Share

Les retrouvailles

Eliane AKWA

Je termine le boulot ce soir et décide de m’arrêter dans un restaurant pour manger. J’hésite entre prendre le repas à emporter et dîner sur place ; finalement, je me décide à prendre mon repas dans le restaurant.

Keran a dû voyager pour son travail ; une mission de trois mois et j’ai laissé Iana chez ma mère du coup je suis seule à la maison donc pas besoin de faire la cuisine.

J’entre dans le restaurant, m’installe à une table et consulte le menu. Un serveur vient vers moi et prend ma commande. En attendant d’être servie, je prends mon téléphone et check les messages que j’ai reçus ; j’en ai un de Keran, il m’envoie une photo de lui avec pour légende “regarde à quel point l’homme est beau“. Je ris à la vue de ce message et je lui réponds qu’il est hideux et qu’il a vraiment de la chance qu’Iana tienne de moi. J’ai également d’autres messages entre autres ceux de maman et de Ange. Maman m’informe qu’Iana a fait de la fièvre mais que tout va mieux et elle est sous traitement. Je ne m’inquiète pas plus car je sais qu’elle est entre de bonnes mains.

Ange, elle m’invite à dîner demain soir chez elle. Elle se sent seule et veut qu’on passe la soirée ensemble comme au bon vieux temps ; vu que Keran n’est pas là je ne vois pas de raisons de refuser d’autant plus que le lendemain c’est samedi donc je n’irai pas au bureau. Après avoir confirmé ma présence, j’informe Keran que je passerais la soirée de demain chez Ange.

Pendant que je suis concentrée sur mon téléphone, je remarque qu’une personne s’assoit sur la chaise libre en face de moi. Je lève la tête prête à répliquer mais ce que vois laisse pantoise.

-Qu’est-ce que tu fais là ? fis-je pour seule réponse.

-Bonsoir Eliane. Je vais bien merci c’est gentil de demander et toi-même ?

-Tu me suis maintenant ?

-Non mais je ne crois pas au hasard. Mon corps répond juste à l’appel de ton cœur.

-Charles arrête. Tu n’as rien à faire là.

-Ah bon ? Tu veux vraiment que je m’en aille ?

-…

-C’est ce que je pensais. Dit-il avec un sourire de victoire qui le rend encore plus beau et fait ressortir la lumière dans ses yeux.

-Que veux-tu ?

-Juste t’aimer. Eli, je suis là pour toi, je te veux pour la vie.

-Tu m’as fait suivre ?

-Non, c’est un hasard que nous nous retrouvions au même endroit.

-Ok. Réponds-je après avoir pris une grande inspiration.

Il y eut un moment de silence. C’est bizarre mais avec d’autres personnes, les blancs dans les conversations sont gênants pourtant avec Charles, je n’ai pas besoin de mots pour communiquer. Même nos silences sont chargés de sens ; nous n’avons pas besoin de parler pour nous comprendre.

A mesure que ses yeux se plongent dans les miens, je sens la température monter, mon rythme cardiaque s’accélère et mon estomac se noue. J’ai l’impression de recouvrer mes seize ans, c’est fou comme la présence de cet homme décuple mes sens.

Ses yeux marron foncés qui tendent vers le noir, sa peau claire, ses cheveux pas trop longs qui donnent envi d’y passer la main, sa barbe rasée de près… Cet homme dégage un charisme et une prestance indescriptible. Je soutiens son regard non sans frémir d’envie ; à cet instant, tout mes sens sont en alerte. Mon corps le réclame et je sens le désir réciproque. C’est le serveur qui a interrompu cet échange silencieux ; ma commande était enfin prête.

-Apportez-moi la même chose. Dit-il.

-Tu portes toujours ta chaîne apparemment. Dit-il s’adressant à moi.

-Euh… je…

-Tu n’as pas à être gênée, moi aussi j’ai gardé la mienne. Je la mets tous les jours. Ajouta-t-il en la faisant sortir de sa chemise pour me la faire voir.

J’avoue que de savoir qu’il a gardé ce bijou qui est en fait une promesse, un gage de notre amour éternel, me fait plaisir. Il me prend la main et plonge à nouveau son regard dans le mien à tel point que j’en oublie que je suis une femme mariée. Cet homme je le veux !

