Nous mangeâmes dans la bonne humeur. Je fus surpris que l'ambiance soit aussi chaleureuse que d'habitude. Tout était tellement normal que c'en était presque bizarre. Même Élisa rit à quelques fois et je la regardais manger heureux. Elle avait eu besoin de cela visiblement. J'avais décidé de repousser la conversation pour la laisser décompresser un peu.
Je lui pris même son téléphone alors qu'elle l'avait posé par habitude. Elle n'avait pas vu que je l'avais pris et cela n'était pas la première fois que je le faisais. J'avais eu l'habitude de traîner sur son téléphone et d'envoyer même des messages à des amis à elle. Elle ne m'en avait jamais voulu et je n'avais jamais rien fait de vraiment gênant. Je restais cependant bloqué quand je me rendis compte qu'elle avait changé son code. Je fronçais les sourcils et Élisa remarqua que j'avais son téléphone. Elle me l'arracha des mains et le rangea soigneusement.
Je me sentais trahi mais ce n'était qu'un détail. J'avais vu quelque chose qui m'avait bloqué. Sur l'écran d'accueil un nouveau message s'était affiché. Je n'avais pas pu tout voir mais le peu que j'avais vu était assez.
Tom: Réponds moi putain. Arrête de m'ignorer tu sais bien que...
Cela n'était pas un très bon signe... Je décidais qu'il était temps de lui parler.
«Je voulais simplement voir la photo que tu avais pris de nous à la rentrée.»
Élisa me regarda interdite ne sachant comment réagir pour ne pas être suspecte. Je décidais de ne pas laisser tomber.
«Tu peux me passer ton téléphone s'il te plaît?»
Élisa sortit son téléphone tout doucement comme si j'étais une bête sauvage. Elle ne me reconnaissait pas. Je m'en voulais d'insister mais c'était pour son bien. Je ne la laissais pas reprendre ses esprits. Je lui pris le téléphone avant qu'elle ne trouve une excuse et le range. Élisa ouvrit de gros yeux comme si je venais de la trahir. Je me contentais de fixer l'écran honteux.
«Tu as changé ton code? Pourquoi?»
Élisa mit du temps avant de répondre. Margeaux et Erik qui n'étaient au courant de rien observaient la scène sentant que quelque chose n'allait pas.
«Juste comme ça.
-C'est quoi ton code du coup?-Passe je vais te trouver la photo.»Élisa voulut me prendre le téléphone mais je la repoussais. Elle était persuadée que je savais à présent et je sentais qu'elle était paniquée. Elle ne savait plus quoi faire à présent. Elle était coincée.
«T'inquiète dis moi juste ton code.»
Élisa se tut mais je ne pouvais pas abandonner.
«Qu'est ce qu'il y a? Pourquoi tu ne dis rien? lui demandais-je.»
Je levais les yeux vers Élisa mais je le regrettais immédiatement. Son regard était brisé et suppliant. D'un côté elle avait horriblement envie d'en parler mais d'un autre elle avait juste honte et m'en voulait. Je baissais les yeux honteux.
«Passe moi ton code.»
Mon ton était sec et autoritaire. Élisa ouvrit la bouche mais la referma immédiatement. Jules soutint ma demande ce qui surprit Margeaux et Erik. Ces derniers étaient à deux doigts de venir en aide à Élisa mais ayant vu Jules me soutenir ils étaient complètement perdus à présent. Ils se contentaient donc d'observer la scène en silence.
«Tu as des choses à cacher? demdandais-je à Élisa.»
Cette dernière se leva d'un coup ne supportant plus mes remarques. Je levais les yeux vers elle et lui montrais son téléphone l'air de dire qu'elle n'allait pas aller bien loin sans. Élisa ne se rassit pas mais resta plantée au même endroit perdue.
«S'il te plaît...»
Voyant qu'elle refusait de répondre j'enchaînais.
«Pourquoi Tom t'envoie des messages comme ça?
-Tu lis mes messages en plus?»Mon cœur se serra. C'était la première fois de ma vie que j'entendais Élisa me faire un reproche. Jusque là elle n'avait jamais rien eu à me cacher. Je pouvais lire ses conversations et regarder ses photos. Je n'en abusais pas et de toute façon cela allait dans les deux sens. Je lui laissais mon téléphone et elle pouvait regarder ce qu'elle voulait.
Je devais avouer que j'en avais honte mais quelque part j'étais vexé qu'elle ne se soit pas confiée à moi. Je voulais être là pour pour elle à tout moment. Elle devait le savoir je lui avais répété et prouvé maintes fois. Je comprenais que ce soit dure et qu'elle ait honte alors je ne lui en voulais pas. De toute façon je doutais pouvoir lui en vouloir pour quoi que ce soit. Elle était simplement humaine. Quant à moi à ce moment précis j'étais le pire gars à ses yeux.
«Montre nous ton bras.»
Cette fois ci ce fut Jules qui avait parlé. Élisa et moi nous tournions vers lui pris de court. Nous en étions venus à oublier ce qui nous entourait. Je trouvais cela légèrement déplacé que Jules lui demande de nous montrer son bleu. Je ne voulais pas vraiment la forcer à ce point. J'allais m'interposer mais Jules me fit signe de me taire. Je décidais de lui faire confiance et de regarder où ça allait nous mener.
En entendant l'ordre de Jules, parce que oui il lui avait bel et bien donné un ordre j'en fus même irrité, Élisa recula d'un pas par réflexe. J'eus envie de me lever et de la prendre dans mes bras pour la millième fois aujourd'hui mais je restais assis à scruter son visage inquiet.
