~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~
_ Chéri ? Le petit déjeuner est servi !!
Je lance à mon mari, Rick, qui se trouve encore dans la chambre en train de se préparer. J'entends le bruit des tiroirs qui s'ouvrent et se ferment, signe qu'il cherche désespérément quelque chose.
_ D'accord, j'arrive !! M'a-t-il répondu.
Je continue à préparer la table, disposant soigneusement les assiettes et les couverts. Le parfum du café fraîchement préparé emplit la pièce et je ne peux m'empêcher de sourire. Je prends ensuite mon petit bout de chou, Roy, et le place sur mes genoux en m'asseyant à la table.
_ C'est qui le petit trésor de maman ? C'est qui ? Dis-moi qui c’est.
Je lui fais des chatouilles et il rit aux éclats. C'est mon fils. Il s'appelle Roy, comme roi. C'est moi qui l'ai nommé comme ça, car je voulais qu'il sache qu'il est précieux et unique.
Quand j'arrête de le chatouiller, il me murmure d'une voix douce :
_ Maman... Gâteau...
_ Gâteau ? Donc comme ça le petit coquin veut des gâteaux hein...
Il rit aux éclats et je ne peux m'empêcher de rire avec lui.
_ Ne t'inquiètes pas, tu vas manger beaucoup de gâteaux, je te promets.
Je lui fais un clin d'œil, amusée par son impatience.
Au même moment, Rick sort de la chambre et j'entends ses pas se diriger vers nous. Lorsqu'il arrive près de moi, je remarque qu'il est vachement bien habillé ce matin. Son costume est impeccable, mais sa cravate... ah cette cravate ! Elle est encore mal nouée. Je ne sais pas si c'est fait exprès ou s'il ne sait toujours pas comment faire.
Je roule des yeux et pose Roy sur le tapis pour venir l'aider à nouer cette cravate récalcitrante.
_ Tu es vraiment très élégant, lui murmuré-je en ajustant le nœud avec douceur.
_ Merci, mon amour, me répond-il avec un beau sourire.
_ J'espère que cette fois, ce sera la bonne.
Je tire légèrement sur la cravate pour vérifier si elle tient bien en place.
_ Je l'espère aussi, dit-il en riant légèrement.
En fait, Rick n'est pas vraiment mon mari. On a un enfant et on vit ensemble, mais on n'a pas encore signé le contrat de mariage. Il prend soin de moi et il me respecte autant que je le respecte. Il est comme mon époux, alors je l'appelle mon mari.
On s'est rencontrés il y a trois ans. À l'époque, j'avais dix-neuf ans et lui, vingt-deux. Je vendais des croissants et des beignets faits maison. Je l'ai croisé par hasard dans le Queens. On a fait connaissance, il m'a acheté quelques beignets et il m'a remis sa carte.
Bien évidemment, je ne l'ai pas appelé. Pour moi, c'était trop beau pour être vrai. J'étais orpheline, abandonnée à moi-même ; je n'ai jamais connu mon père et ma mère est morte quand j'avais quinze ans. Je n'avais que le brevet et j'ai dû laisser l'école. Rencontrer un homme riche qui s'intéresserait vraiment à moi, c'était comme un conte de fées et je refusais de croire que c'était réel.
Mais on s'est rencontrés à nouveau. Cette fois-là, il a insisté pour prendre mon numéro. J'ai fini par le lui donner et on est devenus amis. Je craquais pour lui, mais je n'osais pas le dire. Il était très, mais alors très beau. En plus, il était intelligent, charismatique et... même si je ne suis pas matérialiste... j'aimais le fait qu'il soit riche.
Il m'a proposé de reprendre mes études, mais je ne voulais pas. Je crois que j'avais plus envie d'étudier ; c'était plus pour moi.
Lorsque je suis tombée enceinte de Roy, l'entreprise où il travaillait en tant que PDG a fait faillite. Malgré tous les efforts qu'il a fournis, il n'a pas pu la remettre sur pied. L'entreprise a fermé et depuis, il est chômeur. Ses économies sont amenuisées et on vit de mon salaire.
