Deborah sentit les larmes couler sur ses joues, chaudes et incontrôlables, alors qu’elle tapotait l’épaule de Diego, un geste pour le rassurer autant qu’elle-même. Son rire, encore fragile, résonnait dans l’air saturé du marché, où les odeurs de poisson et de pain frais se mêlaient à celle, plus subtile, de la rose qu’il lui avait offerte. Elle cligna des yeux, tentant de chasser ses larmes, et lui adressa un sourire tremblant.— Ne t’en fais pas pour moi, je serai toujours ton modèle, même pour tes clients, dit-elle, sa voix vacillant mais déterminée.Diego haussa un sourcil, un sourire taquin étirant ses lèvres.— Je te payerai !— Même pour rien, je le ferais, je donnerais mon corps à l’art, répondit-elle, un éclat de malice dans les yeux, bien que ses larmes continuassent de couler.Il lui pinça les hanches, un geste joueur qui la fit sursauter, son rire éclatant malgré la douleur qui pesait sur son cœur.— Tu as perdu du poids, mais je te préférais avec des formes ! lança-t-il, s
Deborah observa Renée, dont le malaise était palpable, ses yeux fuyant les siens tandis qu’elle ajustait nerveusement son panier de courses. La gouvernante, avec son chignon grisonnant et son tablier taché, semblait coincée entre son affection pour Deborah et sa loyauté envers Jonathan. Deborah lui adressa un sourire provocateur, ses lèvres encore chaudes du baiser échangé avec Diego. Ignorant le regard de Renée, elle se tourna vers Diego, ses yeux brillants d’une audace retrouvée. Elle s’approcha de lui, ses doigts effleurant son écharpe rouge, et l’embrassa de nouveau, un baiser profond, chargé de la douceur d’un passé heureux. Ses lèvres, chaudes et familières, avaient le goût des soirées d’autrefois, des rires partagés sous les toits de Paris, un contraste saisissant avec la froideur de sa vie actuelle. Elle se recula, un sourire espiègle aux lèvres, et lui fit un signe de tête, son cœur battant à tout rompre.Ses yeux tombèrent sur la chaîne en or qu’il portait toujours, le cruci
Deborah entra dans la cuisine, ses doigts serrant la rose qu’elle tenait encore, son parfum doux un rappel de Diego et de l’instant de liberté volé au marché. L’odeur du bouillon mijotant emplissait la pièce, mêlée à celle du bois ciré et du café froid sur le comptoir. Renée, affairée à ranger les courses, lui jeta un regard furtif, ses mains s’agitant nerveusement. Deborah sentit une tension dans l’air, amplifiée par la voix de Jonathan, résonnant depuis le salon. Il riait à pleins poumons, un son grave et exubérant qui lui donnait la nausée, chaque éclat une insulte à son autonomie.— OK, ce soir c’est bon, oui, je vous la présenterai ! l’entendit-elle dire, sa voix claire malgré la distance.Deborah ferma les yeux, une vague de dégoût la traversant. Il parlait d’elle, elle en était sûre, comme si elle n’était qu’un objet à exhiber. Ses doigts effleurèrent ses lèvres, marquées par le baiser de Diego, et un sourire fugace traversa son visage, un secret chéri. Mais les pas lourds de J
Deborah sortit de la cuisine, la gorge encore serrée par la conversation qu’elle venait d’avoir avec Renée. Ses pas la menèrent vers la chambre d’un pas rapide, presque mécanique, mais un frisson parcourut son dos quand elle entendit les pas lourds et réguliers de Jonathan la suivre. Il ne parlait pas. Il n’avait pas besoin de parler pour imposer sa présence.Elle atteignit la porte, tenta de la refermer derrière elle, mais sa main à lui surgit, ferme et implacable, stoppant net le battant dans un bruit sourd. Deborah recula d’un pas, le cœur battant plus fort. Son regard à lui, glacial et gris acier, se planta dans le sien, comme un coup de poignard.— Dégage tes valises, elles encombrent ! dit-il d’une voix sèche, sans un frisson d’émotion.Elle ne répondit pas. À quoi bon ? Chaque mot avec lui devenait une bataille. Au lieu de cela, elle passa devant lui d’un mouvement brusque, ses épaules frôlant les siennes, volontairement. C’était un défi silencieux, une manière de dire "je suis
