va être..., dit l'ami qui coupe du coup la parole.-Senyon va être quoi ? Demande à l'ami, la mère de Senyon.-Termine ce que tu as commencé, vieux perroquet, dit Senyon à l'ami.Il promène son regard et continue de manger sans répondre à la question. Et c'est Senam qui reprend la parole pour répondre à sa place :-Maman, papa, les nouvelles, surtout les bonnes, veulent d'elles-mêmes être contées. Nous entendons un enfant. Je suis enceinte, maman !La belle-mère toute heureuse se lève et va soulever sa belle-fille.-Tu es quoi ! Quelle formidable nouvelle ! Tourne-toi je vais voir...Le beau-père, Amewou, euphorique, félicite aussi de son côté, son fils. Sa femme danse avec allégresse.-Voilà pourquoi je ne t'avais pas invitée d'ailleurs à la cuisine. Désormais tu seras servie pour bien prendre soins de mon petit-fils. Je vais être grand-mère aussi !-Mamaaaaaan ! Fais, Senam toute heureuse.-Voilà maman, dis-le-lui. Elle refuse toute idée de prendre une domestique pour l'aider à la maison, dit à sa maman, Senyon.-Mais pourquoi ? Tu n'as plus à faire quoi que ce soit, encore moins maintenant.Prendre une domestique pour l'aider à la maison est une chose même impensable pour Senam. Elle ne voit jamais en quoi elle va se faire servir, et pour quelle raison.-Mais maman, grossesse n'est pas une maladie non ! Dis-moi maman, quand tu étais enceinte de mon mari, tu avais une bonne ?-Ne me compare pas à toi. Moi, je voulais même qu'on me prenne au dos pour aller aux toilettes.Et tout le monde s’esclaffe, se partageant ce moment si unique.Après cette table, ils se rendent aussi chez la mère de Senam, veuve AFIDÉGNON Dovi. La convivialité y est au rendez-vous également. Ils lui apportent aussi des vivres et tout ce qui s'en suit. Quelle ne peut être la joie d'une maman quand sa fille lui apporte un tel bonheur avec de telle nouvelle !-Quand vous retournez en ville, mes enfants ? demande-t-elle.-Nous comptons repartir demain matin très tôt pour un rendez-vous, sinon, nous aimerions bien passer un peu de temps avec vous jusque dans la soirée, répond poliment Senyon à sa belle-mère.-Que les Dieux continuent de te bénir, mon fils, pour tout.-Alafia, maman !Se tournant vers sa fille par la suite, elle la sermonne encore :-Et toi Senam ma fille, prends bien soins de ton mari et de ton foyer. Dois-lui toujours respect et soumission. Une femme polie et soumise à son mari est une femme qui bâtit son toit. C'est elle qui contrôle et gouverne son couple. Elle est aimée et protégée. Tel est le secret, ne l'oublie jamais ! Sois-lui toujours humble. C’est toi seule qui vas toujours en tirer profit. Il est devenu ton papa, ton frère, ton meilleur ami, ton amant, ton seul confident, en plus d'être ton mari. Et comme cela ne suffisait pas, il est devenu le père de cette famille qu'il ne cesse de nourrir.-Maman, ne parle pas comme ça, s'il te plaît ! Tu t'es sacrifiée pour m'offrir une femme magnifique comme Senam. Et aujourd'hui, tu as deux enfants : elle et moi. Désormais, tu auras un troisième : ton petit-fils ou ta petite-fille. Tu es ma maman, notre maman à nous et c'est notre devoir de prendre soins de toi, intervient Senyon.-Mes enfants, que les Dieux soient toujours avec vous et prenez soins de vous. Surtout, évitez les mauvaises compagnies. N'ayez confiance qu'en vous-mêmes, mes enfants.