Kalyus lâche un grognement sec, et il n’attend pas que les bêtes nous tombent dessus, il se précipite vers un passage étroit qui est sur notre droite, un passage qui a dû s’ouvrir avec les éboulements, et il nous pousse presque de force à l’intérieur, en nous criant d’avancer.— Allez, dépêchez-vous ! Dans le tunnel.Je cours comme je peux, avec Mado qui m’agrippe la manche et qui me suit en trébuchant presque sous mes pas, et derrière nous : Loan lutte pour ne pas s’effondrer, il titube en fixant droit devant lui, il est essoufflé, son loup est déjà à bout de souffle, mais il ne s’arrête pas, il boite à cause de sa patte qui est blessée, mais il serre les dents et ne lâche pas… Et moi, je vois bien que son corps ne suit plus, je ne sais pas de quel mal il est atteint, mais je ressens au plus profond de moi que ça ne va que s’empirer.Parce que derrière nous, j’entends toujours les Chartrux ramper : des bruits de griffes qui raclent la roche, des souffles chauds, des grognements qui s
Alors immédiatement, je panique ! Malgré moi, et parce que j’ai peur qu’il meure entre mes bras.— Ka… Kalyus, il…Kalyus détourne la tête vers nous et instinctivement il hume l’air en secouant la tête.— Recule-toi, relâche-le, il pue le Chartrux à plein nez, il va muter Mira !Sa voix est sèche et elle sonne comme un ordre, mais je secoue la tête en détournant le regard vers Mado, qui nous fixe déjà tout en tordant la bouche, mais aussi avec les larmes aux yeux… Et dans son regard, je n’arrive qu’à y lire une peur et une inquiétude grandissante.Je baisse le regard sur Loan et mon cœur ne peut que se serrer : Il bave, une espèce de mousse noirâtre s’écoule de sa bouche, ce qui est assez impressionnant à voir.Le problème aussi c’est que sa chaleur continue de diminuer, et que ses convulsions ne s’arrêtent pas, elles sont même de plus en plus violentes.Je me perds un très court instant dans mes pensées, la peur et la panique prennent possession de moi, elles l’assaillent de toutes p
Moi, c’est Mira… Je suis fille unique , et je vis dans un petit appartement parisien avec ma mère, j’ai bientôt 20 ans, et ma vie ressemble à celle de n’importe quelle étudiante en psychologie : — Des montagnes de livres à étudier. — Des examens à répétition. — Et un rythme de travail infernal et acharné. J’adore ce que je fais, mais le soucis, c’est que je n’ai plus de temps pour respirer, je n’ai plus une seule seconde pour moi, alors , il y a des jours où j’ai l’impression que tout est un peu trop lourd pour mes épaules. L’université est loin de la tranquillité que j’aurais souhaitée, surtout en ce moment, mes examens approchent à grands pas et je me sens noyée sous les révisions. J’ai même parfois l’impression de suffoquer, les journées semblent toutes se ressembler, et chaque nuit, je suis réveillée par mes propres angoisses, par mes propres peurs, et je crois , que je n’ai jamais eu autant besoin de calme, de silence, de nature, et de quelque chose qui puisse me pe
Quelques jours plus tard, l’heure du départ approche à grands pas, et j’ai déjà tout organisé : — Je dois tout d’abord prendre le taxi pour l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. — Puis monter dans un vol direct jusqu’en Grèce, jusqu’à Athènes plus précisément. — Ensuite, je prendrai un second vol , mais dans un plus petit avion , qui aura pour direction l’île de Kythnos. — D’où je devrais prendre une petite embarcation, qui m’amènera enfin jusqu’à l’île d’Eyden-Stood. Je sais d’avance que le trajet en mer ne sera pas de tout repos, et on m’a aussi prévenue que la mer risque d’être assez agitée pendant notre traversée, mais malgré l’appréhension que je peux ressentir , je suis prête, je suis totalement prête à passer une belle semaine loin de tout, loin de la civilisation, loin de l’agitation et de la foule. Et au fond , je sais aussi que je suis chanceuse de pouvoir partir toute cette semaine dans ce coin paradisiaque et isolé. Et enfin, quelques heures plus tard je monte
