Eliane AKWA
Ça fait une semaine comme nous sommes rentrés. J’ai tout fait pour ne pas penser à Charles tout le long, ce n’était pas évident mais j’ai fait au mieux.
Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec Ange. Nous devons parler de ce qui se passe dans ma vie ces derniers mois. Elle est mon amie et par conséquent, connait toute l’histoire depuis le début. Elle a toujours été de bon conseil, elle sait m’écouter et s’abstient à chaque fois de tout jugement. Honnêtement c’est la seule personne à qui je puisse parler de mes problèmes ; je me vois mal dire à ma mère que je suis amoureuse d’un homme autre que mon mari qui de sur quoi est marié.Après quelques minutes de route, je suis chez elle. Je la trouve devant un plat de pommes pilées (repas typique de la région de l’ouest Cameroun) et je m’empresse d’aller me servir.- Quelles sont ces manières madame Akwa ? Tu ne me salue pas et directement tu entres dans mes marmites. Fit-elle faussement outragée.- Bae tu sais que je t’aime non ? Mais gars c’est le pilé donc laisse moi manger d’abord on va gérer le reste après.- Hum. Finis seulement tu me fais le kongossa (terme employé par les Camerounais faisant référence au commérage)- Tu aimes trop ça Fotso. Change même ta vie !?- Je change quoi ? La vie de femme mariée est trop intéressante.- Si tu aimes trop ça il faut aussi te caser non ? Voilà Jules qui te court après depuis mais tu le snobes tout ça pour venir t’affairer chez moi.- Copine toi-même tu sais que le mariage et moi ça ne peut pas donner j’aime trop ma liberté.- Et tu comptes rester comme ça toute ta vie ?- Comment? Est-ce que je t’ai dit que je souffre ? Le jour où je veux baiser je le fais. C’est sans attache on se fait plaisir et puis basta.- Waouh ! Tu es tellement atypique. Je me demande comment tu fais.- Comment ?- Tu es tellement libre et forte. Tu ne laisse personne te dicter ta conduite, tu fais ce que tu veux sans regrets.- Ah je ne sais pas quoi te dire eh.- Si j’avais eu ta force je serais peut-être avec Charles aujourd’hui. Dis-je en baissant les yeux.- Olala ma puce ne pleure pas. Tu as été forte à ton niveau. Tu ne pouvais pas assumer cette relation seule, Charles n’a pas eu les couilles de faire ce qu’il avait à faire et il t’a perdu. Elle inspire un moment et continu. Tu sais que j’ai toujours été contre ta décision d’épouser Keran car nous savons que ton cœur bat pour un autre alors pourquoi t’être mariée ?- Il était là et tellement disponible. Il est tout ce que j’ai toujours voulu, le mec parfait quoi.- Je te l’accorde il est tout ce que tu as toujours voulu mais avec lui il n’y a pas d’amour. Charles est ce dont tu as besoin ; il est l’homme qu’il te faut, celui que ton corps réclame. Penses-tu qu’il soit normal d’être avec un homme et de penser à un autre ?- …- Tu ne réponds pas car tu sais pertinemment que j’ai raison.- Je l’ai revu à Maroua il y a peu… dis-je promptement.- Comment ? Elle manqua d’avaler de travers. Dit moi tout.Je lui racontais tout, de la rencontre avec - Charles aux vacances avec Keran. Elle me regardait stupéfaite.- Waouh ! Tu te rends compte de ce qui se passe ?- Pas vraiment, j’ai l’impression que tout les sentiments que j’ai enfouis au fond de moi ces dernières années me reviennent en pleine figure de manière brutale.- Eh oui ma belle, on ne lutte pas contre l’amour. Je ne t’encourage pas à être la maîtresse de Charles mais s’il est prêt à renoncer à sa femme par amour pour toi, je pense que tu devrais le suivre.- Et Keran ?- Quoi Keran ? Pense à toi Eli. Tu veux être malheureuse toute ta vie ? Keran devra supporter de vivre sans toi. C’est vrai que c’est dur et que ça va créer trop de problèmes mais je préfère que tu assumes les conséquences de tes actes et que tu sois heureuse une bonne fois pour toute que de tromper ton époux car toi et moi savons que c’est ce qui va se passer si Charles et toi vous revoyez.- Tu as certainement raison. Je vais mûrir ma décision et mettre tout cela en prière.Nous avons continué à parler de ses multiples conquêtes, du boulot, d’Iana, bref de tout… Je me suis décidé à prendre la route à seize heures trente minutes pour que tout soit prêt au retour de Keran.Charles MOUTOMBADeux mois déjà comme le divorce a été prononcé, je me sens libéré bien que ce soit difficile de ne voir ma fille que le week-end. Avec Camille nos rapports sont froids ; elle m’en veut d’avoir mis un terme à onze années de vie commune et je la comprends. Mais je ne pouvais faire autrement, j’étouffais dans ce mariage et j’étais devenu absent et désagréable ; personne n’était plus heureuse même pas elle.
