L'EUPHORIE
Le temps passe et la grossesse se fait remarquer. Senam va à sa consultation prénatale.
-Madame, comme toujours, le bébé se porte bien. Mais, il y a un petit dérangement à votre niveau qui pourrait avoir de répercussions lors de l'accouchement, dit le docteur après ses examens.Senam s'affole, devient anxieuse, soudain.-De quoi parlez-vous, docteur ?-Ne vous mettez pas dans cet état quand même ! lui redit posément pour l'apaiser, le docteur, avant de poursuivre ; vous ne vous donnez pas du repos, ce qui affecte votre organisme dans votre état actuel. Il vous faut donc éviter certains travaux. Surtout la lessive, port d'objets un peu pesants...-Mais docteur, je me sens parfaitement bien, sans me lasser de ses petits travaux que je suis censée faire !-Madame, oui, apparemment, vous allez bien. Vous n'avez rien. Mais ce n'est pas le cas. Pour votre propre bien et surtout, pour votre bébé, vous êtes obligée de suivre les consignes de la médecine.-N'y a-t-il pas de prescription pour remédier à ce déséquilibre, s'il vous plaît ?-Bien sûr que je vais vous prescrire des produits à prendre. Toutefois, il est impératif ce que je vous dis. Je vais en discuter aussi personnellement avec votre mari.-Compris docteur, je ferai tout ce qu'il faut pour mon enfant. Mon mari tient beaucoup à ce bébé et je ne voudrais pas qu'il soit frustré par cette nouvelle.-Pas d'inquiétude, madame, je vais m'en charger. Vous, faites juste ce que la médecine vous prescrit comme recommandation.-Merci beaucoup, docteur.-De rien madame. Je crois que maintenant, vous pouvez même disposer. Et aussi, vous devez éviter le volant. Je remettrai la prescription pharmaceutique à votre mari si ça ne vous dérange pas.-Pas de problème, puisque vous devez le rencontrer et lui parler de tout, vous pouvez lui remettre aussi l'ordonnance. Bonne journée, docteur.-Bonne journée, madame, et, prenez bien soins de vous.Ils se donnent la main, Senam quitte le bureau. Toujours très belle avec sa grossesse qui lui confère aussi, élégance encore. Elle est habillée en robe bleue marine, arborant un sac blanc assorti avec ses chaussures plates. Ses cheveux afro naturels sont encore très brillants comme elle sait bien leur donner de soins.Après discussion entre Senam et son mari Senyon suite aux recommandations du docteur, Senam accepte finalement d'avoir une domestique. Elle n'a plus d'autre choix que de céder. Senyon rend alors visite à son ami et lui en parle :
-Ton plan a marché. Elle a mordu à l'hameçon.-Tu parles de quel plan ?-Mais toi aussi ! On dirait que tu as la tête d'une huître [rires...]. Je parle de ma femme et de son refus de domestique.-ça alors !-Oui. Le docteur a mis ton plan en marche et paf ! elle a tout avalé comme un silure se jetant sur de l'asticot.-Je te l'avais dit non ? Et pendant que nous y sommes, tu as déjà trouvé une sous la main ?-Non, pas encore. Je veux aller dans une agence où on forme des domestiques et en recruter une.-C'est une bonne idée. Toutefois, j'ai une cousine bien sérieuse. Elle est une grande fille pour bien prendre soins de ta maison. Elle est à la recherche de quoi faire. Si ceci ne te dérange pas, tu ne peux pas me la prendre ? C'est la fille à l'une de mes tantes maternelles.-Mais, c'est une excellente nouvelle, si c'est toi qui me la proposes ! Ça voudra dire que tu la connais assez pour savoir qu'elle ferait une bonne compagnie pour mon ménage.-Bien sûr ! Ne t'en fais pas pour... je suis tout le temps chez toi non ? Elle sera sous contrôle.-Parfait ! Tu nous l'amènes quand ? Je voudrais qu'elle vienne le plus tôt possible.-C'est bon ! Je vais la rencontrer pour toi ce soir même. Et dès demain, elle pourra être là.-Je compte sur toi, mon frère. Maintenant rentre et sors quelque chose du bistro, nous allons nous mettre sur la langue. Mais, pas d'alcool surtout, comme d'hab !Une voiture klaxonne au portail de Senyon. Le gardien va ouvrir ; c'est Senyon qui rentre. Il gare sa voiture dans la cour et sort. Une jeune fille l'accompagne ; la domestique qui lui est proposée par son ami. Ils rentrent tous les deux à l'intérieur. Senam est au salon, devant la télé.