Quelques longues secondes plus tard, je descends enfin du quai, mes pieds s’enfoncent dans le sable chaud et mes yeux se fixent sur mes grands-parents. Ils sourient, et avancent vers moi en me faisant de grands signes de la main. Barthy , mon grand-père, est grand et d’une carrure imposante, il doit faire au minimum dans les 1m85 : Il a les yeux d’un vert profond,et le teint caramélisé par le soleil. Tandis , qu’Eglantine ma grand-mère , est beaucoup plus petite et fine que lui : Elle , elle ne dépasse pas les 1m65 , elle a les cheveux très longs, et blonds comme de l’or mais aussi de magnifiques yeux d’un bleu océan, tiré en amande. Mon grand-père me tire immédiatement dans ses bras , et m’offre une accolade tendre et affectueuse. — « Enfin, te voila ma petite Mira. » — « Bienvenue chez nous, ma chérie. » Accolade que je lui rends avec tout autant de tendresse et d’affection. — « Bonjour papi. » Il embrasse mon front , avant de me relâcher. — « Mira , ma puce , je suis ex
Une fois seule , je fais tout de suite le vide, tout en tentant de ne pas me laisser emporter par toutes ces pensées, il faut donc que je m’occupe. Je me lève du lit, récupère l’un de mes sacs, et commence à ranger rapidement quelques unes de mes affaires dans la commode de ma mère, et ce qui me surprend le plus, je crois… C’est que dans cette fameuse commode , il y a encore certaines de ses vieilles affaires, j’y trouve un album photo , mais aussi le plus important : un carnet qui semble être son journal intime… Carnet que je n’hésiterai pas une seule seconde à lire ce soir en me couchant dans son lit, et une fois mes affaires rangées , je décide de descendre rejoindre mes grands-parents au Rez de chaussée. Papi n’a pas l’air la, et mamie quant à elle, est déjà en train de cuisiner, une grande marmite mijote sur le feu, et une douce odeur de thym mais aussi d’ail parfume déjà la cuisine. — « Papi ne va pas tarder. » Elle me lance ça en me souriant et en remuant doucement son pl
Mais moi…Je me demande tout d’abord pourquoi cette simple petite question a réussi à la mettre dans tous ses états ?? Et puis j’en viens à me demander , si cela est en rapport avec mon père? Père, que je ne connais pas, et que je n’ai jamais d’ailleurs jamais connu. Je sais seulement que ma mère l’a rencontré ici, sur cette île, mais elle ne s’est jamais autorisée à me parler de lui , elle ne l’a fait que deux fois dans ma vie : Tout d’abord , à l’âge de mes dix ans, et ensuite à celui de mes 18 ans, je n’ai pas eu de nom, pas de prénom non plus, juste une description vague mais qui laisse rêver. Et , il paraît même que je suis son portrait craché : qu’il était grand (dans les 1m90), massif, musclé, une force de la nature à lui tout seul, qu’il avait les cheveux noir ébène comme les miens, avec de très longs cils, et une mâchoire carrée, voilà…Voilà tout ce que je sais de mon père, alors forcément , et malgré moi, je détourne le regard vers ma grand-mère , et je lui demande d’une vo
Je termine de préparer le repas avec ma grand-mère, qui me demande ensuite de mettre la table, je la regarde un instant, tout en me demandant pourquoi cette atmosphère étrange persiste, mais je me tais, je ne dis rien pour le moment, je me montre obéissante, et je me dirige vers la salle à manger. C’est là que je vois mon grand-père en train de verrouiller les volets avec de gros morceaux de bois, je m’arrête un instant, intriguée encore une fois, mais je ne dis rien, j’analyse la situation , et je préfère me faire mes propres réflexions : Je me dis tout de suite qu’il y a peut-être des bêtes sauvages dans le coin… Par exemple des ours ? Cette idée me traverse l’esprit, mais je préfère ne pas poser de questions tout de suite, à la place , je continue de mettre la table. Et puis quelques longues secondes plus tard , ma grand-mère arrive enfin, elle porte la grosse marmite, et rapidement, nous nous installons tous à table, tout d’abord, c’est le calme, un silence assez lourd et charg
Alors immédiatement, je panique ! Malgré moi, et parce que j’ai peur qu’il meure entre mes bras.— Ka… Kalyus, il…Kalyus détourne la tête vers nous et instinctivement il hume l’air en secouant la tête.— Recule-toi, relâche-le, il pue le Chartrux à plein nez, il va muter Mira !Sa voix est sèche et elle sonne comme un ordre, mais je secoue la tête en détournant le regard vers Mado, qui nous fixe déjà tout en tordant la bouche, mais aussi avec les larmes aux yeux… Et dans son regard, je n’arrive qu’à y lire une peur et une inquiétude grandissante.Je baisse le regard sur Loan et mon cœur ne peut que se serrer : Il bave, une espèce de mousse noirâtre s’écoule de sa bouche, ce qui est assez impressionnant à voir.Le problème aussi c’est que sa chaleur continue de diminuer, et que ses convulsions ne s’arrêtent pas, elles sont même de plus en plus violentes.Je me perds un très court instant dans mes pensées, la peur et la panique prennent possession de moi, elles l’assaillent de toutes p
