Son regard ne me lâche pas. Il me transperce avec toujours cette même intensité. Et j’ai cette étrange sensation qu’il est tout aussi fasciné que moi. — Quel âge as-tu ? Sa voix est ferme encore une fois. Il garde la tête légèrement inclinée, les yeux plantés dans les miens. En plein dans le mille, même. Mais cette fois-ci encore… Je ne réponds pas. Pas parce que je ne trouve pas les mots. Non , non… Mais simplement parce que je n’en ai pas envie. Je détourne légèrement le regard. Son torse contre le mien, son souffle chaud qui ricoche sur ma joue, son odeur si particulière qui envahi mes narines… c’est trop. Trop pour moi. Trop pour mon esprit embrouillé. — Laisse-moi descendre, s’il te plaît. Je le crache, d’un simple souffle. — Non ! Il répond d’une voix sèche. Je lève les yeux vers lui. Il ne bouge pas. Il est sérieux. Sûr de lui. Autoritaire même. — Je t’ai dit… laisse-moi descendre. Il secoue la tête. — Tu ne tiens même pa
Il me tend à nouveau sa main. — Viens. — Je vais te ramener chez toi. Je le regarde, le souffle court. Chez moi ? Après tout ça ? Après lui ? Après son regard ? Après ce qu’il vient de dire et ce qu’il n’a pas dit ? — Non. je le crache. Simplement. Fermement. Il fronce un sourcil et relève l’autre. Un vrai froncement, cette fois. Moins surpris, plus… intéressé . — Non ? Je hoche la tête et ne lâche pas son regard. — Non. — Je ne veux pas rentrer. — Pas tout de suite, en tout cas. Il me dévisage un instant. Le silence s’étale. Puis ses lèvres s’étirent lentement dans un sourire étrange, presque satisfait. — Tu refuses l’aide de l’homme qui vient de te sauver la vie ? — Tu es bien inconsciente… Je lève les yeux au ciel et secoue la tête. — Je suis extrêmement reconnaissante de ce que tu as fait pour moi. — Mais je refuse qu’on décide à ma place. — Ou qu’on me force à faire quoi que ce soit. Il rit. Un peu. Puis be
Il enclenche le pas, resserre fermement ses doigts autour des miens et me tire derrière lui. Il marche assez vite. Peut-être sans même s’en rendre compte. Et moi, je ne dis rien. Je le suis simplement. Je me laisse traîner derrière lui. Je suis quand même assez surprise de mon comportement. De cette facilité que j’ai eu à accepter son offre. Mais je sais , que si j’aurais refusé, j’aurais forcément loupé quelque chose. Je passe mes yeux un peu partout. Tout en tentant de mémoriser chaque endroit où nous passons. D’abord un sentier bordé de plantes sauvages. Puis la forêt. Il s’enfonce dedans. Mais moi aussi par la même occasion. À mesure qu’on avance droit devant nous, la lumière passe de moins en moins dans les feuillages des immenses arbres. La forêt s’assombrit. Le soleil filtre à peine. Et puis très rapidement… Le chemin devient rocailleux, et quelques mètres plus loin, beaucoup plus humide et boueux. La végétation devient plus dense aussi
Et clairement , il faut que j’en sache plus sur lui, alors je lui lance. — Tu t’appelles comment, en fait ? — Tu ne m’as même pas encore dit ton prénom. Il sourit en coin , et me répond immédiatement : — Kalyus. Je reste surprise. — Kalyus ?? Il hoche la tête. — C’est ça . Je le regarde avec un peu plus d’insistance. — Et ? — C’est ton vrai prénom ? Il incline la tête et relève aussi un sourcil. — Oui. Sa réponse est brève. Sèche peut être même aussi. En réalité , je trouve qu’il a un prénom original et pas commun. Je ne l’ai jamais entendu nulle part avant aujourd’hui. Je hoche la tête. Et j’enchaîne. — Et tu as quel âge , Kalyus ? — Trente ans , Mira. Il répond sans me lâcher du regard. Et moi, je ne baisse pas les yeux non plus. Puis il me sourit, à peine. D’un petit sourire en coin. Je hoche la tête à nouveau. Je ne m’étais pas trompé , je me doutais qu’il avait une trentaine d’année. — J’imagine que tu vis sur l’île ?
