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Chapitre 0003

NATALIE

La lumière éternelle et aveuglante me frappe au visage et me fait grogner ; je me retourne dans le matelas doux. Mon corps a mal comme si quelqu'un l'avait réduit en bouillie et ma tête tourne.

Il me faut un moment pour cligner des yeux et fixer le plafond dans une confusion totale.

Où suis-je ? C'est la première question qui traverse mon esprit.

Les événements de la nuit dernière défilent devant mes yeux lorsque j'essaie de me lever ; c’est alors que je me rends compte que je suis nue et que bizarrement ça colle entre mes jambes qui sont indéniablement douloureuses.

La panique court dans mes veines, toute ma vie commence à défiler dans ma tête.

Un cri s’échappe de mes lèvres et je me jette du lit, tombant au sol avec un bruit sourd. Un grognement provient d’en haut.

Tous mes sens se réveillent et j’oublie tout de la douleur dans ma tête et dans mon corps.

Putain ! Qu'est-ce que j'ai fait ?!

Je mets ma main devant la bouche et je me retiens de faire du bruit. Je ne veux pas crier et le réveiller. Mon visage se tord et j'arrive à peine à me retenir de pleurer dans ma terreur absolue.

Me relevant sur mes genoux, je jette un coup d'œil par-dessus le lit pour voir l'homme de dos. Ses yeux bleu océan apparaissent dans ma tête, les images de la nuit dernière deviennent encore plus claires.

Je fouille dans mes pensées, essayant de me souvenir où j'ai laissé mon portable la nuit dernière.

« Putain de merde ! », je murmure à moi-même avant de couvrir ma bouche et de regarder prudemment l'homme de dos à nouveau.

J'ai laissé mon portable dans la voiture d'Anne avec mon petit sac parce que c'était trop chiant de tout garder sur moi.

Ne trouvant pas d’autre solution, je cherche ma robe des yeux pour la remettre et disparaître d'ici avant que cet homme ne se réveille.

Déesse merci ! Je la retrouve étendue au sol à côté du lit.

Je rampe jusqu'à la robe et je la prends. Le morceau de vêtement déchiré se tortille sous mes yeux comme pour se moquer de moi.

Mes yeux se dirigent vers le dos de l'homme. « Espèce d’animal », je murmure à voix basse.

Je déglutis, scrutant la pièce une fois de plus. À ma grande joie, sa chemise est posée près de ses pieds sur le lit.

Me relevant sur mes genoux, je tends la main vers sa chemise. L’homme bouge soudainement sur le lit et me fait sursauter.

Baisant la tête, je mordille ma lèvre supérieure et mon cœur commence à battre fort dans ma poitrine.

En respirant par le nez, je relève la tête après un moment passé sans voix qui ne m'appelle.

Son dos est toujours tourné vers moi, ses muscles tatoués saillants en pleine vue tandis que le bas du corps est caché sous les draps.

En me déplaçant discrètement, je tends la main et j’attrape sa chemise avant de la tirer vers moi.

Je me relève du sol et je la mets sur moi rapidement. Pendant tout ce temps, mes yeux restent rivés sur sa silhouette, nerveuse et prudente.

Après avoir réussi à boutonner sa chemise, je me dirige vers la porte.

Le fait que je ne porte qu'une chemise me dérange moins que le fait d'avoir trompé Enzo. Des larmes me montent aux yeux ; inconsciemment, je jette un coup d'œil à cet étranger par-dessus mon épaule. Une étrange attraction me pousse à continuer à le regarder un peu plus longtemps que prévu.

Je renifle légèrement et je me dirige vers la sortie, juste pour heurter une poitrine rigide en chemin. Mon nez perçoit l'odeur de la personne devant moi et je baisse la tête, en alerte.

Putain ! C'est ça qui m’a échappé.

« Qui es-tu ? De quelle meute viens-tu ? », l'homme me demande en se penchant pour examiner mon visage.