L’heure du repas arriva vite, bien trop vite au goût de Deborah, qui redoutait chaque minute passée en sa compagnie. Elle se retrouva assise à la longue table de la salle à manger, en face de Jonathan. Un mur invisible s’élevait entre eux, plus solide et plus froid que la pierre. La pièce, pourtant spacieuse, paraissait soudain minuscule, étouffante, écrasée par une tension sourde qui semblait s’infiltrer jusque dans les fibres du tapis. Les murs crème, autrefois chaleureux, prenaient une teinte blafarde sous la lumière tamisée du plafonnier, et le lustre, éteint au-dessus d’eux, ressemblait à une menace suspendue.Deborah restait figée, droite comme une statue, les mains serrées sur ses cuisses, à en blanchir les jointures. Ses yeux fixaient la nappe blanche, obstinément, comme s’y ancrer lui permettait d’échapper à cette mascarade. Elle ne voulait pas voir Jonathan, pas même le regarder. Elle se refusait à croiser ce regard gris, glacial, qui ne lui inspirait plus que colère et dégo
Deborah se tenait immobile, ses clés de voiture serrées dans sa main, le métal mordant sa paume. Jonathan, toujours assis, la fixait, son café fumant entre ses doigts, son regard gris cherchant à percer son silence. La salle à manger, avec ses murs oppressants et son lustre éteint, semblait amplifier la tension qui vibrait entre eux. Elle sentit une vague de dégoût, son estomac se nouant à l’idée de passer une minute de plus sous son contrôle.— Autre chose, ajouta-t-il, sa voix autoritaire, presque menaçante. Ce soir, j’ai des amis qui viennent manger. Tu te tais si tu veux, mais tu manges. Ils viennent pour te rencontrer, le garçon est un ami d’enfance. Tiens-toi correctement avec eux !Deborah ne répondit pas, ses yeux fixant un point invisible sur la nappe, refusant de lui donner la satisfaction d’une réaction. L’idée de jouer la fiancée modèle devant ses amis, de sourire comme une poupée sous son joug, lui donnait envie de hurler. Elle se leva, traversa la pièce d’un pas déterminé
Deborah suivait la BMW de Jonathan, ses phares scintillant dans la lumière déclinante de l’après-midi. Les rues, bordées de flaques de neige fondue, reflétaient les néons des magasins, un éclat froid qui contrastait avec la chaleur qu’elle ressentait dans sa Twingo. Elle alluma la radio, augmentant le son à fond, une chanson rock emplissant l’habitacle de ses riffs agressifs. Elle se mit à chanter, sa voix rauque couvrant la musique, chaque note un exutoire à sa colère, à sa frustration. Les paroles, criardes et rebelles, semblaient parler pour elle, un cri qu’elle ne pouvait pousser dans la maison de Jonathan. Ses doigts tambourinaient sur le volant, ses cheveux volant au rythme de ses mouvements, et pendant un instant, elle se sentit libre, loin de son regard, de son autorité.La musique résonnait contre les vitres embuées, réchauffant un peu ce cocon de tissu et de plastique usé qui lui appartenait, à elle seule. Ce n’était pas une voiture de luxe, mais c’était la sienne, et rien qu
Deborah remit la musique à fond, un cri de guitare saturée déchirant le silence, éclaboussant les parois de la Twingo comme une détonation. C’était sa guerre à elle, son front personnel. Chaque riff crachait sa rage, chaque note martelait son refus. À côté, Jonathan fulminait, mâchoires contractées, poings fermés. Elle n’en avait rien à faire. Plus maintenant.Elle bifurqua brusquement en direction de chez elle, les pneus crissant sur l’asphalte encore mouillé par la neige fondue. L’odeur d’essence, de tissu râpé et de liberté flottait dans l’habitacle. C’était son territoire, son sanctuaire contre l’ordre froid, rigide, de l’homme assis à sa droite.D’un geste sec, Jonathan coupa la musique. Le silence retomba, brutal, comme une claque.— T’as pensé à ton stage ? demanda-t-il d’une voix tendue, presque glaciale, ses yeux d’acier rivés sur son profil.Deborah ne répondit pas. Elle sourit, un sourire insolent, provocant. Et d’un doigt moqueur, elle remonta le son encore plus fort, les p