Et puis, sans jamais me lâcher du regard, il fait le dernier pas qui nous sépare. Il me fixe. D’un regard plus sombre. Plus dure. Et fronce les sourcils tout en sentant brièvement l’odeur du dessus de mes cheveux. Mon corps se tend. Un peu comme mon cœur, je suppose. Et la, il descend lentement sa main dans l’eau. Délibérément même je dirais. Pas en cachette. Pas en douceur non plus. Juste lentement. Il retient un sourire. Et sa main disparaît. Sous la surface claire de l’eau. — Ne bouge pas. J’aspire une petite bouffée d’air, et coupe mon souffle. C’est pas une demande. C’est un ordre. Sec, calme, grave. Un ordre que j’exécute instantanément. Sans protester. Sans rien dire. Et puis… Je retiens ma respiration. Je sens ses doigts glisser sur ma cuisse. D’abord lentement. Puis plus rapidement. Puis plus haut. Ils remontent, caressent du bout de ses doigts , et s’attardent. Puis frôle. Effleure. Explore.Je me perd. Je f
Il secoue la tête. Encore et encore. — Tu aurais dû fuir, Mira. — Je ne suis pas celui que tu crois. Et sans me laisser le temps de réagir, il se penche sur moi. Et m’embrasse. Pas doucement. Pas tendrement non plus. Mais plutôt avec cette intensité brute et affamée qu’il contient. Comme s’il attendait ce moment depuis une éternité. Comme si, retenir ce désir l’avait torturé. Il grogne de nouveau contre mes lèvres. Ses doigts s’enfoncent un peu plus fermement dans ma nuque. Son autre main descend, glisse sur mon corps , et attrape l’une de mes hanches avec force. — Hhhm Il me plaque contre lui. Je gémis. Je n’ai plus d’air. Plus d’équilibre. Plus rien d’autre que lui. Ses lèvres quittent les miennes un court instant pour plonger dans mon cou. Il respire profondément mon odeur. Puis imprègne ses narines de mon si délicieux parfum. — Ton odeur, Mira. — Je la reconnaîtrais entre mille. Il me mord. Pas trop fort. D’un simple mordi
Je passe une main sur mon cou, là où il m’a mordue. Peut être pour m’assurer que tout cela vient bien de se produire. Ma peau est chaude. Sensible. Douloureuse. Je sens même mon propre pouls battre contre mes doigts. Awwwh ! J’ai mal. Mais ce n’est pas ce qui me perturbe le plus. C’est lui. Son geste. Sa réaction. Ce qu’il a laissé transparaître, et ce qu’il a tenté de cacher juste après. Je le fixe toujours. Et lui, il continue juste de secouer la tête. Il s’est reculé mais il ne part pas. Il ne sort pas non plus de l’eau. Il reste là, mais à bonne distance. Un peu comme si il se battait contre lui même. Je fronce les sourcils malgré moi. Je ne parle pas. Je réfléchis. Pourquoi il a fait ça ? Pourquoi aussi fort ? Pourquoi s’arrêter juste après ? Et aussi pourquoi ce regard ? Ce n’était pas un jeu. Pas un simple délire de domination. Il y avait autre chose derrière ce geste. C’était incontrôlé. Impulsif. Sanguin.
Moi, c’est Mira. J’ai bientôt 20 ans, et ma vie ressemble à celle de n’importe quelle étudiante en psychologie : — Des montagnes de livres à étudier.— Des examens à répétition.— Et un rythme de travail infernal et acharné. J’adore ce que je fais, mais le soucis, c’est que je n’ai plus de temps pour respirer, je n’ai plus une seule seconde pour moi. Alors, il y a des jours où j’ai l’impression que tout est un peu trop lourd pour mes épaules.L’université est loin de la tranquillité que j’aurais souhaitée, surtout en ce moment. Mes examens approchent à grands pas et je me sens noyée sous les révisions. J’ai même parfois l’impression de suffoquer. Les journées semblent toutes se ressembler, et chaque nuit, je suis réveillée par mes propres angoisses. Par mes propres peurs. Et je crois , que je n’ai jamais eu autant besoin de calme, de silence, de nature, et de quelque chose qui puisse me permettre de souffler , mais aussi de me reposer et de me retrouver.Alors , c’est là que
Je passe une main sur mon cou, là où il m’a mordue. Peut être pour m’assurer que tout cela vient bien de se produire. Ma peau est chaude. Sensible. Douloureuse. Je sens même mon propre pouls battre contre mes doigts. Awwwh ! J’ai mal. Mais ce n’est pas ce qui me perturbe le plus. C’est lui. Son geste. Sa réaction. Ce qu’il a laissé transparaître, et ce qu’il a tenté de cacher juste après. Je le fixe toujours. Et lui, il continue juste de secouer la tête. Il s’est reculé mais il ne part pas. Il ne sort pas non plus de l’eau. Il reste là, mais à bonne distance. Un peu comme si il se battait contre lui même. Je fronce les sourcils malgré moi. Je ne parle pas. Je réfléchis. Pourquoi il a fait ça ? Pourquoi aussi fort ? Pourquoi s’arrêter juste après ? Et aussi pourquoi ce regard ? Ce n’était pas un jeu. Pas un simple délire de domination. Il y avait autre chose derrière ce geste. C’était incontrôlé. Impulsif. Sanguin.
