Chapitre 1 – Isabella
L’adrénaline pulse dans mes veines alors que je franchis les portes du tribunal. L’air est chargé d’une tension presque palpable, un mélange de murmures feutrés, de regards scrutateurs et d’attente silencieuse. Je sens chaque paire d’yeux se poser sur moi, analysant la jeune avocate audacieuse qui ose défier l’un des hommes les plus puissants de cette ville.
«Richardson.»
Son nom suffit à imposer le respect… ou la crainte. Ce n’est pas un simple adversaire, c’est une institution à lui seul. Un empire bâti sur des décennies de pouvoir, de manœuvres stratégiques et de décisions impitoyables. Mais aujourd’hui, je suis prête à le défier. Je serre mon attaché-case, ancrant mes talons sur le marbre immaculé, et j’avance d’un pas assuré.
Je ne suis pas ici pour perdre.
Lorsque je lève les yeux, je le vois.
Assis à la table de la défense, il semble parfaitement à l’aise, comme si ce procès n’était qu’une formalité de plus à ajouter à son emploi du temps surchargé. Son costume, taillé sur mesure, épouse sa carrure imposante. Chaque détail de son apparence est calculé : la montre hors de prix qui brille sous les lumières de la salle, la posture décontractée mais contrôlée, le regard d’acier qui m’évalue avec une curiosité distante.
Je ne détourne pas les yeux.
Un sourire effleure ses lèvres. Il a déjà gagné mille batailles avant celle-ci, mais ce qu’il ignore encore, c’est que je ne suis pas une adversaire ordinaire.
Le juge entre, et la salle se lève dans un silence solennel. Une fois qu’il s’assoit, le procès commence.
"Maître Isabella Morelli, vous avez la parole"
Je me lève avec assurance, ajustant ma veste avant de poser mes mains sur la table. Ma voix, claire et maîtrisée, s’élève dans la salle.
"Votre Honneur, mesdames et messieurs de la cour, ce que nous avons ici n’est pas un simple litige commercial. C’est un abus de pouvoir flagrant, une manœuvre destinée à écraser les plus faibles au profit d’un empire insatiable"
Je marque une pause, laissant mes paroles s’imprégner dans l’esprit de chacun.
"Monsieur Richardson se cache derrière ses avocats, ses milliards et ses connexions. Mais aujourd’hui, nous avons les preuves. Aujourd’hui, la justice ne sera pas achetée"
Ma voix ne tremble pas, et pourtant, je ressens le poids de son regard posé sur moi. Brûlant. Intrusif. Il m’observe comme un prédateur analyse sa proie avant d’attaquer.
Puis vient son tour.
Richardson se lève lentement, prenant le temps d’ajuster les manches de son costume avant de croiser les mains devant lui. Son assurance est presque provocante, comme s’il s’amusait de la situation.
"Votre Honneur, Maître Morelli nous offre un plaidoyer passionné digne d’un grand spectacle. Malheureusement, l’émotion ne remplace pas les faits"
Sa voix est grave, mesurée, envoûtante. Il ne hausse pas le ton, il n’en a pas besoin. Il joue avec le silence comme un virtuose avec son instrument.
"L’entreprise que je représente agit dans la légalité la plus stricte. Nous avons suivi les protocoles, respecté les engagements. Ce que Maître Morelli appelle un abus de pouvoir n’est rien d’autre que du commerce"
Il tourne légèrement la tête vers moi, et je capte l’ombre d’un sourire. Un sourire qui promet un combat sans merci.
"Mais je comprends. Quand on est jeune et idéaliste, on a envie de croire aux belles histoires. Malheureusement, dans le monde réel, les faits priment sur les émotions"
Un rire étouffé fuse quelque part dans la salle, et je sens la tension monter d’un cran. Il essaie de me ridiculiser, de m’intimider.
Grave erreur.
Je m’avance lentement, prenant appui sur la table.
"Ce n’est pas de l’idéalisme, Monsieur Richardson. C’est une réalité que vous refusez d’admettre. Vos méthodes sont celles d’un homme habitué à dicter les règles, à écraser ceux qui se dressent sur son chemin. Mais aujourd’hui, ce ne sera pas aussi simple"
Nos regards s’affrontent. Je refuse d’être la première à baisser les yeux.
