Chapitre 2– Les règles du jeu
**Isabella**
Je quitte la salle d’audience, la tête haute, mais mes doigts sont crispés sur mon attaché-case. Richardson. Cet homme est un mur. Une arrogance froide, une confiance absolue en son pouvoir. Il me méprise, il me sous-estime, et pourtant…
Je sens qu’il me teste.
Son regard m’a suivie alors que je sortais. Il cherchait une faille, une hésitation, un signe que ses mots avaient atteint leur cible. Je ne lui ai rien laissé.
Mais une fois dans le couloir, loin de son ombre oppressante, je respire plus librement.
"Isabella !"
Je me retourne pour voir Samuel, mon associé, s’approcher d’un pas rapide. Il est essoufflé, les cheveux en bataille, son costume légèrement froissé. Il a dû courir.
— Qu’est-ce qu’il y a ? je demande, intriguée par son empressement.
Il me tend un dossier.
"J’ai trouvé quelque chose"
J’ouvre rapidement le document et mon cœur rate un battement.
"Richardson a fait pression sur un témoin ?"
Samuel hoche la tête.
"Pas directement, bien sûr. Il est trop malin pour ça. Mais regarde ces transactions. Une somme rondelette a été versée à l’entreprise du témoin juste avant qu’il ne change sa déclaration"
Je serre les dents. Ce n’est pas une preuve directe, mais c’est une piste.
"Ça veut dire qu’on doit creuser, dis-je en refermant le dossier. Trouve-moi tout ce que tu peux"
Samuel acquiesce et s’éloigne, me laissant seule face à mon reflet dans la vitre du couloir.
Richardson pense être intouchable.
Il va comprendre que je suis bien plus qu’une simple avocate idéaliste.
**Richardson**
Je suis assis dans mon bureau, les yeux rivés sur l’écran de mon ordinateur. Devant moi, le rapport que j’ai demandé sur Isabella Morelli.
Une étoile montante du barreau, diplômée avec mention, déjà redoutée pour sa ténacité et son éloquence. Mais ce qui m’intéresse le plus, ce ne sont pas ses succès. Ce sont ses failles.
"Intéressant…"
Je fais défiler les informations, jusqu’à tomber sur une note particulièrement intrigante. Son père était un avocat lui aussi, mais il a perdu un procès important contre une multinationale. Il est mort peu après. Un suicide, officiellement.
Mais les dates… coïncident avec un certain scandale.
Je souris en refermant le fichier.
Isabella Morelli n’est pas qu’une avocate talentueuse. Elle a une revanche à prendre sur le système.
Et moi, je suis l’incarnation de tout ce qu’elle déteste.
Un coup discret à la porte me tire de mes pensées.
"Entrez"
Mon avocat, Harrison, entre, l’air soucieux.
"Richardson, on a un problème"
Je lève un sourcil.
"Je t’écoute"
"Morelli creuse. Elle a mis la main sur des transactions suspectes"
Je m’adosse à mon fauteuil, pensif. Elle est rapide. Intelligente. Mais elle joue avec le feu.
"Elle pense pouvoir m’atteindre avec ça ?"
Harrison hésite.
"Disons qu’elle commence à s’approcher d’une zone… sensible."
Je croise les doigts sous mon menton.
"Très bien. Occupons-nous d’elle."
"Vous voulez que je… ?"
Je lève la main.
"Non. Rien d’illégal. Mais faisons-lui comprendre qu’elle ne joue pas dans la bonne cour."
Je décroche mon téléphone et compose un numéro.
"Monsieur Richardson ? répond une voix féminine."
"Trouvez-moi un moyen de la distraire. Je veux la voir perdre pied."
Je raccroche et me lève, me dirigeant vers la grande baie vitrée de mon bureau.
Isabella pense pouvoir me faire tomber.
Elle n’a aucune idée de ce que j’ai prévu pour elle.
**Isabella**
Je fixe le dossier posé sur mon bureau, mes doigts tapotant nerveusement le bois verni. Les preuves ne sont pas encore suffisantes, mais elles me donnent une direction. Une faille dans l’armure apparemment impénétrable de Richardson.
"Tu es sûre de vouloir continuer sur cette piste ? demande Samuel en s’asseyant en face de moi."
