Une semaine après la mort d’Elias, Les pieds de Maya dansaient dangereusement au-dessus de l’abîme. Le regard perdu dans le vague, elle essuya une larme. Elle la saisit et le contempla, surprise. Elle ne pensait plus en avoir en réserve.Les Charivaris avaient suivi Obsidian en dehors d’Élysia aux premières lueurs de l’aube. Maya avait insisté pour que le corps d’Elias soit emporté avec eux. Obsidian avait évidemment accepté. Il était naturel qu’il reçoive l’enterrement qu’il méritait. Ils avaient monté le camp à quelques heures de marche d’Élysia. Dans la clairière où Elias et Maya avaient échangé leur premier baiser. Celle où ils s’étaient donné rendez-vous.Jour après jour, Maya s’était brisé les os pour ressouder ceux d’Elias. Défigurée pour lui rendre sa beauté. Souffert, saigné pour rendre à sa dépouille son intégrité. À l’issue de trois jours et deux nuits, épuisée, elle
Né à Bordeaux, c’est dans la belle endormie que Victor-Emmanuel a vécu ses 25 premières années. Aujourd’hui pharmacien-biologiste, il a toujours été passionné, aussi loin qu’il s’en souvienne, par la fiction. Nourrir l’imaginaire pour échapper à la réalité. Du polar à la fantasy, du thriller à la science-fiction, ses lectures depuis son plus jeune âge ont alimenté son inspiration. Jusqu’au jour où porté par le désir de faire vivre les histoires qui y sont nées, il décide de leur donner voix à travers ses mots.
Etienne Laland traversait à pas rapides les couloirs sombres de l’ancienne ambassade. Il regarda sa montre et son pouls s’accéléra. Il allait être en retard… Et ceux qu’il devait rejoindre étaient tout sauf patients. Son costume noir, mal coupé, le démangeait. Sa cravate était trop serrée, lui donnant l’impression d’étouffer. Il se fraya finalement un chemin dans la salle de réception. Heureusement, il n’avait pas commencé à parler.Une perle de sueur orna immédiatement le front d’Etienne lorsqu’il vit les regards converger vers lui. La vaste pièce rassemblait, sous la lumière de son immense chandelier de cristal, les membres les plus éminents des Survivants. D’antiques tentures de rouge et d’or tapissaient les murs, quelque peu défraîchies par les ans sans que leur superbe en soit entamée.Etienne regarda les autres invités. Tous portaient des habits somptueux. Les tenues des hommes, aux teintes sombres, étaient parfaitement taillées. Les femmes, au contraire, se démarqu
Que feriez-vous pour être heureux ? Et que seriez-vous prêt à faire pour conserver ce bonheur si inaccessible ? Ces questions avaient hanté Elias au cours des semaines passées, précédant l’échéance inéluctable du lendemain. Il voyait s’égrener les précieuses minutes de la dernière journée ayant pour lui un quelconque intérêt. Une fois achevée, seul demeurerait l’ennui pesant jusqu’au jour de ses dix-huit ans. Les jours au Pensionnat défileraient, monotones et identiques les uns aux autres.Affalé à côté de lui, Tom s’esclaffait sur une réplique idiote d’un vieux film du XXIe siècle. D’un œil distrait, Elias regardait avec fascination les humains de l’époque: les Homo sapiens. Renommé actuellement, à plus juste titre, Homo perniciosus, l’Homme dévastateur, dont l’orgueil démesuré avait failli provoquer sa propre fin deux cents ans auparavant. Pourtant en apparence si similaires à eux, ils étaient décrits dans les livres d’histoire comme une espèce égoïste et aut
À la vue d’Élysia, ils oublièrent le froid mordant. Des tours d’argent filaient vers le ciel, pures lignes de lumière dans la nuit noire. D’immenses édifices s’étalaient à perte de vue. Son organisation en faisait une ville circulaire, presque monolithique, bordée par ses douze Pensionnats. Du haut de la falaise où se tenaient Elias et Tom, ils pouvaient apercevoir Élysia se découper en trois cercles concentriques, chacun destiné à abriter les différentes castes de la population. Au plus près d’eux, ils distinguaient les quartiers Lambdas d’où s’échappaient le plus d’éclats de voix.Suivait le secteur Thêtas d’où s’envolaient de mystérieuses boules de lumière, projetant leurs ombres diaphanes sur les larges rues pavées de pierre blanche. Et enfin, le domaine Psy avec en son centre l’Étoile d’Élysia, le plus grand symbole national. Chaque arrondissement était séparé par un jardin formant lui-même un cercle. L’amour de la nature était fortement ancré dans la culture élyséenne. Un
Elias plissa les yeux pour s’habituer à l’excès lumineux.—On ne dirait pas une étoile..., commença-t-il, songeur. Plutôt… un bouton de rose.—Avec tout le mal qu’on s’est donné pour arriver ici, t’as intérêt à apprécier la vue, répondit Tom, menaçant.—Regarde bien! L’Étoile est complètement disproportionnée par rapport au corps de la tour, comme une tige. Le sommet semble composé de plusieurs fines feuilles de métal et de verre…Tom haussa les épaules, peu convaincu.—Tu as une sacrée imagination. Vue d’en dessous, elle a cinq branches et elle scintille. Il ne m’en faut pas plus!Les «pétales» formaient des édifices de plusieurs étages de longs qui courraient sur le dernier tiers du bâtiment. Ceux-ci étaient taillés dans du verre sombre, opaque, noir comme la nuit. D’innombrables petites perles de lumière étincelaient sur toute leur surface. Des étincelles dorées tombaient des derniers étages po
Une théorie veut que le cours du temps soit relatif. Ainsi, bien que la chute fût brève, Elias la vécut comme un instant interminable. Le vent soufflait à ses oreilles, lui envoyant ses cheveux dans les yeux. Le ciel se révulsa autour de lui dans un déluge de lumière, le bouquet final des feux d’artifice tonnant une dernière fois en arrière-plan comme pour accompagner sa chute. Soudain, alors que le sol se rapprochait à toute allure, il sentit son poids le quitter et les charnières le tirer en arrière, mordant sa peau à vif. Sa tête retrouva sa place naturelle en haut de son corps et ses pieds se posèrent doucement sur les dalles de marbre. Il peinait à reprendre ses esprits quand Tom lui donna un coup dans l’épaule.—Merci, dit-il simplement.En haut de l’immeuble, les animatronics et Aaron montaient sur le balcon pour découvrir leurs proies au sol.—Ça, ça va les ralentir! lança Elias, satisfait pendant une infime seconde.Avant de voir l
Deux mois, trente jours, vingt-deux heures et quarante-sept minutes précisément depuis le départ de Tom du Pensionnat. Trois mois qu’Elias avait passés dans l’attente de le rejoindre à Élysia. Et trois mois sans nouvelle. Chaque jour, il consultait la messagerie privée qu’ils avaient créée pour l’occasion, dans l’espoir que Tom lui ait laissé un mot. Mais aucun message, quelle que soit sa nature, ne lui parvint.Étendu sur son lit, il attendait que les dernières heures le séparant de l’Optimus s’écoulent. Les bras croisés derrière la nuque, il fixait l’HoloPad au plafond. Le doux ronronnement de l’appareil lui faisait lentement fermer les yeux. Il n’avait jamais remarqué ce bruit avant d’être constamment enchaîné à sa chambre après leurs «exploits» à Élysia. Son esprit s’évada…ΩLes jours suivant leur retour furent particulièrement pénibles. Compte tenu des faits, la direction du Pensionnat fut finalement assez clémente, mais la