— Vous seriez surprise de voir ce qu’il peut se passer ici au quotidien, soupire-t-il.
Je ne peux m’empêcher de sourire. J’aime bien ce type, il est sympa.
— Je vous ai surclassée.
— Sérieusement ?
— Classe affaires, en guise d’excuse pour le traitement infligé à votre valise.
Mes yeux s’écarquillent car je ne m’attendais certainement pas à une telle faveur.
— Oh ! Ce n’est pas nécessaire… vraiment, bafouillé-je.
Pour couper court, il me tend les billets avec un air radieux.
— Je vous souhaite un bon voyage, mademoiselle.
— Merci beaucoup, finis-je par dire, ravie de ce retournement de situation.
Il m’offre un clin d’œil complice, et l’envie de le serrer dans mes bras me traverse l’esprit. Mais bien sûr, je me retiens, préférant adopter une attitude cool, comme si de telles situations se présentaient à moi tous les jours.
— Merci encore, alors, dis-je, reconnaissante.
— Avec ce billet, vous avez accès au salon VIP, il est situé au niveau 1 de la zone d’embarquement. Le déjeuner et les boissons y sont offerts. Bon vol.
Un dernier sourire charmeur et il se retourne vers la file d’attente.
— Suivant, s’il vous plaît.
Je passe les contrôles de bagages, la mine réjouie. La classe affaires, quoi ! Exactement ce dont j’avais besoin.
Trois heures plus tard, je monte à bord de l’avion avec une prestance de rock star. Au final, je n’ai pas fait de détour par le salon VIP, principalement parce que, eh bien… je suis dans un état lamentable. Mes longs cheveux noirs sont noués en une haute queue de cheval, je porte un legging noir, un pull ample de couleur rose et des baskets. J’ai tout de même pris le temps de me maquiller légèrement, c’est mieux que rien.
Si j’avais su que j’allais être surclassée, j’aurais probablement tenté un effort vestimentaire, en portant quelque chose de plus élégant que cette tenue négligée. Mais bon… peu importe. Ce n’est pas comme si j’allais croiser quelqu’un que je connaissais, de toute façon.
Je tends mon billet à l’hôtesse de l’air.
— Tout droit dans l’allée de gauche puis à droite.
— Merci.
J’observe les lettres imprimées sur mon billet et avance dans l’avion pour trouver mon siège. 1B.
Mince, je ne suis pas près du hublot. L’homme qui occupe la place que je convoitais se tourne vers moi. Ses grands yeux bleus m’accueillent et il me sourit.
— Bonjour.
Oh non… Je suis assise à côté d’un dieu grec… en encore plus sexy qu’un dieu, en fait. Et évidemment, il a fallu que je ne ressemble à rien.
Merde.
J’ouvre le compartiment à bagages et l’adonis se lève instinctivement pour m’aider.
— Laissez-moi faire.
Avec prévenance, il prend mon sac et le dépose délicatement dans le compartiment supérieur. Grand et solidement bâti, il porte un jean bleu et un tee-shirt blanc. Je crois qu’il dégage l’une des senteurs d’après-rasage les plus agréables que j’aie jamais eu le privilège de humer.
— Merci, murmuré-je en passant la main dans ma queue de cheval, essayant d’en démêler les nœuds à la va-vite.
Je m’en veux tellement de ne pas avoir choisi une tenue plus avantageuse !
— Vous préférez la place côté hublot ?
Je le fixe intensément durant quelques secondes, mon cerveau peinant à réagir. Il désigne le siège.
— Ça ne vous dérange pas ? demandé-je toujours perplexe.
— Pas du tout, répond-il avec un sourire éclatant. Je prends l’avion tout le temps. Prenez-la, j’insiste.
— Merci, dis-je, les lèvres pincées.
C’était clairement un code pour dire « Il suffit de voir ta dégaine pour comprendre que tu as été surclassée, ma pauvre. »
Mais je m’assois quand même et observe nerveusement par le hublot, les mains jointes devant moi sur les genoux.
— Vous rentrez chez vous ? demande-t-il.
Je me tourne vers lui. Oh ! Pitié, n’essaie pas d’entamer la discussion. Le simple fait de te regarder me rend déjà anxieuse.
— Non, en fait je reviens d’un mariage et je devais me rendre à un entretien d’embauche à New York. Je n’y serai que pour la journée, je reprends l’avion pour Los Angeles ensuite. C’est là que je vis.