Kalyus lâche un grognement sec, et il n’attend pas que les bêtes nous tombent dessus, il se précipite vers un passage étroit qui est sur notre droite, un passage qui a dû s’ouvrir avec les éboulements, et il nous pousse presque de force à l’intérieur, en nous criant d’avancer.— Allez, dépêchez-vous ! Dans le tunnel.Je cours comme je peux, avec Mado qui m’agrippe la manche et qui me suit en trébuchant presque sous mes pas, et derrière nous : Loan lutte pour ne pas s’effondrer, il titube en fixant droit devant lui, il est essoufflé, son loup est déjà à bout de souffle, mais il ne s’arrête pas, il boite à cause de sa patte qui est blessée, mais il serre les dents et ne lâche pas… Et moi, je vois bien que son corps ne suit plus, je ne sais pas de quel mal il est atteint, mais je ressens au plus profond de moi que ça ne va que s’empirer.Parce que derrière nous, j’entends toujours les Chartrux ramper : des bruits de griffes qui raclent la roche, des souffles chauds, des grognements qui s
Le souci, c’est qu’avant même qu’on puisse atteindre la sortie, l’un des Chartrux hurle en frappant ses énormes pattes sur le sol, ce qui crée une grosse vibration, mais aussi un autre éboulement ! La grotte se ferme sous nos yeux, les pierres tombent du plafond et s’écrasent presque sur nous ! Et c’est là que de plus gros problèmes nous tombent dessus… Nous sommes bloqués, ici, dans cette grotte avec eux !Des pierres s’effondrent encore, et cette fois l’entrée est complètement impraticable, il ne reste plus de lumière, plus d’échappatoire, nous n’avons pas le choix : On est forcés contre notre gré de descendre dans les profondeurs de la grotte, Kalyus ouvre la marche sans hésiter, lui il connaît la grotte sur le bout des doigts, il en connaît chaque détour, et aussi chaque passage.Mais l’autre souci qui nous tombe rapidement aussi dessus, c’est qu’avec les éboulements, beaucoup de chemins se sont fermés, et d’autres, complètement inconnus à Kalyus, se sont ouverts à leur place, tou
Je n’ai pas le temps de réellement réagir, que le sol gronde à nouveau, mais beaucoup plus fort cette fois-ci, d’une vibration beaucoup plus profonde, mais aussi plus violente à ressentir que la précédente…Un frisson me traverse le corps tout entier, il est brutal, presque instinctif, parce que mon corps sait avant moi que quelque chose ne va pas, et que ce qui va suivre va forcément nous mettre en danger, je le sais, je le ressens au plus profond de mon être, alors par réflexe, je recule d’un pas, Mado me serre la main et recule elle aussi, Loan grogne, et Kalyus commence à montrer les crocs.Et puis, plus rien, tout se stoppe un très court instant, il ne reste alors plus que nos regards inquiets et nos souffles coupés qui attendent avec appréhension que tout reprenne, et c’est exactement ce qui se produit… Un bruit sourd déchire rapidement le silence, et un énorme craquement sec se fait entendre juste après, un peu comme si la terre s’ouvrait en deux !Et puis, un autre, et encore
Je m’engouffre enfin dans la grotte, mon souffle est court, mes jambes lourdes, et mes poumons sont encore en feu après le violent étranglement qu’Ézelya m’a infligé juste avant… L’obscurité m’enveloppe aussitôt, l’atmosphère de l’endroit est froide, humide et presque étouffante, mais je continue, j’avance quand même, je pose l’une de mes mains contre la paroi rugueuse pour me guider, et je pose l’autre contre ma poitrine, là où mon cœur cogne avec une force brutale.Chaque pas résonne bruyamment autour de moi, un peu comme d’un écho venu d’un ailleurs… L’air ici est chargé, il est dense, et ça me laisse la sensation étrange que la grotte respire, ou je ne sais pas, mais c’est bizarre, c’est probablement peut-être moi qui commence à divaguer.Clairement, je progresse à l’aveugle et à tâtons pendant quelques très longues minutes, qui paraissent d’ailleurs durer une éternité, mais j’avance jusqu’à ce que j’aperçoive enfin une faible lueur, elle est diffuse, et elle émane du fin fond de