Le juge lève la main, rétablissant le calme.
"Les débats se tiendront dans le respect, Maître Morelli, Monsieur Richardson. Veuillez poursuivre"
Je me rassois, le cœur battant. Ce n’est que le début, mais je le sais déjà.
Cet homme sera mon plus grand défi.
Et peut-être aussi ma plus grande tentation.
**Richardson**
Je l’observe alors qu’elle s’assoit, le regard toujours braqué sur moi, défiant. Cette femme a du cran, c’est indéniable. Peu de gens osent me tenir tête, encore moins avec autant d’assurance. Isabella Morelli n’est pas qu’une avocate talentueuse, elle est une combattante.
Intéressant!
Le juge annonce une pause, et la salle commence à se vider lentement. Certains se dirigent vers la sortie, d’autres chuchotent en jetant des regards vers nous. Je referme mon dossier et me lève avec lenteur, savourant l’instant.
"Vous semblez bien sûre de vous, Maître Morelli"
Elle relève les yeux vers moi, son expression indéchiffrable.
"Je connais mon dossier, Monsieur Richardson. Je sais ce que je fais"
Je souris. Elle est arrogante et déterminée.
"Vraiment ? Alors vous savez aussi que vous êtes en train de perdre votre temps"
Elle se fige un instant avant de froncer légèrement les sourcils.
"Pourquoi pensez-vous cela ?"
Je glisse les mains dans les poches de mon pantalon, m’approchant juste assez pour la voir tressaillir, imperceptiblement.
"Parce que je ne perds jamais"
Son regard s’enflamme. Elle ne recule pas.
"Il y a une première fois à tout, Richardson"
J’aime la façon dont elle prononce mon nom, avec une pointe de défi et de mépris. Les femmes, d’ordinaire, s’adoucissent en ma présence. Elles minaudent, elles cherchent à plaire, à attirer mon attention. Isabella, elle, veut me voir tomber.
Et ça, ça me plaît.
"Vous pensez réellement pouvoir me battre ?"
Elle serre la mâchoire, se redressant légèrement.
"Ce n’est pas une question de pouvoir. C’est une question de justice"
Je laisse échapper un rire discret. Justice ? Adorable naïveté.
"La justice, Maître Morelli, est un luxe que peu peuvent se permettre"
Ses doigts se crispent légèrement sur son attaché-case. Elle est furieuse, et je peux presque entendre les rouages de son esprit tourner à toute vitesse, cherchant une réplique cinglante.
"Vous croyez pouvoir acheter tout le monde, n’est-ce pas ?"
Je me penche légèrement vers elle, mon sourire s’élargissant.
"Ce n’est pas une croyance, Isabella. C’est un fait"
Elle cligne des yeux, surprise que j’aie utilisé son prénom. Je la teste, j’observe ses réactions, et chaque petit tressaillement, chaque respiration plus courte me révèle quelque chose d’important.
Elle veut me haïr. Elle veut me voir comme un monstre. Mais je devine autre chose sous cette rage contrôlée.
Elle lutte contre quelque chose.
"Vous êtes pathétique, lâche-t-elle d’un ton froid"
Je me redresse, amusé.
"Pathétique ? Vous êtes la seule ici à penser que vous pouvez gagner alors que tout est contre vous"
Elle inspire profondément, tentant de retrouver son calme.
"Nous verrons bien qui gagnera, Richardson"
Et sur ces mots, elle tourne les talons et quitte la salle.
Fascinante.
Je l’observe s’éloigner, la démarche toujours aussi assurée, les épaules droites. Elle ne veut rien laisser paraître, mais je sais qu’elle est troublée. Elle ne l’admettra jamais, bien sûr. Elle se croit au-dessus de ça.
Je glisse mon téléphone hors de ma poche et envoie un message à mon avocat principal.
"Faites-moi un rapport complet sur Maître Isabella Morelli. Je veux tout savoir."
Parce que cette femme, je le sens, va être bien plus qu’une simple adversaire.
Et je compte bien découvrir exactement jusqu’où elle est prête à aller pour me vaincre.