Il secoue la tête. Encore et encore. — Tu aurais dû fuir, Mira. — Je ne suis pas celui que tu crois. Et sans me laisser le temps de réagir, il se penche sur moi. Et m’embrasse. Pas doucement. Pas tendrement non plus. Mais plutôt avec cette intensité brute et affamée qu’il contient. Comme s’il attendait ce moment depuis une éternité. Comme si, retenir ce désir l’avait torturé. Il grogne de nouveau contre mes lèvres. Ses doigts s’enfoncent un peu plus fermement dans ma nuque. Son autre main descend, glisse sur mon corps , et attrape l’une de mes hanches avec force. — Hhhm Il me plaque contre lui. Je gémis. Je n’ai plus d’air. Plus d’équilibre. Plus rien d’autre que lui. Ses lèvres quittent les miennes un court instant pour plonger dans mon cou. Il respire profondément mon odeur. Puis imprègne ses narines de mon si délicieux parfum. — Ton odeur, Mira. — Je la reconnaîtrais entre mille. Il me mord. Pas trop fort. D’un simple mordi
Et puis, sans jamais me lâcher du regard, il fait le dernier pas qui nous sépare. Il me fixe. D’un regard plus sombre. Plus dure. Et fronce les sourcils tout en sentant brièvement l’odeur du dessus de mes cheveux. Mon corps se tend. Un peu comme mon cœur, je suppose. Et la, il descend lentement sa main dans l’eau. Délibérément même je dirais. Pas en cachette. Pas en douceur non plus. Juste lentement. Il retient un sourire. Et sa main disparaît. Sous la surface claire de l’eau. — Ne bouge pas. J’aspire une petite bouffée d’air, et coupe mon souffle. C’est pas une demande. C’est un ordre. Sec, calme, grave. Un ordre que j’exécute instantanément. Sans protester. Sans rien dire. Et puis… Je retiens ma respiration. Je sens ses doigts glisser sur ma cuisse. D’abord lentement. Puis plus rapidement. Puis plus haut. Ils remontent, caressent du bout de ses doigts , et s’attardent. Puis frôle. Effleure. Explore.Je me perd. Je f
Et clairement , il faut que j’en sache plus sur lui, alors je lui lance. — Tu t’appelles comment, en fait ? — Tu ne m’as même pas encore dit ton prénom. Il sourit en coin , et me répond immédiatement : — Kalyus. Je reste surprise. — Kalyus ?? Il hoche la tête. — C’est ça . Je le regarde avec un peu plus d’insistance. — Et ? — C’est ton vrai prénom ? Il incline la tête et relève aussi un sourcil. — Oui. Sa réponse est brève. Sèche peut être même aussi. En réalité , je trouve qu’il a un prénom original et pas commun. Je ne l’ai jamais entendu nulle part avant aujourd’hui. Je hoche la tête. Et j’enchaîne. — Et tu as quel âge , Kalyus ? — Trente ans , Mira. Il répond sans me lâcher du regard. Et moi, je ne baisse pas les yeux non plus. Puis il me sourit, à peine. D’un petit sourire en coin. Je hoche la tête à nouveau. Je ne m’étais pas trompé , je me doutais qu’il avait une trentaine d’année. — J’imagine que tu vis sur l’île ?