— Ah, fait-il avec un sourire. Je vois.
Je reste un moment à le contempler en silence. Je devrais lui poser la même question, j’imagine.
— Et vous ? Vous rentrez chez vous ?
— Oui.
Je hoche la tête, ne sachant que répondre, alors j’opte pour la solution de facilité et je regarde à nouveau par le hublot.
Mes yeux dévient vers l’hôtesse qui parcourt l’allée avec une bouteille de champagne et quelques coupes. De vraies coupes en verre, qui plus est. Depuis quand les compagnies aériennes donnent-elles de vrais verres ? Ah oui, on est en classe affaires, c’est vrai.
— Désirez-vous du champagne pour le décollage, monsieur ? lui demande l’hôtesse.
Son badge indique « Jessica ».
— Ce serait parfait, répond-il, tout sourire, avant de se tourner vers moi. Deux, en fait, s’il vous plaît.
Mes sourcils se lèvent d’étonnement tandis qu’elle remplit deux coupes et nous en passe une à chacun.
— Merci, dis-je avec un sourire.
J’attends que Jessica s’éloigne pour reprendre la conversation.
— C’est une habitude, chez vous, de commander des boissons pour les autres ?
— Ça vous a dérangée ? s’étonne-t-il.
— Non, non… bien sûr que non.
Maudit soit ce monsieur élégant pour avoir cru qu’il pouvait commander à ma place.
— Mais… j’aime bien faire mes propres choix.
Ma réplique provoque son hilarité.
— Eh bien, les prochaines fois, vous pourrez commander, alors.
Il lève son verre dans ma direction, badinant d’un air taquin avant d’avaler une gorgée. Clairement, il s’amuse de mon indignation. Pourtant, je ne peux m’empêcher de l’observer, sans rien dire. Un peu plus et il pourrait bien être la deuxième victime de ma mauvaise humeur du jour… Après tout, je n’ai aucune envie qu’un homme riche et arrogant d’un certain âge me dise quoi faire.
Mes lèvres plongent tout de même dans le champagne tandis que mes yeux s’aventurent à nouveau vers le hublot.
En réalité, il n’est pas vieux du tout. Peut-être une bonne trentaine, tout au plus. Mais il est quand même plus âgé que moi : j’ai 25 ans.
Qu’est-ce que je raconte...
— Je m’appelle Jim, au fait, dit-il en tendant la main pour serrer la mienne.
Bon sang, il ne manquait plus que ça ! Maintenant, je vais devoir être polie.
Je lui serre la main avant de répondre.
— Bonjour, Jim. Moi, c’est Emily.
— Enchanté, Emily.
Ses yeux brillent d’une lueur espiègle. Ils sont grands, d’un bleu vif, et rêveurs, du genre de ceux dans lesquels on pourrait facilement se perdre. D’ailleurs, pourquoi me fixe-t-il ainsi ?
L’avion commence doucement à rouler sur la piste et mon regard alterne entre les écouteurs et l’accoudoir. Où est-ce qu’on branche ces machins, au juste ? Ils ont l’air ultra high-tech, ces trucs, du genre que les YouTubers pourraient utiliser. Ils n’ont même pas de cordon. Je jette un coup d’œil autour de moi.C’est vraiment stupide ou c’est moi ? Comment est-ce qu’on branche ces machins, bon sang ?— Ils sont Bluetooth, dit Jim en m’interrompant dans mes pensées.— Oh !…Je marmonne, me sentant complètement idiote. Bien sûr qu’ils le sont.— Évidemment.— Vous n’avez jamais voyagé en classe affaires ? demande-t-il soudain.— Non, j’ai été surclassée. Un ivrogne a balancé ma valise à travers le hall de l’aéroport. Je crois que le type du comptoir d’enregistrement a eu pitié de moi, lâché-je avec un sourire en coin.Un mouvement de ses lèvres montre que ça a l’air de l’amuser, puis il prend une nouvelle gorgée de son champagne. Pourtant, cette fois, ses yeux s’attardent sur mon visage