Chapitre 2– Les règles du jeu**Isabella**Je quitte la salle d’audience, la tête haute, mais mes doigts sont crispés sur mon attaché-case. Richardson. Cet homme est un mur. Une arrogance froide, une confiance absolue en son pouvoir. Il me méprise, il me sous-estime, et pourtant…Je sens qu’il me teste.Son regard m’a suivie alors que je sortais. Il cherchait une faille, une hésitation, un signe que ses mots avaient atteint leur cible. Je ne lui ai rien laissé.Mais une fois dans le couloir, loin de son ombre oppressante, je respire plus librement."Isabella !"Je me retourne pour voir Samuel, mon associé, s’approcher d’un pas rapide. Il est essoufflé, les cheveux en bataille, son costume légèrement froissé. Il a dû courir.— Qu’est-ce qu’il y a ? je demande, intriguée par son empressement.Il me tend un dossier."J’ai trouvé quelque chose"J’ouvre rapidement le document et mon cœur rate un battement."Richardson a fait pression sur un témoin ?"Samuel hoche la tête."Pas directement,
Chapitre 3– Le piège du loup**Isabella**J’observe mon reflet dans le miroir, serrant les pans de ma veste entre mes doigts. J’aurais dû ignorer cette invitation. J’aurais dû la jeter à la poubelle et continuer à creuser pour trouver une faille dans son empire.Mais non.Me voilà, vêtue d’une robe sobre et élégante, prête à affronter Richardson dans un cadre qu’il a lui-même choisi.Un dîner.Juste lui et moi.Samuel n’a pas approuvé. Il a tenté de me convaincre que c’était une erreur, que ce n’était qu’un piège."Tu crois vraiment qu’un homme comme Richardson invite son adversaire à dîner par simple courtoisie ?" m’a-t-il lancé, exaspéré.Non, bien sûr que non.Cet homme ne fait rien sans raison.Je quitte mon appartement et monte dans le taxi qui m’attend. Mon cœur bat plus fort que je ne voudrais l’admettre, non pas par nervosité, mais par anticipation. Cet échange ne sera pas anodin. Il testera mes limites, tentera de me déstabiliser.Mais je suis prête.**Richardson**Installé à
Chapitre 4 - danse avec le diable **Richardson**Isabella est fascinante.Elle lutte contre moi avec une ferveur qui dépasse le simple cadre de notre affrontement judiciaire. Elle veut me prouver qu’elle est mon égale, qu’elle peut me résister.Mais je vois au-delà de ses mots, au-delà de son masque de contrôle.Elle est sur la défensive, pourtant, elle est venue.Elle est assise en face de moi, acculée mais toujours combattive.Elle ignore encore que ce combat, je l’ai déjà gagné."Très bien, dis-je en m’appuyant contre le dossier de ma chaise. Oublions les hostilités un instant."Elle arque un sourcil, méfiante."Oublier que vous êtes mon ennemi ? Impossible."Je souris."Laissez-moi reformuler. Oublions le tribunal. Parlons d’autre chose."Elle fronce légèrement les sourcils, incertaine."De quoi voudriez-vous parler, Richardson ?""De vous."Elle rit, mais il n’y a pas de légèreté dans son amusement."Oh, je vois. Vous essayez une autre tactique."Je prends une gorgée de vin."E
Chapitre 5– Un pas de trop**Isabella**Je laisse l’air frais de la nuit m’envelopper alors que je marche d’un pas rapide, cherchant à dissiper l’agitation dans ma tête. J’ai quitté le dîner précipitamment, poussée par une rage qui bouillonne encore en moi.Richardson a réussi à semer le doute en moi, à faire naître une envie que je ne comprends pas, mais aussi une méfiance profonde. Il a voulu jouer, et je l’ai laissé, pensant que j’étais plus forte. Mais plus je repense à cette soirée, plus je réalise qu’il a eu raison de m’atteindre.Je m’arrête un instant, fermant les yeux pour calmer mon esprit. C’est ridicule. Ce n’est qu’un homme. Un milliardaire, certes, mais un homme. Et je refuse qu’il me fasse perdre ma concentration.Je sors mon téléphone et compose le numéro d’un taxi. J’ai besoin de rentrer, de me retrouver dans un endroit où je suis en contrôle.Une fois la course réservée, je me mets en marche à nouveau, me dirigeant vers la rue principale. Mais quelque chose dans l’ai
