NATALIE
« Je vais mourir », je déclare d’un air sérieux.
Mes yeux grands ouverts fixent la marque sur mon cou. Pour une fois, je frotte la marque aussi fort que possible pour m’en débarrasser stupidement, même si je sais que cette marque est gravée non pas dans mon cou, mais dans mon âme maintenant.
« Tu ne vas pas mourir », Giana lève les yeux au ciel en soupirant.
« Si ! Cet homme n'était pas mon compagnon et il m'a marquée… ce qui signifie que je vais mourir », j'avale difficilement.
Des larmes me montent aux yeux après que je me suis imaginé ma vie se finir sur cette seule erreur.
J'ai beaucoup entendu parler de ça. Si quelqu'un qui n'est pas ton compagnon te marque sans ton consentement, alors tu meurs dans les vingt-quatre heures. Ça se produit soudainement et tu n'as même pas le temps de réfléchir à quoi que ce soit avant de disparaître pour toujours.
« Tu ne tombes pas malade ou quoi que ce soit. Tu n'as pas l'air de mourir non plus », Anne m'examine avant de tirer ses propres conclusions.
« Vous ne vous inquiétez même pas un peu pour moi ? Et si vos spéculations se révélaient complètement fausses et que je mourais réellement après vingt-quatre heures ? », des larmes commencent à couler de mes yeux, traçant mes joues et tombant de mon menton.
Anne et Giana échangent un regard inquiet. Elles sortent toutes les deux en ouvrant les portes et viennent dans le siège arrière pour me prendre dans leurs bras de chaque côté.
« Tu ne vas pas mourir. Je ne te laisserai pas », Anne murmure à mon oreille, me consolant.
« Putain, qu’est-ce que je suis censée dire à — dire à Enzo maintenant ? Que j'ai couché avec un étranger au hasard et qu'il m'a marquée et que je suis en train de — de mourir ? », je renifle en plaçant mes mains sur le bras d'Anne qui est autour de mes épaules.
« Tu n'as pas encore besoin de lui dire quoi que ce soit. On doit d'abord comprendre tout ça », Giana pousse un lourd soupir en le disant d'un ton étrangement irrité.
« Qui était cet homme ? Tu ne sais vraiment pas ? », Anne se retire, regardant mon visage marqué par les larmes.
Je prends une respiration tremblante, me rappelant son visage, son corps tatoué, la puissance qu'il dégageait. Tout était… mémorable chez lui. Je déglutis à ces pensées étranges et je secoue la tête.
Giana essuie mes larmes avec ses doigts, me lançant un regard inquiet.
« Il dégageait l'aura d'un Alpha. Et il était âgé — bien plus âgé que nous », je révèle.
Giana ouvre grand la bouche et Anne reflète son expression de surprise.
« Tu es accouplée à un Alpha ? », Anne s'exclame avec admiration.
« Je ne le suis pas. Je vais mourir », je crie en recommençant à pleurer.
« Je ne veux pas mourir. Pas avant d'avoir mon loup en tout cas. Toute ma vie, j'ai attendu d'avoir mon loup et maintenant, je vais mourir ? Ça me semble tellement injuste », je place mes mains sur mon visage, pleurant de frustration.
« Pourquoi tu es si sûre qu'il n'est pas ton compagnon ? », Giana soupire lourdement.
« Parce que je suis LA COMPAGNE D'ENZO ! », ma voix monte en volume.
« Pourquoi vous ne le croyez jamais ? Pourquoi vous détestez autant Enzo ? » Je grince des dents en essuyant mes joues.
Anne et Giana échangent à nouveau un de leurs fameux regards mystérieux.
« Arrêtez de vous regarder et dites-moi la raison, allez ! », je supplie.
« Natalie », Anne expire doucement. « Enzo croit que tu es sa compagne. Il peut se tromper. Tu ne devrais pas le croire à moins que tu ne ressentes le lien toi-même. »
« As-tu vraiment déjà ressenti une attraction pour lui ? Ou même une étincelle quelconque ? Je suis sûre qu'il est possible de sentir la connexion même si tu n'as pas de loup », Giana ajoute d'un ton aigu.
Je passe les doigts dans mes cheveux emmêlés en repensant à chaque moment que j'ai passé avec Enzo.
« C’est vrai que je n'ai jamais ressenti de connexion avec lui, mais il a dit… que je suis sa compagne et il n'était pas en train de me mentir », je rejette l'idée qu'Enzo me trompe.
« On ne dit pas qu'il mentait. Juste qu'il pourrait se tromper », Anne et Giana échangent à nouveau ce regard furtif.
Je les fixe toutes les deux, l'une après l'autre. « Comment peut-on se tromper sur le fait d'être le compagnon de quelqu'un ? »
La question laisse Giana et Anne sans voix. On se regarde toutes dans le silence complet.
« J'ai l'impression que vous me cachez quelque chose », je murmure en oubliant tout le reste pendant un instant.
« À quoi ressemblait cet Alpha ? », Anne change de sujet en ouvrant la porte de la voiture et en sortant.
« Tu n'as pas répondu à ma question », je lui fais remarquer.