-Bon arrivé, mon amour, dit-elle en se levant pour lui prendre son sac.-Merci ma Lumière. Tu m'as manqué toute la journée, tu ne sais à quel point.-Et toi, plus chéri. Tellement je m'ennuie toute seule sans toi. Allons-nous asseoir ! lui-dit-elle après qu'ils se sont embrassés sur les lèvres.-Merci chérie ! Ah j'oubliais, mon cœur. Voiciiiiiiiiii ...,Se tournant à la jeune fille pour son nom qui l'échappe, Senyon lui demande :-Rappelle-moi ton nom, s'il te plaît !-Amivi, patron !Senyon se retourne vers sa femme.-Voici Amivi ou Mimi. La cousine de notre ami qu'il nous a proposée pour nous aider dans les tâches ménagères afin que tu puisses te reposer, chérie.Se tournant vers Amivi encore, il lui dit :-Pour commencer, moi, ne m'appelle pas patron, c'est clair ? Tu peux dire tonton, frère, peu importe. Mais patron, je ne le veux pour rien.Amivi lui répond de la tête d'avoir compris. Elle vient d'arriver, la timidité est en elle. Senyon lui enchaîne en lui présentant Senam :-Voici madame.-C'est moi madame hein ! [rires...] Amivi, appelle-moi aussi tanty ou ma sœur, peu importe. Je suis son féminin, donc nous sommes même chose, dit Senam qui refoule souriante, les propos de son mari.-Tu vois ? Ici, tu es chez toi, entre frère et sœur. Fais bien ce pourquoi tu es appelée. Surtout respecte-toi bien. Ce toit est un toit paisible. Nous n'y voulons jamais de tumultes, redit Senyon avec un sourire à Amivi.-Merci tonton, merci tanty ! J'ai tout compris et je ne vais pas vous décevoir. Mon cousin m'a tout dit sur vous, et vous pouvez compter sur moi, leur dit à son tour, Amivi qui se montre rassurante.-Je vois que nous nous comprenons bien déjà. Et comme mon mari te l'a dit, ici, tu es chez toi. Tu sais ce que tu as y à faire, et bien.-Oui, tanty !Senyon fait savoir qu'il doit aller prendre de douche et il monte en haut. Senam demande à son tour à sa nouvelle désormais compagne de la suivre pour lui montrer sa chambre et la maison. Et elles s'en vont aussi.Comme promis, Amivi est bonne compagnie. Elle ne néglige pas son travail. Elle ne cause aucun désagrément à sa patronne Senam qui s'est trouvé plutôt une sœur avec laquelle elle peut s'asseoir et causer. Senam lui vante même du mérite auprès de son mari Senyon. Elle est bien entretenue en retour et chaque jour, elle devient aussi plus radieuse que la veille. Quand le couple passe à table, elle est à table avec eux, en famille. Elle n'est jamais mise à l'écart.
Les jours approchent à grands pas déjà pour Senam. Senyon l'emmène au shopping pour changer sa garde-robe. Pour aussi, préparer en même temps le trousseau bébé. Et à leur retour, ils apportent de nouveaux vêtements à Amivi aussi.