Je travaille dans une pâtisserie à Brooklyn. Ça paie bien, genre mille cinq cents dollars par mois. L'appartement où on vit lui appartient alors on ne paie pas de loyer.
Il a déposé un dossier dans une entreprise qui l'a appelé pour passer l'entretien d'embauche aujourd'hui. Il a déjà passé assez d'entretiens pour toute une vie alors j'espère que cette fois-ci ça sera la bonne.
Il me fait un bisou sur le front avec un air protecteur. J'adore quand il se comporte comme ça. Il se penche ensuite vers Roy et le prend dans ses bras.
_ Salut, toi, dit-il d'une voix douce, presque chantante. Comment vas-tu, mon grand ?
_ Papa... répond Roy en battant des mains et en sautillant dans ses bras.
Je ne peux pas m'empêcher de fondre devant la scène. Roy est tellement adorable. Rick colle son front contre le sien et murmure :
_ Quel mignon garçon. Tu ressembles de plus en plus à ta mère, toi.
Je lève les yeux au ciel en souriant.
_ Hey, dis-je. Je suis là, moi. Et tu sais bien que celui à qui il ressemble, c'est pas moi.
Rick me regarde avec un air taquin.
_ T'as vu son nez ? me demande-t-il.
_ Oui mais c'est tout ce qu'il a pris de moi, je réponds en riant.
Il fronce les sourcils et je ne peux m'empêcher de trouver ça encore plus mignon.
_ Tu veux dire que ses ongles sont aussi les miens ? dit-il en plissant les yeux.
Je sais que je vais devoir jouer le jeu encore un peu.
_ Bon, peut-être ses ongles aussi, je réponds avec un sourire.
_ Et ses cheveux ?
Il plisse encore plus les yeux, et je sens que je vais bientôt craquer et me jeter sur lui pour l’embrasser.
_ Rick, arrête de trouver d'autres points de ressemblance parce qu'il ne me ressemble pas du tout, dis-je en riant.
Rick fit un bisou sur le front de Roy. Je les observe tous les deux et un sourire se dessine sur mes lèvres. Il y a quelque chose de tellement beau dans cette scène. J'adore les voir interagir ensemble. Rick agit comme s'il voulait préserver son fils du monde extérieur, comme s'il était prêt à se battre pour son bonheur.
_ Tu sais, Roy, j'espère que tu ne prendras pas trop de choses de ton père. Je ne suis pas prête à avoir une mini-version de lui qui fronce les sourcils tout le temps, je lui lance en riant.
Rick lève les yeux vers moi, feignant l'indignation, mais je peux voir le sourire qui danse sur ses lèvres.
_ Oh vraiment ? Tu préfères qu'il prenne ton sens de l'humour ? Je ne suis pas sûr qu'on soit prêts pour ça.
Je me mets à rire. Il a raison. À côté de ses petites manies adorables, Roy a hérité d'une bonne dose de mon sarcasme. Je me demande parfois comment il parvient à jongler entre nous deux sans perdre son équilibre.
_ Allez, viens manger avant que je ne change d'avis et que je ne te laisse pas le garder pour toujours, je dis en tirant la chaise pour lui faire signe de s'asseoir.
Il se laisse tomber sur la chaise, Roy sur ses genoux, et je remarque la tendresse dans son regard. Rick est un père formidable, et même si sa possessivité peut parfois être agaçante, elle montre à quel point il aime notre fils. Je tente de prendre mon fils dans mes bras, mais Rick tape ma main gentiment.
_ C'est mon fils, me dit-il avec cet air possessif qui me fait sourire. Tant que je ne t'ai pas demandé de le reprendre, tu me le laisses.
Je roule des yeux en soupirant légèrement.
_ Je suis là aussi, tu sais. Et je suis censée être la maman ici, je m'exclame en feignant une fausse jalousie.
Rick tourne la tête vers moi et me lance un regard complice.
_ Ne t'inquiète pas, je te laisserai un peu de place dans son cœur... Mais pour l'instant, il est tout à moi.
