Chapitre 2

Un bip régulier. Une lumière blanche aveuglante. Une odeur âcre de désinfectant flottant dans l’air.

Alexander ouvrit difficilement les yeux. Sa tête lui lançait, son corps était lourd, engourdi. Il mit quelques secondes à comprendre où il se trouvait.

L’hôpital.

Une douleur fulgurante lui transperça la poitrine lorsqu’il tenta de bouger. Mais rien n’était plus atroce que la sensation de vide, ce vide glacial à côté de lui.

Son cœur s’emballa. Il tourna la tête, cherchant quelque chose—cherchant quelqu’un.

C’est alors que la porte s’ouvrit.

Ethan entra, suivi d’Isabella et de Martha. Tous trois avaient le visage marqué, leurs traits crispés par une douleur silencieuse.

Alexander fronça les sourcils. Quelque chose n’allait pas.

— "Elena ?" murmura-t-il, sa voix rauque et tremblante.

Aucune réponse immédiate.

Isabella s’approcha doucement, posant une main tremblante sur la sienne.

— "Alexander… il faut que tu sois fort."

Son souffle se coupa.

— "Où est Elena ?" répéta-t-il, plus fort cette fois, son ton frôlant la panique.

Un silence pesant s’abattit sur la pièce, un silence assourdissant.

Ethan détourna le regard, ses poings crispés jusqu’à en faire blanchir ses jointures. Martha, la gorge nouée, essuya une larme en baissant la tête.

Alexander sentit son cœur se serrer avec une force implacable.

Puis la vérité tomba.

— "Elle n’a pas survécu."

Le sol se déroba sous lui.

Un souffle haché s’échappa de ses lèvres. Son corps se raidit. Un frisson glacé remonta le long de son échine, et une douleur inimaginable s’écrasa contre sa poitrine, comme si une main invisible lui arrachait le cœur à vif.

— "Non…" souffla-t-il dans un murmure brisé.

Son esprit refusait d’accepter. Son cœur refusait d’y croire.

Il secoua violemment la tête, sa respiration s’accélérant dangereusement.

— "Non, c’est impossible… Vous mentez !"

Sa voix tremblait, mêlant rage et désespoir. Il tenta de se redresser d’un geste brutal, mais une douleur insupportable le renvoya contre le matelas.

— "AELENA N’EST PAS MORTE !" hurla-t-il, la gorge brûlante, les yeux injectés de larmes.

Isabella éclata en sanglots, s’accrochant à son bras, mais il l’écarta brutalement.

— "ELENA !"

Sa poitrine se soulevait violemment, il luttait contre une détresse déchirante. Il agrippa les draps avec une force désespérée, le souffle court, son regard errant dans la pièce comme s’il cherchait une échappatoire.

Ethan s’approcha pour essayer de le calmer, mais Alexander le repoussa violemment, manquant d’arracher son perfuseur.

— "Dites-moi que ce n’est pas vrai !"

Martha s’effondra sur une chaise, incapable de soutenir la scène, ses épaules secouées par le chagrin.

— "Alexander…", murmura Isabella entre deux sanglots.

Mais il ne l’entendait plus. Son esprit sombrait.

Son monde s’était brisé.

Un cri rauque s’échappa de sa gorge, un cri de douleur pure, de rage contenue, de désespoir absolu. Il se prit la tête entre les mains, ses doigts s’enfonçant dans ses cheveux, tandis que les larmes coulaient librement sur ses joues.

Le puissant Alexander Carter n’était plus qu’un homme à genoux devant l’agonie.

Son amour, sa vie, son avenir… tout venait d’être réduit en poussière.

Le temps semblait s’être figé. Seul le bip incessant du moniteur cardiaque d’Alexander troublait le silence pesant de la chambre d’hôpital. Son souffle était court, irrégulier. Son cœur, lui, était en miettes.

Puis, des voix s’élevèrent derrière la porte. Des pleurs. Des murmures étouffés.

La porte s’ouvrit brusquement.

La famille d’Elena venait d’arriver.

Sa mère, Sofia Morales, fut la première à franchir le seuil. Son visage était ravagé par les larmes, ses yeux rouges et gonflés par le chagrin. Elle portait encore la robe qu’elle avait mise pour la fête où sa fille s’était rendue, comme si le temps s’était arrêté au moment du drame.

Derrière elle, son père, Gabriel Morales, tenait à peine debout, son regard vide, perdu. Son costume froissé témoignait de la nuit sans sommeil qu’il venait de passer.

Et puis il y avait son frère, Diego. Son visage dur et fermé contrastait avec la détresse de ses parents, mais ses poings serrés trahissaient la tempête qui grondait en lui.

Sofia Morales, la mère d’Elena, semblait incapable de se contenir. Son regard était égaré, ses mains tremblantes s’agrippaient au drap du lit d’Alexander comme si elle espérait une réponse, une explication.

— "Pourquoi elle, Alexander ?" sanglota-t-elle, sa voix brisée. "Pourquoi ma fille ? Elle était enceinte… Elle allait être maman !"

Son corps se secouait de spasmes incontrôlables tandis que des larmes ruisselaient sur son visage ravagé par la douleur.

Alexander resta figé. Ses lèvres s’entrouvrirent, mais aucun son n’en sortit. Il avait l’impression d’étouffer.

Gabriel Morales, le père d’Elena, était un homme d’habitude froid et mesuré. Mais à cet instant, il paraissait méconnaissable. Ses traits étaient tirés, son regard noir et perçant. Il s’avança lentement, dominant Alexander de toute sa stature imposante.

— "Tu aurais dû la protéger."

Sa voix, bien que basse, était emplie d’une rage contenue qui fit tressaillir Alexander.

— "Elle était avec toi cette nuit-là… Sous ta responsabilité. Comment as-tu pu laisser ça arriver ?"

Chaque mot était une lame qui s’enfonçait un peu plus dans le cœur d’Alexander. Il sentit sa gorge se serrer.

Diego, le frère d’Elena, n’avait pas prononcé un mot jusqu’à présent. Mais lorsqu’il prit enfin la parole, sa voix tremblait sous le poids de la colère.

— "Tu étais censé être son mari, son protecteur… Mais au lieu de ça, elle est morte, et toi, tu es toujours là."

Il serra les poings, la mâchoire contractée. Ses yeux flamboyaient d’une rage profonde, incontrôlable.

— "À quoi ça sert d’être milliardaire, d’avoir tout ce pouvoir, si tu n’as même pas été capable de sauver ta propre femme ?"

Les mots percutèrent Alexander comme une explosion. Son souffle se coupa, son corps tomba en arrière contre les oreillers. Son cœur battait à tout rompre.

— "Je... Je voulais…" tenta-t-il de dire, mais sa voix s’étrangla dans sa gorge.

Que pouvait-il dire ? Rien ne ramènerait Elena.

Diego se rapprocha encore, son regard brûlant de reproches.

— "Tu ne mérites pas de vivre alors qu’elle est morte."

Cette phrase finit de briser Alexander.

Il ne pouvait pas riposter.

Parce que, au fond de lui, il pensait exactement la même chose.

La douleur, la culpabilité, la rage... Tout se mélangeait en un tourbillon destructeur dans son esprit.

Sofia, incapable d’en supporter davantage, s’effondra dans les bras de Gabriel, hurlant le prénom de sa fille.

L’ambiance dans la chambre était irrespirable.

Alexander Carter, pourtant un homme puissant et redouté, se retrouva complètement démuni.

Il aurait tout donné pour que ce soit lui qui soit mort à la place d’Elena.