Aníbal L’étreinte se fit plus profonde, chaque contact éveillant une intensité que je n’avais jamais connue. Les ombres qui nous entouraient, loin de nous effrayer, devenaient des témoins silencieux de notre amour naissant. Le goût de ses lèvres était un mélange de promesse, d'aventure et de bonheur, chaque seconde intensifiant notre connexion. C'était comme si, en ce moment, tout prenait sens—nos luttes, nos rêves, toutes nos peurs étaient finalement oubliées.À cet instant précis, je compris que peu importait le chemin que nous devions parcourir. Ensemble, nous étions prêts à affronter non seulement les ténèbres du monde, mais aussi celles de nos cœurs. Ce baiser n'était pas seulement une victoire sur l'ombre, mais une célébration de ce que nous avions trouvé l'un dans l'autre.Nous appartenions à cet instant de promesse, à cette lumière qui brillait dans nos coeurs, une lumière que nous continuerions à faire briller ensemble, défiant à jamais les sombres ruelles de notre réalité.
Aníbal Les rues sombres de la ville étaient toujours aussi familières, mais cette fois, elles semblaient un peu moins menaçantes. Je marchais silencieusement aux côtés de Claire, mes pas résonnant sur le pavé mouillé. L'air frais de la nuit caressait mon visage, et malgré les événements récents, je ressentais une étrange sensation de soulagement. Peut-être que, même si je n'avais pas trouvé toutes les réponses que je cherchais, j'avais franchi un pas important. Le fardeau que je portais depuis tant d'années ne semblait pas aussi lourd qu’avant.Claire, qui marchait à mes côtés, brisa enfin le silence, d’une voix douce mais assurée. "Tu as fait un grand pas aujourd’hui. Tu sais, tout ne peut pas être réglé d’un coup. Ce n'est pas à toi de tout porter."Je hochai lentement la tête, ses mots résonnant en moi. Elle avait raison. J'avais longtemps cru que chaque erreur, chaque décision, était une pierre que je devais porter seul. Mais la réalité, c’était que les fardeaux ne se portaient p
Le soleil était déjà bas à l’horizon lorsque Claire et moi quittâmes le café. La nuit commençait à tomber, teintant les rues d’une lueur dorée, presque apaisante. La ville semblait moins menaçante ce soir-là, avec ses bruits habituels – moteurs, voix, bruits de pas – résonnant comme un fond sonore lointain. Le calme ambiant contrastait avec la tempête intérieure que j’avais vécue ces dernières années.Nous marchions en silence, chacun perdu dans ses pensées. Claire, toujours à mes côtés, n’avait pas cherché à interrompre mes réflexions. Elle savait que le chemin que je venais de prendre ne serait pas facile, mais elle sentait aussi qu’il y avait en moi une volonté nouvelle, un espoir fragile qui, peu à peu, commençait à germer."Tu sais," dit-elle finalement, rompant le silence, "si tu veux vraiment changer de vie, il y a des endroits où tu pourrais commencer à reconstruire."Je tournai mon regard vers elle, intrigué. "Des endroits ? Tu veux dire des lieux où je pourrais me cacher, di
Aníbal Claire me sourit, comprenant ce que je ressentais, ce que je vivais. "Alors, c’est un nouveau départ."Je hochai la tête. "Un nouveau départ."Nous restâmes là, ensemble, dans le silence du parc, à regarder la nuit se poser doucement sur la ville. Le chemin serait long, mais j’avais déjà fait le premier pas. Et c’était tout ce qui comptait pour l’instant.Le ciel s'assombrit lentement alors que le soleil cédait sa place aux étoiles. La douce lueur de la lune baignait le parc d'une lumière argentée, créant une ambiance presque mystique. Nous étions là, ensemble, enveloppés dans ce silence apaisant, bercés par le murmure distant de la ville. L’air était frais et chargé des arômes de la nature endormie, et la brise légère nous jouait des tours, caressant nos visages avec douceur.Alors que nous quittions le parc, je pouvais sentir une nouvelle énergie vibrer entre nous. Nos mains se glissèrent l'une dans l'autre, comme si elles s'étaient cherchées toute la nuit. Le chemin vers no
