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Chapitre 0008

NATALIE

Le cœur battant la chamade, j'entrouvre légèrement la porte.

« Qu'est-ce que tu fais ? J'ai entendu du bruit venant de ta chambre. » Elle me regarde en clignant des yeux, son regard ensommeillé trahissant qu'elle vient de se réveiller.

Comment son ouïe peut-elle être assez fine pour percevoir du bruit venant d'une pièce insonorisée, même pendant son sommeil ?

J'avale difficilement ma salive et jette un coup d'œil autour de moi.

« Je... J'étais dans la salle de bain, en train de prendre une douche. » Je n'ai jamais menti avec autant d'assurance, je peux vous l'assurer.

Inconsciemment, je réajuste mes cheveux mouillés pour cacher la marque sur mon cou.

« À cette heure-ci ? » Elle plisse les yeux, soupçonneuse.

Putain de vie !

« Je... Maman. » Trouve quelque chose, idiote.

Me voyant à court de mots ne fait que confirmer les doutes de ma mère. Sans me laisser le temps de reprendre contenance, elle pousse violemment la porte.

Celle-ci me heurte le visage, me faisant trébucher en arrière et porter instinctivement les mains à mon nez. Une douleur fulgurante traverse tout mon visage. Je grimace et ferme les yeux.

« Il y a quelqu'un ici, n'est-ce pas ? Tu mens encore. » m'accuse-t-elle en entrant d'un pas décidé.

Mon cœur tombe dans mes talons. J'ouvre les yeux en découvrant mon nez.

Elle va pouvoir sentir son odeur. Elle va aller droit aux rideaux.

Je regarde la scène au ralenti, sentant mon cœur s'enfoncer de plus en plus, menaçant de quitter complètement mon corps. J'avale ma salive et bondis derrière elle.

« Maman ! Il n'y a... personne ! » je couine.

Au moment où ma main se pose sur son épaule, elle écarte les rideaux. Je ferme les yeux, me préparant à la catastrophe imminente.

Maman repousse ma main de son épaule en marmonnant.

Un moment passe dans un silence complet. Aucun signe d'explosion ou de cris.

J'ouvre les yeux. Ils s'écarquillent.

Il n'y a personne ici. Un pli se forme entre mes sourcils.

Maman se penche par la fenêtre ouverte pour scruter les alentours mais comme dans la chambre, il n'y a personne en vue aussi loin que porte son regard.

Je pousse un soupir de soulagement et recule d'un pas.

Où a-t-il bien pu disparaître... en quelques minutes ? Qu'est-ce qu'il est ?

Maman se retourne pour me faire face. Ses yeux sont maintenant injectés de sang.

« Je te l'avais dit... Maman. Il n'y a personne ici. Je prenais une douche. » je marmonne dans un souffle.

Sans vergogne.

« Va dormir. » m'ordonne-t-elle.

Puis elle quitte ma chambre.

Je m'effondre sur le lit en poussant un profond soupir. Mes yeux parcourent ma chambre.

Il est parti. Sans répondre à mes questions.

Quand ai-je même fait l'effort de poser des questions ? Putain de saison des chaleurs !

En gémissant, je me couvre le visage avec mes paumes et me noie à nouveau dans la culpabilité.

Au moins, Maman est venue quand l'odeur du sexe s'était dissipée de la pièce, sinon elle aurait su ce qui s'était passé sous son nez.

Mes joues brûlent à cette pensée.

Me levant du lit, je me précipite vers la porte et la verrouille.

Puis, je cours de nouveau vers le lit pour ramasser mon jean par terre. Sortant mon téléphone de la poche arrière, je compose immédiatement le numéro de Giana. Elle décroche à la première sonnerie comme prévu. Cette fille ne dort jamais. Si elle n'était pas une louve, j'aurais dit que c'est un zombie.

« Il s'est passé quelque chose ? » grommelle-t-elle avant même que j'aie pu dire un mot.

« Oui. » je souffle.

« Quoi ? » Elle bâille, feignant l'ennui.

Elle s'attend à une histoire sur Enzo, je le sais.