Je lève les yeux vers lui.
"Évidemment."
Il soupire, passant une main dans ses cheveux.
"Tu sais ce que ça veut dire, n’est-ce pas ? Si tu le pousses trop loin, il va réagir."
Je me redresse, croisant les bras.
"Et alors ? Il veut me faire peur ? Qu’il essaie!"
Samuel secoue la tête.
"Richardson ne fonctionne pas comme les autres. Il ne va pas juste envoyer des menaces anonymes ou faire pression sur un témoin. Il va trouver une autre façon de te déstabiliser."
"Je suis prête."
Mais la vérité, c’est que je ne le suis peut-être pas autant que je le prétends. Parce que cet homme… il n’est pas comme les autres adversaires que j’ai affrontés.
Il joue sur un autre terrain.
Et j’ai la désagréable sensation qu’il a déjà plusieurs coups d’avance sur moi.
*"Richardson**
Je referme mon ordinateur en souriant. Isabella est prévisible. Ambitieuse, passionnée… et aveuglée par sa quête de justice.
"Monsieur Richardson, dit une voix derrière moi."
Je me tourne vers Kate, mon assistante personnelle.
"Tout est en place ?"
" Oui. Elle recevra l’invitation d’ici une heure."
"Bien."
Elle hésite.
"Vous êtes certain que c’est la meilleure approche ?"
Je me lève et ajuste les manches de ma chemise.
"Isabella Morelli est une adversaire redoutable, Kate. Mais elle a une faiblesse."
Elle fronce les sourcils.
"Laquelle ?"
Je souris.
"Son propre orgueil."
Kate semble réfléchir, puis hoche la tête.
"Et si elle refuse l’invitation ?"
"Elle ne refusera pas."
Parce que je sais exactement comment la piéger.
*Isabella**
Quand je reçois l’invitation, je reste figée.
"Il se fout de moi ?"
Samuel se penche pour lire par-dessus mon épaule.
"Un dîner privé avec Richardson… Il est sérieux ?"
Je serre les dents, sentant la colère monter.
"Il essaie de me distraire."
Samuel sourit.
"Ou alors, il essaie de jouer un autre jeu."
Je fixe les mots imprimés en lettres dorées sur le carton d’in
vitation.
"Un tête-à-tête. Juste vous et moi. À vous de voir si vous avez le courage d’accepter."
Je serre le carton entre mes doigts.
"Très bien, Richardson. Voyons qui gagne cette manche."
Chapitre 3– Le piège du loup**Isabella**J’observe mon reflet dans le miroir, serrant les pans de ma veste entre mes doigts. J’aurais dû ignorer cette invitation. J’aurais dû la jeter à la poubelle et continuer à creuser pour trouver une faille dans son empire.Mais non.Me voilà, vêtue d’une robe sobre et élégante, prête à affronter Richardson dans un cadre qu’il a lui-même choisi.Un dîner.Juste lui et moi.Samuel n’a pas approuvé. Il a tenté de me convaincre que c’était une erreur, que ce n’était qu’un piège."Tu crois vraiment qu’un homme comme Richardson invite son adversaire à dîner par simple courtoisie ?" m’a-t-il lancé, exaspéré.Non, bien sûr que non.Cet homme ne fait rien sans raison.Je quitte mon appartement et monte dans le taxi qui m’attend. Mon cœur bat plus fort que je ne voudrais l’admettre, non pas par nervosité, mais par anticipation. Cet échange ne sera pas anodin. Il testera mes limites, tentera de me déstabiliser.Mais je suis prête.**Richardson**Installé à