-Merci maman, et prends bien soins de toi aussi, lui répond le couple en chœur avant que Senam ne poursuive : et merci pour tes précieux conseils de mère une fois de plus, maman. Je vais toujours en faire usage...Quelques discussions encore et ils se donnent de câlins. Senyon et sa femme rentrent dans leur bagnole. La maman leur secoue la main d'au revoir au démarrage de la voiture et la voit s'éloigner.Le lendemain, Senyon et Senam regagnent la capitale.L'EUPHORIELe temps passe et la grossesse se fait remarquer. Senam va à sa consultation prénatale.-Madame, comme toujours, le bébé se porte bien. Mais, il y a un petit dérangement à votre niveau qui pourrait avoir de répercussions lors de l'accouchement, dit le docteur après ses examens.Senam s'affole, devient anxieuse, soudain.-De quoi parlez-vous, docteur ?-Ne vous mettez pas dans cet état quand même ! lui redit posément pour l'apaiser, le docteur, avant de poursuivre ; vous ne vous donnez pas du repos, ce qui affecte votre organisme dans votre état actuel. Il vous faut donc éviter certains travaux. Surtout la lessive, port d'objets un peu pesants...-Mais docteur, je me sens parfaitement bien, sans me lasser de ses petits travaux que je suis censée faire !-Madame, oui, apparemment, vous allez bien. Vous n'avez rien. Mais ce n'est pas le cas. P
Le jour du rendez-vous de la signature du prestigieux contrat arrive. Ce jour lugubre. Ce vendredi sinistre pour Senyon et sa famille, où les sujets des abîmes ont œuvré sans pitié dans leur vie.Senyon, prêt pour le rendez-vous ce matin après être passé à table pour le petit déjeuner, embrasse sa femme, fait du bisou à son enfant et s'en va.Environ une heure de temps plus tard, Senam est dans le salon avec Mimi, toutes les deux très joviales. Elles rient aux éclats, jouant avec l'enfant Mawugnon qui apprend à marcher. Le portable de Senam se mettant à sonner sur la table centrale, Mimi court vite le lui apporter. Elle décroche, et reçoit l'appel. Elle pousse un grand cri de détresse, laisse tomber le portable et s'écroule par terre, évanouie. Mimi se donne toutes les peines pour la réveiller. Elle la tapote de la joue, l'ap
DEMAIN SERA BEAUMawugnon parti pour Lomé, se met à se promener sans même savoir où il va. Il n'adresse parole à personne. Surtout, il ne veut pour une quelconque raison montrer à qui que ce soit qu'il vient d'arriver dans cette ville et qu'il y est complètement nouveau...La nuit est là. Au bord d'une route, il se trouve une table devant une boutique pour se coucher dessus, et en faire sa couche jusqu'au petit matin, à risque et péril de sa vie, après s'être gavé du pain et d'arachides. C'est alors qu'il passe ses nuits devant les magasins ou sur les tables du marché.Au lever du jour, il va de magasin en boutique à la recherche d'un job, mais où en trouver ? Personne n'a du boulot pour lui. Durant environ un mois, il va ici et là à la capitale. Sa petite économie ramenée du village, finement gérée à se nourr
Lundi matin, Mawugnon se lève. Il nettoie la voiture de son bienfaiteur ; monsieur Agbémaplé N'SOUGAN. Il arrose les fleurs, et va se préparer, en attendant ce que lui dira celui-ci. Agbémaplé une fois prêt, le fait venir. Mawugnon arrive, dans un air poli et rassuré ; sans aucun stress. « Bonjour, Dady ! » salue-t-il.-Comment tu vas, Mawugnon ?-Je vais bien, Dady.-Es-tu prêt pour ton premier jour de travail ?-Oui Dady, je me suis préparé depuis.-Très bien. Allons-y !Ils sortent. Arrivés dans la cour, Agbémaplé est émerveillé par la propreté des fleurs. Imaginant qu'il s'agissait de son gardien qui a fait l'aménagement, (chose qu'il n'a jamais faite d'ailleurs) il décide de le faire venir pour le remercier. « Kossiiiiiiiii, Kossiiiiiiiii, Kossiiiiiiiii ! », l'appelle-t-il en criant. Ce de