Aníbal Le lendemain matin, je me réveillai tôt, comme d'habitude. La lumière douce du matin filtrait à travers les rideaux de la petite chambre que j'occupais maintenant dans un modeste appartement du quartier. Les bruits de la ville étaient déjà là, mais ils semblaient lointains, comme s'ils appartenaient à un autre monde, un monde que je n'avais plus l'intention d'habiter.Je me levai lentement, mes mouvements étaient précis mais nonchalants. La chaleur de l'eau sous la douche me détendit, et, pour la première fois depuis des années, je me surpris à penser que je me réveillais dans un endroit où je pouvais vraiment exister. Pas juste survivre, mais vivre. Il n'y avait plus de course, plus de fuite. C'était un début, une nouvelle phase.Après un café noir, je me rendis au centre communautaire que Claire m'avait conseillé. C'était un lieu de réinsertion pour les anciens détenus, les personnes en quête de rédemption, celles qui voulaient s'éloigner de la vie qu'elles avaient connue. C
Aníbal Le silence qui suivit le coup de téléphone me pesait lourdement. Cette conversation avec Miller avait ravivé des tensions que je croyais éteintes. J'avais choisi de m'éloigner de ce monde, de briser les chaînes invisibles de mon passé. Pourtant, l'ombre de ce passé restait là, prête à surgir à tout moment de vulnérabilité. Et ce moment était arrivé.Claire, qui avait observé la scène en silence, prit une profonde inspiration avant de rompre le silence."Tu sais que ce n’est pas terminé, n’est-ce pas ?"Je hochai lentement la tête. "Je le sais. Et je sais aussi que je ne peux pas fuir indéfiniment. Mais je suis prêt à affronter ce qui viendra. Je n’ai pas d’autres choix.""Tu ne fuis pas", répondit Claire. "Tu choisis de ne plus laisser ton passé te définir. Mais cela ne veut pas dire que tu dois affronter tout ça seul."Je la regardai, un mélange de gratitude et de doute dans les yeux. Elle était la seule personne qui m’avait vraiment cru, qui n’avait pas cherché à me juger, à
Aníbal L’atmosphère dans la pièce était oppressante. Miller se tenait là, imposant, les bras croisés, me fixant avec une froideur glaciale. Je savais ce que j’avais à faire, ce que je refusais de faire. La violence, la manipulation, ce monde de trahisons et de mensonges… Je n’avais plus l’intention d’y revenir."Alors, tu es devenu un homme de principes, Anibal ?" dit Miller avec un sourire narquois, comme s’il se moquait de ma naïveté. "Tu crois vraiment que tu peux juste tout laisser derrière toi ?"Je me redressai, mon regard plus tranchant que jamais. "Je ne suis plus celui que tu connais, Miller. Et je n’ai pas l’intention de revenir dans ton jeu."Il rit doucement, mais son rire avait un goût amer, presque menaçant. "Tu penses que tu peux te débarrasser de moi comme ça ? Tu me connais, Anibal. Je ne vais pas te laisser partir aussi facilement."Un silence lourd s’installa. Malgré la pression, je restai immobile, les poings serrés. La confrontation était inévitable, mais j'avais
Aníbal La salle semblait se rétrécir autour de moi, les murs sombres et nus donnant l’impression de m’engloutir. Miller, de l'autre côté de la pièce, me fixait avec une intensité glaciale, ses yeux sondant chaque recoin de mon âme. L’air était lourd de tension, comme si un seul faux mouvement de ma part ou de la sienne pouvait tout déclencher.Claire était derrière moi, silencieuse mais présente, un soutien rassurant. Bien qu’elle n’eût aucun moyen de changer l’issue de cette confrontation, sa présence m’ancrait, me donnait un peu de sérénité. Elle n’était pas là pour m’aider physiquement, mais pour me rappeler ce que j’étais en train de défendre.Miller croisa les bras, se penchant légèrement en avant, un sourire en coin. "Tu sais, Anibal, tu n’as pas changé. Tu peux prétendre que tu es différent, que tu veux changer, mais au fond de toi, tu sais bien que tu es toujours le même homme. Celui qui prend ce qu’il veut, sans se soucier des conséquences."Je serrai les poings, mais je res
