Je pleurais. J'aurais pu avoir honte. Après tout les garçons ne doivent pas pleurer dans notre société. Mais je m'en fichais. Je laissais couler mes larmes et plus rien ne comptait. Mon cœur me faisait mal et j'ignorais si j'allais réussir à le supporter. Élisa ouvrait son cœur et le mien se refermait.
Comme si cela ne lui avait pas suffit de me tuer, Élisa continua à me poignarder:
«Alors oui je le repousse et je l'évite pour mon bien. Mais j'ai peur de craquer. Au fond de moi je l'aime et je ne peux pas me mentir. Je ne serais pas heureuse tant que je ne pourrais pas l'embrasser. Peut être que ça va changer mais à cet instant précis je ne peux rien m'imaginer sans lui.»
Élisa arrêta enfin de parler et je me battais pour respirer. Voyant mes larmes couler Élisa posa sa main sur la mienne et entrelaça nos doigts avec douceur. Je me laissais faire mais n'arrivais pas à sentir sa chaleur.
Le temps est passé. À l'heure où je vous parle plusieurs années sont passées. Beaucoup de choses ont changé tandis que d'autres sont restées les mêmes. Tom est revenu voir Élisa au lycée un jour mais avec Jules nous l'avons repoussé pour de bon. Nous n'avons jamais entendu parler de lui de nouveau et cela permit à Élisa de se reposer. Cependant elle avait dit vrai. Elle l'avait vraiment aimé. Elle ne put jamais l'oublier et jamais personne ne le remplaça.
Je sais ce que vous vous demandez. Je n'ai pas essayé de le remplacer non plus. Ce mercredi midi Élisa avait brisé mon cœur et je n'avais jamais réussi à complètement m'en remettre. Élisa était petit à petit redevenue la même quoi que elle n'avait jamais réussi à se débarrasser d'une certaine froideur suite aux faits. Comme une espèce de manque et de regret. Quant à moi il m'a fallut du temps mais je m'en suis remis aussi quoi que moi non plus je ne réussis jamais à m'en remettre complètement.
Il s'était passé quelque chose ce jour là. À travers nos larmes c'était comme si nous avions passé un contrat. Comme si nous nous étions promis de ne jamais oublier et d'en apprendre pour avancer.
Nous finîmes par perdre contact avec nos autres amis mais Élisa et moi restions tout aussi proches voir plus qu'autre fois. Nous grandîmes ensemble et passâmes tout notre temps libre avec l'autre. Élisa se fit quelques amis à son école puis à son boulot et sortit quelques soirs sans moi mais elle ne s'attacha jamais vraiment et ne se maria pas.
Elle vécu une longue et belle vie et je fus rassuré de savoir qu'elle mourait heureuse. Elle n'avait pas de regrets à part son amour de jeunesse et était prête à arrêter. Sa mort fut calme et je l'avais accompagnée dans les dernières secondes de sa vie. Quand elle ferma les yeux et que la pression sur ma main se relâcha, je sentais qu'une part de mon âme l'avait suivie sur son chemin.
Je n'avais pas pleuré. Je n'en avais pas eu besoin. J'étais immédiatement rentré chez moi et je m'étais assis dans un sofa. Mon regard s'était perdu dans le vide et petit à petit je sentais mes paupières s'alourdir. En ces dernières secondes de ma vie avais-je des regrets?
Quand j'y repensais je devais avouer que j'avais eu tout ce dont j'avais rêvé. Je n'avais pas été malheureux. Mon travail m'avait plu et j'avais eu assez d'argent pour vivre confortablement.
Je souris quand le visage d'Élisa apparut devant mes yeux. Le plus important restait elle. Je n'aurais jamais cru que je passerai le restant de mes jours à ses côtés et pourtant c'est ce qui est arrivé. J'ai eu la chance de la voir vieillir et de l'admirer. J'ai eu la chance de la faire rire et de la soutenir quand elle pleurait. J'ai eu la chance de la serrer dans mes bras et de lui faire à manger.
Quand j'y repensais je n'aurais pu rêver mieux. Cette pensée fut ma dernière et je ne regrettais pas d'avoir eu le cœur brisé.