Je secoue la tête avec amusement. Il y a quelque chose d'irrésistible dans sa façon d'être avec Roy. Alors que nous commençons à manger ensemble, je ne peux m'empêcher de penser à quel point notre petite famille est parfaite dans son imperfection.
***
À la fin du petit-déjeuner Rick s'est rendu à son entretien d'embauche et moi, après avoir débarrassé la table, j'ai pris quelques instants pour me préparer moi-même. J'ai enfilé une tenue confortable mais professionnelle, avant de m'assurer que tout était en ordre pour Roy.
Une fois prête, j’ai pris mon fils dans mes bras, et, ensemble, nous nous sommes dirigés vers l'arrêt de bus. Le bus est arrivé rapidement, et je me suis installée en posant Roy sur mes cuisses et en lui racontant une petite histoire pour le distraire pendant le trajet vers Brooklyn.
En arrivant à la pâtisserie, j'étais pile à l'heure. En entrant dans les vestiaires, j'ai été accueillie par Lenny qui m'a tout de suite repérée.
_ Oh... Tu es venue avec Roy, aujourd'hui ? demanda-t-elle avec un sourire chaleureux.
_ Oui, répondis-je en souriant à mon tour. Rick avait un entretien et sa baby-sitter est allée en cours alors...
Lenny s'approcha et prit Roy dans ses bras avec tendresse.
_ Salut, toi, lui dit-elle d'une voix douce. Dis-donc qu'est-ce que tu grandis...
_ Bonjour... Tata !! s'exclama Roy en riant.
_ Bonjour mon petit chéri, répondit Lenny avec un sourire qui illuminait son visage.
Je les observais tous les deux avec tendresse. Lenny était ma meilleure amie. C'est grâce à elle que je travaille à la pâtisserie.
_ Je vais le déposer dans la garderie, propose Lenny.
_ D'accord, je t'attends alors, je lui réponds en faisant une bise à Roy.
Elle l'emmène à la garderie et, les minutes suivantes, on s'est mises au travail. On a commencé par les cookies, puis les croissants, puis les petits gâteaux. Ensuite, on est passé sur les gâteaux commandés.
Deux heures plus tard, je reçois un appel de Rick. Je décroche, sans attendre.
_ Mon amour ? dis-je après avoir décroché. Ça s'est bien passé ?
_ J'ai donné le meilleur de moi-même comme d'habitude, me répond-il d'un air triste.
_ Et ... ?
_ Ils m'ont dit qu'ils me rappelleront.
Je pousse un soupir et je murmure :
_ La même chanson !!
_ Ils ne veulent pas travailler avec l'ex PDG d'une entreprise qui a fait faillite, me dit-il.
_ Je suis désolée, chéri.
_ Ne t'inquiètes pas. Je viens chercher Roy.
_ D'accord, à tout de suite.
_ À tout de suite.
Je raccroche et je soupire encore une fois. C'est vraiment injuste. Pourquoi Rick doit-il traversé autant d'étape pour avoir un boulot ? Pourquoi la vie lui donne-t-il autant de fils à retordre ?
Quelques minutes plus tard, il est venu et je lui ai confié Roy. Je le regarde jouer avec notre fils, et un sourire se dessine sur mon visage. La complicité entre eux est palpable, et je me sens incroyablement chanceuse de les avoir dans ma vie. Lenny, toujours observatrice, ne tarde pas à faire un commentaire.
_ Ton mari est de plus en plus beau, me lance-t-elle avec un sourire espiègle.
Je sursaute et me tourne vers elle, surprise par sa remarque. Elle le dit à chaque fois qu'elle le voit.
_ Quoi ? Je dis que la vérité, me répond-elle avec un clin d'œil. Regarde-moi cette silhouette, ce corps.
Je me retourne pour observer Rick. C'est vrai qu'il est magnifique. Son corps musclé attire les regards, sa taille de basketteur impressionne, et ses yeux marron semblent tout aspirer. Ses lèvres... Je ne devrais pas y penser, sinon je vais baver.
_ T'as trop de chance, Cassie, continue-t-elle. Il est parfait.
