Élisa était une de mes amies proches. Elle avait toujours été la personne la plus attentionnée et rayonnante que j'avais jamais connu. Cependant pas mal de choses changèrent quand elle se mit en couple. Je ne l'avais jamais vue en couple à vrai dire alors c'était peut être pour cela que cela me faisait si bizarre.
Je devais avouer que quand j'avais appris la nouvelle cela m'avait fait un choc. Élisa avait toujours été ce que j'avais de plus proche d'une petite amie. Nous étions assez proches. Elle était proche de tout le monde dans notre groupe d'amis tout comme moi mais il y avait les rapprochements physiques en plus. Elle me parlait souvent tout comme je lui racontais des détails sans importance de ma vie mais cela on le faisait avec les autres aussi. Ce qui changeait était que l'on se retrouvait toujours à côté où que nous allions avec nos amis. J'avais fait exprès une ou deux fois mais Élisa s'asseyait à côté de moi même quand je ne faisais pas attention.
Ce n'était pas tout. Nous nous retrouvions parfois tous les deux et il m'était arrivé de lui prendre la main pour qu'on marche ensemble. Elle ne s'était pas retirée au contraire. Elle avait entrelacé nos doigts heureuse et avait refusé de lâcher ma main. Alors pourquoi est ce qu'elle ne m'avait pas choisi? Je n'avais pas de réponse à cette question et cela m'avait occupé l'esprit pendant longtemps.
Je devais avouer que je l'avais trouvée injuste pendant l'espace d'une seconde mais je m'en étais voulu dès que je l'avais vue sourire. Elle semblait heureuse. Elle brillait bien plus que d'habitude et je ne savais comment réagir devant ce nouveau visage. Toute ma colère s'était évaporée et j'étais simplement heureux. Après tout elle l'était alors je n'allais pas me plaindre. Je ne voulais que son bonheur et ce même si cela signifiait que je devais la laisser à quelqu'un d'autre.
Son annonce avait pris tout le groupe au dépourvu. Elle avait rencontré le fameux Tom par hasard et ne nous avait pas parlé de lui jusque là. Elle n'en avait pas vraiment eu le temps car tout s'était passé très vite. Margeaux, la seule autre fille du groupe, avait insisté pour qu'on rencontre ce fameux Tom et les gars avaient trouvé que c'était une excellente idée.
Personnellement je n'avais su qu'en penser. D'un côté je voulais le voir moi aussi. Je voulais être sûr que Élisa était avec quelqu'un de bien et que je n'avais pas à m'inquiéter. D'un autre côté je préférais ne pas savoir qui m'avait battu et je devais avouer qu'une part de moi voulait le voir espérant qu'il serait horrible et que j'ai une raison pour dire à Élisa de le quitter.
Nous avions rencontré le fameux Tom quelques jours après. Il avait mangé avec nous et je devais avouer qu'il était très agréable. Élisa avait été légèrement gênée mais je voyais dans ses yeux tout l'amour qu'elle lui portait.
Malheureusement Élisa passa moins de temps avec nous. De moins en moins à vrai dire. Au départ elle s'excusait et s'en voulait mais avait envie de voir Tom. Elle parlait beaucoup de lui puis d'un coup elle ne nous donna plus de nouvelles. J'avais remarqué mais n'avais pas vraiment fait attention. Je m'étais dit qu'elle ne voulait simplement pas nous embêter avec lui alors je n'avais rien dit quelque peu soulagé de ne pas entendre parler du parfait Tom.
Quelques jours après Élisa était devenue beaucoup plus calme et effacée. Je la voyais de moins en moins souvent alors je n'avais pas vraiment le temps de m'en préoccuper mais je jure que j'avais pensé à elle chaque jour. J'avais fixé mon écran de téléphone de longues secondes chaque nuit voulant lui envoyer un message mais j'avais toujours fini par abandonner.
En plus de tout cela Élisa n'était pas dans ma classe alors je pouvais la voir encore moins souvent. J'avais demandé de ses nouvelles une ou deux fois de façon discrète à Jules qui lui était dans sa classe. Il m'avait dit la même chose que ce que j'avais remarqué. Élisa était plus calme, plus silencieuse.
Je me demanda pourquoi je ne me suis pas inquiété plus. Nous aurions dû. Ce n'était pas le genre d'Élisa d'être si renfermée mais je devais dire pour notre défense qu'elle se cachait très bien et dès qu'elle le pouvait elle ne restait pas avec nous. Quant à nous nous l'appelions mais n'insistions pas. Nous pensions qu'elle était en rendez-vous avec le fameux Tom.
Un matin je me réveillais comme d'habitude et descendais les yeux mi clos prendre mon petit déjeuner. Je me réveillais tant bien que mal quand je vis que Jules m'avait envoyé un message. Je fronçais les sourcils en voyant qu'il me disait qu'il devait me parler. Je ne voyais pas ce qu'il pouvait vouloir me dire.
Ce message me perturba mais je le mettais de côté et pris le bus comme d'habitude. Je retrouvais ma classe au lycée et écoutais en cours quand j'étais intéressé. À la pause je croisais Jules dans les couloirs qui me tira de côté. Je commençais à stresser. Je voyais sur lui que quelque chose le dérangeait. Quelque chose de grave.
«Qu'est ce qu'il se passe? demandais-je.
-C'est au sujet d'Élisa.»Mon cœur se serra mais mon visage resta impassible attendant qu'il continue. Jules le fit mal à l'aise.
«Tu sais elle adore les gros pulls.
-Ouais...-Quand tu portes des pulls comme ça on ne voit pas tes bras. En fait on voit presque ton corps.-Ouais...-Pourtant il fait de plus en plus chaud mais Élisa continue à porter des gros pulls d'hiver. Je ne m'étais pas dit que c'était bizarre jusqu'à hier.»J'étais de plus en plus impatient.