C'est le bêta de la meute des Marcheurs de Nuit. Je reconnais son odeur parce qu'il a récemment rendu visite à l’Alpha Wilson pour parler de la guerre qui pourrait éclater entre nous si on ne satisfait pas leurs exigences. Tout le monde a commencé à les haïr dans notre meute après cette visite, s'ils ne les haïssaient pas déjà avant.

Ils sont les démons qui dominent notre monde de loups-garous. Ils se nomment la meute des Marcheurs de Nuit parce qu’ils sont connus pour attaquer en pleine nuit et éliminer des meutes avant que le soleil ne commence à briller à nouveau dans le ciel. Même l’idée de les rencontrer ou de les contrarier peut faire pisser un guerrier-loup de terreur.

Ils sont dangereux et mystérieux. Il existe de nombreuses légendes sur leur Alpha démoniaque. Les gens l’ont rarement vu, mais ils connaissent tous son nom : Ryker Ambrose.

Un frisson parcourt ma colonne vertébrale à la pensée du monstre qu'est cet homme.

« J'ai posé une question ! », il gronde d’un air menaçant.

« Je— »

M'a-t-il reconnue ? Ça devient difficile pour moi de respirer.

Comme si la Déesse de la Lune a décidé de me sauver, son téléphone se met à sonner.

« Ne bouge pas », menace-t-il en levant un doigt, puis il se tourne pour répondre à l’appel.

« Oui Alpha ! », dit-il.

Cette brute appelle le bêta ? Sérieux ? Ne peut-il pas juste le contacter par télépathie ? Mais pourquoi est-ce que ça me préoccupe ? C’est ma chance pour m’échapper.

« Cette fille… », une voix rauque sort du haut-parleur du téléphone, mais mon esprit est concentré sur l’évasion avant que cet ennemi ne me saisisse par le cou et ne le brise pour son plaisir tordu.

Sans attendre un moment de plus, je passe à côté de lui à une vitesse fulgurante et je cours dans le couloir.

« HÉ ! ARRÊTE-TOI LÀ ! », il crie derrière moi, apparemment encore trop occupé à parler à son Alpha pour me poursuivre.

Je ne commets jamais l’erreur de regarder derrière moi et de lui montrer mon visage, le visage de la fille du bêta de leur meute rivale.

Putain ! Je suis sûre qu'il ne m'a pas reconnue, il a simplement demandé parce qu'il a senti que j'étais une louve-garou et il devait s'assurer que je n'étais pas une menace, pour lui ou pour ses camarades possiblement dans les alentours.

Je pousse un soupir de soulagement lorsque je sors de la boîte de nuit ; la lumière du soleil m’éclaire.

Instantanément, une silhouette apparaît à ma droite et me saisit.

« Où étais-tu passée putain ?! On t'a cherchée toute la nuit ! Tu es complètement tarée ?! On a même dû appeler Enzo parce qu’on a pensé que quelqu'un t'avait enlevée ! », Giana me crie d’un air méprisant.

Mon âme quitte réellement mon corps cette fois. Je me tourne pour la regarder, mon visage devient pâle.

« Enzo ?! Vous avez appelé ENZO ?! », je hurle.

La porte du club s'ouvre derrière moi. Je retiens mon souffle lorsque l'odeur d'Anne envahit mes narines.

« Natalie ! Déesse merci ! On t'a cherchée pendant si longtemps et on n’a pas pu te trouver. On a failli mourir d'inquiétude », Anne me prend dans une étreinte de dos tandis que je reste ancrée à ma place, essayant de trouver une solution.

« Où est Enzo ? », je pousse Anne et je me retourne.

« Il est au deuxième étage de la boîte, il cherche dans toutes les pièces pour te trouver », Anne m’informe avec un froncement de sourcils.

« On doit partir. Maintenant », je crie ces mots à mes meilleures amies et je cours directement vers le parking où je me souviens qu'Anne a garé sa voiture.

