Élisa avait de plus en plus de mal pour refouler ses larmes alors je lui chuchotais à l'oreille qu'elle pouvait se laisser aller. Elle n'essaya pas de me repousser. J'avais vu juste. Elle avait besoin de se confier. Elle avait besoin d'aide mais n'avait juste pas osé en demander.
Je m'en voulais encore plus en réalisant cela. Je devais arrêter de me mentir. C'était ma faute. Élisa avait essayé de me parler quelques semaines auparavant. Elle avait fait le premier pas pour me parler. J'avais senti que quelque chose n'allait pas mais je l'avais repoussée. J'avais pensé qu'elle voulait encore me parler de Tom ou de notre amitié car elle sentait que l'on s'éloignait. Dans tous les cas je n'avais pas été prêt à l'affronter. J'avais été égoïste et maintenant à cause de moi elle pleurait.
Élisa ne me rendit pas mon étreinte mais posa sa tête contre mon torse épuisée. Elle laissa couler quelques larmes mais s'arrêta très vite de pleurer. Elle finit par me repousser avec douceur et je me laissais faire à contre cœur.
Élisa se tourna vers Jules et posa sa main sur sa manche prête à la soulever. Je posais ma main sur la sienne et la questionnais du regard pour être sûr qu'elle était prête à nous montrer. Élisa repoussa ma main avec douceur et me sourit avec tristesse. Je restais posté à ses côtés alors qu'elle soulevait sa manche laissant apparaître le fameux bleu dont Jules m'avait parlé.
Mon sang se glaça. Le bleu était plus moche que je n'aurais pensé. Jules n'avait pas menti. On aurait dit que quelqu'un l'avait attrapée. Je levais la main vers celle d'Élisa mais me renfrognais à la dernière seconde.
Margeaux s'exclama choquée tandis qu'Erik ouvrait de gros yeux effrayé. La mine de Jules s'assombrit et il fixa le bleu les yeux vidés de toute émotion. Élisa laissa couler de nouveau quelques larmes. Sauf que ces dernières refusèrent de s'arrêter. Élisa tomba à genoux et je m'assis à ses côtés. Je la laissais pleurer et me contentais de lui caresser le dos désolé. Il fallut de longues minutes à Élisa pour tout extérioriser. Elle finit cependant par se calmer et se redressa les yeux rougies.
Margeaux lui tendit un mouchoir qu'elle accepta et elle s'essuya le visage avec application.
«Vous êtes contents?»
La voix d'Élisa était brisée. Il n'y avait aucune once de colère dans cette phrase. Simplement de la tristesse sans fin. Élisa baissa la tête honteuse et nous fîmes tous de même.
«Pourquoi tu nous as rien dit? finit par demander Margeaux.»
Élisa soupira longuement avant de répondre.
«Je ne voulais pas vous le dire... Je ne voulais pas vous inquiéter. Et puis j'avais honte quelque part.
-Honte pourquoi? chuchota Jules.-C'est entièrement ma faute. J'aurais dû voir comment il était. C'est moi qui suis sortie avec lui après tout.-Rien n'est de ta faute Élisa... la consola Erik.»Mais Élisa n'avait pas l'air d'entendre ce qu'il se disait. Son regard était perdu dans le vide comme si elle s'était perdue dans ses pensées.
«J'avais honte parce que je n'aurais jamais cru que cela m'arriverait. Mon égo en a pris un coup parce que je me sentais plus forte que le genre de fille qui se laisse marcher dessus et qui se ment à elle même seulement parce qu'elle se sentait bien avec un gars. Je ne pensais pas que je serais assez faible pour hésiter à le quitter après qu'il m'ait frappée et je n'aurais jamais cru que je pourrais aimer quelqu'un qui a osé lever sa main sur moi.»
Les mots sortaient sans s'arrêter de la bouche d'Élisa. C'était comme si elle avait arrêté de les retenir et qu'elle ne réfléchissait pas à ce qu'elle disait. Elle les laissait juste couler. Elle n'y mettait pas le ton. Elle ne s'énervait pas. Elle avait simplement abandonner de tout retenir pour elle même.
«Je me sentais faible et impuissante. C'était le pire des sentiments que je n'ai jamais éprouvé. Il m'a redescendue plus bas que terre et je pensais que personne n'allait pouvoir m'aider à me relever. J'avais peur que si je me rebelle il devienne encore plus violent alors que c'est la réaction la plus bête à avoir. J'ai simplement encaissé et j'espérais pouvoir l'éviter. Je n'arrivais même plus à dormir j'avais peur qu'après les cours il vienne me chercher. J'avais honte de me cacher et j'avais envie de me confier. J'avais envie que ça cesse je voulais que quelqu'un vienne m'aider. Pourquoi je n'ai rien dit? Parce que je me suis dit que ça allait passer. Je me suis dit que c'était juste passager, que je pouvais le supporter. C'était ma faite j'aurais dû prendre plus de temps pour le connaître. J'aurais dû lui parler et observer comment il réagissait. Mais je ne l'ai pas fait. J'ai été assez bête pour m'attacher.»
Élisa prit une grande inspiration comme si cela faisait des heures qu'elle n'avait pas respiré. Quant à moi je manquais d'air. Je n'arrivais pas à encaisser tout cela et j'avais des envies de meurtre qui se formaient.
«J'ai fini par avoir la force de la quitter.»
Je ne pus m'empêcher d'expirer soulagé.
