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Chapitre 0005

NATALIE

Je fais les cent pas dans ma chambre après avoir pris une douche, fixant la marque de compagnon sur mon cou pendant une heure entière.

Au début, j'ai essayé de couvrir la marque en portant un col roulé. Mais je me suis rendu compte qu'on est en plein été et que ça allait seulement rendre tout le monde suspicieux. Alors, je l'ai enlevé et j’ai couvert la marque avec plusieurs couches de correcteur de teint.

J'ai envie de croire que je peux garder ce secret, mais mon esprit est sur le point d'exploser d'anxiété.

D'une part, je dois découvrir qui était cet homme.

D'autre part, je crains de mourir ce soir.

Enfin, si je ne meurs pas, mon père va me tuer de ses propres mains en découvrant que j'ai couché avec un homme étranger à la meute.

Tout ça me pèse sur les épaules et il n'y a rien de positif auquel je peux penser en ce moment.

« Natalie », la porte de ma chambre s'ouvre et Émilie entre sans permission.

J'avale ma salive et lui demande, « Qu’est-ce que tu me veux ? »

Bien que j'essaie de paraître intrépide et indifférente, je sais qu'elle peut voir clair dans mon jeu.

« C’est vrai, ce que maman dit ? », elle bat des cils innocemment.

Maman doit être en train d'écouter. C'est pourquoi elle me parle si gentiment.

Je me pince les lèvres, choisissant de rester silencieuse.

« Je croyais que tu allais changer, mais toi… il fallait que tu te fasses chopper et que tu blesses maman », sa voix déborde de toute la sympathie et la douleur qu'elle peut trouver.

Et tout ce que je peux faire, c'est de regarder ses lèvres afficher un sourire satisfait, tandis que ses mots deviennent doux pour que maman puisse entendre à quel point elle est gentille avec moi.

« Pourquoi tu fais toujours ça ? Tu déçois déjà maman et papa », elle renifle, faisant semblant de pleurer alors qu'aucune larme ne coule de ses yeux.

« Émilie… s'il te plaît, laisse-moi tranquille », je murmure ; je veux qu'elle foute le camp de ma chambre.

« Mais moi… je suis là pour toi. S'il te plaît, parle-moi. Dis-moi pourquoi tu ne peux pas juste attendre ton compagnon ? », sa voix reste sympathique, mais son sourire ne fait que s'élargir.

Elle me provoque. Elle… Je ferme les yeux, prenant une profonde inspiration pour me calmer, mais c'est impossible.

De la lave bouillonne en moi, prête à exploser comme toujours.

« Natalie… papa va être… », elle commence et renifle.

Mes yeux s'ouvrent brusquement, brûlant au point que j'ai l'impression que du sang va en sortir.

« DÉGAGE DE MA CHAMBRE ! », je finis par lui crier dessus.

La porte s'ouvre à nouveau et cette fois, la personne qui entre me terrifie.

« Papa… je peux… », je bégaye en reculant.

« Pourquoi tu cries sur ta sœur ? », papa me demande calmement pour une fois.

Bien que ses yeux habituellement noirs brillent d'une lueur dorée de rage, il essaie de demander poliment.

« Papa… j'essayais juste de lui faire comprendre que ce qu'elle fait, c'est mal, mais elle ne veut pas m'écouter », Émilie ne perd pas une seconde et se précipite dans ses bras, se plaignant et pleurant en même temps.

Mon regard passe d'Émilie à la silhouette de mon père, incrédule.

« Qu'est-ce qu'elle a fait de mal ? », papa pose la question redoutée.

Je recule en secouant la tête.

« Papa, je peux l’expliquer… je te le jure », j'essaie de lui faire changer d'avis.

« Elle a couché avec un étranger la nuit dernière », maman balance la nouvelle de l'extérieur de ma chambre.

Mon sang se fige dans mes veines. Émilie me regarde et sourit en cachette, à l'abri des yeux de mes parents.

« Je… c'était une er — erreur », c'est tout ce que je peux lui dire.

« Natalie… », la voix de papa descend de quelques octaves.

Ses yeux disparaissent dans ceux de son loup, familièrement brûlants et dorés. Je recule une fois de plus, secouant la tête de gauche à droite.

« Je suis désolée. Je suis désolée, papa. Je ne le referai plus jamais », je crie au moment où il pousse Émilie sur le côté et s'approche de moi d'un air menaçant.

Avant même que je ne puisse me défendre, la main de papa agrippe mon cou. Il le serre si fort que mes yeux sortent de leurs orbites.