La Luna s’avance d’un pas lent vers nous tout en sentant l’air, ses yeux rose clair sont fixés sur moi : Ils sont magnifiques et je suis vraiment étonnée de ne pas m’en être rendu compte la première fois où je l’ai vue, puis elle se stoppe à une petite distance de nous, et elle respire à nouveau mon odeur, mais beaucoup plus profondément cette fois-là, un peu comme si elle tentait de savoir à qui elle avait vraiment affaire… Et c’est là que d’autres loups, qui sont visiblement de la même meute qu’elle, la rejoignent.Très rapidement, ils se regroupent tous derrière elle, et je ne sais pas si cette Luna pourra réellement faire quelque chose pour moi, ou bien si sa visite va marquer le début d’une nouvelle attaque… Mais tout ce que j’espère à ce moment précis, c’est que Kalyus ou Loan aient eux aussi entendu le hurlement d’Ézelya et qu’ils soient déjà en route pour me porter secours, car si ce n’est pas le cas, il me reste encore moins de chance de survie qu’à mon départ…Ils sont beauc
À l’entente de ce bruit, je me fige instantanément, mon cœur s’emballe quand mes yeux passent de droite à gauche en étudiant rapidement la situation… J’ai l’air seule, mais il est clair que je ne le suis pas, parce que le bruit suivant qui se fait entendre : un léger froissement dans les feuillages juste sur ma droite, est suivi d’un long souffle étouffé et presque inaudible, qui me fait frissonner et comprendre que quelqu’un est bien là avec moi.Et puis un autre, plus bruyant, plus présent, c’est même un gros grognement qui retentit comme si j’avais quelqu’un juste à ma gauche… Et encore un, mais cette fois plus bas, comme d’un murmure derrière moi, comme d’un souffle discret glissé d’entre les arbres…Mon cœur bat plus fort, mon corps se tend sous la panique qui commence à m’envahir, mais je ne me laisse pas submerger, quelqu’un joue avec moi, et ce quelqu’un veut que j’aie peur ! Et il est clair que je ne lui donnerai pas cette satisfaction… Alors, je reprends mon chemin, je conti
Et bien sûr encore une fois, ma réponse, mais aussi mon choix n’a pas l’air de plaire à Monsieur l’alpha et à son bêta, qui tentent de foncer juste derrière moi pour me stopper, mais qui sont retenus par Mado qui les stoppe dans leurs élans avant qu’ils ne me retiennent.— NON ! Laissez-la progresser seule!Elle hurle sur eux d’une voix assez sèche, puis secoue la tête tout en fronçant les sourcils… Et même si elle est âgée et pas très grande, elle prend une posture intimidante en se positionnant en plein dans le passage.— Je suis certaine que Mira sait ce qu’elle fait.Kalyus grogne, il secoue la tête, ses sens s’agitent à mesure que je m’éloigne de lui, il tente alors de forcer le passage, mais Mado ne se laisse pas faire, et avec son petit corps faible et vieilli elle lui fait barrage encore une fois.— Il serait peut-être temps que tu contrôles correctement ton Lycan, Kalyus !Sa voix est sèche et presque accusatrice.— Elle est la réincarnation de Dhelesys, elle détient la flamm
Je sais d’avance que les risques sont énormes, et qu’ils vont sûrement être réticents, mais nous n’avons tout simplement pas le choix, alors, je commence par Kalyus, qui sera probablement plus compliqué à amadouer que Loan.Je me tourne vers lui lentement et lui fais face, je pose mes yeux sur lui en tentant de capturer son regard comme il le fait si souvent avec le mien, et puis j’attrape ensuite lentement sa main tout en laissant glisser le bout de mes doigts sur ma peau bouillante, et juste après avoir entrelacé d’un geste doux mes doigts autour des siens, je me mets à le fixer droit dans les yeux tout en lui lançant un petit sourire en coin…Il relève un sourcil, mais très rapidement il se perd lui aussi dans mon regard, et c’est à ce moment-là, à l’instant précis où nos deux âmes rentrent en contact et se connectent l’une à l’autre que j’ose lui demander avec une pointe d’appréhension dans la voix :— Il faut que vous m’ameniez jusqu’à cette grotte, il est très important que je v