-Tiens, Amivi ! C'est pour toi, de la part de Tonton, dit Senam à Amivi en lui tendant son emballage.-De sa part plutôt, Amivi, retourne Senyon.-De sa part...-De sa part...Tous, ils s'esclaffent. Vraiment que ce couple est si beau et si amusant à tout moment ! Il aime tellement faire de la comédie ; même avec leur employée de maison : "boniche !"Amivi prend l'emballage et l'ouvre. Elle y voit tout ce qui lui est apporté comme vêtements à son grand étonnement. Elle les remercie toute enthousiaste.Des jours passent et des jours passent. Senyon est au bureau lorsque son portable se met à sonner. Il le prend. C'est Amivi qui l’appelle depuis son portable qui lui est payé. Il décroche : « Allô Amivi ! » Et il peut entendre la voix d’Amivi très angoissée : « allô tonton, c'est Tanty. Elle a des contractions abdominales. Viens vite, s'il te plaît ! Elle se tord de douleurs dans le salon ici ! »
-Qqqqquuquuuoi ? Je-je-je je-je-je-je je rentre tout de suite ! dit tout en bégaiement et angoissé, Senyon.Il file pour rentrer à la maison. Il arrive et voit effectivement Senam se tordant de douleurs. Aidé par Amivi, il la met dans la voiture puis l'emmène d'urgence à l'hôpital. Senam est à terme. On la fait entrer à la maternité. Senyon très anxieux, ne peut rester sur place entre la salle d'entente de l'hôpital et le hall menant à la maternité. Quelque temps après, le docteur sort. Senyon l'accueille en sautant sur lui :-Dites-moi, docteur, comment va ma femme ? Dites-moi comment elle va, je vous en prie !-D'abord, on se calme. Relaxez, et écoutez ce que j'ai à vous dire !-Quoi ? Vous voulez dire quoi ? Je veux savoir comment va ma femme ! Je veux le savoir !-Du calme, monsieur. Je tiens à vous féliciter. Félicitation ! Vous venez d'avoir un joli garçon qui se porte très bien.-Et ma femme ? Je veux savoir comment elle va !-Votre femme va parfaitement bien aussi. Les infirmières vont les installer et vous pourrez aller les voir.Ah vraiment, que certains docteurs peuvent causer des fois, de l'AVC, gratuitement à leurs clients !-Merci docteur..., merci beaucoup à la Vie de m'avoir fait cette grâce infinie, dit Senyon tout joyeux.Et il s'exalte pendant que le docteur lui tapote l'épaule de sa main gauche, avant d'aller à son bureau.Encore du bonheur dans cette famille avec la venue d'un enfant qui engendre plus de sourires sur les lèvres. Il faut voir Senyon et sa femme s'amuser ensemble avec leur trésor : Senyon qui donne du biberon fréquemment à son prince né, ou change ses couches, et très souvent, sous les taquineries de sa femme Senam à cause de ses maladresses.
-Howoooooo, c'est comme cela que l’on change la couche d'un enfant ! se moque Senam de Senyon qui s'évertue à changer la couche de leur prince qu'ils ont nommé Mawugnon pour la félicité ; Mawugnon signifiant Dieu est bon !-Dis que tu m'envies plutôt, femme. Jalouse de moi !-[Rires...] ne sois pas égoïste et demande-moi de te montrer plutôt comment on le fait, monsieur. Je ne vais rien prendre comme retour. Ah, les hommes ! Toujours fiers...Et c'est un bonheur immense reflétant un couple idéal ; un foyer de rêve qui donne des envies inouïes. Eya ou maman Senyon vient même passer de bon temps avec eux à la naissance de son petit-fils pour prendre soins de lui et de sa belle-fille Senam. Les deux femmes sont trop complices. Une belle-mère idéale pour une belle-fille idéale.Une matinée au bureau, Senyon reçoit un appel et exulte. Il passe un autre coup de fil. Un instant après, son ami vient le joindre. Dès qu'il entre, sans même lui laisser du temps, Senyon lui envoie toute son euphorie :