Giana suit Anne et elles retournent toutes les deux aux sièges avant en silence.
« On doit trouver ton compagnon », Giana hoche la tête avec détermination.
« Ce n'est pas mon compagnon », je mentionne, frustrée à l'extrême.
« Je te verrais bien le nier quand tu ne seras pas morte ce soir », Anne lève les yeux au ciel en démarrant le moteur.
« Et si je meurs ce soir ? », je repose ma tête contre le siège et je regarde droit devant moi.
Je vais mourir. Je le sais. Cet homme… Ses yeux défilent devant les miens quand je pense à lui… Il n'était pas mon compagnon. Il ne le sera jamais.
Giana et Anne ne me répondent pas et ignorent mon existence pendant le reste du trajet de retour chez nous.
Notre meute — la meute de la Forêt du Nord — est située en périphérie de la ville. C'est une petite ville… Ce n'est pas faux. On se tient à l'écart des humains en général, car on ne veut pas qu'ils sachent que nous existons. C'est pareil pour toutes les meutes, mais la nôtre est la deuxième plus puissante dans le monde des loups-garous, tandis que la plus forte est la meute des Marcheurs de Nuit.
Anne gare sa voiture devant ma maison à deux étages. Elle est peinte en blanc, à l'intérieur comme à l'extérieur, ce qui lui donne un aspect élégant mais fade.
Je sors de la voiture en regardant autour de moi pour voir s'il y a quelqu'un. C'est l'heure habituelle pour l'entraînement de la meute et pour l'école, alors je ne vois pas vraiment de monde.
« Entrons avant que quelqu'un ne te voie », Anne me prend par le bras et me tire vers la porte principale.
Giana sort les clés de mon sac à main sans même demander et déverrouille la porte.
Mon cœur bat plus lourd tandis que mes paumes commencent à transpirer.
S'il vous plaît, s'il vous plaît, s'il vous plaît, Déesse de la Lune… faites que je ne tombe pas sur maman, papa ou Émilie.
Je rentre dans la maison et je me dirige immédiatement vers les escaliers pour disparaître dans ma chambre avant qu'un membre de ma famille ne me voie.
« NATALIE WHITMAN ! », maman crie depuis la cuisine.
Mon âme se sépare de mon corps et mes pieds se figent sur la première marche. Des frissons commencent à parcourir mon corps.
Inconsciemment, je lève la main et je relève le col de ma chemise pour cacher la marque sur mon cou. Elle va me tuer si elle découvre que j'ai été marquée par un inconnu.
« MAIS BON SANG OÙ AS-TU ÉTÉ TOUTE LA NUIT ?! NE T'AI-JE PAS DIT QUE TU N'AVAIS PAS LE DROIT DE SORTIR ?! », elle sort de la cuisine en me criant dessus tout le long.
« Madame Whitman. C’est nous qui l'avons emmenée avec nous. Ce n'est pas sa faute », Anne essaie de me défendre.
« Anne et Giana chéries », son ton s'adoucit. « Je parle à ma fille imbécile. Je vous suggère de rentrer chez vous après cette longue nuit. »
Mon visage rougit de honte. Mes doigts se serrent autour de la rampe alors que des larmes menacent de couler de mes yeux.
« D'accord, Madame Whitman », Giana murmure avec dépit.
Je les entends toutes les deux se précipiter vers la porte, car ma mère leur a demandé de partir un peu trop poliment. La porte principale s'ouvre et se referme.
« Comme si nous déshonorer avec ta naissance et ta présence n'était pas déjà assez… maintenant, tu sors et tu couches avec des hommes au hasard ? », sa voix semble s’être rapprochée.
Bien sûr. Elle a senti l'odeur inconnue sur moi. J’avale la boule dans ma gorge et je me retourne pour la voir juste derrière moi.
« Je… »
Une gifle violente atterrit sur ma joue gauche, m'empêchant de dire quoi que ce soit de plus. Je place ma main sur ma joue, baissant les yeux.
« Émilie disait toujours que tu étais une salope ! J'aurais dû la croire plus tôt », elle me hurle au visage, empoignant mes cheveux dans sa main et tirant mon visage plus près du sien.
Je ferme les yeux, inspirant profondément. C'est normal, ce n'est pas grave. J’ai envie de me répéter ces mots comme d’habitude, mais tout ce que je peux faire pour l'instant, c'est de prier pour qu'elle ne voie pas la marque sur mon cou.
« Tu n'as pas de loup et tout le monde veut déjà que tu partes d'ici. Maintenant, tu veux qu'ils découvrent que tu couches avec des hommes qui ne sont même pas de notre meute. Es-tu si pressée de nous faire tous expulser de cette meute ?! », elle lâche mes cheveux avec un mouvement brusque, me sifflant dessus.
« Je suis désolée, Maman », des larmes commencent à couler sur mes joues.
« Fous le camp d’ici et ne descends pas pour le reste de la journée. Je ne veux pas te voir ! », elle me crie dessus.
Je ne perds pas un instant pour monter les escaliers ; je cours droit dans ma chambre en pleurant.
Mourir ce soir… ne semble plus être une si mauvaise idée. Si maman le dit à papa, il va me tuer de ses propres mains.