« Il est venu. » je lâche.

« Enzo est encore venu ? » Elle bâille plus fort.

« Non. » Je secoue la tête.

Maintenant, je me demande comment il me connaissait ou même savait où j'habitais ? Mon cœur rate plusieurs battements à cette pensée.

« Il est venu. Comment m'a-t-il trouvée ? » je halète à voix haute.

« Tu faisais un rêve érotique, n'est-ce pas ? Retourne dormir. » me cajole Giana.

« Natalie. On le trouvera bientôt. Ne t'inquiète pas et va dormir. » La voix d'Anne résonne à travers le haut-parleur.

Comme d'habitude, Anne doit passer la nuit chez Giana. Elles font ça souvent mais mes parents... ne me le permettent pas.

« On n'a plus besoin de le chercher. » je marmonne, assise au bord de mon lit. « Il m'a trouvée. »

« De quoi tu parles ? » La voix d'Anne se rapproche tandis que Giana feint un autre bâillement agaçant.

« Quand je suis rentrée, il était déjà dans ma chambre. Comment était-il là ? Comment savait-il quelle chambre était la mienne ? Comment est-il entré ? Comment ? » Je me lève d'un bond et commence à faire les cent pas.

C'est flippant à mort.

« Tu ne plaisantes pas ? » demande Anne avec prudence.

« Tu ne rêvais pas ? Tu es sûre ? » ajoute Giana.

« J'ai couché avec lui. Encore. » je lâche. « Vous pensez que j'en rêvais ? Il était putain de là ! »

Le silence s'installe entre nous. J'emmêle les doigts de ma main gauche dans mes cheveux, fermant les yeux et respirant profondément.

« Oh. Je sens ma peau se hérisser maintenant. » fredonne Giana.

« Alors... qui est-il ? » soupire Anne.

Elles ne sont même pas un peu anxieuses ou en colère que j'aie fait la même erreur à nouveau ?

« Je n'ai pas demandé. » je lui avoue sincèrement.

« Merveilleux. » se moque Giana.

« Giana ! » siffle Anne.

« Quoi ? Elle dit que son compagnon est venu, ils ont baisé et elle n'a même pas demandé son nom ? Elle bat mes records. » aboie Giana en retour.

Je m'arrête près du mur et pose mon front contre celui-ci.

« J'étais en chaleur. » C'est gênant de dire ça.

Le silence s'installe avant que je ne les entende toutes les deux ricaner en arrière-plan.

« Ce n'est pas... drôle. »

Et leur rire ne fait que s'amplifier.

En soupirant, je raccroche et m'allonge sur le lit.

Pourquoi cela m'arrive-t-il ? Je jette un coup d'œil à la fenêtre ouverte.

Devrais-je leur dire qu'il s'est enfui ? Qu'il ne lui a fallu que quelques minutes pour simplement disparaître ?

La première fois. Il m'a marquée.

La deuxième fois. Il est venu. A couché avec moi. Et s'est enfui.

Qui est cet homme ?

Je me sens tellement en colère maintenant. C'est comme s'il me considérait comme un jouet avec lequel il fait ce qu'il veut.

Fermant les yeux, je frotte mon front fiévreux.

J'ai encore trompé Enzo.

Je ne sais pas dans quelle situation je me suis fourrée.

J'étais censée attendre que mon loup se manifeste. Ensuite, Enzo et moi allions nous marquer mutuellement.

Mais cet homme a foutu en l'air tous mes projets de vie - les seuls projets que j'avais.

Mon téléphone vibre dans ma main, mais je ne décroche pas. C'est inutile de dire quoi que ce soit à Giana et Anne. Elles veulent toutes les deux simplement qu'Enzo sorte du tableau et pour ça, elles peuvent faire n'importe quoi mais... je ne peux pas le perdre.

Je... devrais probablement lui dire toute la vérité.

Serrant le téléphone dans ma paume, je prends ma décision finale.

Je dirai tout à Enzo demain. J'aurais dû lui dire quand c'est arrivé au lieu de fuir.

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