Chapitre 2

Lucie.

J'étais en route pour la cuisine principale depuis l'étage principal de la maison lorsque j'entendis la voix de Manuel chercher Stella alors qu'il entrait dans la cuisine par la porte de sortie, me faisant m'arrêter net.

Je n'ai jamais aimé Manuel. Il était paresseux comme un porc mais uni à une femelle merveilleuse. Et j'essayais de l'éviter autant que possible car nous étions toujours en conflit. Et j'étais sûre que si Stella n'était pas là, j'aurais été renvoyée de cet orphelinat il y a bien longtemps à cause de lui.

« Lucie est prête pour la Fête des Omegas. Assure-toi qu'elle ait les vêtements appropriés pour assister à la cérémonie. » Manuel lança cela alors que ses pas résonnaient sur le sol de la cuisine.

Stella préparait les plats pour le dîner de la soirée et je devais venir l'aider. Mais au lieu de cela, je me cachai dans le placard à provisions pour pouvoir écouter davantage leur conversation.

« Quoi ? Qu'as-tu fait ? » demanda Stella, et je pouvais seulement imaginer le froncement de sourcils sur son visage.

« Je l'ai inscrite pour la Fête des Omegas. Ils ont juste vérifié sa photo et elle a été acceptée tout de suite. »

Mes yeux s'écarquillèrent alors que mes mains volaient vers ma poitrine, agrippant mon chemisier comme si cela suffisait à arrêter mon cœur, mais il battait rapidement. Je m'appuyais contre le mur froid, stabilisant ma respiration. Les épices et le mélange de trop nombreux parfums devraient suffire à ce qu'ils ne me sentent pas, mais ils entendraient probablement mon cœur battre si je ne parvenais pas à le contrôler.

La Fête des Omegas, où les femelles Omegas ayant atteint la majorité, âgées de 18 à 19 ans, étaient exposées au public soit pour une enchère soit pour un duel, dans le cas où personne ne voulait renoncer à l'enchère. Et après cela, l'Oméga serait possédée par le vainqueur et réduite en esclavage, principalement pour le plaisir.

Je n'avais pas compris au début pourquoi il fallait une Fête des Omegas alors que les mâles pouvaient simplement acheter une femelle qu'ils voulaient pour la nuit avec la population croissante de clubs de nuit et de strip-tease partout, à la fois pour les humains et les métamorphes. Ce n'est que lorsque j'ai entendu des amies de Stella dire que les Alphas et autres milliardaires métamorphes utilisaient cet événement pour gonfler leur ego, voulant être l'homme le plus puissant du Nord, ce dont bien sûr l'organisateur de la fête profitait.

« Mais elle n'a pas de loup. »

« Mais elle a dix-huit ans, n'est-ce pas ? »

« Oui, c'est vrai. Mais ces Alphas, ne veulent-ils pas une Oméga avec un loup ? »

« Eh bien, elle n'est pas la première Oméga à être choisie sans loup pour la fête, donc je suis sûr que cela ne posera pas de problème. Il suffit de les informer. Et si personne ne la veut, je la renverrai ici et elle sera libre de partir le mois prochain. Mais ils ont dit qu'elle est belle comme aucune autre Oméga de la fête de cette année, donc je suis sûr qu'elle sera choisie. »

« Elle est gentille, cette fille... » Stella m'appréciait vraiment. Moi aussi, je l'aimais bien. C'était la seule adulte ici qui me traitait équitablement.

« Gentille ? Elle est imprudente et cause trop de chaos ici. Il vaut mieux qu'elle aille quelque part où elle sera utile et où nous pourrons tirer profit d'elle. D'ailleurs, je suis sûr qu'un jour, elle va pousser des cornes et donner des ordres à tous les autres loups ici, alors autant la jeter à quelqu'un qui pourra la dompter. »

J'ai étouffé un ricanement. Fais attention à ce que tu souhaites, imbécile.

« Je ne sais pas pourquoi tu ne l'aimes pas. Elle protège les petits ici, et si elle adopte une attitude désagréable, c'est parce qu'elle se protège, eux et elle. »

Coché. Coché.

« Et je ne sais pas ce qu'elle t'a fait pour que tu l'aimes trop. Je t'ai dit de ne jamais t'attacher à eux. As-tu oublié que ces jeunes loups nous ont été confiés pour que nous en prenions soin jusqu'à ce qu'ils atteignent leur majorité ? Une fois qu'ils ont dix-huit ans, ils partent chacun de leur côté. »

« Mais alors, pourquoi ne la laissons-nous pas partir comme les autres ? Pourquoi as-tu besoin de l'inscrire à la Fête ? »

Coché de nouveau.

« Parce que nous avons besoin d'argent ! Tu es stupide ou quoi ? Cette fête a lieu tous les deux ans ! Nous avons de la chance d'avoir une jeune de dix-huit ans cette année. Nous n'en avions aucune lors des deux dernières fêtes. »

« Elle sait qu'elle quittera cet endroit le mois prochain. » Stella semblait angoissée alors que j'entendais encore le couteau heurter la planche à découper.

« Changement de plan alors, elle partira dans une semaine. »

Pourquoi avais-je oublié que j'avais déjà dix-huit ans selon l'âge que je leur avais donné à mon arrivée ici il y a deux ans ? Je suppose que je me suis trop amusée, et maintenant, j'étais vouée à la perdition.