Chapitre 6– De l'ombre à la lumièreJe m’appuie contre la porte du restaurant, observant l’écho de ses pas s’éteindre dans la nuit. Une partie de moi a eu envie de l’accompagner, de lui rappeler qu’elle n'est pas seule dans ce monde. Mais je n’ai pas bougé, me forçant à rester dans l'ombre. Pas encore. Pas trop tôt. Je dois la laisser se débattre dans ses propres illusions un peu plus longtemps.Je suis au sommet de ce monde, mais je n'oublie pas les règles. Je l'observe depuis trop longtemps pour ne pas savoir qu’elle est à la fois une menace et une opportunité. Isabella ne sait pas encore qu’elle est la clé de tout.Quand je me décide enfin à quitter la rue et à regagner ma voiture, je n’arrête pas de penser à elle. Qu’est-ce qui lui fait réellement peur ? De quoi est-elle capable, si elle se laissait vraiment aller ? Je suis convaincu qu’elle a encore beaucoup à montrer.Un appel retentit dans ma poche. Je décroche sans regarder le nom de l'appelant."Oui ?""Il y a eu un léger con
Chapitre 7 – La Ligne RougeIsabellaJe m'assieds derrière mon bureau, les mains tremblantes malgré mes efforts pour rester calme. Le dossier s’étale devant moi, mais mes pensées s'égarent encore vers la rencontre de la veille. Les mots de Richardson résonnent dans ma tête, comme une mélodie obsédante."Ce jeu, c'est moi qui le mène."Ces mots, lourds de menaces et de défi, me rappellent pourquoi je ne peux pas l’ignorer. Pourquoi je ne peux pas simplement le laisser jouer avec les ficelles de ce monde sans réagir. Mais plus je réfléchis, plus je sens le poids de ce que je viens de m'engager à affronter. Je sais qu’il n’est pas le genre d’homme à se contenter de simples provocations. Non, il attend une réponse. Il attend que je réagisse. Mais à quel prix ?Une sonnerie me tire de mes pensées. Le téléphone. C’est un numéro que je ne reconnais pas. Mes doigts hésitent une seconde avant de décrocher.— Oui ?La voix au bout du fil est calme, mais il y a quelque chose de glacial dedans.—
Chapitre 8 – Le Piège se RefermeIsabellaLa journée s’étire en une longue succession de tâches et de discussions qui m'apparaissent toutes aussi futiles. Mais au fond de moi, je n’arrive pas à me concentrer, pas quand il est là, à chaque coin de rue, dans chaque coin de mon esprit. Richardson. Il ne me lâche jamais, et c’est précisément ce qui me met en alerte. Tout ce qu'il a dit, tout ce qu'il a insinué, semble avoir une autre signification, quelque chose de plus sinistre que ce qu’il a montré en apparence.J’essaie de reprendre le contrôle, de me replonger dans les affaires, mais le téléphone sur mon bureau vibre et me fait sursauter. J’hésite un instant avant de répondre.— Isabella.La voix au bout du fil est calme, presque trop calme.— C’est Richardson. Nous avons des choses à régler.Je me redresse, le ton grave de sa voix me plonge dans une tension immédiate.— Qu’est-ce que tu veux encore ?Un petit silence, puis il répond, presque amusé.— Oh, rien de bien grave. Simplemen
Chapitre 9 – Le Choix de l’InévitableIsabellaLa journée a filé dans un tourbillon de paperasse, de meetings et de sourires forcés. Mais malgré les apparences, je ne peux m’empêcher de penser à lui, à chaque mot qu’il a prononcé, à chaque silence qu’il a laissé s’étirer entre nous. Richardson ne me lâche pas. Et aujourd'hui, je suis plus que jamais consciente de la tension dans l'air, comme si un orage était prêt à éclater.Je me trouve dans mon bureau, seule, assise face à une fenêtre qui donne sur la ville. Les lumières de la nuit scintillent en bas, mais elles ne parviennent pas à dissiper l’obscurité qui m’envahit. Il y a quelque chose de lourd dans cette nuit, quelque chose de… irrévocable.Je me relève brusquement, incapable de rester assise plus longtemps. Mes mains tremblent légèrement alors que je m'approche du bureau, fouillant dans les papiers éparpillés à la recherche de quelque chose, n'importe quoi pour me distraire. Mais c’est comme si la réponse à tout ce que je resse