«Évidemment il s'est énervé mais ce n'est pas ça le plus dure à encaisser. J'ai encore peur qu'il soit là quand je sors de cours. J'ignore ses messages mais ils me pèsent sur les épaules. J'ai fini par prendre la bonne décision et je suis fière de moi mais le plus dure reste son absence.»
Mon cœur loupa un battement alors que les larmes d'Élisa se remirent à couleur de plus belle.
«C'est pour cela que j'ai le plus honte. C'est pour cela que je ne voulais pas en parler. Malgré tout ce qu'il a pu faire je l'ai aimé. Malgré tout il m'a fait rire et il m'écoutait. Au départ il était attentionné, drôle, gentil, tout simplement parfait. Je n'y croyais pas. Quelqu'un comme moi ne méritait pas un homme aussi parfait. Malgré ce qu'il est devenu je l'ai aimé. Je suis tombée amoureuse et on aurait pu croire que ce sentiment partirait mais il est resté. Il a beau me dire que personne à part lui ne pourra m'aimer, il a beau me dire que je suis trop grosse, que je suis trop bête et entêtée. Je sais bien que c'est faux mais je m'en fiche. Parce que au fond de moi je ne veux pas que quelqu'un d'autre m'aime ou me trouve belle. Il m'a trouvée belle et cela me suffit. Je l'aime toujours et c'est ce qui me fait le plus mal.»
Je pleurais. J'aurais pu avoir honte. Après tout les garçons ne doivent pas pleurer dans notre société. Mais je m'en fichais. Je laissais couler mes larmes et plus rien ne comptait. Mon cœur me faisait mal et j'ignorais si j'allais réussir à le supporter. Élisa ouvrait son cœur et le mien se refermait. Comme si cela ne lui avait pas suffit de me tuer, Élisa continua à me poignarder: «Alors oui je le repousse et je l'évite pour mon bien. Mais j'ai peur de craquer. Au fond de moi je l'aime et je ne peux pas me mentir. Je ne serais pas heureuse tant que je ne pourrais pas l'embrasser. Peut être que ça va changer mais à cet instant précis je ne peux rien m'imaginer sans lui.» Élisa arrêta enfin de parler et je me battais pour respirer. Voyant mes larmes couler Élisa posa sa main sur la mienne et entrelaça nos doigts avec douceur. Je me laissais faire mais n'arrivais pas à sentir sa chaleur. Le temps est passé. À l'heure où je vous parle plusieurs années s
Élisa était une de mes amies proches. Elle avait toujours été la personne la plus attentionnée et rayonnante que j'avais jamais connu. Cependant pas mal de choses changèrent quand elle se mit en couple. Je ne l'avais jamais vue en couple à vrai dire alors c'était peut être pour cela que cela me faisait si bizarre. Je devais avouer que quand j'avais appris la nouvelle cela m'avait fait un choc. Élisa avait toujours été ce que j'avais de plus proche d'une petite amie. Nous étions assez proches. Elle était proche de tout le monde dans notre groupe d'amis tout comme moi mais il y avait les rapprochements physiques en plus. Elle me parlait souvent tout comme je lui racontais des détails sans importance de ma vie mais cela on le faisait avec les autres aussi. Ce qui changeait était que l'on se retrouvait toujours à côté où que nous allions avec nos amis. J'avais fait exprès une ou deux fois mais Élisa s'asseyait à côté de moi même quand je ne faisais pas attention. Ce n'ét
Je n'avais pas réussi à penser à autre chose de toute la soirée. À vrai dire j'ai même eu du mal à dormir. Je devais parler avec Élisa mais j'ignorais comment commencer. De plus si c'était ce que je croyais alors le temps pressait. J'avais fini par envoyer un message sur le groupe où je proposais à tout le monde de manger ensemble le mercredi qui arrivait. Ils avaient accepté et je fus soulagé en voyant qu'Élisa accepta aussi. J'avais eu peur qu'elle dise non mais visiblement j'avais de la chance. En attendant mercredi j'avais essayé de croiser Élisa entre les cours mais j'eus moins de chance sur ce coup. Je réussis à la croiser qu'une seule fois. Elle était pressée et nous n'eûmes pas le temps de beaucoup échanger. Elle me fit simplement la bise et continua sur sa lancée. J'avais eu envie de l'attraper par le bras. Je me retournais mais restais droit comme un pic. Je n'y arrivais pas. Je n'avais pas la force de l'arrêter. Savoir qu'elle était malheureuse me
Nous mangeâmes dans la bonne humeur. Je fus surpris que l'ambiance soit aussi chaleureuse que d'habitude. Tout était tellement normal que c'en était presque bizarre. Même Élisa rit à quelques fois et je la regardais manger heureux. Elle avait eu besoin de cela visiblement. J'avais décidé de repousser la conversation pour la laisser décompresser un peu. Je lui pris même son téléphone alors qu'elle l'avait posé par habitude. Elle n'avait pas vu que je l'avais pris et cela n'était pas la première fois que je le faisais. J'avais eu l'habitude de traîner sur son téléphone et d'envoyer même des messages à des amis à elle. Elle ne m'en avait jamais voulu et je n'avais jamais rien fait de vraiment gênant. Je restais cependant bloqué quand je me rendis compte qu'elle avait changé son code. Je fronçais les sourcils et Élisa remarqua que j'avais son téléphone. Elle me l'arracha des mains et le rangea soigneusement. Je me sentais trahi mais ce n'était qu'un détail. J'avais vu qu