AnnibalLa porte claque doucement derrière nous. Pas de cris. Pas de menace. Pas de guerre. Juste… le silence.Je dépose les clés. Claire retire ses bottes en soupirant. Elle ne dit rien. Mais je la sens trembler, même sous ses vêtements. Je me retourne, la fixe.Elle me regarde, fatiguée, les yeux rouges mais clairs.Elle est belle comme ça.Vraie.Brisée, mais vivante.Et mienne — si elle le veut encore.— Ça fait combien de temps qu’on n’a pas été seuls, Claire ?Elle sourit, à peine.— Trop longtemps. J’avais oublié le son de ton silence.Je m’approche. Elle ne recule pas. Je tends la main et touche son visage. Sa joue est froide. Je veux la réchauffer.— On peut s’arrêter ce soir. Juste pour ce soir. Pas de Luca. Pas de monstres. Pas de souvenirs. Juste toi et moi.Elle ferme les yeux, s’approche, pose son front contre le mien.— Tu crois qu’on mérite ça ? Ce genre de paix ?Je pose mes mains sur sa taille, l’attire contre moi.— Je crois qu’on a traversé assez d’enfer pour mérit
---ClaireIl est là.Je le reconnaîtrais entre mille.Même couvert de sang séché, même amaigri, même l’âme en lambeaux…Annibal reste Annibal.Je cours. Je m’effondre contre lui. Il ne dit rien. Mais ses bras me serrent. Fort.Plus fort que je l’aurais cru possible.Comme si me toucher était la seule chose réelle ici.— Tu m’as retrouvée, je souffle.Il ferme les yeux. Sa main dans mes cheveux.— Je t’ai suivie jusqu’en enfer, Claire. Et ce n’est pas fini.---AnnibalLe monde est brisé. Mais Claire est là.Et tant qu’elle respire, j’ai une raison de continuer.Je ne pose pas de questions. Pas encore.Parce que je vois dans ses yeux les réponses que je redoute.Elle est différente.Quelque chose l’a touchée là-bas. Quelque chose l’a marquée.— Luca est avec toi ? je demande.Elle hoche la tête.— Oui. Mais il change. Il rêve d’elle. Il l’entend.Elle ne prononce pas son nom.Mais je sais de qui elle parle.Sali.Celle qui a volé la lumière de Claire. Celle qui a tenté de m’arracher m
LucaLe sol est stable. L’air est lourd, mais réel.On est de retour.Enfin… presque.Claire tient ma main si fort que je sens mes os craquer.Mais je ne dis rien. Parce qu’elle pleure. Et que je n’ai jamais vu Claire pleurer.— On l’a perdue, je dis.Elle secoue la tête.— Non. Elle s’est perdue. Nous, on s’est retrouvés.Et quand je regarde autour de nous, je sais que ce n’est que le début.Parce que le monde ne nous appartient plus.Mais nous savons où frapper.---ClaireCe n’est pas le monde que j’ai quitté.Les rues sont silencieuses. Les lampadaires crépitent comme des néons malades. L’air sent le métal et la pluie.Mais ce n’est pas ça, le pire.Le pire, c’est le regard des gens.Ils ne nous voient pas vraiment. Comme si nous étions flous, transparents à leurs yeux.Ou peut-être qu’ils ont appris à ne plus voir.Peut-être qu’ils savent… que ceux qui reviennent ne sont plus les mêmes.Luca titube à mes côtés. On n’a rien dit depuis l’apparition. Rien depuis le départ de Sali.O
ClaireLe sol n’est plus le même.Depuis que j’ai franchi cette rue — la rue, celle que personne n’ose nommer —, tout semble suspendu. Le vent ne bouge plus les feuilles. Les lampadaires ne font plus d’ombre.Je sens la trace de Luca. Une chaleur qui palpite encore sur le bitume, comme un cœur qui ne veut pas cesser de battre.Je le suis.Mais plus j’avance, plus je me perds.Mes souvenirs deviennent brumeux. Le nom de ma mère m’échappe. La couleur de mes yeux me fuit.Je me raccroche à une seule chose : Sali.Si je la retrouve, je retrouve Luca. Et peut-être… peut-être que je me retrouve moi-même.SaliElle est là.Elle marche dans mon sillage sans même comprendre.Je l’ai rêvée mille fois, Claire. Je l’ai vue tomber, se relever, tomber encore. Toujours humaine. Toujours trop humaine.Mais maintenant, elle est presque prête.Je tends les doigts, à travers la membrane qui sépare nos mondes. Je touche son esprit. Juste un peu.Elle tremble. Elle résiste.Elle est parfaite.Mais elle ne
ClaireTrois jours.Trois jours sans Anibal. Trois jours sans Serge. Trois jours que le bunker est devenu un tombeau muet, sans porte, sans écho. Et pourtant, parfois, la nuit, je crois entendre une voix murmurer mon prénom.Je reste assise sur le seuil du monde. Là où l’herbe recommence à pousser, là où le vent sent encore un peu la vie. Luca dort la plupart du temps. Quand il se réveille, il parle peu. Il a vu quelque chose là-bas, quelque chose qu’il refuse de mettre en mots.Et moi… moi, je tiens. Je veille. Parce que quelqu’un doit le faire.LucaJe ne rêve plus. Ou peut-être que je ne me réveille plus.Depuis que Claire m’a tiré hors de ce trou béant, je flotte entre deux états. Comme si mon corps était resté là-bas, avec Serge. Comme si mon esprit était resté accroché aux derniers mots d’Anibal.Il a murmuré assez. Mais est-ce que ça a compris ce qu’il voulait dire ?Claire me parle parfois. Elle me raconte des souvenirs, de l’avant. Des rires, des nuits étoilées, des bières tr
