L’avion commence doucement à rouler sur la piste et mon regard alterne entre les écouteurs et l’accoudoir. Où est-ce qu’on branche ces machins, au juste ? Ils ont l’air ultra high-tech, ces trucs, du genre que les YouTubers pourraient utiliser. Ils n’ont même pas de cordon. Je jette un coup d’œil autour de moi.
C’est vraiment stupide ou c’est moi ? Comment est-ce qu’on branche ces machins, bon sang ?
— Ils sont Bluetooth, dit Jim en m’interrompant dans mes pensées.
— Oh !…
Je marmonne, me sentant complètement idiote. Bien sûr qu’ils le sont.
— Évidemment.
— Vous n’avez jamais voyagé en classe affaires ? demande-t-il soudain.
— Non, j’ai été surclassée. Un ivrogne a balancé ma valise à travers le hall de l’aéroport. Je crois que le type du comptoir d’enregistrement a eu pitié de moi, lâché-je avec un sourire en coin.
Un mouvement de ses lèvres montre que ça a l’air de l’amuser, puis il prend une nouvelle gorgée de son champagne. Pourtant, cette fois, ses yeux s’attardent sur mon visage comme s’il avait quelque chose en tête.
— Quoi ?
— Il se peut aussi que l’employé du comptoir vous ait simplement trouvée magnifique et vous ait surclassée dans l’espoir de vous impressionner.
— Je n’y avais pas pensé.
Je tente de savourer mon champagne en me retenant de sourire. C’est bizarre de dire ça.
— C’est ce que vous feriez, vous ? Si vous étiez au comptoir je veux dire, vous surclasseriez les femmes pour les impressionner ?
— Absolument.
Je ricane.
— Impressionner une femme qui vous attire, c’est capital, poursuit-t-il.
Mes yeux ne parviennent pas à dévier de son visage, tandis que mon esprit tente autant que faire se peut de suivre la conversation. Pourquoi cette phrase semble-t-elle chargée de sous-entendus ?
— Ah oui ? Alors, dites-moi tout… vous feriez comment pour impressionner une femme qui vous attire ? demandé-je, fascinée.
Il soutient mon regard de manière intense.
— C’est simple, je lui offrirais une place près du hublot.
Une tension électrique semble s’installer entre nous, et je mordille ma lèvre dans une tentative vaine de dissimuler mon air niais.
— Vous essayez de m’impressionner ?
Il me lance un sourire ravageur avant de répondre.
— Comment je m’en sors ?
Je glousse nerveusement, ne sachant que répondre.
— Je vous dis simplement que vous êtes charmante. Ne cherchez pas à y voir des sous-entendus. Vous êtes charmante, c’est un fait.
— Oh ! D’accord.
Je le regarde fixement, les mots me manquent. Que suis-je censée répondre à ça ? Ce type est différent… et surtout incroyablement séduisant.
L’avion commence à prendre de la vitesse, je m’accroche à mes accoudoirs et je ferme les yeux.
— Vous n’aimez pas les décollages ? s’enquiert-il.
— Est-ce que vous trouvez que j’ai l’air d’aimer les décollages ?
Je grimace en m’agrippant maintenant comme si ma vie en dépendait.
— Pour ma part, j’adore ça, répond-il avec désinvolture. J’aime cette sensation de puissance quand l’avion s’élance pour prendre son envol. Cette force G.
Euh… pourquoi tout ce qui sort de sa bouche sonne-t-il à double sens ?
Mon Dieu ! À croire que j’ai besoin de m’envoyer en l’air… et vite.
Je prends une grande inspiration et observe le paysage défiler par le hublot alors que nous montons de plus en plus haut. Pour être franche, aujourd’hui, je n’ai vraiment pas l’énergie requise pour supporter ce type qui joue les malins. Je suis exténuée, j’ai la gueule de bois, j’ai une tête affreuse, et mon ex est un sale con. Tout ce que je souhaite, c’est m’endormir et me réveiller l’année prochaine si possible.
Je décide de me divertir avec un film. Mais lorsque je commence à parcourir les choix sur l’écran, Jim se penche vers moi.
— Les grands esprits se rencontrent. J’allais justement lancer un film.
Je lui adresse un sourire forcé pour toute réponse.
Arrête d’être si sexy et d’envahir mon espace vital. Tu es probablement marié à une végane férue de yoga et de méditation, de toute façon.
— Génial, marmonné-je d’un ton impassible.
J’aurais dû voyager en classe éco, au moins je n’aurais pas eu à respirer l’odeur d’un bel inconnu pendant des heures et des heures.