On lui apporte sa commande et nous mangeons en nous remémorant nos moments d’amour. La conversation est tellement fluide, on pourrait croire que nous ne nous sommes quitté qu’hier. Au fil de la conversation, je remarque  qu’il ne porte pas son anneau.

-Tu l’as enlevé ?

-Quoi ?

-Ton anneau.

-Nous avons divorcé. Ça fait trois mois que Camille et moi sommes officiellement séparés. Dit-il d’un trait.

Cette déclaration m’a secoué et je pense aux propos d’Ange. Je me demande également s’il s’est séparé d’elle pour moi et comme s’il lisait dans mes pensées, il ajoute :

-Oui, je l’ai quitté pour toi. Je n’en pouvais plus de vivre une vie qui n’était pas la mienne. Ton départ m’a fait me rendre compte à quel point j’avais besoin de toi.

-Je suis mariée.

-Le fait que je l’étais ne nous a pas empêchés de nous aimer six ans plus tôt. -Redonne nous une chance s’il-te-plaît.

-Les choses sont différentes cette fois ci.

-Tu l’aimes ?

-Ce n’est pas le propos.

-Je lis l’amour dans tes yeux princesse.

-Tes mains tremblent au contact des miennes, ton regard m’appelle au vice.

-Charles… réponds-je dans un soupir.

-Je t’ai aimé, je t’aime…

-Et je t’aimerais toujours. Le coupai-je.

-Tu n’as pas oublié ?

-Non, c’est par ces mots que nous sommes fait la promesse de nous aimer jusqu’à la mort. Il veut dire quelque chose mais je le devance. On s’était fait cette promesse mais l’as-tu tenue ? Où étais-tu lorsqu’il fallait assumer et mettre un terme à ton mariage ? Tu as choisi ta sécurité au détriment de mes sentiments, tu m’as vraiment blessé, je pensais que tu m’aimais.

-Je t’aimais Eli je n’ai jamais cessé de le faire. Je ne vais pas sortir des arguments pour justifier ma lâcheté, j’ai été un idiot de première catégorie mais j’ai décidé de me rattraper aujourd’hui. Et ne me dit surtout pas que ce n’est pas réciproque sinon pourquoi serais-tu là à parler avec moi pourtant ton mari doit t’attendre à la maison ? Pourquoi aurais-tu gardé cette chaîne durant six ans ? Quand bien même tu t’es marié tu ne l’as pas retiré et je suppose que tu as menti à ton époux sur la signification des initiales qui sont marquées.

-Je… Je ne veux causer de tort à personne.

-C’est exactement ce que je me suis dit et cela m’a valu de passer les six années les plus malheureuses de ma vie. J’ai vécu cette expérience pour deux, fais moi confiance et aimons nous.

-Je dois rentrer. Fis-je me levant.

J’ai marché le plus rapidement possible vers le lieu où était garé mon véhicule. Je me suis arrêté face à ma voiture pour souffler en prenant appui de mes mains sur le capot. Je pensais m’en être éloigné au moins pour cette soirée ; j’essayais de reprendre mes esprits et me convaincre qu’éprouver de telles émotions était mal.

J’étais en plein dans mes spéculations lorsque je sentis des mains me prendre par la taille, j’ai eu peur dans un premier temps mais le parfum qui me chatouillait les narines me fit vite comprendre de qui il s’agissait. Pendant son étreinte, je ressenti sa virilité grandir contre mes fesses ce qui me fit mouiller instantanément. Il me retourna et m’embrassa langoureusement. Je sentis tout mon être frémir, mon corps répondait à chacune de ses caresses. Sa langue se baladait sur mon cou pendant que ses mains me pétrissaient les fesses. Et d’un coup il s’est arrêté. Mon regard perdu exigeait de lui une explication.

-Déjà je ne te ferais pas l’amour dans un parking, je te respecte trop pour ça. Mais aussi, je voudrais que le jour où tu me permettras à nouveau de t’aimer tu sois sûre de toi, je voudrais que ça vienne du cœur et que tu ne doutes pas de ta décision.

Sur ces mots, il me fit un dernier baiser et s’en alla. Intérieurement, j’étais mitigée entre la fierté d’avoir un homme qui a tant de respect pour moi et le désir qui était à son paroxysme. Putain je voulais qu’il me prenne ; parking ou pas, j’ai juste envie de lui.

Le moment de stupeur passé, je monte dans ma voiture et je rentre chez moi.

Related chapters

Latest chapter

DMCA.com Protection Status