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Auteur: Vincent Dionisio
last update Dernière mise à jour: 2024-10-29 19:42:56
Au sud-est de la Basse-Ville de Menel Ara, coincé entre la mer d’Arlet et le désert du Renard, s’étendait un vaste territoire qui abritait, avant la formation de la nouvelle cité, l’aéroport local. Une large étendue plane, riche en bâtiments de toutes sortes et en infrastructures modernes. C’est là, sur cette immense zone sombre et angoissante que le groupe des Martyrs avait élu domicile. Tout l’ancien aéroport leur appartenait. Ils s’étaient organisés en État dans la cité-État, se débrouillaient pour subvenir à leurs besoins – bidouilles commerciales et piraterie à l’appui – et disposaient d’un outil politique des plus simples : F décidait de tout, assisté de son cercle le plus proche.

Il était difficile d’établir le nombre exact de membres de ce groupe terroriste, car ils ne résidaient pas tous dans cette zone. De nombreux sympathisants poursuivaient leurs vies banales de Menelarites. Un docker, un infirmier ou un journaliste, n’importe quel partisan p
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    La sonnerie du réveil n’eut pas l’effet électrochoc attendu. Naïvement, Lili avait espéré que le retour au travail coïnciderait avec une fin propre et nette de sa période de deuil. Mais à peine les premiers effets de la douche matinale ressentis, elle comprit que tout ceci était un peu trop schématique pour être crédible. Non, la sonnerie de son réveil ne suffirait pas. Mais elle irait travailler. Si son moral était très loin du beau fixe, au moins ne serait-elle plus oisive…Gaël dormait encore. Il avait de la chance, lui. Mais elle se dit que retourner au travail lui permettrait d’avoir la tête occupée et l’esprit tourné vers autre chose que la mort de son père et la haine qu’elle éprouvait envers Victor.Gaël et elle avaient pris le parti de ne pas en parler. Après tout, l’héritage matériel de leur père n’avait rien de colossal et représentait largement plus un symbole qu’une aide financière. De toute façon, ils n’en avaient pas besoin. Victor voulait accaparer les bie

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    Il avait prétendu une visite tardive chez son ami Alexandre pour laisser la délégation Luzzi partir devant lui. Il s’installa dans un coin discret, à l’extérieur du Grand Palais. Là, caché par la pénombre, il s’alluma une cigarette, une des dernières libertés avec les conventions qu’il s’accordait. Il était, en effet, fort mal vu de fumer dans la Haute-Ville, sans qu’aucune raison distincte n’ait jamais été apportée à cet état de fait. Victor s’en moquait et estimait être suffisamment respectueux du reste pour s’accorder ce loisir.En l’occurrence, il s’était senti le besoin de marquer une pause avant de se rendre dans le bureau de Komniev. À peine quelques jours plus tôt, il avait été répudié de son statut de conseiller. Et aujourd’hui, alors même que le règne du chef de la Chambre traversait une zone de turbulences, il se voyait convoqué. Pourquoi? Il était difficile d’imaginer que Komniev se sente réellement menacé par la fronde lancée par Bakari Zouma. Il était trop bi

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    «Le bilan quasiment définitif est donc de 11 morts et de près d’une centaine de blessés. Selon les autorités, il apparaît peu probable de retrouver d’autres survivants.»L’esprit encore embrumé malgré la douche matinale, Gaël écoutait les infos. C’était vendredi. Luigi et Sven avaient eu beau s’accorder pour alléger au maximum son planning de reprise, il n’avait rien fait. Et devait donc tout finir en une journée. Ce ne serait pas un problème pour lui, mais la soirée de la veille lui avait collé un sacré mal de crâne et s’était achevée dans le sang. Ce matin, il se sentait nauséeux, triste et déprimé à l’idée de devoir aller travailler, sérieusement cette fois.Il déposa la tasse à moitié pleine dans l’évier et prit la direction de la chambre de Lili. Ils fonctionnaient ainsi: sa petite sœur commençant légèrement plus tard que lui, il la réveillait en partant. Sauf que, ce matin-là, Lili n’était pas dans sa chambre. Gaël n’y prêta pas plus attention et s

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    Deux enterrements en si peu de temps…Cette fois-ci, le temps était gris. L’hiver approchait et le vent hérissait la peau. Gros manteaux de sortie, écharpes confortablement serrées, gants au bout des doigts. En cet instant, Gaël maudissait la moindre personne présente sur cette planète, mais particulièrement celles qui profitaient d’un enterrement pour se parer de leurs plus beaux atours.À ses côtés, collègues et connaissances de la défunte étaient venus lui présenter leurs hommages. Mais il n’était pas encore suffisamment saoul pour leur dire d’aller se faire voir. Ce n’était pourtant pas l’envie qui lui manquait. Maria, Moussa et David étaient là, mais c’était trop peu pour le réconcilier avec la vie. Il voulait en finir avec la vie, là, tout de suite, sur les tombes de sa famille. Naturellement, lui n’était pas là. Et c’était tant mieux. Pour tout le monde. Vraiment.Toujours le même vieux curé officiait. La dernière fois, Gaël avait été trop dis

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    Allongé sur le sable, Gaël voyait s’écouler quelques gouttes de sang. En palpant son visage, il découvrit que son arcade était ouverte. Loin de l’affaiblir, cette blessure lui donna une rage supplémentaire. Il se releva, courut comme un dératé sur David et lui rentra dedans, tête la première. Assis sur lui, il le roua de coups jusqu’à ce que son adversaire abandonne. Pour la quatrième fois en quatre jours, Gaël et David s’étaient battus dans l’arène prévue à cet effet. Et pour la première fois, le premier sortait vainqueur.La foule, un peu plus grande à chaque combat, rugissait de plaisir à voir deux amis se combattre jour après jour. Parieur gagnant ou perdant, chacun trouvait son bonheur dans ce bain de sang quotidien. Seul Anton, bookmaker quasi officiel de l’arène de combat, déplorait sa lourde perte. Évidemment, après trois victoires de suite, il avait misé sur David. Mais Anton jouait toujours trop gros, et était trop stupide pour remarquer les progrès impressionnants que

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    Dans son rêve, il y avait de l’espace. Beaucoup d’espace, assez pour pouvoir respirer. La Haute-Ville n’existait pas, mais, sans pouvoir expliquer pourquoi, c’était bien à Menel Ara et non à Simake qu’il se trouvait. Les gens souriaient, les enfants jouaient, la vie semblait paisible.Dans son rêve, il y avait également une petite fille. La sienne. Il l’aurait appelée Kimiko. Il lui aurait appris les mathématiques, le latin, la rhétorique… Il l’aurait aimée comme personne n’a jamais aimé, et protégée des horreurs de ce monde.Dans son rêve, il y avait, bien sûr, une femme. Là aussi, la sienne. Une merveilleuse épouse, tendre et aimante, dévouée et belle. Tous les trois, ils formeraient une famille, heureuse et unie, loin du chaos général du Menel Ara réel. Ils se promèneraient dans les immenses étendues naturelles, montagnes, forêts et parcs, feraient la sieste sur l’herbe fraîche, vivraient leur vie sans appréhension.Dans son rêve, il était bien plus heureux qu’i

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