IsabellaL’air dehors est frais, presque mordant, et pourtant, je le respire à pleins poumons comme si chaque souffle m’éloignait un peu plus de tout ce que je connais, de tout ce qui me lie à cet homme. Richardson. Il est toujours là, omniprésent, et pourtant, je suis certaine que je le fuis. Fuir, encore et toujours, mais cette fois, je sens qu’il n’est plus question de simples gestes. C’est un duel intérieur, un affrontement entre ce que je suis et ce qu’il veut que je devienne.Je marche dans les rues désertes de la ville, chaque pas résonnant dans l’espace tranquille de la nuit. Je me rends compte que je n’ai nulle part où aller. C’est une vérité que je n’avais pas voulu admettre jusqu’à présent. Je n’ai ni refuge, ni porte de sortie. C’est à cause de lui. Parce que je me suis laissée piéger dans ce monde, dans ce jeu qui n’a pas de règles. Ce n’est pas moi qui le mène. C’est lui. Et il le sait.Le bruit de mes pas se fait plus léger à mesure que je m’enfonce dans l’obscurité, ma
IsabellaLes murs semblent se refermer un peu plus chaque jour. Hier, j’ai eu l’impression d’être sur le point de tout briser, de franchir une ligne invisible, mais aujourd’hui, cette même ligne semble m’échapper, comme un mirage insaisissable. Je n’arrive pas à me débarrasser de la sensation d’être piégée, à chaque instant. Il me suit, sans jamais faiblir. Et moi, je me débats dans cette cage invisible, me refusant à admettre qu'il a peut-être raison.Je suis dans mon bureau, seule, le regard fixé sur les papiers éparpillés devant moi, mais je ne vois rien. Rien de ce qui m’entoure, rien de ce que je dois accomplir. Mon esprit est ailleurs. Sur lui. Sur Richardson.Il n’a pas cessé de me hanter depuis notre dernière rencontre. Son regard m’envahit, et ses mots, ses menaces voilées, résonnent encore dans ma tête. À chaque instant, je suis consciente de sa présence, même lorsqu’il n’est pas là. Il sait ce que je ressens, il sait qu’il me tient. Et pourtant, je suis encore là, refusant
IsabellaLe lendemain matin, tout semble figé dans un silence oppressant. L’air est lourd, saturé d’une tension qui ne fait qu’accroître mon angoisse. J’avais cru qu’hier soir serait un tournant, une sorte de rupture, mais en réalité, c’était juste un autre pas dans ce labyrinthe sans fin. La vérité, c’est que je n’ai pas de plan. Je suis simplement une pièce dans ce jeu que Richardson orchestre, sans que je puisse en sortir.Je marche à travers le grand hall, mes pas résonnant comme des échos dans cet espace trop vaste, trop froid. Je sens ses yeux sur moi, même s’il n’est pas là. Ce n’est pas un hasard, non. C’est sa présence qui me poursuit. Chaque recoin, chaque ombre semble imprégnée de lui. Et chaque fois que je le vois, que je croise son regard, c’est comme si tout ce que je croyais savoir sur ma vie, sur moi-même, se fissurait, se brisait un peu plus.Je traverse le couloir, mes mains tremblant imperceptiblement. Et là, je le vois. Richardson, appuyé contre une porte, son rega
Isabella La nuit tombe sur la ville, et avec elle, un sentiment lourd, oppressant, presque palpable. Je ne sais plus si je suis encore moi-même, si tout ce qui m'entoure est réel. La pièce est silencieuse, mais dans ma tête, c'est l'effervescence. Les mots de Richardson tournent, se tordent, s'imbriquent dans mes pensées, m’empêchant de trouver le calme. Il n’y a pas de retour en arrière, il m’a dit. Mais pourquoi ai-je l’impression que ce n’est pas une menace, mais une promesse ? Pourquoi, dans ses yeux, ai-je vu une lueur de satisfaction à peine voilée, comme si tout ce qu’il voulait, c’était que je fasse le dernier pas vers lui ? Je me tourne dans ma chambre, m'approchant de la fenêtre. De l’extérieur, la ville semble paisible, presque innocente. Mais à l’intérieur de moi, il y a la tempête. J’ai l’impression d’être une ombre, un fantôme errant entre deux mondes, n’appartenant à aucun des deux. Et pourtant, je sais que je suis piégée dans celui qu’il a construit autour de moi.