Gentil prend le temps de bien se contempler dans le miroir de sa chambre ; il venait de sortir de la salle de bain. Pour s'habiller, il met un t-shirt rouge bordeaux qui lui descend à sa convenance sur les fesses. Il a déjà mis un Jeans pantalon noir cassé sur les cuisses. Il porte des chaussures de sport blanches, met une casquette de même couleur que les chaussures. Il se contemple une fois encore dans le miroir et affiche un air fier de lui. Il passe son parfum, met son bracelet au poignet gauche, une petite chaîne en or alliage avec argent au cou, avec une médaille en scorpion. En plus, un anneau à l'oreille gauche aussi de la même image de la médaille de sa chaîne. Il s'admire une énième fois de plus et sort au salon. Il y voit sa maman, assise dans un fauteuil, en train de siroter un jus de fruits, tout en bouquinant. « Maman, je n'ai vu depuis le matin, ni Dady, ni Mawugnon. Où
Mawugnon fait une descente surprise au village pour visiter sa maman, accompagné d’Amé, quelques jours après sa prise de contrôle du commerce.À leur arrivée, à motos zémidjan (taxis moto), Senam est assise devant la chambre. Elle trie du haricot sur un couvercle.-N'daaaaaaaaa ! émet un cri euphorique, Mawugnon, toujours comme un petit enfant, pour appeler sa maman.Senam redresse la tête à la perception de la voix de son fils. Elle laisse tomber le couvercle avec le haricot pour courir se jeter à son cou.-Voilà mon fils o ! Voilà mon Mawugnon !Ils se prennent fort dans leurs étreintes comme s'ils allaient fusionner. Senam, ne cesse d'exulter.-Evinye yeyi lo, evi dze na ame (voici mon fils, qu'il est beau d'avoir un fils).Son fils lui répond avec la même euphorie. Elle le fait tourner pour beaucoup plus le contempler
Le temps passe si bien, la vie bat sa plénitude. Aucun incident, ni pour Mawugnon, ni pour sa maman, encore moins pour son travail et sa nouvelle famille. Au contraire, tout est de jour en jour fleurissant et le sourire s'intensifie dans son cœur ainsi que dans celui de sa maman. Les lésions de leur passé misérable ont disparu pour laisser place à la lumière éblouissante dans leur vie. L'horizon est pimpant, ils s'y pâment.Les hôtes de Mawugnon sont aussi chaque jour plus satisfaits de lui pour tout ce qu'il leur apporte. Mawugnon est une bénédiction sous leur toit. Même sa seule présence à leurs côtés quand ils sont ensemble, les ravit et élargit leurs sourires. Les bénédictions de ses grands-parents à son père qui lui est inconnu jailliraient sur lui comme une pluie diluvienne. Et c'est le commerce de son "papa" Agbémapl&
CONFIANCE INÉBRANLABLELa nuit est encore venue. Mawugnon dans son sommeil de prisonnier meurtri, revoit cet homme qu'il a déjà vu dans son sommeil de la rue et qui l'avait fait traverser la forêt. Cet homme se tient à ses côtés, les bras croisés, regard rivé sur lui, pendant qu'il (Mawugnon) est assis adossé à un arbre, la main au menton dans une grande tristesse et médite.-Mon fils ! l’appelle t-il.Mawugnon sursaute en levant la tête.-Mon fils, pourquoi veux-tu t'abandonner dans la forêt de ta vie ? As-tu déjà oublié ? C'est maintenant que tu dois tenir en homme ; tu dois te battre. Ne te laisse pas abattre. Ne te vois pas perdu. Ce que tu crois perdre, n'est qu'une illusion. Tu as ton homme à bâtir avec ton courage, ta volonté d'atteindre le faîte. La nuit est affreuse mais le jour est prodigieux. O