Bref, j’ai décidé de prendre du recul et de me remettre en question avant de repenser à reconquérir Eliane. Je veux savoir exactement où j’en suis afin de ne pas refaire les même erreurs.J’aurais aimé passer ce moment de réflexion avec Maëlle mais bon elle doit aller à l’école donc je suis obligé de voyager seul ; j’irai à Edéa.Avant mon départ, je m’assure d’avoir laissé toutes les instructions à mon assistant et au gardien ; une fois rassuré je peux prendre la route. J’y vais en voiture donc pas besoin de me stresser sur l’heure de départ. J’arrive éreinté à mon hôtel après des heures de route interminables. Je m’empresse de prendre une douche et de coucher non sans avoir remercié le Seigneur pour m’avoir protégé tout le long du trajet.C’est ma vessie qui me réveille à cinq heures du matin. Après m’être soulagé, je vais prendre ma bible et j’y lis la lettre aux Hébreux, au chapitre onze, le verset un. Je médite dessus pendant quelques minutes et note dans mon carnet ce que je retiens de ce passage. Je continue ensuite avec dix minutes de prière puis je vais prendre ma douche. Cette nouvelle intimité avec l’Eternel me fait un très grand bien ; je sens et je sais que je ne suis plus seul face à mes problèmes, je sais qu’Il agit dans ma vie et qu’Il va me guider dans mes choix.Ça fait trois jours que je suis ici, je profite au maximum des activités qui me sont proposées ce qui me permet de tout mettre de côté un moment. Mais la réalité me rattrape et comme tous les jours depuis qu’elle m’a quitté, je pense à Eliane ; c’est fou comme je l’aime cette femme, je l’ai dans la peau. Je prends mon téléphone et je regarde les photos de nos moments passés ensemble. Nous immortalisions quasiment tout ; nos folies, nos jeux stupides… Je n’arrête pas de défiler et je tombe sur une photo de nos mains l’une dans l’autre tenant deux chaînes. Ce jour là, nous nous étions fait la promesse de nous aimer pour la vie et de tout faire pour être ensemble ; les chaînes étaient en forme de cœur et emboitables l’une dans l’autre, elles portaient les initiales “CM“ pour elle et “EM“ pour moi. En fait, je l’ai avait achetées pour représenter une bague de mariage, Eli à toujours voulu avoir une bague avec nos initiales gravées dessus et ce jour, au-delà de la promesse de nous aimer pour la vie je lui ai promis de l’épouser… les larmes coulent de mes yeux et je me rends compte que j’ai été un idiot, j’ai laissé partir la femme de ma vie par lâcheté, par peur de ce que diraient les gens, par peur de blesser Camille en m’accrochant à une union qui ne restait de mariage que le nom. Je me déteste d’avoir été si stupide… Et maintenant elle est mariée et n’a pas l’air de souffrir. Que faire ? La laisser partir et me résigner ? Me rapprocher d’elle dans ces circonstances serait égoïste dans la mesure où elle serait heureuse avec son mari. Mais son regard la dernière fois, je ne peux pas m’être trompé, elle m’aime toujours autant. Comment en être sûr ? Essayer de la reconquérir ? Non, elle a une vie stable. Je n’ai pas su me battre pour elle au bon moment pourquoi le ferait-elle aujourd’hui ? Mais devrais-je la laisser se forcer à être prêt de quelqu’un qu’elle n’aime pas ? Et moi dans tout ça ? Pourrais-je vivre sans elle ? Assurément non… Je me pose mille et une questions à tel point que ma tête me fasse mal… Je m’endors dans ces spéculations, incertain du lendemain.Eliane AKWAJe termine le boulot ce soir et décide de m’arrêter dans un restaurant pour manger. J’hésite entre prendre le repas à emporter et dîner sur place ; finalement, je me décide à prendre mon repas dans le restaurant.Keran a dû voyager pour son travail ; une mission de trois mois et j’ai laissé Iana chez ma mère du coup je suis seule à la maison donc pas besoin de faire la cuisine.J’entre dans le restaurant, m’installe à une table et consulte le menu. Un serveur vient vers moi et prend ma commande. En attendant d’être servie, je prends mon téléphone et check les messages que j’ai reçus ; j’en ai un de Keran, il m’envoie une photo de lui avec pour légende “regarde à quel point l’homme est beau“. Je ris à la vue de ce message et je lui répon