-Mon frère, nous venons de décrocher encore l'un des plus grands contrats du pays.-De quoi parles-tu ? questionne celui-ci avant de s'asseoir.-Notre société vient d'être agréée compétitive sur le marché public. Et nous venons de gagner encore un contrat qui va nous permettre d'étaler plus nos structures. C'est le coup de l'année. L'opportunité jamais attendue pour nous !-D'où vient cette information ? Et depuis quand ?-Je viens de recevoir un appel du cabinet du ministère du marché public. Dans trois jours, je vais à la rencontre du ministre même en personne. Tu t'imagines, mon frère ?-Mais, ceci est à célébrer comme nouvelle !-Ah oui, ça mérite un coup. Nous en avons bien droit. Allons-y !Et ils sortent tous deux du bureau.À la maison, Senyon raconte la bonne nouvelle à sa femme. De sa voix d'amoureux, il l'appelle :-Ma reine.-Oui, mon Roi !-J'ai une excellente nouvelle pour toi.-Ça alors !-Et oui ! Notre structure va s'agrandir encore plus.-Ah bon ! C'est quoi la magie alors, chéri ?-Nous venons de décrocher le contrat de l'année du marché public. J'ai reçu aujourd'hui du ministère du marché public, un appel. Et nous bénéficions de ce contrat grâce à nos prestations et la qualité de nos produits.-Waouh, mon Amour ! Je ne sais quoi dire que de remercier le Ciel pour toute cette bénédiction dans notre vie !-C'est comme si je sortais d'un rêve. Vendredi, j'ai un rendez-vous avec le ministre en personne pour les clauses du contrat.-Toutes mes félicitations, mon Amour. Tu es un Homme, et tes efforts seront toujours payants.-Ah ! Je puise cette force en toi par ton amour, et en la femme que tu m'es. Tu es une bénédiction dans ma vie, Senam. Pourquoi la vie ne va pas me sourire ! J'ai une femme comme toi à mes côtés, qui me pousse. Elle me fait confiance, m'élève. Mieux, elle me procure du bonheur. Toujours avec du sourire, tu m'enthousiasmes chaque matin pour bien vaquer à mon quotidien. Tu me soulages par la beauté de ton cœur. Tu es ma magie ; la magie qui confirme les bénédictions de mes parents.-Ça ne peut être autrement, mon Amour. Toi et moi sommes Un, et toi dans ma vie, est un rêve que je n'arrive pas à toujours croire.-Merci ma Reine, je t'aime !-Et moi, plus, mon Maître.-Où est Mimi ? Qu'elle nous apporte quelque chose.-Elle serait à la cuisine. Laisse-moi m'occuper de ça. Elle fait autre chose déjà, et il n'est pas question de la déranger. Je m'en occupe...Le jour du rendez-vous de la signature du prestigieux contrat arrive. Ce jour lugubre. Ce vendredi sinistre pour Senyon et sa famille, où les sujets des abîmes ont œuvré sans pitié dans leur vie.Senyon, prêt pour le rendez-vous ce matin après être passé à table pour le petit déjeuner, embrasse sa femme, fait du bisou à son enfant et s'en va.Environ une heure de temps plus tard, Senam est dans le salon avec Mimi, toutes les deux très joviales. Elles rient aux éclats, jouant avec l'enfant Mawugnon qui apprend à marcher. Le portable de Senam se mettant à sonner sur la table centrale, Mimi court vite le lui apporter. Elle décroche, et reçoit l'appel. Elle pousse un grand cri de détresse, laisse tomber le portable et s'écroule par terre, évanouie. Mimi se donne toutes les peines pour la réveiller. Elle la tapote de la joue, l'ap
DEMAIN SERA BEAUMawugnon parti pour Lomé, se met à se promener sans même savoir où il va. Il n'adresse parole à personne. Surtout, il ne veut pour une quelconque raison montrer à qui que ce soit qu'il vient d'arriver dans cette ville et qu'il y est complètement nouveau...La nuit est là. Au bord d'une route, il se trouve une table devant une boutique pour se coucher dessus, et en faire sa couche jusqu'au petit matin, à risque et péril de sa vie, après s'être gavé du pain et d'arachides. C'est alors qu'il passe ses nuits devant les magasins ou sur les tables du marché.Au lever du jour, il va de magasin en boutique à la recherche d'un job, mais où en trouver ? Personne n'a du boulot pour lui. Durant environ un mois, il va ici et là à la capitale. Sa petite économie ramenée du village, finement gérée à se nourr