_ Tu as raison, murmuré-je en soupirant. Il est parfait.
Je ressens une chaleur monter en moi alors que je repense à tous les moments que nous avons partagés. Rick a toujours été là pour moi, et notre amour a grandi au fil du temps.
Lenny observe Rick avec admiration avant de se tourner vers moi.
_ Franchement, je ne comprends pas comment tu fais pour rester si calme avec un homme comme ça à la maison.
Je lui adresse un sourire complice.
_ C’est parce que je sais qu’il est dévoué. C’est ça qui compte le plus.
Elle lève les yeux au ciel comme si elle n'était pas convaincue.
_ Bien sûr. Mais j'imagine qu’un petit flirt ici et là ne ferait pas de mal.
Je secoue la tête en riant.
_ Tu es incorrigible !
Nous continuons à discuter tout en observant Rick et Roy jouer ensemble. Chaque éclat de rire de Roy résonne comme une mélodie douce à mes oreilles. Je me sens comblée.
Soudain, Rick se retourne vers nous avec un grand sourire. Je sais qu'il est triste, il essaie juste d'être fort pour nous. Il a toujours été comme ça.
_ Alors, on parle de moi ? demande-t-il avec un air faussement innocent.
Lenny éclate de rire.
_ Juste des choses élogieuses sur ta beauté et ton charme irrésistible, répond-elle.
Rick rougit légèrement et me lance un regard complice.
_. Ah, je savais que je pouvais compter sur vous deux pour m’encenser.
Je me mets sur la pointe des pieds et lui fais une bise sur la joue avant d'ajouter :
_ Ce n'est pas juste des mots vides. C’est la vérité.
Il prend Roy dans ses bras et le soulève dans les airs, provoquant des gazouillis joyeux chez notre fils.
_ Je suis flatté, me dit-il. Passe une belle journée, on discutera ce soir.
_ D'accord, chéri, je réponds.
_ Je t'aime.
_ Je t'aime aussi.
Il m'embrasse et s'en va avec notre fils. Après les avoir regardés disparaître au loin, je suis retournée travailler. Je ne m'en rends toujours pas compte mais je suis très chanceuse d'avoir Rick et Roy dans ma vie.
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Après avoir récupéré mon fils chez Cassie, j'ai pris le bus pour me rendre dans le Bronx pour voir ma mère. Je me sens un peu triste en ce moment. Ce n'est pas la première fois que je passe un entretien et que ça ne donne rien. Mais je me sens toujours très triste à chaque fois. Je me sens un peu perdu, comme si je tournais en rond dans un labyrinthe sans issue. Le bus cahote sur les routes du Bronx, et je serre Roy contre moi. Quand nous atteignons enfin le Bronx, je prends une grande inspiration avant de sortir du bus. Ensuite, je me dirige vers l’appartement de ma mère. Dès que j’ouvre la porte, l’atmosphère change. Ma mère est là, assise dans le canapé en train de tricoter un pull. _ Bonjour, maman, lui lancé-je en m'approche. _ Bonjour, mon petit Rick, le répond-elle. Je lui fais là bise et elle prend Roy dans ses bras avec une douceur infinie. _ Mon petit trésor. Mon petit Rick, chéri. Regarde comme tu as grandi. Tu es devenu un gran
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Quelques heures après qu'on soit rentrés, Roy, s'était affalé sur le canapé, son visage rouge et en sueur. Je m'approche de lui et je sens tout de suite qu'il a de la fièvre. L'angoisse me prend à la gorge ; je ne sais pas quoi faire. Dans un geste impulsif, j'attrape mon téléphone et compose le numéro de Cassie. Elle arrive à la maison presque immédiatement. Elle se met au travail sans perdre une seconde : elle prend la température de Roy, lui donne un antipyrétique et prépare des compresses froides pour essayer de faire baisser la fièvre. Je reste là, en retrait et observe ses gestes. Alors que je la regarde s'affairer autour de notre fils, elle se tourne vers moi avec une question qui me prend par surprise. _ Tu comptes aller à la fête ce soir ? Je balbutie, incapable de masquer ma confusion. _ Ce... Ce soir ? _ Oui, ce soir. À Manhattan. Devy m'a appelée, tu sais. J'aurais dû deviner. Devy. C'est la petite amie de Marc. Elle n'est p