Plus tard, alors qu’elle préparait le déjeuner – une simple pizza réchauffée, comme la veille – Deborah entendit les pas lourds de Jonathan dans le couloir. Il réapparut dans la cuisine, son humeur semblant s’être légèrement adoucie, mais ses yeux, plissés et fatigués, trahissaient toujours une tension sous-jacente. Flocon, toujours sensible à l’ambiance, releva la tête de son panier et s’approcha prudemment de lui, remuant la queue avec hésitation, comme s’il testait la température émotionnelle de la pièce.— J’ai parlé a un amis, il y a un autre endroit, dit Jonathan sans préambule, s’appuyant contre le chambranle de la porte. Ils ont une salle disponible samedi prochain. Ce n’est pas celle qu’on voulait, mais ça fera l’affaire.Deborah, qui coupait la pizza en tranches inégales, s’arrêta net, son couteau suspendu en l’air. Flocon, sentant un nouveau pic de tension, s’assit entre eux, ses yeux alertes passant de l’un à l’autre.— Samedi prochain ? répéta-t-elle, incapable de masquer
Jonathan se redressa, passant une main dans ses cheveux, visiblement à bout de patience.— Ne commence pas avec ça, Deborah. Tu sais très bien pourquoi on en est là. Tu as fait des choix, et maintenant, on assume. Tous les deux.— Des choix ? s’exclama-t-elle, sa voix montant d’un cran. Quels choix, Jonathan ? Celui de ne pas t’aimer ? Celui de ne pas vouloir de cette vie que tu essaies de m’imposer ? Tu parles de choix comme si j’avais eu mon mot à dire !Flocon, effrayé par les éclats de voix, aboya doucement, ses petites pattes s’agitant comme s’il voulait intervenir. Deborah le prit dans ses bras, le serrant contre elle pour le calmer, mais ses yeux restaient fixés sur Jonathan, pleins de défi.— Tu penses que je fais ça pour m’amuser ? cria-t-il, sa voix résonnant dans la cuisine. Tu crois que c’est facile pour moi ? J’essaie de construire quelque chose, Deborah. Avec toi ! Et toi, tout ce que tu fais, c’est te moquer et me repousser !— Parce que je ne veux pas de ça ! répliqua-
Le lendemain matin, Deborah se réveilla sur le canapé du petit salon, Flocon blotti contre son flanc, ses petites oreilles soyeuses frôlant son bras. Les rayons du soleil traversaient les rideaux, illuminant la pièce d’une lumière douce mais implacable, comme un rappel que la journée allait être longue. Elle caressa distraitement la tête du chiot, qui s’étira en bâillant, ses yeux ronds pleins d’une innocence qui contrastait avec la lourdeur de son propre cœur. Elle se redressa, les muscles encore endoloris, et jeta un regard autour d’elle. La maison était silencieuse, mais elle savait que Jonathan ne tarderait pas à apparaître, avec son énergie débordante et ses attentes oppressantes.Elle se leva, Flocon trottinant derrière elle, et se dirigea vers la cuisine. Le chiot, toujours plein d’entrain, s’arrêta pour renifler un coin du parquet, sa queue battant l’air comme un métronome. Elle prépara du café, plus par réflexe que par envie, et s’assit à la table, la tasse chaude entre ses m
Après ce moment tendu, ils se retrouvèrent dans un silence pesant. Flocon, sentant le malaise, s’assit entre eux, ses yeux ronds allant de l’un à l’autre, ses oreilles soyeuses légèrement inclinées comme s’il tentait de décrypter l’atmosphère. Sa queue, habituellement frétillante, reposait immobile sur le sol, trahissant son incertitude. Deborah fixait le sol, ses doigts crispés autour de la tasse vide, ses jointures blanchissant sous la pression. Chaque inspiration lui semblait lourde, comme si l’air de la cuisine s’était épaissi. Elle se mordilla la lèvre, un geste inconscient, tandis que son esprit s’emballait, oscillant entre la colère et une étrange vulnérabilité qu’elle refusait d’admettre. Le souvenir du baiser de Jonathan, ardent et insistant, lui brûlait encore les lèvres, et elle serra les dents pour chasser cette sensation.Jonathan, de son côté, s’appuya contre le comptoir, ses bras croisés sur son torse nu. Son visage, d’ordinaire si assuré, laissait entrevoir une ombre d
— Je suis juste en face de toi. Regarde-moi.Sa voix claqua doucement dans le silence, une injonction sans colère mais pleine d'attente. Deborah leva les yeux, lentement, comme si son regard pesait une tonne. Il était là, tout près, trop près. Elle sentit son souffle sur sa peau. Un frisson la traversa, aussi imperceptible qu’inattendu.Flocon, qui s’était roulé en boule non loin d’eux, redressa la tête, les oreilles frémissantes. Il s’approcha à pas feutrés, posant son museau contre le genou de Deborah, l'air inquiet.— Alors, tu n’es pas obligée de mentir. Si je ne te plais pas, dis-le.Elle cligna des yeux, la gorge sèche.— Je ne sais pas.— Tu hésites ?Elle secoua légèrement la tête, puis la redressa, le menton plus haut cette fois.— Non… Je me dis qu’au final, tu ressembles beaucoup à John. Ton père.Elle vit son expression changer. Subtilement. Juste un battement de cil un peu plus long, une tension au coin des lèvres. Elle savait que ça piquerait. Et pourtant, elle ne retira