«Sa manche s'est soulevée sans faire exprès alors qu'elle me rendait mon stylo et... J'ai vu un bleu sur son bras. Pas un petit bleu. Il était assez gros. Comme si quelqu'un l'avait attrapée et retenue contre son gré. Ce n'est peut être pas ce que je pense mais je n'arrive pas à l'oublier.»
Mon sang se glaça imaginant déjà le pire.
«Surtout qu'elle a immédiatement remis sa manche paniquée et elle est devenue hyper froide d'un coup. Je voulais en parler avec elle mais j'ai peur qu'elle se renferme encore plus.
-Tu n'as fait aucune remarque sur le coup?-Bah non j'ai été pris de court.-Okay...»Les événements passés me revinrent d'un coup en mémoire. Tout me devint suspicieux et j'étais plus inquiet que jamais.
«Il faut essayer de lui en parler.
-Elle a pas vraiment l'air prête à parler... fit remarquer Jules.-Il faut qu'on y aille doucement et qu'on lui fasse comprendre que nous sommes là pour elle. La connaissant cela lui fera du bien d'en parler j'en suis sûr.-C'est justement pour ça que je t'en ai parlé.»Je levais un sourcil.
«Tu es le plus proche d'elle. Tu la connais bien. Je me disais que si quelqu'un devait lui parler ce devrait être toi.
-Si tu le dis...»Je n'avais pas réussi à penser à autre chose de toute la soirée. À vrai dire j'ai même eu du mal à dormir. Je devais parler avec Élisa mais j'ignorais comment commencer. De plus si c'était ce que je croyais alors le temps pressait. J'avais fini par envoyer un message sur le groupe où je proposais à tout le monde de manger ensemble le mercredi qui arrivait. Ils avaient accepté et je fus soulagé en voyant qu'Élisa accepta aussi. J'avais eu peur qu'elle dise non mais visiblement j'avais de la chance. En attendant mercredi j'avais essayé de croiser Élisa entre les cours mais j'eus moins de chance sur ce coup. Je réussis à la croiser qu'une seule fois. Elle était pressée et nous n'eûmes pas le temps de beaucoup échanger. Elle me fit simplement la bise et continua sur sa lancée. J'avais eu envie de l'attraper par le bras. Je me retournais mais restais droit comme un pic. Je n'y arrivais pas. Je n'avais pas la force de l'arrêter. Savoir qu'elle était malheureuse me
Nous mangeâmes dans la bonne humeur. Je fus surpris que l'ambiance soit aussi chaleureuse que d'habitude. Tout était tellement normal que c'en était presque bizarre. Même Élisa rit à quelques fois et je la regardais manger heureux. Elle avait eu besoin de cela visiblement. J'avais décidé de repousser la conversation pour la laisser décompresser un peu. Je lui pris même son téléphone alors qu'elle l'avait posé par habitude. Elle n'avait pas vu que je l'avais pris et cela n'était pas la première fois que je le faisais. J'avais eu l'habitude de traîner sur son téléphone et d'envoyer même des messages à des amis à elle. Elle ne m'en avait jamais voulu et je n'avais jamais rien fait de vraiment gênant. Je restais cependant bloqué quand je me rendis compte qu'elle avait changé son code. Je fronçais les sourcils et Élisa remarqua que j'avais son téléphone. Elle me l'arracha des mains et le rangea soigneusement. Je me sentais trahi mais ce n'était qu'un détail. J'avais vu qu
Élisa avait de plus en plus de mal pour refouler ses larmes alors je lui chuchotais à l'oreille qu'elle pouvait se laisser aller. Elle n'essaya pas de me repousser. J'avais vu juste. Elle avait besoin de se confier. Elle avait besoin d'aide mais n'avait juste pas osé en demander. Je m'en voulais encore plus en réalisant cela. Je devais arrêter de me mentir. C'était ma faute. Élisa avait essayé de me parler quelques semaines auparavant. Elle avait fait le premier pas pour me parler. J'avais senti que quelque chose n'allait pas mais je l'avais repoussée. J'avais pensé qu'elle voulait encore me parler de Tom ou de notre amitié car elle sentait que l'on s'éloignait. Dans tous les cas je n'avais pas été prêt à l'affronter. J'avais été égoïste et maintenant à cause de moi elle pleurait. Élisa ne me rendit pas mon étreinte mais posa sa tête contre mon torse épuisée. Elle laissa couler quelques larmes mais s'arrêta très vite de pleurer. Elle finit par me repousser avec douce
Je pleurais. J'aurais pu avoir honte. Après tout les garçons ne doivent pas pleurer dans notre société. Mais je m'en fichais. Je laissais couler mes larmes et plus rien ne comptait. Mon cœur me faisait mal et j'ignorais si j'allais réussir à le supporter. Élisa ouvrait son cœur et le mien se refermait. Comme si cela ne lui avait pas suffit de me tuer, Élisa continua à me poignarder: «Alors oui je le repousse et je l'évite pour mon bien. Mais j'ai peur de craquer. Au fond de moi je l'aime et je ne peux pas me mentir. Je ne serais pas heureuse tant que je ne pourrais pas l'embrasser. Peut être que ça va changer mais à cet instant précis je ne peux rien m'imaginer sans lui.» Élisa arrêta enfin de parler et je me battais pour respirer. Voyant mes larmes couler Élisa posa sa main sur la mienne et entrelaça nos doigts avec douceur. Je me laissais faire mais n'arrivais pas à sentir sa chaleur. Le temps est passé. À l'heure où je vous parle plusieurs années s