Huit longues heures platoniques, pour être exacte.
Je fais défiler mon écran, puis j’établis une shortlist.
Comment se faire larguer en 10 leçons.
Orgueil et Préjugés.
Heat.
Jumanji… Bon, s’il y a The Rock dedans, c’est que ça doit être bien.
Coup de foudre à Notting Hill.
La Proposition.
Amour et Amnésie.
Le Journal de Bridget Jones.
Pretty Woman.
Nuits blanches à Seattle.
Magic Mike XXL.
Je me marre en contemplant ma sélection, tous mes favoris. Ce vol promet d’être un véritable rêve, tout compte fait. Je n’ai pas encore vu la suite de Magic Mike, alors je pourrais peut-être commencer par celui-là. Je jette un coup d’œil à ce que Jim a choisi et je vois le titre s’afficher. Lincoln. Pff… un film politique. Qui regarde ce genre de trucs pour se détendre ? J’aurais dû me douter qu’il serait ennuyeux. Il tend la main pour toucher l’écran et je remarque sa montre. Une Rolex en argent massif. Et il est friqué, en plus. En même temps, il voyage en classe affaires.
Classique.
— Sur quoi avez-vous jeté votre dévolu ? demande-t-il.
Bon sang !… Je ne veux pas passer pour une demeurée.
— J’hésite encore, réponds-je.
Je veux regarder des mecs se déshabiller, c’est pourtant simple.
— Et vous ? Que regardez-vous ?
— Lincoln. Ça fait longtemps que je veux le voir.
— Ça a l’air sacrément ennuyeux.
Il se marre de ma réponse.
— Je vous dirai.
Il met ses écouteurs et commence à regarder son film alors que je parcours à nouveau ma sélection. J’ai vraiment envie de regarder Magic Mike XXL. Est-ce que c’est grave s’il le voit ? Non… c’est juste embarrassant. Ça me donne l’air d’être désespérée.
Qui est-ce que je crois duper ? Je suis désespérée. Ça fait plus d’un an que je n’ai pas vu de sexe masculin.
Je tape finalement sur La Proposition. Je vais échanger un fantasme contre un autre, voilà tout. J’ai toujours rêvé d’avoir Ryan Reynolds comme assistant personnel.
Le film commence et mon enthousiasme remonte en flèche. J’adore ce film. Peu importe le nombre de fois que je l’ai visionné, je ris toujours autant. Gammy, la grand-mère du héros, est sans aucun doute mon personnage préféré.
— C’est une histoire d’amour que vous regardez ? demande mon voisin.
— Une comédie romantique, réponds-je.
Ce qu’il peut être curieux, quand même ! Il arbore un petit sourire narquois comme s’il se sentait supérieur.
— Plus de champagne ? demande l’hôtesse de l’air.
L’homme aux yeux bleus hypnotiques se tourne à nouveau vers moi.
— C’est votre chance de commander pour nous, je crois.
Comment retenir mon air blasé alors qu’il fait tout pour m’irriter ? C’est impossible.
— Deux coupes, s’il vous plaît.
— Qu’est-ce qui vous attire au juste dans les comédies romantiques ? demande-t-il tout en gardant les yeux rivés sur son écran.
— En premier lieu, les hommes qui savent se taire pendant les films, maugréé-je dans ma coupe de champagne.
Il se sourit à lui-même.
— Et vous, qu’appréciez-vous au juste dans…
Je marque une pause car je ne sais même pas de quoi Lincoln parle.
— Les films politiques ? reprends-je. Le fait qu’ils soient d’un ennui mortel ?
— J’aime simplement les histoires authentiques, peu importe leur nature.
— Moi aussi. C’est pour ça que j’aime les histoires d’amour. L’amour, c’est authentique.
Il éclate de rire, alors que je lui lance un regard sévère.