«Pourquoi tu veux voir mon bras? demanda Élisa suspicieuse.
-Juste comme ça je veux voir un truc.-Non.»Tout le groupe haussa les sourcils d'un coup surpris. Élisa n'avait jamais rien refusé de sa vie. Entendre ce mot sortir de sa bouche était plus que surnaturel.
Une remit de sa surprise, Jules se répéta avec plus de douceur.
«Élisa. Soulève ta manche.»
Cette dernière secoua la tête et je sentais qu'elle était à deux doigts de pleurer. Elle n'avait jamais réussi à se retenir jusque là. Élisa avait toujours été extrêmement sensible ce qui m'avait touché dès le début. À chaque fois que nous avions regardé des films, ou presque à chaque fois, elle avait pleuré et j'avais trouvé cela adorable. Je me demandais depuis quand elle retenait ses larmes. Il fallait que ça sorte. Il fallait qu'elle parle. Je le sentais.
Ne supportant plus de la voir comme ça je sautais sur mes pieds et tirais Élisa vers moi avec douceur. Je l'entourais de mes bras et posais ma main sur son crâne de manière réconfortante. Je voulais qu'elle sache que j'étais là pour elle et qu'elle pouvait me parler. Je voulais qu'elle sente qu'elle était importante pour moi et que je comptais l'aider.
Élisa avait de plus en plus de mal pour refouler ses larmes alors je lui chuchotais à l'oreille qu'elle pouvait se laisser aller. Elle n'essaya pas de me repousser. J'avais vu juste. Elle avait besoin de se confier. Elle avait besoin d'aide mais n'avait juste pas osé en demander. Je m'en voulais encore plus en réalisant cela. Je devais arrêter de me mentir. C'était ma faute. Élisa avait essayé de me parler quelques semaines auparavant. Elle avait fait le premier pas pour me parler. J'avais senti que quelque chose n'allait pas mais je l'avais repoussée. J'avais pensé qu'elle voulait encore me parler de Tom ou de notre amitié car elle sentait que l'on s'éloignait. Dans tous les cas je n'avais pas été prêt à l'affronter. J'avais été égoïste et maintenant à cause de moi elle pleurait. Élisa ne me rendit pas mon étreinte mais posa sa tête contre mon torse épuisée. Elle laissa couler quelques larmes mais s'arrêta très vite de pleurer. Elle finit par me repousser avec douce
Je pleurais. J'aurais pu avoir honte. Après tout les garçons ne doivent pas pleurer dans notre société. Mais je m'en fichais. Je laissais couler mes larmes et plus rien ne comptait. Mon cœur me faisait mal et j'ignorais si j'allais réussir à le supporter. Élisa ouvrait son cœur et le mien se refermait. Comme si cela ne lui avait pas suffit de me tuer, Élisa continua à me poignarder: «Alors oui je le repousse et je l'évite pour mon bien. Mais j'ai peur de craquer. Au fond de moi je l'aime et je ne peux pas me mentir. Je ne serais pas heureuse tant que je ne pourrais pas l'embrasser. Peut être que ça va changer mais à cet instant précis je ne peux rien m'imaginer sans lui.» Élisa arrêta enfin de parler et je me battais pour respirer. Voyant mes larmes couler Élisa posa sa main sur la mienne et entrelaça nos doigts avec douceur. Je me laissais faire mais n'arrivais pas à sentir sa chaleur. Le temps est passé. À l'heure où je vous parle plusieurs années s
Élisa était une de mes amies proches. Elle avait toujours été la personne la plus attentionnée et rayonnante que j'avais jamais connu. Cependant pas mal de choses changèrent quand elle se mit en couple. Je ne l'avais jamais vue en couple à vrai dire alors c'était peut être pour cela que cela me faisait si bizarre. Je devais avouer que quand j'avais appris la nouvelle cela m'avait fait un choc. Élisa avait toujours été ce que j'avais de plus proche d'une petite amie. Nous étions assez proches. Elle était proche de tout le monde dans notre groupe d'amis tout comme moi mais il y avait les rapprochements physiques en plus. Elle me parlait souvent tout comme je lui racontais des détails sans importance de ma vie mais cela on le faisait avec les autres aussi. Ce qui changeait était que l'on se retrouvait toujours à côté où que nous allions avec nos amis. J'avais fait exprès une ou deux fois mais Élisa s'asseyait à côté de moi même quand je ne faisais pas attention. Ce n'ét
Je n'avais pas réussi à penser à autre chose de toute la soirée. À vrai dire j'ai même eu du mal à dormir. Je devais parler avec Élisa mais j'ignorais comment commencer. De plus si c'était ce que je croyais alors le temps pressait. J'avais fini par envoyer un message sur le groupe où je proposais à tout le monde de manger ensemble le mercredi qui arrivait. Ils avaient accepté et je fus soulagé en voyant qu'Élisa accepta aussi. J'avais eu peur qu'elle dise non mais visiblement j'avais de la chance. En attendant mercredi j'avais essayé de croiser Élisa entre les cours mais j'eus moins de chance sur ce coup. Je réussis à la croiser qu'une seule fois. Elle était pressée et nous n'eûmes pas le temps de beaucoup échanger. Elle me fit simplement la bise et continua sur sa lancée. J'avais eu envie de l'attraper par le bras. Je me retournais mais restais droit comme un pic. Je n'y arrivais pas. Je n'avais pas la force de l'arrêter. Savoir qu'elle était malheureuse me