Le dos toujours appuyé contre les murs, je serrai les mains en poings fermés et fermai les yeux, essayant de retenir mes émotions pour ne pas me laisser submerger. J'étais sur le point d'arracher mon collier de mon cou, mais j'ai réussi à me retenir.

Je m'appelle Lucija (Lucia).

Ou Lucie, l'oméga orpheline pour les métamorphes de cet orphelinat et les gens autour de nous.

Mais j'avais un secret que je devais garder aussi longtemps que possible.

Je n'étais qu'à moitié loup-garou, et l'autre moitié de moi... était un démon. Ainsi, les cornes que Manuel mentionnait pourraient me pousser, pourraient réellement surgir à tout moment si je ne parviens pas à me contrôler.

Il y a deux ans, le jour même de mes dix-huit ans, j'ai échappé à l'enfer en utilisant une cape d'invisibilité que j'avais obtenue d'une gentille sorcière résidant dans le monde souterrain, et le collier que je n'ai jamais retiré depuis que j'ai remis les pieds dans le monde humain.

La cape d'invisibilité empêchait les démons de détecter ma présence lorsque je les croisais, me permettant d'atteindre les portails sans que personne ne me remarque, surtout les gardes démons que mon père avait ordonné de me surveiller. Mais je ne pouvais l'utiliser que dans l'enfer – la cape perdait sa magie une fois qu'elle traversait d'autres royaumes. Alors, je l'ai laissée quelque part près du portail que j'ai utilisé pour transporter dans ce royaume.

Quant au collier à mon cou, il supprimait le pouvoir en moi.

Avec mon pouvoir supprimé, je ne serais pas capable de nuire à une âme vivante appartenant au monde souterrain. Et sans mon pouvoir, mon père, le Prince des Ténèbres, ne pourrait pas me retrouver dans le royaume humain.

Les Royaux Démoniaques peuvent être les Dieux de l'Enfer, mais nous suivons les pactes et les règles des autres royaumes. Nous ne pouvions pas simplement prendre des humains vivants ou qui que ce soit et les emmener dans notre monde à moins qu'ils ne vendent leur âme aux démons ou qu'ils se portent volontaires pour visiter l'enfer.

Et une fois qu'ils sont là, ils nous appartiennent, corps et âme.

Oui, mon nom est Lucija, Princesse Démon du Chaos.

Mon père avait engendré des centaines de démons, s'étendant sur des siècles, mais ils étaient tous des mâles. J'étais sa première et unique fille. Et cela n'avait pas d'importance pour lui que j'avais du sang de loup-garou coulant dans mes veines, ce qui était la raison même pour laquelle j'avais fui dès que j'avais eu dix-huit ans et que j'avais pu utiliser le portail seule.

Mon père voulait purifier mon sang et éliminer toute trace de sang de loup-garou en moi à travers des rituels, des offrandes, et l'insémination naturelle de fluides séminaux de démons — en bref, des orgies sexuelles.

Bien que les rituels et les orgies sexuelles soient monnaie courante en enfer, je n'étais pas partante. Je ne voulais pas que le sang qui était mon seul lien avec ma mère décédée disparaisse. En outre, mon corps m'appartient. Je ferais ce que bon me semble, et mon père ne pourrait pas me dire quoi faire avec.

Et ces métamorphes non plus. C'est pourquoi je devais partir et sortir de cet endroit avant d'être jetée dans un trou encore plus profond.

Je suis sortie discrètement de la pièce et me suis précipitée vers ma chambre attribuée. Dès que je fus à l'intérieur, je passai à l'action et jetai mes quelques affaires, y compris mes économies, dans le sac à dos que j'avais obtenu grâce aux dons. Le sac n'était pas très grand, mais il suffirait pour mes nécessités pendant quelques jours.

Le froid n'avait aucun effet sur moi. Ma température corporelle était adaptée à tous les climats, donc si je n'avais nulle part où aller, je pourrais simplement trouver une grotte où camper pour le reste de la nuit avant de pouvoir continuer mon voyage demain.

Mais je n'avais aucune idée de l'endroit où aller ensuite. J'avais choisi le Nord pour la simple raison que cet endroit n'avait pas de règles, personne pour gouverner les métamorphes qui s'y promenaient. En tant qu'Oméga, du moins c'est ce que je prétendais être - je n'avais pas besoin qu'une meute m'adopte. Il suffisait que je vive dans un orphelinat qui abritait des mineurs jusqu'à ce qu'ils atteignent leur majorité.

C'était la raison pour laquelle j'avais dit que j'avais seulement seize ans quand je suis arrivée ici, il y a deux ans. Et sans loup et sans trace de moi nulle part, personne ne doutait de mon âge. J'étais censée obtenir mon diplôme de l'orphelinat le mois prochain. Et je pensais déjà à vivre comme un humain. Mais peut-être qu'un départ un mois plus tôt ne serait pas si mal.

Je devais juste m'assurer de pouvoir m'éloigner d'ici autant que possible, au moins jusqu'à la fête, pour que plus personne ne vienne me chercher.

La porte de ma petite chambre s'ouvrit, et mon corps sursauta alors que je tentais de cacher mon sac à dos sous ma couverture. Mais cela ne suffisait pas. Mon petit meuble était ouvert, et mes vêtements étaient éparpillés du sol à mon lit, comme toutes les autres choses dans ma chambre, comme si quelqu'un l'avait fouillée en cherchant quelque chose.

« Que fais-tu ? »