Élisa était une de mes amies proches. Elle avait toujours été la personne la plus attentionnée et rayonnante que j'avais jamais connu. Cependant pas mal de choses changèrent quand elle se mit en couple. Je ne l'avais jamais vue en couple à vrai dire alors c'était peut être pour cela que cela me faisait si bizarre. Je devais avouer que quand j'avais appris la nouvelle cela m'avait fait un choc. Élisa avait toujours été ce que j'avais de plus proche d'une petite amie. Nous étions assez proches. Elle était proche de tout le monde dans notre groupe d'amis tout comme moi mais il y avait les rapprochements physiques en plus. Elle me parlait souvent tout comme je lui racontais des détails sans importance de ma vie mais cela on le faisait avec les autres aussi. Ce qui changeait était que l'on se retrouvait toujours à côté où que nous allions avec nos amis. J'avais fait exprès une ou deux fois mais Élisa s'asseyait à côté de moi même quand je ne faisais pas attention. Ce n'ét
Je n'avais pas réussi à penser à autre chose de toute la soirée. À vrai dire j'ai même eu du mal à dormir. Je devais parler avec Élisa mais j'ignorais comment commencer. De plus si c'était ce que je croyais alors le temps pressait. J'avais fini par envoyer un message sur le groupe où je proposais à tout le monde de manger ensemble le mercredi qui arrivait. Ils avaient accepté et je fus soulagé en voyant qu'Élisa accepta aussi. J'avais eu peur qu'elle dise non mais visiblement j'avais de la chance. En attendant mercredi j'avais essayé de croiser Élisa entre les cours mais j'eus moins de chance sur ce coup. Je réussis à la croiser qu'une seule fois. Elle était pressée et nous n'eûmes pas le temps de beaucoup échanger. Elle me fit simplement la bise et continua sur sa lancée. J'avais eu envie de l'attraper par le bras. Je me retournais mais restais droit comme un pic. Je n'y arrivais pas. Je n'avais pas la force de l'arrêter. Savoir qu'elle était malheureuse me
Nous mangeâmes dans la bonne humeur. Je fus surpris que l'ambiance soit aussi chaleureuse que d'habitude. Tout était tellement normal que c'en était presque bizarre. Même Élisa rit à quelques fois et je la regardais manger heureux. Elle avait eu besoin de cela visiblement. J'avais décidé de repousser la conversation pour la laisser décompresser un peu. Je lui pris même son téléphone alors qu'elle l'avait posé par habitude. Elle n'avait pas vu que je l'avais pris et cela n'était pas la première fois que je le faisais. J'avais eu l'habitude de traîner sur son téléphone et d'envoyer même des messages à des amis à elle. Elle ne m'en avait jamais voulu et je n'avais jamais rien fait de vraiment gênant. Je restais cependant bloqué quand je me rendis compte qu'elle avait changé son code. Je fronçais les sourcils et Élisa remarqua que j'avais son téléphone. Elle me l'arracha des mains et le rangea soigneusement. Je me sentais trahi mais ce n'était qu'un détail. J'avais vu qu
Élisa avait de plus en plus de mal pour refouler ses larmes alors je lui chuchotais à l'oreille qu'elle pouvait se laisser aller. Elle n'essaya pas de me repousser. J'avais vu juste. Elle avait besoin de se confier. Elle avait besoin d'aide mais n'avait juste pas osé en demander. Je m'en voulais encore plus en réalisant cela. Je devais arrêter de me mentir. C'était ma faute. Élisa avait essayé de me parler quelques semaines auparavant. Elle avait fait le premier pas pour me parler. J'avais senti que quelque chose n'allait pas mais je l'avais repoussée. J'avais pensé qu'elle voulait encore me parler de Tom ou de notre amitié car elle sentait que l'on s'éloignait. Dans tous les cas je n'avais pas été prêt à l'affronter. J'avais été égoïste et maintenant à cause de moi elle pleurait. Élisa ne me rendit pas mon étreinte mais posa sa tête contre mon torse épuisée. Elle laissa couler quelques larmes mais s'arrêta très vite de pleurer. Elle finit par me repousser avec douce