Chapitre Deux :

Quelques jours plus tard, l’heure du départ approche à grands pas.

J’ai déjà tout organisé :

— Je dois tout d’abord prendre le taxi pour l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle.

— Puis monter dans un vol direct jusqu’en Grèce, jusqu’à Athènes plus précisément.

— Ensuite, je prendrai un second vol , mais dans un plus petit avion , qui aura pour direction l’île de Kythnos.

— D’où je devrais prendre une petite embarcation, qui m’amènera enfin jusqu’à l’île d’Eyden-Stood.

Je sais d’avance que le trajet en mer ne sera pas de tout repos, et on m’a aussi prévenue que la mer risque d’être assez agitée pendant notre traversée, mais malgré l’appréhension que je peux ressentir , je suis prête.

Je suis prête à passer une belle semaine loin de tout, loin de la civilisation, loin de l’agitation et de la foule.

Et au fond , je sais aussi que je suis chanceuse de pouvoir partir toute cette semaine dans ce coin paradisiaque et isolé.

Et enfin, quelques heures plus tard…

Je rejoins l’aéroport et je monte dans l’avion.

Le vol est calme, mais mon esprit lui, ne l’est pas tellement.

Je repense tout de suite à l’île, à ce coin que je connais à peine mais qui, pourtant, fait partie de moi et de mon histoire.

L’île d’Eyden-Stood.

L’endroit où je suis née.

L’endroit où j’ai passé mes toutes premières années.

À ce moment-là , d’un regard peut être nostalgique, je jette un coup d’œil par le hublot.

Je contemple immédiatement l’immensité du bleu de la mer qui défile sous moi, et qui me donne déjà un avant-goût de ce qui m’attend cette semaine.

En me perdant dans ce magnifique paysage, je me dis tout de suite que la mer a l’air plutôt calme. Mais d’après ce que j’ai compris, plus on se rapproche de l’île, et plus elle peut devenir capricieuse.

Parfois même nerveuse.

Et après plus de trois heures de vol , et quelques turbulences, l’avion se pose enfin à Athènes, et l’instant d’après, je suis déjà en route pour monter dans l’avion qui doit me mener à Kythnos.

L’île est minuscule, tranquille.

Le paysage est magnifique.

Et le soleil cogne haut dans le ciel…

Tout ce que j’aime.

Et bien sûr, tout ce dont pourquoi je suis là.

Quand je rejoins l’embarcation qui doit me guider jusqu’à l’île, je suis quand même assez surprise, car au premier abord, elle n’inspire pas confiance.

Tout d’abord, elle est beaucoup plus petite que ce que je ne m’imaginais, mais elle est aussi moins robuste et, à première vue, sa coque a visiblement atteint le seuil d’usure critique recommandé.

Ce qui n’est pas très rassurant pour un trajet un pleine mer, et de plus de trois heures en plus.

Mais je saute rapidement le pas , je préfère relativiser, tout en me forçant à me dire que tout ne pourra que bien se passer.

A notre départ en direction du large , la mer était calme, presque plate , et je crois même que le bateau s’est mis à glisser encore plus rapidement que prévu sur l’eau.

Mais le trajet a finalement été beaucoup plus agité et mouvementé que je ne l’aurais cru ou pensé.

J’ai quand même été secoué dans tous les sens, mais ça en valait la peine.

Car après ce trajet assez éprouvant, je me retrouve enfin face à l’île d’Eyden-Stood.

Elle est là, juste devant moi, juste sous mes yeux.

Massive, imposante, et complètement entourée par la mer.

Je suis à la fois excitée, mais aussi peut-être un peu nerveuse.

Je n’y ai pas mis les pieds depuis si longtemps, et même si ce n’est pas la première fois que je m’y rends, j’ai une drôle d’impression qui me transperce presque immédiatement !?

Je n’arrive pas à mettre de mots dessus, mais elle est bien là, et j’ai même l’impression qu’elle commence à s’ancrer en moi, sans même que je ne puisse l’en empêcher.

Et puis, sans trop que je m’en rende compte, le bateau commence à accoster.

Il ralentit en s’approchant d’un petit quai fait de rondins de bois, et dès que mes yeux balayent l’endroit, mon regard se pose immédiatement sur mes grands-parents.

Je souris en les fixant.

Ils sont au loin, sur le bord de la plage.

Juste droit devant moi.

Et ils attendent tout simplement.

Tout en me faisant de grands signes de la main.

Eux aussi, ils attendent tout autant impatiemment que moi, mon arrivée immédiate sur la plage.

À cet instant précis, une vague de chaleur et de joie m’envahit presque instinctivement.

Enfin, je suis là.

Enfin, ils sont là.

Et enfin, on va pouvoir profiter les uns des autres pendant cette petite semaine qui s’offrent à moi…