Lundi matin, Mawugnon se lève. Il nettoie la voiture de son bienfaiteur ; monsieur Agbémaplé N'SOUGAN. Il arrose les fleurs, et va se préparer, en attendant ce que lui dira celui-ci. Agbémaplé une fois prêt, le fait venir. Mawugnon arrive, dans un air poli et rassuré ; sans aucun stress. « Bonjour, Dady ! » salue-t-il.-Comment tu vas, Mawugnon ?-Je vais bien, Dady.-Es-tu prêt pour ton premier jour de travail ?-Oui Dady, je me suis préparé depuis.-Très bien. Allons-y !Ils sortent. Arrivés dans la cour, Agbémaplé est émerveillé par la propreté des fleurs. Imaginant qu'il s'agissait de son gardien qui a fait l'aménagement, (chose qu'il n'a jamais faite d'ailleurs) il décide de le faire venir pour le remercier. « Kossiiiiiiiii, Kossiiiiiiiii, Kossiiiiiiiii ! », l'appelle-t-il en criant. Ce de
Gentil prend le temps de bien se contempler dans le miroir de sa chambre ; il venait de sortir de la salle de bain. Pour s'habiller, il met un t-shirt rouge bordeaux qui lui descend à sa convenance sur les fesses. Il a déjà mis un Jeans pantalon noir cassé sur les cuisses. Il porte des chaussures de sport blanches, met une casquette de même couleur que les chaussures. Il se contemple une fois encore dans le miroir et affiche un air fier de lui. Il passe son parfum, met son bracelet au poignet gauche, une petite chaîne en or alliage avec argent au cou, avec une médaille en scorpion. En plus, un anneau à l'oreille gauche aussi de la même image de la médaille de sa chaîne. Il s'admire une énième fois de plus et sort au salon. Il y voit sa maman, assise dans un fauteuil, en train de siroter un jus de fruits, tout en bouquinant. « Maman, je n'ai vu depuis le matin, ni Dady, ni Mawugnon. Où
Mawugnon fait une descente surprise au village pour visiter sa maman, accompagné d’Amé, quelques jours après sa prise de contrôle du commerce.À leur arrivée, à motos zémidjan (taxis moto), Senam est assise devant la chambre. Elle trie du haricot sur un couvercle.-N'daaaaaaaaa ! émet un cri euphorique, Mawugnon, toujours comme un petit enfant, pour appeler sa maman.Senam redresse la tête à la perception de la voix de son fils. Elle laisse tomber le couvercle avec le haricot pour courir se jeter à son cou.-Voilà mon fils o ! Voilà mon Mawugnon !Ils se prennent fort dans leurs étreintes comme s'ils allaient fusionner. Senam, ne cesse d'exulter.-Evinye yeyi lo, evi dze na ame (voici mon fils, qu'il est beau d'avoir un fils).Son fils lui répond avec la même euphorie. Elle le fait tourner pour beaucoup plus le contempler
Le temps passe si bien, la vie bat sa plénitude. Aucun incident, ni pour Mawugnon, ni pour sa maman, encore moins pour son travail et sa nouvelle famille. Au contraire, tout est de jour en jour fleurissant et le sourire s'intensifie dans son cœur ainsi que dans celui de sa maman. Les lésions de leur passé misérable ont disparu pour laisser place à la lumière éblouissante dans leur vie. L'horizon est pimpant, ils s'y pâment.Les hôtes de Mawugnon sont aussi chaque jour plus satisfaits de lui pour tout ce qu'il leur apporte. Mawugnon est une bénédiction sous leur toit. Même sa seule présence à leurs côtés quand ils sont ensemble, les ravit et élargit leurs sourires. Les bénédictions de ses grands-parents à son père qui lui est inconnu jailliraient sur lui comme une pluie diluvienne. Et c'est le commerce de son "papa" Agbémapl&
CONFIANCE INÉBRANLABLELa nuit est encore venue. Mawugnon dans son sommeil de prisonnier meurtri, revoit cet homme qu'il a déjà vu dans son sommeil de la rue et qui l'avait fait traverser la forêt. Cet homme se tient à ses côtés, les bras croisés, regard rivé sur lui, pendant qu'il (Mawugnon) est assis adossé à un arbre, la main au menton dans une grande tristesse et médite.-Mon fils ! l’appelle t-il.Mawugnon sursaute en levant la tête.-Mon fils, pourquoi veux-tu t'abandonner dans la forêt de ta vie ? As-tu déjà oublié ? C'est maintenant que tu dois tenir en homme ; tu dois te battre. Ne te laisse pas abattre. Ne te vois pas perdu. Ce que tu crois perdre, n'est qu'une illusion. Tu as ton homme à bâtir avec ton courage, ta volonté d'atteindre le faîte. La nuit est affreuse mais le jour est prodigieux. O