ClaireQuand je retrouve Anibal, il a le regard vide, les mains tremblantes.— Elles sont là, je dis.Il hoche lentement la tête.— Je sais.On rejoint Luca et Serge dans ce même café où tout avait basculé. Mais cette fois, personne ne fait semblant.Serge a les yeux injectés de sang, Luca tremble comme une feuille. Et moi… j’ai mal. Une douleur sourde au creux du ventre, comme si quelque chose me rongeait de l’intérieur.Anibal prend la parole, froid, déterminé.— On doit retourner là-bas.— Tu es malade, je murmure.— Non. On les a laissées passer. Elles ont franchi la faille. Ce monde… elles veulent le dévorer. Il faut refermer la porte.— Mais on ne sait même pas comment elle s’est ouverte !— Si, dit Serge. C’est nous.Un silence. Puis Claire comprend. Elle se lève lentement, les larmes aux yeux.— On l’a ouverte. En survivant.---LucaOn rentre chez nous cette nuit-là, mais quelque chose a changé. Les murs grincent comme des bêtes blessées. Les ombres bougent quand on ne regard
AnibalIl y a des soirs où tout semble basculer. Où l’air devient trop lourd, trop dense. Où chaque silhouette croisée dans la rue paraît familière, comme un souvenir lointain qui refuserait de mourir. Ce soir est l’un de ces soirs.Je marche seul dans les ruelles du quartier, les mains dans les poches, incapable de rester enfermé plus longtemps. Trop de silences. Trop de souvenirs coincés entre les murs. La pluie s’est remise à tomber, fine, persistante. Elle trace des lignes tremblantes sur le bitume, comme si le monde lui-même était en train de fondre doucement.Depuis notre retour, je ne me reconnais plus. Mes gestes sont mécaniques. Je souris quand il faut sourire. Je parle quand on me parle. Mais à l’intérieur, c’est le chaos. Il y a quelque chose d’inachevé. Comme une porte qu’on aurait refermée trop vite, sans vérifier ce qu’on laissait de l’autre côté.Je m’arrête devant un vieux kiosque fermé, les néons clignotants d’un bar éclairant la vitrine poussiéreuse. Dans le reflet,
AnibalLe retour à la réalité est brutal. Une sensation de vertige me secoue tandis que je sens enfin un sol familier sous mes pieds. L’air est plus dense, plus frais, chargé d’odeurs que je reconnais : celles de la ville, du bitume mouillé, de la vie normale. J’ouvre les yeux avec prudence, craignant un instant d’être encore prisonnier de l’autre monde.Mais non. Nous sommes bien là.Autour de moi, Claire, Luca et Serge reprennent lentement leurs esprits. On est tous sonnés, comme si on venait de vivre un rêve trop réel. Le silence qui nous entoure est presque irréel après tout ce que nous avons traversé. Plus de voix mystérieuses, plus de lieux étranges défiant la logique. Juste le bruit lointain des voitures, le clapotis d’une flaque sous une goutte de pluie, un chien qui aboie au loin.Claire se redresse d’un mouvement raide, ses yeux balayant les environs avec nervosité. "C’est bien… chez nous ?"Je hoche lentement la tête. "Oui. Je crois."Luca se passe une main sur le visage, c
AnibalL’espace autour de nous se tord et se plie sous une force invisible. Nous sommes prisonniers d’un monde qui ne nous appartient pas, un entre-deux où le temps lui-même semble hésitant. Depuis des jours – ou peut-être des semaines – nous errons dans ce royaume de brume et d’ombres, cherchant une issue qui semble toujours se dérober sous nos pas.Nous avons traversé des ruines hantées par des murmures indistincts, franchi des ponts suspendus au-dessus de gouffres sans fond, et marché sous des cieux où flottent des étoiles mortes. Partout où nous allons, ce monde cherche à nous garder en lui, nous séduisant par des visions de puissance et de liberté. Mais nous ne sommes pas dupes. Nous voulons rentrer.Claire est la plus affectée par ces illusions. Parfois, elle s’arrête en plein milieu du chemin, ses yeux vides, fascinée par une scène que nous ne pouvons voir. Des fragments de son passé, ou peut-être du futur. Luca et Serge doivent la secouer pour la ramener à la réalité.Moi, je