Chapitre 4 - danse avec le diable **Richardson**Isabella est fascinante.Elle lutte contre moi avec une ferveur qui dépasse le simple cadre de notre affrontement judiciaire. Elle veut me prouver qu’elle est mon égale, qu’elle peut me résister.Mais je vois au-delà de ses mots, au-delà de son masque de contrôle.Elle est sur la défensive, pourtant, elle est venue.Elle est assise en face de moi, acculée mais toujours combattive.Elle ignore encore que ce combat, je l’ai déjà gagné."Très bien, dis-je en m’appuyant contre le dossier de ma chaise. Oublions les hostilités un instant."Elle arque un sourcil, méfiante."Oublier que vous êtes mon ennemi ? Impossible."Je souris."Laissez-moi reformuler. Oublions le tribunal. Parlons d’autre chose."Elle fronce légèrement les sourcils, incertaine."De quoi voudriez-vous parler, Richardson ?""De vous."Elle rit, mais il n’y a pas de légèreté dans son amusement."Oh, je vois. Vous essayez une autre tactique."Je prends une gorgée de vin."E
Chapitre 5– Un pas de trop**Isabella**Je laisse l’air frais de la nuit m’envelopper alors que je marche d’un pas rapide, cherchant à dissiper l’agitation dans ma tête. J’ai quitté le dîner précipitamment, poussée par une rage qui bouillonne encore en moi.Richardson a réussi à semer le doute en moi, à faire naître une envie que je ne comprends pas, mais aussi une méfiance profonde. Il a voulu jouer, et je l’ai laissé, pensant que j’étais plus forte. Mais plus je repense à cette soirée, plus je réalise qu’il a eu raison de m’atteindre.Je m’arrête un instant, fermant les yeux pour calmer mon esprit. C’est ridicule. Ce n’est qu’un homme. Un milliardaire, certes, mais un homme. Et je refuse qu’il me fasse perdre ma concentration.Je sors mon téléphone et compose le numéro d’un taxi. J’ai besoin de rentrer, de me retrouver dans un endroit où je suis en contrôle.Une fois la course réservée, je me mets en marche à nouveau, me dirigeant vers la rue principale. Mais quelque chose dans l’ai
Chapitre 6– De l'ombre à la lumièreJe m’appuie contre la porte du restaurant, observant l’écho de ses pas s’éteindre dans la nuit. Une partie de moi a eu envie de l’accompagner, de lui rappeler qu’elle n'est pas seule dans ce monde. Mais je n’ai pas bougé, me forçant à rester dans l'ombre. Pas encore. Pas trop tôt. Je dois la laisser se débattre dans ses propres illusions un peu plus longtemps.Je suis au sommet de ce monde, mais je n'oublie pas les règles. Je l'observe depuis trop longtemps pour ne pas savoir qu’elle est à la fois une menace et une opportunité. Isabella ne sait pas encore qu’elle est la clé de tout.Quand je me décide enfin à quitter la rue et à regagner ma voiture, je n’arrête pas de penser à elle. Qu’est-ce qui lui fait réellement peur ? De quoi est-elle capable, si elle se laissait vraiment aller ? Je suis convaincu qu’elle a encore beaucoup à montrer.Un appel retentit dans ma poche. Je décroche sans regarder le nom de l'appelant."Oui ?""Il y a eu un léger con
Chapitre 7 – La Ligne RougeIsabellaJe m'assieds derrière mon bureau, les mains tremblantes malgré mes efforts pour rester calme. Le dossier s’étale devant moi, mais mes pensées s'égarent encore vers la rencontre de la veille. Les mots de Richardson résonnent dans ma tête, comme une mélodie obsédante."Ce jeu, c'est moi qui le mène."Ces mots, lourds de menaces et de défi, me rappellent pourquoi je ne peux pas l’ignorer. Pourquoi je ne peux pas simplement le laisser jouer avec les ficelles de ce monde sans réagir. Mais plus je réfléchis, plus je sens le poids de ce que je viens de m'engager à affronter. Je sais qu’il n’est pas le genre d’homme à se contenter de simples provocations. Non, il attend une réponse. Il attend que je réagisse. Mais à quel prix ?Une sonnerie me tire de mes pensées. Le téléphone. C’est un numéro que je ne reconnais pas. Mes doigts hésitent une seconde avant de décrocher.— Oui ?La voix au bout du fil est calme, mais il y a quelque chose de glacial dedans.—