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je n'ai aucune envie d'organiser une soirée pour me présenter à tous et me faire des alliés. C'est une idée de Marcos, mon bras droit, qui pense que cela pourrait m'aider à gagner le respect des autres. Comme si un simple rassemblement pouvait effacer le fait que je suis l'héritière d'un empire, orpheline depuis quelques mois. Alors que je n'ai que vingt-quatre ans. Mes parents sont morts dans un crash d'avion, laissant derrière eux non seulement leur richesse incommensurable, mais aussi une pression écrasante. Ils étaient extrêmement riches, tellement riche qu'aucune entreprise dans tout les États-Unis ne pouvait rivaliser avec les entreprises White. Même pas le Walmart, des Walton. En entrant dans la salle de fête, je sens déjà les regards sur moi. Les chefs d'entreprise se pressent autour des buffets et échangent des sourires faux et des politesses superficielles. Je les salue un à un, reconnaissant leurs visages grâce aux longues séances de pré
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je la regarde partir avec l'homme qui est venu la chercher. Veronica est étrange, c'est vrai, mais je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine excitation. J'ai saisi l'opportunité comme Cassie me l'a conseillé, et maintenant, j'ai un rendez-vous. C'est tout simplement parfait. J'espère juste qu'elle ne va pas m'envoyer balader demain. Je suis sur le point de me rasseoir, le cœur léger, lorsque mon téléphone vibre dans ma poche. Un appel de Cassandra. Le sourire aux lèvres, je décide d'y répondre pour lui parler du rendez-vous. Mais quand je décroche, ce sont des sanglots qui m'accueillent. _ Cassie, dis-je, paniqué. Qu'est-ce qu'il y a ? _ Rick... Rick, s'il te plaît, rejoins-moi... Rejoins-moi à l'hôpital. Mon cœur sursaute. Des pensées sombres me traversent l'esprit en un éclair, mais je les chasse rapidement. _ Qu'est-ce qui se passe, Cassie ? je demande en essayant de masquer mon anxiété. _ Rick... C'est notre fils... C'est Roy.
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je suis vraiment agacée par le comportement de Marcos. C'est mon bras droit, c'est vrai, mais ça ne lui donne pas le droit de m'interrompre comme il l'a fait. Je passais un bon moment, moi. Et même si je viens de rencontrer Melrick, j'ai un bon pressentiment à son sujet. Une fois loin du grand salon où la soirée bat son plein, je lui lance avec colère : _ C'était quoi ça ? Pourquoi est-ce que tu ne peux pas me laisser respirer deux secondes ? _ Il fallait que je te parle, me répond-il, comme si cela justifiait tout. _ Il fallait attendre. _ Si c'était moi seul, j'aurais pu attendre. Je fronce les sourcils. Je ne sais pas ce qui lui prend. Qui se croit-il pour interrompre mes instants de légèreté ? _ Et qui d'autre veut me parler ? je demande, agacée. À cet instant, une voix résonne derrière Marcos : _ Moi. Il se dégage et je découvre l'avocat de mon père, maître Davila. Mon cœur se serre. Qu’est-ce qu’il fait ici ? _ Maî
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Le jour se lève doucement, mais pour moi, le temps semble figé. Je suis resté au chevet de mon fils toute la nuit. Cassie, à mes côtés, n'a pas fermé l'œil non plus. Nous avons passé des heures à nous regarder, à échanger des mots muets. Il dort profondément, mais son sommeil est troublé par les machines qui émettent des bips réguliers, comme un rappel cruel de la fragilité de sa vie. Le docteur est passé ce matin. Il nous a dit que le traitement et l'intervention chirurgicale coûtent des millions de dollars. Deux ans en arrière, cette somme aurait été une formalité pour moi. Mais aujourd'hui... Aujourd'hui, je n'ai même pas cent dollars en poche. Cassie a épuisé ses économies, et je me sens comme un naufragé sur une île déserte, sans moyen de rejoindre le rivage. Que faire ? Qui demander de l'aide ? Je ne peux pas laisser mon fils tomber entre les mains du destin. Pas lui. Pas maintenant. Je tourne mon regard vers Cassie. Ses yeux sont cernés et r
