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last update Dernière mise à jour: 2024-12-11 01:12:18

— Vous seriez surprise de voir ce qu’il peut se passer ici au quotidien, soupire-t-il.

Je ne peux m’empêcher de sourire. J’aime bien ce type, il est sympa.

— Je vous ai surclassée.

— Sérieusement ?

— Classe affaires, en guise d’excuse pour le traitement infligé à votre valise.

Mes yeux s’écarquillent car je ne m’attendais certainement pas à une telle faveur.

— Oh ! Ce n’est pas nécessaire… vraiment, bafouillé-je.

Pour couper court, il me tend les billets avec un air radieux.

— Je vous souhaite un bon voyage, mademoiselle.

— Merci beaucoup, finis-je par dire, ravie de ce retournement de situation.

Il m’offre un clin d’œil complice, et l’envie de le serrer dans mes bras me traverse l’esprit. Mais bien sûr, je me retiens, préférant adopter une attitude cool, comme si de telles situations se présentaient à moi tous les jours.

— Merci encore, alors, dis-je, reconnaissante.

— Avec ce billet, vous avez accès au salon VIP, il est situé au niveau 1 de la zone d’embarquement. Le déjeuner et les boissons y sont offerts. Bon vol.

Un dernier sourire charmeur et il se retourne vers la file d’attente.

— Suivant, s’il vous plaît.

Je passe les contrôles de bagages, la mine réjouie. La classe affaires, quoi ! Exactement ce dont j’avais besoin.

Trois heures plus tard, je monte à bord de l’avion avec une prestance de rock star. Au final, je n’ai pas fait de détour par le salon VIP, principalement parce que, eh bien… je suis dans un état lamentable. Mes longs cheveux noirs sont noués en une haute queue de cheval, je porte un legging noir, un pull ample de couleur rose et des baskets. J’ai tout de même pris le temps de me maquiller légèrement, c’est mieux que rien.

Si j’avais su que j’allais être surclassée, j’aurais probablement tenté un effort vestimentaire, en portant quelque chose de plus élégant que cette tenue négligée. Mais bon… peu importe. Ce n’est pas comme si j’allais croiser quelqu’un que je connaissais, de toute façon.

Je tends mon billet à l’hôtesse de l’air.

— Tout droit dans l’allée de gauche puis à droite.

— Merci.

J’observe les lettres imprimées sur mon billet et avance dans l’avion pour trouver mon siège. 1B.

Mince, je ne suis pas près du hublot. L’homme qui occupe la place que je convoitais se tourne vers moi. Ses grands yeux bleus m’accueillent et il me sourit.

— Bonjour.

Oh non… Je suis assise à côté d’un dieu grec… en encore plus sexy qu’un dieu, en fait. Et évidemment, il a fallu que je ne ressemble à rien.

Merde.

J’ouvre le compartiment à bagages et l’adonis se lève instinctivement pour m’aider.

— Laissez-moi faire.

Avec prévenance, il prend mon sac et le dépose délicatement dans le compartiment supérieur. Grand et solidement bâti, il porte un jean bleu et un tee-shirt blanc. Je crois qu’il dégage l’une des senteurs d’après-rasage les plus agréables que j’aie jamais eu le privilège de humer.

— Merci, murmuré-je en passant la main dans ma queue de cheval, essayant d’en démêler les nœuds à la va-vite.

Je m’en veux tellement de ne pas avoir choisi une tenue plus avantageuse !

— Vous préférez la place côté hublot ?

Je le fixe intensément durant quelques secondes, mon cerveau peinant à réagir. Il désigne le siège.

— Ça ne vous dérange pas ? demandé-je toujours perplexe.

— Pas du tout, répond-il avec un sourire éclatant. Je prends l’avion tout le temps. Prenez-la, j’insiste.

— Merci, dis-je, les lèvres pincées.

C’était clairement un code pour dire « Il suffit de voir ta dégaine pour comprendre que tu as été surclassée, ma pauvre. »

Mais je m’assois quand même et observe nerveusement par le hublot, les mains jointes devant moi sur les genoux.

— Vous rentrez chez vous ? demande-t-il.

Je me tourne vers lui. Oh ! Pitié, n’essaie pas d’entamer la discussion. Le simple fait de te regarder me rend déjà anxieuse.

— Non, en fait je reviens d’un mariage et je devais me rendre à un entretien d’embauche à New York. Je n’y serai que pour la journée, je reprends l’avion pour Los Angeles ensuite. C’est là que je vis.

— Ah, fait-il avec un sourire. Je vois.

Je reste un moment à le contempler en silence. Je devrais lui poser la même question, j’imagine.

— Et vous ? Vous rentrez chez vous ?

— Oui.

Je hoche la tête, ne sachant que répondre, alors j’opte pour la solution de facilité et je regarde à nouveau par le hublot.

Mes yeux dévient vers l’hôtesse qui parcourt l’allée avec une bouteille de champagne et quelques coupes. De vraies coupes en verre, qui plus est. Depuis quand les compagnies aériennes donnent-elles de vrais verres ? Ah oui, on est en classe affaires, c’est vrai.

— Désirez-vous du champagne pour le décollage, monsieur ? lui demande l’hôtesse.

Son badge indique « Jessica ».

— Ce serait parfait, répond-il, tout sourire, avant de se tourner vers moi. Deux, en fait, s’il vous plaît.

Mes sourcils se lèvent d’étonnement tandis qu’elle remplit deux coupes et nous en passe une à chacun.

— Merci, dis-je avec un sourire.

J’attends que Jessica s’éloigne pour reprendre la conversation.

— C’est une habitude, chez vous, de commander des boissons pour les autres ?

— Ça vous a dérangée ? s’étonne-t-il.

— Non, non… bien sûr que non.

Maudit soit ce monsieur élégant pour avoir cru qu’il pouvait commander à ma place.

— Mais… j’aime bien faire mes propres choix.

Ma réplique provoque son hilarité.

— Eh bien, les prochaines fois, vous pourrez commander, alors.

Il lève son verre dans ma direction, badinant d’un air taquin avant d’avaler une gorgée. Clairement, il s’amuse de mon indignation. Pourtant, je ne peux m’empêcher de l’observer, sans rien dire. Un peu plus et il pourrait bien être la deuxième victime de ma mauvaise humeur du jour… Après tout, je n’ai aucune envie qu’un homme riche et arrogant d’un certain âge me dise quoi faire.

Mes lèvres plongent tout de même dans le champagne tandis que mes yeux s’aventurent à nouveau vers le hublot.

En réalité, il n’est pas vieux du tout. Peut-être une bonne trentaine, tout au plus. Mais il est quand même plus âgé que moi : j’ai 25 ans.

Qu’est-ce que je raconte...

— Je m’appelle Jim, au fait, dit-il en tendant la main pour serrer la mienne.

Bon sang, il ne manquait plus que ça ! Maintenant, je vais devoir être polie.

Je lui serre la main avant de répondre.

— Bonjour, Jim. Moi, c’est Emily.

— Enchanté, Emily.

Ses yeux brillent d’une lueur espiègle. Ils sont grands, d’un bleu vif, et rêveurs, du genre de ceux dans lesquels on pourrait facilement se perdre. D’ailleurs, pourquoi me fixe-t-il ainsi ?

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