— Moi aussi. C’est pour ça que j’aime les histoires d’amour. L’amour, c’est authentique.Il éclate de rire, alors que je lui lance un regard sévère.— Il n’y a rien qui puisse être plus éloigné de la réalité que les comédies romantiques. Je parie que vous êtes aussi du genre à lire ces romans mièvres à l’eau de rose, n’est-ce pas ?Mes yeux le fusillent intensément. C’est officiel, je déteste cet homme.— Je le suis, en effet… et si vous voulez savoir, je vais même me faire Magic Mike XXL après ça, juste pour le plaisir de mater des hommes magnifiques qui se déshabillent.Je bois une gorgée de mon champagne avec agacement avant d’enchaîner :— Et puis, je m’amuserai certainement pendant toute la durée du film, sans me soucier une seconde de votre jugement prétentieux.Il éclate de rire à nouveau, un rire profond et sonore qui me titille le bas-ventre. Je remets mes écouteurs et fais mine de me concentrer sur mon écran. Mais c’est peine perdue, car je prends conscience que je viens de
Il esquisse un sourire.— Je connais votre type de femme, ajouté-je.— Vraiment ? s’enquiert-il en se penchant plus près. Continuez, s’il vous plaît, cette analyse est fascinante.Je ris tandis qu’une petite voix dans mon subconscient me crie : Arrête de boire, sombre idiote !— Je suppose que vous vivez à New York.— C’est exact.— Dans un appartement.— Affirmatif.— Vous travaillez probablement dans une entreprise chicos.Il paraît beaucoup aimer ce jeu.— Peut-être.— Vous avez une petite amie ou…, poursuis-je avant de jeter un coup d’œil à son annulaire. Vous ne portez pas d’alliance… alors peut-être que vous trompez votre femme quand vous voyagez pour le travail ?Il s’esclaffe.— Vous devriez vraiment en faire votre métier. Je suis stupéfait par la précision de votre analyse.Je commence à beaucoup apprécier ce jeu, moi aussi.— À votre tour, qu’est-ce que vous pensez de moi ? Quelle a été votre première impression lorsque je suis entrée dans cet avion ?— Eh bien, commence-t-i
CHAPITRE 1— Bougez-vous un peu, grogne une voix derrière moi.Surprise, je me tourne vers l’homme qui me suit dans la file d’attente.— Excusez-moi ? dis-je un peu déconcertée. Vous vouliez passer, peut-être ?— Ce que je veux, c’est que ces putains d’idiots du comptoir se magnent. Je vais finir par rater mon foutu avion !Il ricane avec mépris et je sens l’odeur de l’alcool dans son souffle.— Ça me rend dingue.Je lui tourne à nouveau le dos en soufflant intérieurement. Super, un ivrogne. Il ne manquait plus que ça. C’est le branle-bas de combat à l’aéroport d’Heathrow. Le mauvais temps a retardé la plupart des vols et, pour être honnête, j’aimerais bien que le mien le soit aussi. Ça me permettrait de faire demi-tour, rentrer à l’hôtel et dormir le temps d’une semaine. Je ne suis vraiment pas d’humeur pour toute cette merde.J’entends l’homme qui continue de se plaindre aux personnes qui se trouvent derrière lui et je lève les yeux au ciel. Comment les gens peuvent-ils être si odie
Il esquisse un sourire.— Je connais votre type de femme, ajouté-je.— Vraiment ? s’enquiert-il en se penchant plus près. Continuez, s’il vous plaît, cette analyse est fascinante.Je ris tandis qu’une petite voix dans mon subconscient me crie : Arrête de boire, sombre idiote !— Je suppose que vous vivez à New York.— C’est exact.— Dans un appartement.— Affirmatif.— Vous travaillez probablement dans une entreprise chicos.Il paraît beaucoup aimer ce jeu.— Peut-être.— Vous avez une petite amie ou…, poursuis-je avant de jeter un coup d’œil à son annulaire. Vous ne portez pas d’alliance… alors peut-être que vous trompez votre femme quand vous voyagez pour le travail ?Il s’esclaffe.— Vous devriez vraiment en faire votre métier. Je suis stupéfait par la précision de votre analyse.Je commence à beaucoup apprécier ce jeu, moi aussi.— À votre tour, qu’est-ce que vous pensez de moi ? Quelle a été votre première impression lorsque je suis entrée dans cet avion ?— Eh bien, commence-t-i