Chapitre 8 – Le Piège se RefermeIsabellaLa journée s’étire en une longue succession de tâches et de discussions qui m'apparaissent toutes aussi futiles. Mais au fond de moi, je n’arrive pas à me concentrer, pas quand il est là, à chaque coin de rue, dans chaque coin de mon esprit. Richardson. Il ne me lâche jamais, et c’est précisément ce qui me met en alerte. Tout ce qu'il a dit, tout ce qu'il a insinué, semble avoir une autre signification, quelque chose de plus sinistre que ce qu’il a montré en apparence.J’essaie de reprendre le contrôle, de me replonger dans les affaires, mais le téléphone sur mon bureau vibre et me fait sursauter. J’hésite un instant avant de répondre.— Isabella.La voix au bout du fil est calme, presque trop calme.— C’est Richardson. Nous avons des choses à régler.Je me redresse, le ton grave de sa voix me plonge dans une tension immédiate.— Qu’est-ce que tu veux encore ?Un petit silence, puis il répond, presque amusé.— Oh, rien de bien grave. Simplemen
Chapitre 9 – Le Choix de l’InévitableIsabellaLa journée a filé dans un tourbillon de paperasse, de meetings et de sourires forcés. Mais malgré les apparences, je ne peux m’empêcher de penser à lui, à chaque mot qu’il a prononcé, à chaque silence qu’il a laissé s’étirer entre nous. Richardson ne me lâche pas. Et aujourd'hui, je suis plus que jamais consciente de la tension dans l'air, comme si un orage était prêt à éclater.Je me trouve dans mon bureau, seule, assise face à une fenêtre qui donne sur la ville. Les lumières de la nuit scintillent en bas, mais elles ne parviennent pas à dissiper l’obscurité qui m’envahit. Il y a quelque chose de lourd dans cette nuit, quelque chose de… irrévocable.Je me relève brusquement, incapable de rester assise plus longtemps. Mes mains tremblent légèrement alors que je m'approche du bureau, fouillant dans les papiers éparpillés à la recherche de quelque chose, n'importe quoi pour me distraire. Mais c’est comme si la réponse à tout ce que je resse
Chapitre 10 – La Tentation du PouvoirIsabellaJe ne suis plus qu’un fil tendu entre deux mondes. Le sien et le mien. Le froid dans mes veines s’intensifie à mesure que je m’avance dans la pièce, mes pas lourds de doute. Chaque mot qu’il prononce s’enfonce plus profondément en moi, comme une cloche silencieuse qui sonne dans l’obscurité. Je suis coincée. Je le sais.Richardson est un homme de pouvoir, un homme qui comprend la manipulation mieux que personne. Mais plus il me parle, plus je suis consciente qu’il m'attire dans un piège dont je ne peux sortir. Chaque mot qu’il prononce est une corde qui se resserre autour de mon cou.Il fait quelques pas en avant, se rapprochant de moi, et la distance entre nous se réduit jusqu’à ce que je puisse sentir son souffle, chaud et suffocant, contre ma peau.— Tu es plus forte que ça, Isabella. Plus forte que de céder à tes émotions. Mais ce que tu cherches, ce que tu veux vraiment, c'est le pouvoir. Le contrôle. Ce monde que tu as toujours voul