— Moi aussi. C’est pour ça que j’aime les histoires d’amour. L’amour, c’est authentique.Il éclate de rire, alors que je lui lance un regard sévère.— Il n’y a rien qui puisse être plus éloigné de la réalité que les comédies romantiques. Je parie que vous êtes aussi du genre à lire ces romans mièvres à l’eau de rose, n’est-ce pas ?Mes yeux le fusillent intensément. C’est officiel, je déteste cet homme.— Je le suis, en effet… et si vous voulez savoir, je vais même me faire Magic Mike XXL après ça, juste pour le plaisir de mater des hommes magnifiques qui se déshabillent.Je bois une gorgée de mon champagne avec agacement avant d’enchaîner :— Et puis, je m’amuserai certainement pendant toute la durée du film, sans me soucier une seconde de votre jugement prétentieux.Il éclate de rire à nouveau, un rire profond et sonore qui me titille le bas-ventre. Je remets mes écouteurs et fais mine de me concentrer sur mon écran. Mais c’est peine perdue, car je prends conscience que je viens de
Il esquisse un sourire.— Je connais votre type de femme, ajouté-je.— Vraiment ? s’enquiert-il en se penchant plus près. Continuez, s’il vous plaît, cette analyse est fascinante.Je ris tandis qu’une petite voix dans mon subconscient me crie : Arrête de boire, sombre idiote !— Je suppose que vous vivez à New York.— C’est exact.— Dans un appartement.— Affirmatif.— Vous travaillez probablement dans une entreprise chicos.Il paraît beaucoup aimer ce jeu.— Peut-être.— Vous avez une petite amie ou…, poursuis-je avant de jeter un coup d’œil à son annulaire. Vous ne portez pas d’alliance… alors peut-être que vous trompez votre femme quand vous voyagez pour le travail ?Il s’esclaffe.— Vous devriez vraiment en faire votre métier. Je suis stupéfait par la précision de votre analyse.Je commence à beaucoup apprécier ce jeu, moi aussi.— À votre tour, qu’est-ce que vous pensez de moi ? Quelle a été votre première impression lorsque je suis entrée dans cet avion ?— Eh bien, commence-t-i
CHAPITRE 1— Bougez-vous un peu, grogne une voix derrière moi.Surprise, je me tourne vers l’homme qui me suit dans la file d’attente.— Excusez-moi ? dis-je un peu déconcertée. Vous vouliez passer, peut-être ?— Ce que je veux, c’est que ces putains d’idiots du comptoir se magnent. Je vais finir par rater mon foutu avion !Il ricane avec mépris et je sens l’odeur de l’alcool dans son souffle.— Ça me rend dingue.Je lui tourne à nouveau le dos en soufflant intérieurement. Super, un ivrogne. Il ne manquait plus que ça. C’est le branle-bas de combat à l’aéroport d’Heathrow. Le mauvais temps a retardé la plupart des vols et, pour être honnête, j’aimerais bien que le mien le soit aussi. Ça me permettrait de faire demi-tour, rentrer à l’hôtel et dormir le temps d’une semaine. Je ne suis vraiment pas d’humeur pour toute cette merde.J’entends l’homme qui continue de se plaindre aux personnes qui se trouvent derrière lui et je lève les yeux au ciel. Comment les gens peuvent-ils être si odie
— Vous seriez surprise de voir ce qu’il peut se passer ici au quotidien, soupire-t-il.Je ne peux m’empêcher de sourire. J’aime bien ce type, il est sympa.— Je vous ai surclassée.— Sérieusement ?— Classe affaires, en guise d’excuse pour le traitement infligé à votre valise.Mes yeux s’écarquillent car je ne m’attendais certainement pas à une telle faveur.— Oh ! Ce n’est pas nécessaire… vraiment, bafouillé-je.Pour couper court, il me tend les billets avec un air radieux.— Je vous souhaite un bon voyage, mademoiselle.— Merci beaucoup, finis-je par dire, ravie de ce retournement de situation.Il m’offre un clin d’œil complice, et l’envie de le serrer dans mes bras me traverse l’esprit. Mais bien sûr, je me retiens, préférant adopter une attitude cool, comme si de telles situations se présentaient à moi tous les jours.— Merci encore, alors, dis-je, reconnaissante.— Avec ce billet, vous avez accès au salon VIP, il est situé au niveau 1 de la zone d’embarquement. Le déjeuner et les
Il esquisse un sourire.— Je connais votre type de femme, ajouté-je.— Vraiment ? s’enquiert-il en se penchant plus près. Continuez, s’il vous plaît, cette analyse est fascinante.Je ris tandis qu’une petite voix dans mon subconscient me crie : Arrête de boire, sombre idiote !— Je suppose que vous vivez à New York.— C’est exact.— Dans un appartement.— Affirmatif.— Vous travaillez probablement dans une entreprise chicos.Il paraît beaucoup aimer ce jeu.— Peut-être.— Vous avez une petite amie ou…, poursuis-je avant de jeter un coup d’œil à son annulaire. Vous ne portez pas d’alliance… alors peut-être que vous trompez votre femme quand vous voyagez pour le travail ?Il s’esclaffe.— Vous devriez vraiment en faire votre métier. Je suis stupéfait par la précision de votre analyse.Je commence à beaucoup apprécier ce jeu, moi aussi.— À votre tour, qu’est-ce que vous pensez de moi ? Quelle a été votre première impression lorsque je suis entrée dans cet avion ?— Eh bien, commence-t-i