— Moi aussi. C’est pour ça que j’aime les histoires d’amour. L’amour, c’est authentique.Il éclate de rire, alors que je lui lance un regard sévère.— Il n’y a rien qui puisse être plus éloigné de la réalité que les comédies romantiques. Je parie que vous êtes aussi du genre à lire ces romans mièvres à l’eau de rose, n’est-ce pas ?Mes yeux le fusillent intensément. C’est officiel, je déteste cet homme.— Je le suis, en effet… et si vous voulez savoir, je vais même me faire Magic Mike XXL après ça, juste pour le plaisir de mater des hommes magnifiques qui se déshabillent.Je bois une gorgée de mon champagne avec agacement avant d’enchaîner :— Et puis, je m’amuserai certainement pendant toute la durée du film, sans me soucier une seconde de votre jugement prétentieux.Il éclate de rire à nouveau, un rire profond et sonore qui me titille le bas-ventre. Je remets mes écouteurs et fais mine de me concentrer sur mon écran. Mais c’est peine perdue, car je prends conscience que je viens de
L’avion commence doucement à rouler sur la piste et mon regard alterne entre les écouteurs et l’accoudoir. Où est-ce qu’on branche ces machins, au juste ? Ils ont l’air ultra high-tech, ces trucs, du genre que les YouTubers pourraient utiliser. Ils n’ont même pas de cordon. Je jette un coup d’œil autour de moi.C’est vraiment stupide ou c’est moi ? Comment est-ce qu’on branche ces machins, bon sang ?— Ils sont Bluetooth, dit Jim en m’interrompant dans mes pensées.— Oh !…Je marmonne, me sentant complètement idiote. Bien sûr qu’ils le sont.— Évidemment.— Vous n’avez jamais voyagé en classe affaires ? demande-t-il soudain.— Non, j’ai été surclassée. Un ivrogne a balancé ma valise à travers le hall de l’aéroport. Je crois que le type du comptoir d’enregistrement a eu pitié de moi, lâché-je avec un sourire en coin.Un mouvement de ses lèvres montre que ça a l’air de l’amuser, puis il prend une nouvelle gorgée de son champagne. Pourtant, cette fois, ses yeux s’attardent sur mon visage
— Vous seriez surprise de voir ce qu’il peut se passer ici au quotidien, soupire-t-il.Je ne peux m’empêcher de sourire. J’aime bien ce type, il est sympa.— Je vous ai surclassée.— Sérieusement ?— Classe affaires, en guise d’excuse pour le traitement infligé à votre valise.Mes yeux s’écarquillent car je ne m’attendais certainement pas à une telle faveur.— Oh ! Ce n’est pas nécessaire… vraiment, bafouillé-je.Pour couper court, il me tend les billets avec un air radieux.— Je vous souhaite un bon voyage, mademoiselle.— Merci beaucoup, finis-je par dire, ravie de ce retournement de situation.Il m’offre un clin d’œil complice, et l’envie de le serrer dans mes bras me traverse l’esprit. Mais bien sûr, je me retiens, préférant adopter une attitude cool, comme si de telles situations se présentaient à moi tous les jours.— Merci encore, alors, dis-je, reconnaissante.— Avec ce billet, vous avez accès au salon VIP, il est situé au niveau 1 de la zone d’embarquement. Le déjeuner et les
CHAPITRE 1— Bougez-vous un peu, grogne une voix derrière moi.Surprise, je me tourne vers l’homme qui me suit dans la file d’attente.— Excusez-moi ? dis-je un peu déconcertée. Vous vouliez passer, peut-être ?— Ce que je veux, c’est que ces putains d’idiots du comptoir se magnent. Je vais finir par rater mon foutu avion !Il ricane avec mépris et je sens l’odeur de l’alcool dans son souffle.— Ça me rend dingue.Je lui tourne à nouveau le dos en soufflant intérieurement. Super, un ivrogne. Il ne manquait plus que ça. C’est le branle-bas de combat à l’aéroport d’Heathrow. Le mauvais temps a retardé la plupart des vols et, pour être honnête, j’aimerais bien que le mien le soit aussi. Ça me permettrait de faire demi-tour, rentrer à l’hôtel et dormir le temps d’une semaine. Je ne suis vraiment pas d’humeur pour toute cette merde.J’entends l’homme qui continue de se plaindre aux personnes qui se trouvent derrière lui et je lève les yeux au ciel. Comment les gens peuvent-ils être si odie