Messieurs Mawuéna et Séménya rendent visite à Senam au centre psychiatrique ce matin. Une infirmière les mène où elle est. Ils restent figés à la regarder, un moment, dans ses grimaces, avant que Mawuéna ne s'adresse à l'infirmière :-Infirmière, pensez-vous qu'elle pourrait retrouver sa lucidité ?-Le psychiatre continue toujours son travail.« Où est mon Mawugnon ? Rendez-moi mon Mawugnon ! Senyon, tu vois ce qu'ils ont fait de mon enfant ? Et puis toi, tu ne dis rien ! Moi, je veux mon Mawugnon ! » tels sont les seuls propos que scande Senam même dans leurs oreilles.-C'est qui Mawugnon ? demande l'infirmière. Elle n'a que ce nom qu’elle prononce, et des fois, Senyon comme vous venez de l'entendre vous-mêmes.-Mawugnon est son unique enfant. Et Senyon était probablement son mari. Mais, lui serait mort depuis
LE PETIT SENYONMawugnon s'agite. Tout anxieux est-il dans le hall avec sa maman, celle de Biova ainsi qu'Amé. Que se passe-t-il à l'intérieur ? Pourquoi personne ne sort dire un seul mot ? Pourquoi ça dure tant ? Et pourtant ils sont là, il y a à peine une quinzaine de minutes. Une minute lui passe comme une éternité. Son cœur veut s'arrêter. Sa maman essaie de le rassurer et le calmer en vain. Mawumebiõ y compris. Même Amé n'y arrive pas cette fois-ci. Si seulement il pouvait pénétrer cette fichue pièce ! Il a la rage de savoir ce qui se passe là-dedans, d'entendre quelque chose.Enfin, il aperçoit le docteur qui met son nez au dehors et les approche. Il se précipite sur lui, excité de savoir. «Félicitations, monsieur, votre femme a accouché d'un si joli garçon&ra
LE DERNIER SOUPIRAgréable surprise pour Biova. Elle tombe sur sa «belle-mère» à sa sortie au salon avec Mawugnon. Elle y est, avec sa maman et une femme âgée qu'elle ne connaît pas. Et c'est de stupéfaction, qu'elle s'écrie pour l'appeler. Très enthousiaste, elle va se jeter à son cou, lâchant le petit ami. Senam lui rend chaleureusement l'affection dans ses bras en l'appelant à son tour : «ma fille!»-Tu es donc là aussi, n'da ? Merci beaucoup d'être venue.-Oui, je suis là, chérie. Nous sommes plutôt là!Mawugnon debout les regarde tout souriant, ainsi que Mawumebiõ, heureuse, de revoir sa fille sourire de nouveau après toute une résignation pénible, de pleurs et du refus de manger.Senam regarde sa future bel
CONDAMNATIONLes dires d’Amé ont un effet fort adoucissant sur le cœur de Mawugnon. Il a besoin en ce moment, de tels propos même s'ils devaient être plutôt de la femme qu'il aime. Aussi, d'une épaule sur laquelle poser sa tête si lourde. Et pour ça, il ne pouvait avoir mieux qu'Amé ; elle qui parvenait toujours depuis à le dompter, à lui faire oublier ses soucis par un simple geste. Une parole. Un regard. Un sourire. Et une fois encore, elle est là pour lui ; Amé est une providence. Il la regarde, puis, soupire de soulagement et la serre dans ses bras un instant avant de la relâcher.-Merci beaucoup, Amé pour tout sacrifice.-C'est avec joie que je le fais, mon chéri. Tu sais, j'ai été chez ton Amour avant hier et je l'ai encore appelée hier nuit. Biova va trop mal, Fo Mawugnon. Et à toi seul
PAR UNE SIGNATUREAutour d’Amoussou ne peut croire à tout ce qu'il raconte. Ils sont poignardés, horripilés. Senam a beau se retenir, elle finit par s'effondrer en pleurs : « eh, agbé tõ gloglo loo. Agbé tõ võ đí (l'humain est vraiment profond. L'humain est cruel !) », se décharge-t-elle lamentablement.Quant à Biova, elle s'écrie sur son père, toute rageuse : « quoi ! Toi papa ! Tu as pu tuer un homme ! Et pis, ton ami qui t'a tout donné, juste par jalousie ! Donc tu es un criminel, un assassin qui se passe pour un humain ! Tu es un sournois ? »-Pardon, ma fille !-Ne m'appelle pas ta fille ! Je ne le suis pas !Senam continue de couler ses larmes. Sa voix est pleine de magnans. Mawugnon et l'oncle stupéfiés, tétanisés, Biova tourmentée, courroucée. Quant à Mawumebiõ