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je suis sur le point de prendre mon petit déjeuner lorsque mon téléphone se met à vibrer doucement sur la table. Je regarde l'heure et je crois que c'est Melrick. J'en suis même certaine. Mon cœur s'emballe. Je prends le téléphone et je décroche. Nous avons commencé à parler. Mon Dieu !! Sa voix !! Elle est encore plus sexy au téléphone. Je lui propose de nous rencontrer dans dix petites minutes. Il doit penser que c'est une simple offre d'emploi, et en un sens, il ne se trompe pas. Mais au fond, mon désir va bien au-delà de cela. Je veux Melrick à mes côtés, pas seulement en tant qu’employé, mais en tant qu’homme dans ma vie. Je décide de préparer l’environnement parfait pour notre rencontre. Je me tourne vers la gouvernante, une femme que je juge souvent trop standard, et lui ordonne : _ Déplacez le petit déjeuner à la piscine et assurez-vous que tout soit impeccable dans les cinq prochaines minutes. _ Tout de suite, mademoiselle, rép
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je suis assise sur cette chaise inconfortable, les yeux rivés sur mon fils, allongé et inconscient, entouré de machines qui bipent. Je me sens tellement impuissante. Je suis sa mère, et pourtant, je n'ai pas pu le protéger. À peine un an et demi, il est déjà en train de se battre pour sa survie à cause de cette putain de maladie Cela fait maintenant deux heures que Rick est parti. J'espère qu'il a pu obtenir un rendez-vous après avoir parlé à cette personne avec qui il a échangé une carte. Je sais à quel point il souffre de ne rien faire, de se sentir inutile. Je lui souhaite tant de trouver un travail qui lui redonnera un sens à sa vie. Je suis perdue dans mes pensées lorsque ma belle-mère entre dans la chambre. Sans même me jeter un regard, elle se dirige vers mon fils et caresse doucement ses cheveux. Je vois des larmes perler dans ses yeux, et cela me touche malgré tout. _ Mon petit Rick, murmure-t-elle d'une voix tremblante. Mais qu'est-ce
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je traverse les couloirs de White Jewelry avec un sourire que je ne cherche même plus à dissimuler. Tous ceux que je croise me saluent avec politesse, certains s’attardent, intrigués par cette joie qui irradie de moi comme un soleil au zénith. Et comment leur en vouloir ? Je suis tout simplement épanouie. Rick… Mon Rick. Il a été parfait. Plus qu’un amant, plus qu’un partenaire. Cette semaine, il m’a rappelé pourquoi je me bats pour lui. Pourquoi il est à moi et pourquoi il restera à moi. Il m’a couverte de cadeaux, de tendresse, de baisers et de gestes fous. Il n’a même pas attendu que je le supplie. Il m’a fait l'amour comme s’il avait attendu des années pour ça. Chaque nuit, chaque matin. Et entre-temps ? Des mots doux, des caresses, des rires, des surprises… Il m’a regardée comme une déesse, comme si j'étais la seule. Il m’a même dit qu’il avait été idiot d’imaginer qu’une femme comme Cassandra pouvait être la bonne. Il m’a demandé pardon et m