Keran AKWAJe suis devant mon ordinateur entrain de me casser la tête afin de déterminer la meilleure stratégie à adopter pour contenter les potentiels collaborateurs. Au bout d’une heure à tourner en rond je décide d’appeler Eliane pour lui demander conseil.** Appel téléphonique **-Coucou ma puce.-Ça va ? tu n’as pas bonne mine. Demande-t-elle inquiète.-Ne t’en fait pas trop pour moi. Tu sais que lorsque je ne vous ai pas prêt de moi je ne fais que travailler.-Et je t’ai dit maintes fois de lever le pied, tu dois pouvoir te reposer…-Je sais amour, je sais mais ce n’est pas pour cela que je t’ai appelé. La coupe-je voyant qu’elle se met en colère.-Hum ok et c’est quoi le problème ?Je bloque sur un projet. En fait nous aurons à fai
Aimée KOUAMJe me dépêche de me rendre à l’hôpital. Cela fait deux jours que maman m’a appelé pour me dire que ma sœur se trouve entre la vie et la mort. Depuis lors, les appels fusent de partout me demandant pourquoi, moi, son unique sœur ne suis pas encore à son chevet. J’ai fais fi de toutes les remarques stupides qui m’ont été faites ; non mais, à quoi ils s’attendaient ? A ce que je lâche mon directeur de thèse parce que la princesse a des problèmes ? J’avais deux jours à Edéa et je les ai faits sans stress maintenant je dois me rendre à l’hôpital et faire semblant d’être touchée par la situation… J’en ai déjà des maux de tête.-Kouam, Kouam, Kouam, je t’ai appelé combien de fois ? Ça fait deux jours que ta s&oeli
Eliane AKWAJe regarde d’un œil distrait les derniers chiffres que m’a rapportés mon assistant. Je dois faire le bilan mensuel des dépenses de la société mais je ne suis pas d’humeur à faire quoi que ce soit ; ces derniers mois ont été très difficiles pour moi et cela se fait ressentir sur mon travail. Je sais que je dois me ressaisir mais je sens que je vais exploser… Je me concentre au maximum pour finir la semaine sans travail en retard.Je sors enfin du bureau, je peux souffler. Je m’arrête au supermarché pour faire les courses pour le repas du soir… J’arrive à la maison après près de quarante cinq minutes coincée dans les embouteillages de Ngousso.Je gare ma voiture, vais dans la cuisine sortir les courses et me dirige directement dans la chambre de ma princesse que je retrouve entrain de jouer
Charles MOUTOMBAJe soupire et essaye tant bien que mal de me concentrer sur les dossiers qui sont devant moi.Je suis allé à Maroua il y a trois mois pour souffler car l’ambiance à la maison devenait pesante, j’avais besoin d’espace. Contre toute attente, je l’ai revu. Ça m’a fait comme un électrochoc ; depuis six ans je n’ai pas vraiment eu de nouvelle d’elle…Eli et moi nous sommes rencontrés dans un restaurant où j’allais habituellement, ce fût la première fois que je voyais une femme aussi… aussi attirante. Je ne puis dire qu’elle soit la femme la plus belle que j’ai jamais vu mais je peux affirmer qu’elle avait quelque chose que je ne saurais cerner jusqu’à ce jour. Moi qui ai toujours été contre l’infidélité, je me suis retrouvé entrain de parler à cette
Camille MOUTOMBACe soir encore je vais dîner seule, Charles est rentré et est directement allé dans sa chambre. Oui sa chambre car nous ne partageons plus le même lit depuis des années.Quand je repense à nos débuts je me rends compte que nous sommes passés à côté de quelque chose. Charles et moi étions le couple parfait, je l’aimais plus que tout. Il était l’homme idéal, toujours à l’heure à la maison, il n’a jamais découché et je n’ai jamais suspecté qu’il puisse me tromper… Ceci n’était valable que les cinq premières années de notre union car après cela, tout à changé ; je ne reconnaissais plus mon mari.J’ai passé une année à faire des jeûnes et des prières pour le faire revenir à de
* Inconnu- Je la déteste. Dis-je en jetant le verre que je tiens à la main contre le mur.- Du calme chérie, ce n’est que partie remise.- Non je refuse un autre échec, comment fait-elle ?- Elle a beaucoup de chance mais avec ce que j’ai prévu cette fois ci elle n’aura aucun moyen de s’en sortir.- Comment ? Dis-m’en plus. Fis-je curieuse.- Eh bien, je me suis procuré ceci. Dit-elle en me montrant un flacon contenant un liquide suspect.- Qu’est-ce que c’est ?- Il s’agit d’un poison lent qui agit sans laisser de trace et sans causer de soupçons. Il s’attaque essentiellement au foie et aux poumons. Il faudrait juste parvenir à lui administrer trois gouttes de ceci sur une durée de six mois.- Waouh ! Je suis subjuguée par tant de perversité.- Que veux-tu ? Cette fil