Il enclenche le pas, resserre fermement ses doigts autour des miens et me tire derrière lui. Il marche assez vite. Peut-être sans même s’en rendre compte. Et moi, je ne dis rien. Je le suis simplement. Je me laisse traîner derrière lui. Je suis quand même assez surprise de mon comportement. De cette facilité que j’ai eu à accepter son offre. Mais je sais , que si j’aurais refusé, j’aurais forcément loupé quelque chose. Je passe mes yeux un peu partout. Tout en tentant de mémoriser chaque endroit où nous passons. D’abord un sentier bordé de plantes sauvages. Puis la forêt. Il s’enfonce dedans. Mais moi aussi par la même occasion. À mesure qu’on avance droit devant nous, la lumière passe de moins en moins dans les feuillages des immenses arbres. La forêt s’assombrit. Le soleil filtre à peine. Et puis très rapidement… Le chemin devient rocailleux, et quelques mètres plus loin, beaucoup plus humide et boueux. La végétation devient plus dense aussi
Il me tend à nouveau sa main. — Viens. — Je vais te ramener chez toi. Je le regarde, le souffle court. Chez moi ? Après tout ça ? Après lui ? Après son regard ? Après ce qu’il vient de dire et ce qu’il n’a pas dit ? — Non. je le crache. Simplement. Fermement. Il fronce un sourcil et relève l’autre. Un vrai froncement, cette fois. Moins surpris, plus… intéressé . — Non ? Je hoche la tête et ne lâche pas son regard. — Non. — Je ne veux pas rentrer. — Pas tout de suite, en tout cas. Il me dévisage un instant. Le silence s’étale. Puis ses lèvres s’étirent lentement dans un sourire étrange, presque satisfait. — Tu refuses l’aide de l’homme qui vient de te sauver la vie ? — Tu es bien inconsciente… Je lève les yeux au ciel et secoue la tête. — Je suis extrêmement reconnaissante de ce que tu as fait pour moi. — Mais je refuse qu’on décide à ma place. — Ou qu’on me force à faire quoi que ce soit. Il rit. Un peu. Puis be
Son regard ne me lâche pas. Il me transperce avec toujours cette même intensité. Et j’ai cette étrange sensation qu’il est tout aussi fasciné que moi. — Quel âge as-tu ? Sa voix est ferme encore une fois. Il garde la tête légèrement inclinée, les yeux plantés dans les miens. En plein dans le mille, même. Mais cette fois-ci encore… Je ne réponds pas. Pas parce que je ne trouve pas les mots. Non , non… Mais simplement parce que je n’en ai pas envie. Je détourne légèrement le regard. Son torse contre le mien, son souffle chaud qui ricoche sur ma joue, son odeur si particulière qui envahi mes narines… c’est trop. Trop pour moi. Trop pour mon esprit embrouillé. — Laisse-moi descendre, s’il te plaît. Je le crache, d’un simple souffle. — Non ! Il répond d’une voix sèche. Je lève les yeux vers lui. Il ne bouge pas. Il est sérieux. Sûr de lui. Autoritaire même. — Je t’ai dit… laisse-moi descendre. Il secoue la tête. — Tu ne tiens même pa
Et dans un dernier regard suppliant vers la surface… Je crois voir quelque chose. Mes yeux s’ouvrent dans un dernier espoir de survie. Quelqu’un. Non. Pas quelqu’un. Quelque chose. Et puis… J’en suis sûre. Deux yeux s’arrêtent face à moi. Rouges. Immenses. Le loup. Ce loup. Mon loup. Il est là. Il a plongé pour me sauver. Mais, mes paupières sont trop lourdes. Tout se brouille. Tout va trop vite. Ou peut être un peu trop doucement. Je perds connaissance. Mes yeux se ferment. Le noir. Le néant de mon âme. Combien de temps ? Je sais pas ! Quand j’ouvre les yeux à nouveau, je suis allongée sur de la terre mouillée. J’aspire une grande bouffée d’air. Puis une autre. Je tousse violemment. De l’eau me remonte dans la gorge. J’ai envie de vomir à cause de toute l’eau salée que j’ai avalé. Je fixe droit devant moi. Choquée. Confuse. C’est la que mon regard se pose vraiment sur lui. Un homme est penché au-dessus d
Les minutes s’étirent. Une bonne demie heure s’écoule devant nous. La tension retombe lentement , et elle finit même par disparaître totalement. C’est ce moment que je choisis pour demander à mes grands-parents s’ils veulent partager une ballade avec moi autour de l’île. — Papi, mamie , ça vous dit de me faire visiter l’île ? Mon grand-père relève la tête vers moi et rigole. — Oulah, ma chérie… — Tu sais ici, à cette heure-là, c’est le moment de la sieste. Il sourit , hoche la tête et ajoute. — Mais si tu patientes jusqu’à 16 heures, nous irons faire le tour de l’île ensemble, promis Je me dis tout de suite qu’ils ont du se lever très tôt, et qu’ils doivent être fatigués. Alors, j’accepte tout de suite en hochant la tête. — Pas de souci, papi. — Reposez-vous bien. — Ne t’inquiète pas , j’attendrai patiemment jusqu’à 16 heures. Il me sourit, visiblement satisfait par ma réponse , et sans un mot de plus il rejoint assez rapidement l’étage. De mon côté, je m’install