Malgré la douleur qui me pousse à me débattre, mon esprit se tourne vers la marque sur mon cou. Elle brûle intensément. Mon âme quitte mon corps à l'idée que quelqu'un puisse la découvrir.

Je griffe la main de papa tandis que mon corps se débat de manière incontrôlable.

« Tu as décidé de traîner ma réputation dans la boue. Je ne le permettrai pas ! », il ricane d’un air méprisant près de mon visage.

Les larmes me montent aux yeux tandis qu'il devient impossible de respirer.

« Je vais te tuer ! », il resserre son emprise autour de mon cou et crie.

Ma tête heurte le mur derrière moi et des points noirs commencent à apparaître dans ma vision.

« Nile ! Lâche-la. Elle va vraiment mourir », maman se précipite vers nous en attrapant les bras de mon père pour le forcer à me lâcher.

Mon esprit commence à perdre le focus à cause du manque d'oxygène. Ma prise sur les mains de papa se relâche.

« Papa, je vais lui faire entendre raison. Elle ne recommencera plus. Laisse-la, s'il te plaît », Émilie ne reste pas en arrière et vient à mon secours, pour voir ça se reproduire encore et encore.

Ils ne me laissent pas vivre, mais ils ne me permettent pas non plus de mourir.

Mes mains retombent à mes côtés, mes yeux se révulsent.

Avant de perdre connaissance, papa relâche mon cou de son emprise mortelle. Je tombe au sol, toussant et haletant pour reprendre mon souffle.

Mes poumons me font mal, mes yeux brûlent, ça résonne dans ma tête. Toute mon énergie a quitté mon corps, ne me laissant que l'agonie et la sensation de brûlure de la marque de compagnon.

« Si j'apprends que tu refais encore quelque chose comme ça… Je te tuerai, Natalie. Je te tuerai avant que quelqu'un d'autre ne découvre tes actions honteuses », papa me menace avant de sortir de ma chambre en trombe, suivi par maman.

Émilie en profite pour verrouiller la porte et venir vers moi. J'ouvre les yeux et je la regarde après avoir repris mon souffle.

« Ne — Ne dis rien à Enzo », je la supplie.

Mes yeux larmoyants la supplient silencieusement, tandis qu'elle fredonne en me regardant avec malveillance.

« Pourquoi pas ? », ses lèvres forment un sourire.

« Je… », je me redresse sur mes genoux encore faibles.

« Je ferai n'importe quoi », je lui dis.

« N'importe quoi ? », elle incline la tête, toujours souriante.

Ma respiration se coupe dans ma gorge en comprenant ce qu'elle veut cette fois.

« Donne-le-moi, Natalie. J'en ai vraiment besoin », elle s’exclame d’un ton mielleux.

« Émilie, je… », je m'étouffe de ma respiration.

« Tu me refuses ? », son sourire se transforme en froncement de sourcils.

Mon cœur rate un battement et je secoue la tête immédiatement. « Je te donnerai le tableau. Tu peux l'utiliser comme tu veux, mais s'il te plaît… s'il te plaît, ne… ne dis rien à Enzo. »

« Comment pourrais-je le faire ? Tu es ma sœur jumelle, après tout », le sourire empoisonné revient sur ses lèvres.

Émilie se tourne pour partir, et je ne peux que la regarder avec des yeux remplis de haine et de larmes.

« Dépose-le dans ma chambre », elle m'ordonne en s'arrêtant près de la porte.

Ouvrant la porte, elle se tourne de nouveau vers moi.

« Oh ma Déesse, Natalie, ta tête saigne ! Tu penseras à te faire soigner par le médecin de la meute », son ton redevient sympathique et inquiet, car elle sait que maman et papa peuvent l'entendre maintenant.

« Tu sais… tu ne peux pas guérir comme nous, alors fais-toi soigner, je t’en prie. Et veille à ne pas dire à docteur Yoona comment c'est arrivé », elle doit avoir ajouté ça pour rappeler à mes parents que je suis une déception.

Je baisse les yeux vers le sol et j’expire un souffle lourd.

Mes doigts touchent la marque brûlante sur mon cou. Au moins, ils ne l'ont pas découverte.

Je dois me débarrasser de cette marque avant que quelqu'un ne découvre ce secret et ne le révèle à Enzo. Je ne peux pas le supporter — je ne peux pas vivre sans Enzo. C’est le seul qui me comprenne et qui m'aime malgré mes défauts.

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