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Il me dit qu’il m’aime, que c'est moi et seulement moi qui gouverne son cœur. Il me dit que Cassandra est partie et qu’elle avait tourné la page. Il me dit qu'il regrette son comportement de ces derniers jours. Oh mon Dieu !! Dites-moi que ce n'est pas un rêve et que je ne vais pas me réveiller. Dites-moi que ce n'est pas une hallucination et que tout ça est vrai. Je jubile intérieurement alors qu'il me parle. Je me retiens de sourire trop fort, de crier victoire trop vite mais je veux savourer ce moment et l’enfermer dans un écrin. Mais je ne veux pas seulement des mots, je veux plus. Je veux son corpsw je veux l’acte qui confirme tout, celui qui efface Cassandra, Roy, Greg, Zurich, et toutes leurs conneries. Alors, je me lève lentement et m’approche de lui. Je m’assois sur ses genoux, sans le quitter des yeux. _ Si tu m’aimes vraiment, Rick… alors prouve-le-moi. Je dégrafe un bouton de sa chemise, doucement. Il ne dit rien et continue
Je pousse la porte du salon et, comme je le pensais, Veronica est là, assise dans son fauteuil préféré, une coupe de vin rouge à la main, l’air fièrement tranquille. Je pousse la porte du salon et, comme je le pensais, Veronica est là, assise dans son fauteuil préféré, une coupe de vin rouge à la main, l’air fièrement tranquille. Je prends une profonde inspiration et m’avance vers elle et je m’assois lentement face à ell. Puis je pose mes coudes sur mes genoux et j'incline la tête, comme si j’étais accablé de regrets. _ Veronica… je suis désolé. Elle m’observe sans rien dire, elle a l'air méfiante mais je poursuis, la voix cassée volontairement. _ J’ai eu des nouvelles de Cassandra. Elle… elle a quitté le pays. Elles est à Zurich avec Roy et Greg. J’ai tout eu ce matin. Elle est partie sans même se retourner. Veronica cligne lentement des yeux. Elle tente de cacher sa réaction, mais je la vois se détendre légèrement. Je continue, posant ma main sur la sienne. _
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je redémarre la voiture en trombe. Mon cœur tambourine contre ma poitrine, pas à cause de la colère, mais du mélange explosif d’humiliation et de trahison. On a voulu me faire passer pour un idiot. On a menti sur Cassandra. Sur Greg. Et peut-être sur Roy. Je ne peux pas laisser passer ça. Je m’arrête net devant l’immeuble miteux où le détective m’avait donné rendez-vous quelques jours plus tôt. Il est seul, dans ce bureau sans charme, avec ses dossiers empilés comme les mensonges qu’il me sert depuis le début. Je claque la porte derrière moi et j'entre sans frapper. Il sursaute en me voyant. _ Monsieur Hart ? Je m’avance lentement, les yeux braqués sur lui. Il essaie de masquer sa nervosité, mais son regard fuyant le trahit. _ Vous m’avez menti, lancé-je. Ma voix est posée, mais froide et tranchante. _ Pardon ? Je ne comprends pas. Je balance le dossier qu’il m’a remis sur son bureau. _ Zurich ? Greg ? Des conneries. Cassandra
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Il est déjà neuf heures. Je suis dans mon bureau, penché sur les dossiers que je tente de lire depuis une heure, mais rien ne rentre. L’image de Cassandra s’impose dans mon esprit. Et Roy... ce gamin, mon fils, que je n’ai pas vu grandir. Mes poings se serrent. J’ai raté tant d’années. Puis j'entends un léger coup à la porte. Marcy n’est plus là, évidemment. C’est moi qui ai viré mon assistante. C’est Félix, l’un des agents de sécurité, qui entre en silence. _ Il y a un homme pour vous. Il dit que c’est... personnel. Je sais déjà de qui il s’agit. Je lui fais signe de le faire entrer. Le détective privé, Oscar Menley, entre dans le bureau. Il semble hésiter, presque gêné. _ J’ai du nouveau, Monsieur Hart. Je me lève, l'air impatient. _ Parlez. Il sort un dossier qu’il pose sur mon bureau. _ La femme que vous cherchiez, Cassandra Hurber, a quitté Newark peu après votre passage à l’hôtel Eden Park. _ Où est-elle allée ? je demande c
