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Sous le masque de la nuit
Sous le masque de la nuit
Author: Déesse

Chapitre 1 : l'ombre de la mission 

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-02-21 19:43:19

Annibal 

Je me tenais dans l'ombre, à l'orée de la ruelle, les yeux fixés sur l'immeuble d'en face. La nuit était d'un calme presque inquiétant, et j'appréciais ce silence. C'était le calme avant l'action, l'instant où chaque détail devenait crucial. Je connaissais bien cette position : immobile, parfaitement dissimulé, prêt à agir à la moindre alerte. Chaque mission était devenue une routine bien huilée, une danse silencieuse entre moi et ma cible. Ce soir, c'était une autre tâche à ajouter à mon tableau de chasse.

La mission était claire : une nouvelle cible, une autre vie à effacer. Elle n'était qu'un nom sur un dossier, une ombre à éliminer. Rien de personnel, rien qui me concerne. C'était juste une autre transaction pour l'organisation qui me payait pour faire ce travail. Pas de place pour les sentiments, pas de place pour l'humanité. C'était une règle que je m'étais imposée dès le début : être un fantôme, sans passé ni futur, juste une tâche à accomplir.

Je scrutais la fenêtre de l'appartement, les lumières éteintes. La femme, d'après les informations que j'avais, vivait seule. Ses habitudes étaient simples : elle sortait tôt pour aller travailler, rentrait tard, sans exception. Une vie banale, sans mystères ni secrets. Je savais qu'elle n'avait pas d'armoires pleines de cadavres, ni de drames cachés. Elle était une cible facile, une routine qui allait enrichir mon tableau de mission. Rien d'exceptionnel.

Je jetai un coup d'œil rapide à ma montre : 23h30. C'était le moment. Dans quelques minutes, elle serait rentrée chez elle, comme tous les soirs. Il n'y avait rien à craindre, rien à prévoir. Mon plan était déjà clair dans ma tête : pénétrer discrètement dans l'appartement, accomplir ce que j'avais à faire, et repartir sans laisser la moindre trace. Le travail d'un professionnel.

Alors que je m'apprêtais à avancer, je me figeai soudain. Un bruit, faible, presque imperceptible, s'éleva au loin. Un pas sur le pavé. Je plissai les yeux, cherchant à identifier la source du bruit. Un passant, sans doute. Je continuai à surveiller l'entrée, mais cette fois, une légère tension se fit sentir en moi. Comme si quelque chose d'inattendu allait perturber la fluidité de la mission.

Je tendis l'oreille. Un bruit, plus proche cette fois. Mais je ne détournai pas les yeux de l’immeuble. L'adrénaline monta légèrement, mais je me forçai à rester concentré. L’observation des cibles faisait partie intégrante de mon travail, et je savais que tout pouvait arriver à ce moment précis. Je me concentrai sur la silhouette qui s'approchait. Une femme. Ce n'était pas ma cible, évidemment. Mais quelque chose dans son allure attira mon attention. Elle marchait calmement, sans se presser, avec une démarche assurée.

Au fur et à mesure qu'elle se rapprochait, je remarquai la brise légère qui faisait onduler ses cheveux noirs. Elle portait une écharpe rouge qui semblait presque irréelle sous la lumière faible des réverbères, un contraste frappant avec la nuit noire. Je la scrutai, la détaillant sans détourner le regard, comme je le faisais avec toutes mes cibles. Pourtant, il y avait quelque chose chez elle qui m'intriguait. Ce n'était pas sa posture ni son apparence, mais une sensation étrange, comme si elle avait la capacité de lire dans mes pensées.

Elle s'arrêta soudainement, juste devant moi, sans que je m'y attende. Nos yeux se croisèrent, et pendant une fraction de seconde, je sentis un vertige. Je n'avais pas l'habitude d'être vu, de me faire remarquer. La tension monta dans mon corps, mais je restai parfaitement immobile, dissimulé dans l'ombre. Elle me fixa un instant, sans paraître particulièrement effrayée. Plutôt... curieuse.

« Vous avez l'air perdu. » Sa voix était calme, douce, sans la moindre trace d'inquiétude.

Je restai figé. Je n'avais pas prévu cette rencontre, pas prévu de discuter avec ma cible avant même de la neutraliser. C'était un moment étrange, presque surréaliste. Je savais que ce n'était pas le moment de céder à la surprise, mais quelque chose dans l'air me dérangeait. Je ne répondis pas immédiatement, cherchant à évaluer la situation. Observer, rester discret, toujours. Mais cette femme, cette étrangère qui se tenait devant moi, défiait toutes les règles que je m'étais imposées.

Je la regardai un instant. Elle n’avait pas l'air menaçante. Elle n'avait pas l'air de savoir qui j'étais, de savoir ce que je faisais dans l'ombre de la ruelle. Un sourire apparut sur son visage, un sourire doux, presque bienveillant. C’était comme si elle n’était pas une inconnue, mais plutôt quelqu’un que j'avais croisé il y a longtemps.

"Non," répondis-je enfin, d'une voix plus rauque que je ne l'aurais voulu. "Je me suis simplement arrêté un moment." C’était une réponse qui ne signifiait rien. Mais elle suffisait pour détourner l’attention, ou du moins pour masquer ma véritable intention.

Elle haussait un sourcil, un sourire amusé sur les lèvres. « Et vous vous êtes arrêté ici, dans cette ruelle ? C’est un peu… solitaire, non ? »

Je déglutis, sentant une légère gêne monter en moi. Ce n'était pas normal. Ce genre de situation ne m'arrivait jamais. Je n'étais pas censé être dérangé par une simple conversation, encore moins par une inconnue. Pourtant, je ressentais quelque chose. Un malaise peut-être, ou une émotion que je n'avais pas ressentie depuis longtemps : de la curiosité. Pour la première fois en bien des années, je me sentis perturbé.

Elle attendait une réponse, ses yeux toujours fixés sur moi, sans crainte, presque intriguée. Elle ne me voyait pas comme une menace, mais comme un mystère à résoudre. Elle fit quelques pas en arrière, le regard toujours posé sur moi.

"Je suppose que je vais vous laisser dans votre... solitude," dit-elle en souriant. "Mais vous savez, parfois, il faut savoir où chercher pour se retrouver."

Je restai silencieux, la regardant s'éloigner. Je n'avais pas bougé, pas réagi. Je ne savais même pas pourquoi je n'avais pas trouvé un moyen de l’éviter, pourquoi j'avais laissé cette rencontre se dérouler ainsi. Elle disparut dans la rue, et je me retrouvai seul à nouveau, plongé dans l'ombre.

Je pris quelques instants pour reprendre mon calme. Je devais me concentrer sur la mission. Ce n'était qu'un contretemps, un moment étrange. Rien de plus. Pourtant, je me demandai si tout

se passerait comme prévu cette nuit.

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