— Moi aussi. C’est pour ça que j’aime les histoires d’amour. L’amour, c’est authentique.Il éclate de rire, alors que je lui lance un regard sévère.— Il n’y a rien qui puisse être plus éloigné de la réalité que les comédies romantiques. Je parie que vous êtes aussi du genre à lire ces romans mièvres à l’eau de rose, n’est-ce pas ?Mes yeux le fusillent intensément. C’est officiel, je déteste cet homme.— Je le suis, en effet… et si vous voulez savoir, je vais même me faire Magic Mike XXL après ça, juste pour le plaisir de mater des hommes magnifiques qui se déshabillent.Je bois une gorgée de mon champagne avec agacement avant d’enchaîner :— Et puis, je m’amuserai certainement pendant toute la durée du film, sans me soucier une seconde de votre jugement prétentieux.Il éclate de rire à nouveau, un rire profond et sonore qui me titille le bas-ventre. Je remets mes écouteurs et fais mine de me concentrer sur mon écran. Mais c’est peine perdue, car je prends conscience que je viens de
L’avion commence doucement à rouler sur la piste et mon regard alterne entre les écouteurs et l’accoudoir. Où est-ce qu’on branche ces machins, au juste ? Ils ont l’air ultra high-tech, ces trucs, du genre que les YouTubers pourraient utiliser. Ils n’ont même pas de cordon. Je jette un coup d’œil autour de moi.C’est vraiment stupide ou c’est moi ? Comment est-ce qu’on branche ces machins, bon sang ?— Ils sont Bluetooth, dit Jim en m’interrompant dans mes pensées.— Oh !…Je marmonne, me sentant complètement idiote. Bien sûr qu’ils le sont.— Évidemment.— Vous n’avez jamais voyagé en classe affaires ? demande-t-il soudain.— Non, j’ai été surclassée. Un ivrogne a balancé ma valise à travers le hall de l’aéroport. Je crois que le type du comptoir d’enregistrement a eu pitié de moi, lâché-je avec un sourire en coin.Un mouvement de ses lèvres montre que ça a l’air de l’amuser, puis il prend une nouvelle gorgée de son champagne. Pourtant, cette fois, ses yeux s’attardent sur mon visage
— Vous seriez surprise de voir ce qu’il peut se passer ici au quotidien, soupire-t-il.Je ne peux m’empêcher de sourire. J’aime bien ce type, il est sympa.— Je vous ai surclassée.— Sérieusement ?— Classe affaires, en guise d’excuse pour le traitement infligé à votre valise.Mes yeux s’écarquillent car je ne m’attendais certainement pas à une telle faveur.— Oh ! Ce n’est pas nécessaire… vraiment, bafouillé-je.Pour couper court, il me tend les billets avec un air radieux.— Je vous souhaite un bon voyage, mademoiselle.— Merci beaucoup, finis-je par dire, ravie de ce retournement de situation.Il m’offre un clin d’œil complice, et l’envie de le serrer dans mes bras me traverse l’esprit. Mais bien sûr, je me retiens, préférant adopter une attitude cool, comme si de telles situations se présentaient à moi tous les jours.— Merci encore, alors, dis-je, reconnaissante.— Avec ce billet, vous avez accès au salon VIP, il est situé au niveau 1 de la zone d’embarquement. Le déjeuner et les
CHAPITRE 1— Bougez-vous un peu, grogne une voix derrière moi.Surprise, je me tourne vers l’homme qui me suit dans la file d’attente.— Excusez-moi ? dis-je un peu déconcertée. Vous vouliez passer, peut-être ?— Ce que je veux, c’est que ces putains d’idiots du comptoir se magnent. Je vais finir par rater mon foutu avion !Il ricane avec mépris et je sens l’odeur de l’alcool dans son souffle.— Ça me rend dingue.Je lui tourne à nouveau le dos en soufflant intérieurement. Super, un ivrogne. Il ne manquait plus que ça. C’est le branle-bas de combat à l’aéroport d’Heathrow. Le mauvais temps a retardé la plupart des vols et, pour être honnête, j’aimerais bien que le mien le soit aussi. Ça me permettrait de faire demi-tour, rentrer à l’hôtel et dormir le temps d’une semaine. Je ne suis vraiment pas d’humeur pour toute cette merde.J’entends l’homme qui continue de se plaindre aux personnes qui se trouvent derrière lui et je lève les yeux au ciel. Comment les gens peuvent-ils être si odie