IsabellaL’air dehors est frais, presque mordant, et pourtant, je le respire à pleins poumons comme si chaque souffle m’éloignait un peu plus de tout ce que je connais, de tout ce qui me lie à cet homme. Richardson. Il est toujours là, omniprésent, et pourtant, je suis certaine que je le fuis. Fuir, encore et toujours, mais cette fois, je sens qu’il n’est plus question de simples gestes. C’est un duel intérieur, un affrontement entre ce que je suis et ce qu’il veut que je devienne.Je marche dans les rues désertes de la ville, chaque pas résonnant dans l’espace tranquille de la nuit. Je me rends compte que je n’ai nulle part où aller. C’est une vérité que je n’avais pas voulu admettre jusqu’à présent. Je n’ai ni refuge, ni porte de sortie. C’est à cause de lui. Parce que je me suis laissée piéger dans ce monde, dans ce jeu qui n’a pas de règles. Ce n’est pas moi qui le mène. C’est lui. Et il le sait.Le bruit de mes pas se fait plus léger à mesure que je m’enfonce dans l’obscurité, ma
IsabellaLes murs semblent se refermer un peu plus chaque jour. Hier, j’ai eu l’impression d’être sur le point de tout briser, de franchir une ligne invisible, mais aujourd’hui, cette même ligne semble m’échapper, comme un mirage insaisissable. Je n’arrive pas à me débarrasser de la sensation d’être piégée, à chaque instant. Il me suit, sans jamais faiblir. Et moi, je me débats dans cette cage invisible, me refusant à admettre qu'il a peut-être raison.Je suis dans mon bureau, seule, le regard fixé sur les papiers éparpillés devant moi, mais je ne vois rien. Rien de ce qui m’entoure, rien de ce que je dois accomplir. Mon esprit est ailleurs. Sur lui. Sur Richardson.Il n’a pas cessé de me hanter depuis notre dernière rencontre. Son regard m’envahit, et ses mots, ses menaces voilées, résonnent encore dans ma tête. À chaque instant, je suis consciente de sa présence, même lorsqu’il n’est pas là. Il sait ce que je ressens, il sait qu’il me tient. Et pourtant, je suis encore là, refusant
IsabellaLe lendemain matin, tout semble figé dans un silence oppressant. L’air est lourd, saturé d’une tension qui ne fait qu’accroître mon angoisse. J’avais cru qu’hier soir serait un tournant, une sorte de rupture, mais en réalité, c’était juste un autre pas dans ce labyrinthe sans fin. La vérité, c’est que je n’ai pas de plan. Je suis simplement une pièce dans ce jeu que Richardson orchestre, sans que je puisse en sortir.Je marche à travers le grand hall, mes pas résonnant comme des échos dans cet espace trop vaste, trop froid. Je sens ses yeux sur moi, même s’il n’est pas là. Ce n’est pas un hasard, non. C’est sa présence qui me poursuit. Chaque recoin, chaque ombre semble imprégnée de lui. Et chaque fois que je le vois, que je croise son regard, c’est comme si tout ce que je croyais savoir sur ma vie, sur moi-même, se fissurait, se brisait un peu plus.Je traverse le couloir, mes mains tremblant imperceptiblement. Et là, je le vois. Richardson, appuyé contre une porte, son rega
Isabella La nuit tombe sur la ville, et avec elle, un sentiment lourd, oppressant, presque palpable. Je ne sais plus si je suis encore moi-même, si tout ce qui m'entoure est réel. La pièce est silencieuse, mais dans ma tête, c'est l'effervescence. Les mots de Richardson tournent, se tordent, s'imbriquent dans mes pensées, m’empêchant de trouver le calme. Il n’y a pas de retour en arrière, il m’a dit. Mais pourquoi ai-je l’impression que ce n’est pas une menace, mais une promesse ? Pourquoi, dans ses yeux, ai-je vu une lueur de satisfaction à peine voilée, comme si tout ce qu’il voulait, c’était que je fasse le dernier pas vers lui ? Je me tourne dans ma chambre, m'approchant de la fenêtre. De l’extérieur, la ville semble paisible, presque innocente. Mais à l’intérieur de moi, il y a la tempête. J’ai l’impression d’être une ombre, un fantôme errant entre deux mondes, n’appartenant à aucun des deux. Et pourtant, je sais que je suis piégée dans celui qu’il a construit autour de moi.