LE PETIT SENYONMawugnon s'agite. Tout anxieux est-il dans le hall avec sa maman, celle de Biova ainsi qu'Amé. Que se passe-t-il à l'intérieur ? Pourquoi personne ne sort dire un seul mot ? Pourquoi ça dure tant ? Et pourtant ils sont là, il y a à peine une quinzaine de minutes. Une minute lui passe comme une éternité. Son cœur veut s'arrêter. Sa maman essaie de le rassurer et le calmer en vain. Mawumebiõ y compris. Même Amé n'y arrive pas cette fois-ci. Si seulement il pouvait pénétrer cette fichue pièce ! Il a la rage de savoir ce qui se passe là-dedans, d'entendre quelque chose.Enfin, il aperçoit le docteur qui met son nez au dehors et les approche. Il se précipite sur lui, excité de savoir. «Félicitations, monsieur, votre femme a accouché d'un si joli garçon&ra
LE DERNIER SOUPIRAgréable surprise pour Biova. Elle tombe sur sa «belle-mère» à sa sortie au salon avec Mawugnon. Elle y est, avec sa maman et une femme âgée qu'elle ne connaît pas. Et c'est de stupéfaction, qu'elle s'écrie pour l'appeler. Très enthousiaste, elle va se jeter à son cou, lâchant le petit ami. Senam lui rend chaleureusement l'affection dans ses bras en l'appelant à son tour : «ma fille!»-Tu es donc là aussi, n'da ? Merci beaucoup d'être venue.-Oui, je suis là, chérie. Nous sommes plutôt là!Mawugnon debout les regarde tout souriant, ainsi que Mawumebiõ, heureuse, de revoir sa fille sourire de nouveau après toute une résignation pénible, de pleurs et du refus de manger.Senam regarde sa future bel
CONDAMNATIONLes dires d’Amé ont un effet fort adoucissant sur le cœur de Mawugnon. Il a besoin en ce moment, de tels propos même s'ils devaient être plutôt de la femme qu'il aime. Aussi, d'une épaule sur laquelle poser sa tête si lourde. Et pour ça, il ne pouvait avoir mieux qu'Amé ; elle qui parvenait toujours depuis à le dompter, à lui faire oublier ses soucis par un simple geste. Une parole. Un regard. Un sourire. Et une fois encore, elle est là pour lui ; Amé est une providence. Il la regarde, puis, soupire de soulagement et la serre dans ses bras un instant avant de la relâcher.-Merci beaucoup, Amé pour tout sacrifice.-C'est avec joie que je le fais, mon chéri. Tu sais, j'ai été chez ton Amour avant hier et je l'ai encore appelée hier nuit. Biova va trop mal, Fo Mawugnon. Et à toi seul
PAR UNE SIGNATUREAutour d’Amoussou ne peut croire à tout ce qu'il raconte. Ils sont poignardés, horripilés. Senam a beau se retenir, elle finit par s'effondrer en pleurs : « eh, agbé tõ gloglo loo. Agbé tõ võ đí (l'humain est vraiment profond. L'humain est cruel !) », se décharge-t-elle lamentablement.Quant à Biova, elle s'écrie sur son père, toute rageuse : « quoi ! Toi papa ! Tu as pu tuer un homme ! Et pis, ton ami qui t'a tout donné, juste par jalousie ! Donc tu es un criminel, un assassin qui se passe pour un humain ! Tu es un sournois ? »-Pardon, ma fille !-Ne m'appelle pas ta fille ! Je ne le suis pas !Senam continue de couler ses larmes. Sa voix est pleine de magnans. Mawugnon et l'oncle stupéfiés, tétanisés, Biova tourmentée, courroucée. Quant à Mawumebiõ
INCONCEVABLESenam est stupéfiée par ce qu'elle voit : celui qui est devant elle et allongé dans le lit. Il y a vingt-huit bonnes années déjà qu'ils se sont parlé pour la toute dernière fois et pas vraiment en de bons termes. Non, ça ne peut pas être possible. Elle doit être en train de rêver. Son cœur tressaillit sous le choc de ce que ses yeux lui montrent. Des fourmis la prennent par la plante des pieds et envahissent tout son corps qu'elles traversent jusqu'aux bouts de ses cheveux. Elle demeure coite un instant avant de pouvoir se surpasser, et s'écrier de nouveau : « toi ! Amoussou ! » Se tournant vers Biova, elle lui demande avec du dédain profond : « Biova, c'est cet homme-là, ton papa ? »Biova toujours accrochée à Mawugnon, lui répond sans rien comprendre :-Oui, n'da ! Un problème ? Pourquoi