INCONCEVABLESenam est stupéfiée par ce qu'elle voit : celui qui est devant elle et allongé dans le lit. Il y a vingt-huit bonnes années déjà qu'ils se sont parlé pour la toute dernière fois et pas vraiment en de bons termes. Non, ça ne peut pas être possible. Elle doit être en train de rêver. Son cœur tressaillit sous le choc de ce que ses yeux lui montrent. Des fourmis la prennent par la plante des pieds et envahissent tout son corps qu'elles traversent jusqu'aux bouts de ses cheveux. Elle demeure coite un instant avant de pouvoir se surpasser, et s'écrier de nouveau : « toi ! Amoussou ! » Se tournant vers Biova, elle lui demande avec du dédain profond : « Biova, c'est cet homme-là, ton papa ? »Biova toujours accrochée à Mawugnon, lui répond sans rien comprendre :-Oui, n'da ! Un problème ? Pourquoi
LE CHOCAmoussou se décide à ne rien dire à ses proches. Il reste dans son mutisme, le cœur fermé, jusqu'à la tombée de la nuit malgré toutes les supplications possibles de sa fille, les pleurs de sa femme et les indignations de son grand frère.La nuit est aussi longue, avec toute la pression que tout le mystère entourant la vie d’Amoussou exerce sur les siens. Mais, le jour finit par paraître de nouveau, pour être plus nouveau dans les chants des coqs et s'harmoniser avec la mélodie des oiseaux des bois pour ceux qui peuvent encore savourer la splendeur des choses. Cependant, il passe à côté des pauvres gens de leur nature qui n'y perçoivent que de la cacophonie ; ceux qui ont l'esprit torturé par leur sort, le cœur lourd d'amertumes, l'âme triste.Toujours à son chevet à ce nouveau jour prestigieux mais somb
LA DIVINATIONSenam, assise devant le petit écran, attend impatiemment son fils pour passer à table. Il a sonné déjà vingt heures. Très euphorique, qu'elle le voit finalement pénétrer le séjour. « Ah mon amour est de retour ! » s’écrie-t-elle le cœur gai en le voyant. Mawugnon, avec sourires aux lèvres et des pas de danse : « para-para para pampa ! Oui, de retour pour toi ! Paparapapaaaa ! »-Je te sens encore très jovial, mon fils. Ton Dady t'a donné quoi ?-Nous avons juste causé entre père et fils pour finir grisés en vins.-Toi te connaissant, tu as bu pour en être ravi comme ça ?-Oui là, n'da. Le vin ravit non ! Surtout le vin d’extase pur (il mentionne le vin de palme). Tu veux vérifier ?Il ouvre sa bouche au visage de sa maman pour qu'elle sente l'odeur des boisson
LA GIFLETrois jours déjà, Amoussou est hospitalisé. Sa situation ne va que de désolation en désolation contre l'attente d'une amélioration. À son bureau, le médecin traitant fait venir sa femme, et s'entretient avec elle.-Madame, nous ne comprenons pas la santé de votre mari. Nous avons fait toutes les analyses possibles, nous ne voyons absolument rien comme anomalie, cependant même que sa santé se corrompt d’heure en heure. Regardez-vous même l'état dans lequel il se retrouve en ce laps de temps d’à peine soixante-douze heures !Sur le visage de Mawumebiõ, la tristesse et la désorientation scandent leur requiem mordant. Languide, veule, elle demande au docteur :-Et que pensez-vous que nous puissions faire, s'il vous plaît, docteur ? Que nous conseillez-vous ?-Je crois que nous ne pouvons rien pour lui ici. Vous devez l'emmene
CONFRONTATIONSMawugnon, Biova et Senam arrivent à la maison. Ils sortent de la voiture et vont pour l'intérieur. Juste Senam sort les clefs de son sac pour mettre dans la serrure, que madame Séménya attire leur attention par derrière, les mains chargées : « vous êtes enfin de retour ! » leur lance-t-elle. Ils se retournent tous.-Ah maman ! o’va dzi mì yéa (ah maman ! tu étais venue nous chercher) ? lui demande Mawugnon.-Je vous avais apporté à briffer mais vous n'étiez pas de retour.-Tu t'es encore dérangée ? lui demande Senam.-Il n'y a pas de dérangement qui tienne, maman Mawugnon. Voilà ça, débrouillez-vous avec. J'ai pensé que vous auriez faim à votre retour.Biova prend les effets de ses mains.-Merci maman. Toujours, tu ne te fatigues à faire la cuisine. Et quand je vi