De toute façon, il était plutôt sans filtres. Elle ne répondit pas et but son café d’un trait.— Je vais me doucher ! lui dit-elle en posant sa tasse dans l’évier.Flocon, sentant son départ, trottina derrière elle, mais elle lui fit signe de rester. Le chiot s’assit, la regardant partir avec un air plaintif. Elle prit soin de verrouiller les deux portes à clé.Elle se déshabilla, prit sa douche, se sécha et alla s’habiller dans la chambre. La maison semblait vide, et le silence n’était pas quelque chose qu’elle appréciait. Flocon, qui avait réussi à la suivre discrètement, s’assit au pied du lit, ses yeux suivant ses moindres gestes. Elle refit le lit ; la journée allait être très longue.Elle sortit de la maison et se rendit dans le jardin ; marcher un peu lui fit du bien. Flocon gambadait à ses côtés, reniflant l’herbe et poursuivant une feuille volante. Il ne faisait ni chaud ni froid. Le chiot, plein d’énergie, rapporta un petit bâton qu’il déposa fièrement à ses pieds, espérant
— On a quand même passé des jours ensemble quand tu étais jeune. Tu n’avais aucun avis sur moi ?— Aucun, je te l’ai dit. Tu n’existais pas pour moi !— Je pensais que tu m’évitais car je te plaisais !— Je ne t’évitais pas. Si tu m’avais plu, je ne t’aurais pas évité, crois-moi. Je n’ai jamais évité un homme qui me plaisait.— D’accord, je comprends. Dis-moi, est-ce que tu me trouves attirant physiquement ?— Je ne sais pas, je ne te juge pas vraiment sur ton apparence !— Toi, tu m’attires, Deborah Miller, mais ton caractère un peu moins. On travaillera là-dessus ensemble !Il lui caressa les fesses, et elle crut comprendre le message qu’il essayait de lui faire passer. Flocon, sentant un changement d’humeur, s’assit et les regarda tour à tour, comme s’il attendait une explication.— Tu m’as aussi fait mal, crois-moi, je ne pourrai pas dormir sur le dos ce soir ! Allez, je te laisse dormir.Il déposa un baiser sur sa joue avant de glisser ses lèvres dans son cou. Elle sentit des fri
Dans la nuit, Deborah sursauta. Une main la secouait doucement. Elle ouvrit les yeux, clignant un peu face à la pénombre, et reconnut le visage de Jonathan penché sur elle.À ses pieds, Flocon, petit chiot cocker aux oreilles soyeuses et au pelage crème, battait frénétiquement de la queue. Ses yeux ronds, pleins de lumière, brillaient dans l’obscurité. Il poussa un petit couinement, sautillant d’une patte à l’autre comme s’il sentait qu’il se passait quelque chose d’important.— Il t’est impossible de passer toutes tes nuits ici à dormir, viens ! souffla Jonathan, un demi-sourire aux lèvres.Déborah cligna encore, les yeux mi-clos, la bouche entrouverte, confuse. Elle se redressa lentement, comme tirée de la vase. Flocon trottina joyeusement derrière eux, ses petites pattes martelant le parquet dans un clic-clic discret mais régulier.Elle suivait Jonathan, les sourcils froncés, les bras croisés sous sa poitrine comme pour se protéger du froid... ou de lui. Le chiot la frôla, truffe f
— Taie-toi, Miller ! On a de la compagnie. Merci de ne pas me causer d’embarras.Il la plaqua contre le mur et murmura à son oreille :— Je pourrais recommencer ce qu’il y a eu tout à l’heure !Elle en eut le souffle coupé, un poids au cœur. Parfois, il lui faisait peur, mais cette fois, elle ne ressentait pas seulement de la peur.— Tu as compris ? demanda-t-il.Elle répondit timidement par un petit « oui ».— Je n’ai pas entendu, insista-t-il.— Oui, d’accord, je ne vais pas te mettre dans l’embarras.Il s’écarta d’elle et lui caressa le visage.— Merci, et tant qu’à faire, essaie d’avoir l’air amoureuse !— Ne m’en demande pas trop non plus !— Comment ?Il l’avait recollée contre le mur.— D’accord, mais recule, tu me fais mal ! lui dit-elle.Il recula et la regarda de la tête aux pieds, puis rit.— Ah oui, ton cul qui touche le mur, pardon !Elle eut envie de l’insulter, mais déjà il lui prenait la main pour l’entraîner vers la sortie pour retourner auprès de ses amis.Léa demand