LE CHOCAmoussou se décide à ne rien dire à ses proches. Il reste dans son mutisme, le cœur fermé, jusqu'à la tombée de la nuit malgré toutes les supplications possibles de sa fille, les pleurs de sa femme et les indignations de son grand frère.La nuit est aussi longue, avec toute la pression que tout le mystère entourant la vie d’Amoussou exerce sur les siens. Mais, le jour finit par paraître de nouveau, pour être plus nouveau dans les chants des coqs et s'harmoniser avec la mélodie des oiseaux des bois pour ceux qui peuvent encore savourer la splendeur des choses. Cependant, il passe à côté des pauvres gens de leur nature qui n'y perçoivent que de la cacophonie ; ceux qui ont l'esprit torturé par leur sort, le cœur lourd d'amertumes, l'âme triste.Toujours à son chevet à ce nouveau jour prestigieux mais somb
LA DIVINATIONSenam, assise devant le petit écran, attend impatiemment son fils pour passer à table. Il a sonné déjà vingt heures. Très euphorique, qu'elle le voit finalement pénétrer le séjour. « Ah mon amour est de retour ! » s’écrie-t-elle le cœur gai en le voyant. Mawugnon, avec sourires aux lèvres et des pas de danse : « para-para para pampa ! Oui, de retour pour toi ! Paparapapaaaa ! »-Je te sens encore très jovial, mon fils. Ton Dady t'a donné quoi ?-Nous avons juste causé entre père et fils pour finir grisés en vins.-Toi te connaissant, tu as bu pour en être ravi comme ça ?-Oui là, n'da. Le vin ravit non ! Surtout le vin d’extase pur (il mentionne le vin de palme). Tu veux vérifier ?Il ouvre sa bouche au visage de sa maman pour qu'elle sente l'odeur des boisson
LA GIFLETrois jours déjà, Amoussou est hospitalisé. Sa situation ne va que de désolation en désolation contre l'attente d'une amélioration. À son bureau, le médecin traitant fait venir sa femme, et s'entretient avec elle.-Madame, nous ne comprenons pas la santé de votre mari. Nous avons fait toutes les analyses possibles, nous ne voyons absolument rien comme anomalie, cependant même que sa santé se corrompt d’heure en heure. Regardez-vous même l'état dans lequel il se retrouve en ce laps de temps d’à peine soixante-douze heures !Sur le visage de Mawumebiõ, la tristesse et la désorientation scandent leur requiem mordant. Languide, veule, elle demande au docteur :-Et que pensez-vous que nous puissions faire, s'il vous plaît, docteur ? Que nous conseillez-vous ?-Je crois que nous ne pouvons rien pour lui ici. Vous devez l'emmene
CONFRONTATIONSMawugnon, Biova et Senam arrivent à la maison. Ils sortent de la voiture et vont pour l'intérieur. Juste Senam sort les clefs de son sac pour mettre dans la serrure, que madame Séménya attire leur attention par derrière, les mains chargées : « vous êtes enfin de retour ! » leur lance-t-elle. Ils se retournent tous.-Ah maman ! o’va dzi mì yéa (ah maman ! tu étais venue nous chercher) ? lui demande Mawugnon.-Je vous avais apporté à briffer mais vous n'étiez pas de retour.-Tu t'es encore dérangée ? lui demande Senam.-Il n'y a pas de dérangement qui tienne, maman Mawugnon. Voilà ça, débrouillez-vous avec. J'ai pensé que vous auriez faim à votre retour.Biova prend les effets de ses mains.-Merci maman. Toujours, tu ne te fatigues à faire la cuisine. Et quand je vi