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je ne sais plus exactement à quel moment je perds le contrôle. Peut-être quand ses doigts glissent sur ma peau avec cette précision cruelle que seuls les souvenirs savent ranimer. Peut-être quand elle murmure ces mots, ses mots d’autrefois. Ceux qu’elle prononçait les nuits où je croyais encore qu’on avait un avenir. _ Tu me voulais chaque nuit… Oui. Je l’ai voulue... follement, passionnément. J’ai cru que je l’aimais et j'ai cru qu’elle m’aimait. Mais aujourd’hui, ce n’est plus ça. Ce qu’on partage là, maintenant, c’est une erreur. Une échappatoire. Et pourtant… Son corps contre le mien, sa voix qui me supplie, sa peau qui brûle la mienne… Tout me ramène à ce passé que j’essaie d’enterrer depuis trop longtemps. Et moi, comme un idiot, je me noie dedans. Je m’accroche à cette illusion, à cette chaleur qui ne guérit rien mais qui masque tout, l’espace d’un instant. Je la prends avec rage, avec besoin, avec une frustration que je n’avais mê
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je suis réveillée depuis l’aube. Il m'est impossible de dormir, même après la scène d’hier, même après ce qu’il ait dit qu'il va rester... ce n’est pas suffisant. Ce n’est jamais suffisant avec lui. Parce que je le sens : il n’est pas vraiment ici. Son corps peut bien être dans ce lit, mais son esprit et son cœur sont ailleurs. Peut-être même chez elle. Je sors du lit à pas comptés. Il dort encore, et je l’observe une seconde, mais je n’éprouve aucune tendresse. Juste ce besoin insupportable de contrôler ce que je ne peux plus. Mon téléphone vibre et je reçois un message. Enfin. « Appelle-moi. J’ai trouvé des infos sur Grégory Smith. » Je m’enferme dans le dressing et compose rapidement le numéro. _ Alors ? dis-je d’un ton sec. _ Greg Smith n’est pas le père des jumelles, annonce-t-il sans préambule. Je reste figée. Mes ongles s’enfoncent dans ma paume. _ Tu en es sûr ? _ Positif. Il a rencontré Cassandra pour la premièr
Je franchis la porte du manoir, le souffle court. J’ai l’impression d’étouffer, de devoir fuir avant que quelque chose n’éclate à nouveau. Mais à peine ai-je mis un pied dehors que j’entends un hurlement. _ RICK, NE PARS PAS !! Je me retourne brusquement et je vois Veronica dans l’encadrement de la porte. Ses yeux sont rouges, sa robe froissée, ses cheveux en bataille. Mais c’est le couteau dans sa main qui me fait tressaillir. _ Qu’est-ce que tu fais ? je souffle, horrifié. _ Si tu franchis cette porte, Rick, je me tue. Tu entends ? Je me coupe les veines ici, devant toi, je jure que je le ferai. Elle lève le couteau vers son poignet. Ma gorge se serre. Je repose mon sac à terre et m’approche lentement, les mains en avant. _ Veronica. Pose ce couteau. S’il te plaît. Ce n’est pas la solution. _ Tu veux partir ? Tu veux me laisser, comme ça ? Alors regarde-moi bien, Rick. Parce que je vais le faire et tu auras la mort sur ta conscience. _ Veronica... Tu vas t
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Il est presque deux heures du matin quand je pousse enfin la porte du manoir. Je suis crevé. J’ai l’impression d’avoir traversé un champ de mines ces dernières vingt-quatre heures. La discussion avec Marc m’a laissé songeur, amer. Et surtout, ce que j’ai appris à Newark ne cesse de tourner en boucle dans ma tête. Je n’arrive pas à assembler les pièces. Je n’arrive pas à respirer normalement. J’ai besoin de silence et de solitude. Mais à peine ai-je posé les clés sur la console que je la vois, Veronica. Elle est assise dans le salon, en robe de soie rouge, les bras croisés, les yeux noirs de colère. _ Tu rentres tard, Rick, murmure-t-elle. Très tard. Je me passe une main sur le visage. J’ai pas la force de me disputer avec elle. _ J’ai eu une longue journée. _ Une journée, ou une nuit ? Tu crois que je suis idiote ? Tu crois que je ne vois pas ce que tu fais, comment tu agis ? TU DISPARAIS, TU REVIENS À PAS D’HEURE, TU N’AS MÊME PAS L’AMA