« Laisse-moi appeler Enzo ! », Anne crie derrière moi et mon souffle se coupe.

« NE LE FAIS PAS ! », je lui crie.

Elle me suit dans le parking avec Giana qui a les yeux grands ouverts, son choc apparent.

Ses yeux m’examinent et un air de compréhension passe sur son visage.

« On s’en va. Quittons cet endroit. On pourra dire à Enzo plus tard », Giana prend le poignet d’Anne et la tire vers la voiture.

Anne sort les clés de son sac à main et déverrouille la voiture. Je saute sur la banquette arrière en gardant la tête baissée, au cas où Enzo surgit de nulle part et me surprend ainsi.

Je ne sais pas. Je ne sais pas quoi faire à part fuir. Je ne veux pas qu'il le découvre, pas de cette manière.

Giana s’installe dans le siège passager et se retourne immédiatement pour me lancer un regard sévère. « Tu vas avoir beaucoup d’explications à nous donner. »

Je hoche la tête alors qu'Anne démarre le moteur et sort la voiture de l'allée.

« Tu as couché avec quelqu'un », Anne conclut d’une voix étrangement calme.

Elle était tellement préoccupée par le soulagement de m’avoir trouvée qu’elle n’a même pas remarqué que je ne portais plus ma robe, ni que j’avais une horrible odeur de sexe sur mon corps, mélangée avec l'odeur d'un autre homme.

« Que s'est-il passé ?! », Giana souffle en gardant la tête tournée vers moi.

Je prends une profonde inspiration et je lève les yeux vers elle, puis vers Anne qui me regarde par le rétroviseur.

« J'étais ivre… », ce n’est pas une excuse valable.

« Et je… j’avais chaud… pour une raison étrange… je n’ai pas pu me contrôler et je suis partie avec… avec cet homme que je ne connais même pas et je n’imaginais pas que les choses se passeraient comme ça… », je respire à chacun de mes mots, essayant de calmer ma douleur.

« Merde ! Je me sens tellement horrible. J'aurais dû rester derrière, j'aurais dû le dire à Enzo », je renifle bruyamment.

Giana secoue la tête.

« Ne le fais pas », Anne me lance un regard appuyé.

« Quoi ? », je m’arrête de pleurer un instant.

« Ne le dis pas à Enzo. Tu sais comment il est… il ne prendra pas ça à la légère et… je ne pense pas que ce soit entièrement ta faute. C’est la saison des chaleurs… et ce n’est pas si rare pour… les louves de ressentir des chaleurs quand elles sont proches de leurs compagnons », le regard de Giana passe de moi à Anne.

« Ce n’était pas mon compagnon ! C’était un homme au hasard. Je — Je ne sais même pas qui il était… et… et… je devrais aller dire ça à Enzo tout de suite…”, je lance à mes deux amies un regard d’incrédulité, ayant du mal à trouver les mots justes.

Giana tend la main vers mon cou. Je ne sursaute pas et je la laisse repousser mon col par la gauche. « Alors comment tu expliques ça, Natalie ? »

Elle appuie sur un endroit où mon cou rejoint ma tête et un cri quitte mes lèvres involontairement.

« C’est — C’est une marque », Anne pousse un cri de surprise, appuyant brusquement sur les freins.

La voiture s’arrête brusquement et mon visage se cogne violemment sur le dossier du siège avant.

Le choc chasse toute douleur et culpabilité. Ma main touche le même endroit et je sens la petite bosse en forme de tête de loup.

Je me penche en arrière et je regarde dans le rétroviseur. La marque rouge vif en forme de tête de loup me regarde en retour.

Mes mains deviennent froides. Le temps semble ralentir autour de moi.

« Cet enfoiré m’a marquée ! », je crie d’incrédulité.

« Oui. Et tu es encore en vie… alors… », Giana sursaute avant qu’un sourire entendu n’apparaisse sur ses lèvres.

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