Isabella Je n’arrive toujours pas à me défaire de la sensation de cette pièce, de cette vérité que Richardson m’a imposée. Chaque regard que je jette autour de moi me rappelle où je suis, ce que j’ai accepté sans vraiment comprendre. Ce monde… ce monde qu’il me montre n’est pas juste le monde de Richardson. Non. Il est partout, dans chaque coin de ma vie, et même dans la pièce que je croyais être la mienne. Je me sens prise au piège, comme un oiseau dans une cage dorée, à la fois attirée par la liberté et piégée par les barreaux invisibles. La porte de cette salle est fermée, mais c’est le poids de ce qu’il a dit qui m’emprisonne réellement. Richardson ne parle pas. Il me laisse digérer ses mots, comme s’il savait que le choc de cette révélation devait m’étouffer lentement, me briser pièce par pièce. — Qu’est-ce que tu attends de moi ? La question m’échappe avant même que je puisse la contrôler. Il ne bouge pas. Il se contente de me fixer, ses yeux noirs me scrutant avec une
IsabellaIl y a une sensation étrange qui s’empare de moi à chaque pas que je fais dans ce bâtiment. Un mélange de terreur et d’excitation, de honte et d’anticipation. Comme si j’étais sur le point de franchir une frontière, une ligne invisible que je ne pourrais pas revenir en arrière. Et pourtant, chaque cellule de mon corps me pousse à avancer.Richardson me guide, ses pas silencieux comme une ombre. Il ne dit rien, mais je sens son regard, lourd et pénétrant, fixé sur moi. Je pourrais me retourner, courir, et tout abandonner, mais je ne le fais pas. Parce qu’au fond, je sais que je suis déjà perdue dans ce jeu. Et le plus effrayant, c’est que je commence à comprendre que j’y ai toujours appartenu.Nous arrivons dans une grande salle, presque vide, à l’exception d’une table au centre, sur laquelle reposent des papiers, des dossiers scellés. Il s’arrête, se tournant vers moi. Ses yeux ne quittent pas les miens.— Tu veux vraiment savoir ce qui se cache derrière tout ça ? sa voix est
Isabella Le soleil peine à se lever ce matin-là, une lumière grise perçant à peine à travers les rideaux de mon appartement. Pourtant, il me semble que la nuit est encore plus sombre qu’elle ne l’a jamais été. Peut-être parce que j’ai la sensation d’avoir franchi une limite invisible. Un point de non-retour, un endroit où même la lumière semble me fuir. Je me suis réveillée en sursaut, envahie par une étrange angoisse. Comme si quelque chose de terrible allait se produire. C’est une sensation que je connais bien. Un pressentiment, une intuition que je ne peux ignorer. Et pourtant, je n’ai aucune idée de ce qui va m’attendre aujourd’hui. Le bureau m’attend, les dossiers m’attendent, Richardson m’attend. Mais plus encore, un autre message. Je prends mon téléphone, une nouvelle notification apparaît. C’est de la même personne que la dernière fois. « Ce n’est pas trop tard. Fuis avant qu’il ne te rattrape. » La peur me serre la gorge. Fuir. Ce mot résonne en moi, mais la vérité e
Isabella Les jours qui suivent sont marqués par une tension palpable. Richardson m’a laissée avec des instructions claires, des dossiers à étudier, des alliances à nouer. Mais sous cette façade de travail, un malaise s’installe dans mon esprit. Ce jeu, ces mensonges, cette manipulation… Je commence à me demander si je suis bien consciente des enjeux. Est-ce moi qui suis en train de jouer avec le feu, ou est-ce lui qui tire les ficelles à chaque instant ? Ce matin-là, je me trouve dans le bureau de notre cabinet, seule, entourée de papiers et de dossiers. Mais mon esprit n’arrive pas à se concentrer. Un sentiment d’oppression me serre la poitrine, comme si une lourde menace pesait sur moi, prête à s’abattre. — Il faut que tu fasses attention, Isabella... La voix de Richardson résonne dans ma tête, comme un avertissement. Pourtant, il ne m’a rien dit de plus précis, rien qui puisse me rassurer. Ce jeu de pouvoir qu’il mène, ce besoin constant de me faire entrer dans son cercle, m
IsabellaLes heures s’égrènent lentement, chaque minute semblant plus lourde que la précédente. Richardson m’a laissée seule dans cette pièce, à m’enfoncer davantage dans les dossiers qu’il m’a montrés. Je pourrais les ignorer, feindre de ne pas comprendre l’ampleur de ce à quoi je suis mêlée, mais cela ne ferait qu’aggraver les choses.Il a raison. Je fais partie de ce jeu, malgré moi. Je le vois dans chaque page, chaque preuve de la corruption et des manipulations qui m’entourent.Mais plus que tout, je vois ce regard de Richardson qui me hante, cette certitude dans ses yeux.Je secoue la tête, comme pour chasser ses pensées. Il a tout un plan, je le sais. Et je dois le suivre. Mais est-ce la bonne chose à faire ?Je repousse les papiers d’un geste brusque et me relève. Le vent souffle à travers la fenêtre entrouverte, et j’aperçois la ville qui s’étend en bas. Je suis prisonnière de ce monde, mais je me refuse à l’accepter.— Pourquoi me fais-tu ça, Richardson ?Je parle tout haut