Isabella Je n’arrive toujours pas à me défaire de la sensation de cette pièce, de cette vérité que Richardson m’a imposée. Chaque regard que je jette autour de moi me rappelle où je suis, ce que j’ai accepté sans vraiment comprendre. Ce monde… ce monde qu’il me montre n’est pas juste le monde de Richardson. Non. Il est partout, dans chaque coin de ma vie, et même dans la pièce que je croyais être la mienne. Je me sens prise au piège, comme un oiseau dans une cage dorée, à la fois attirée par la liberté et piégée par les barreaux invisibles. La porte de cette salle est fermée, mais c’est le poids de ce qu’il a dit qui m’emprisonne réellement. Richardson ne parle pas. Il me laisse digérer ses mots, comme s’il savait que le choc de cette révélation devait m’étouffer lentement, me briser pièce par pièce. — Qu’est-ce que tu attends de moi ? La question m’échappe avant même que je puisse la contrôler. Il ne bouge pas. Il se contente de me fixer, ses yeux noirs me scrutant avec une
IsabellaIl y a une sensation étrange qui s’empare de moi à chaque pas que je fais dans ce bâtiment. Un mélange de terreur et d’excitation, de honte et d’anticipation. Comme si j’étais sur le point de franchir une frontière, une ligne invisible que je ne pourrais pas revenir en arrière. Et pourtant, chaque cellule de mon corps me pousse à avancer.Richardson me guide, ses pas silencieux comme une ombre. Il ne dit rien, mais je sens son regard, lourd et pénétrant, fixé sur moi. Je pourrais me retourner, courir, et tout abandonner, mais je ne le fais pas. Parce qu’au fond, je sais que je suis déjà perdue dans ce jeu. Et le plus effrayant, c’est que je commence à comprendre que j’y ai toujours appartenu.Nous arrivons dans une grande salle, presque vide, à l’exception d’une table au centre, sur laquelle reposent des papiers, des dossiers scellés. Il s’arrête, se tournant vers moi. Ses yeux ne quittent pas les miens.— Tu veux vraiment savoir ce qui se cache derrière tout ça ? sa voix est
Isabella Le soleil peine à se lever ce matin-là, une lumière grise perçant à peine à travers les rideaux de mon appartement. Pourtant, il me semble que la nuit est encore plus sombre qu’elle ne l’a jamais été. Peut-être parce que j’ai la sensation d’avoir franchi une limite invisible. Un point de non-retour, un endroit où même la lumière semble me fuir. Je me suis réveillée en sursaut, envahie par une étrange angoisse. Comme si quelque chose de terrible allait se produire. C’est une sensation que je connais bien. Un pressentiment, une intuition que je ne peux ignorer. Et pourtant, je n’ai aucune idée de ce qui va m’attendre aujourd’hui. Le bureau m’attend, les dossiers m’attendent, Richardson m’attend. Mais plus encore, un autre message. Je prends mon téléphone, une nouvelle notification apparaît. C’est de la même personne que la dernière fois. « Ce n’est pas trop tard. Fuis avant qu’il ne te rattrape. » La peur me serre la gorge. Fuir. Ce mot résonne en moi, mais la vérité e
Isabella Les jours qui suivent sont marqués par une tension palpable. Richardson m’a laissée avec des instructions claires, des dossiers à étudier, des alliances à nouer. Mais sous cette façade de travail, un malaise s’installe dans mon esprit. Ce jeu, ces mensonges, cette manipulation… Je commence à me demander si je suis bien consciente des enjeux. Est-ce moi qui suis en train de jouer avec le feu, ou est-ce lui qui tire les ficelles à chaque instant ? Ce matin-là, je me trouve dans le bureau de notre cabinet, seule, entourée de papiers et de dossiers. Mais mon esprit n’arrive pas à se concentrer. Un sentiment d’oppression me serre la poitrine, comme si une lourde menace pesait sur moi, prête à s’abattre. — Il faut que tu fasses attention, Isabella... La voix de Richardson résonne dans ma tête, comme un avertissement. Pourtant, il ne m’a rien dit de plus précis, rien qui puisse me rassurer. Ce jeu de pouvoir qu’il mène, ce besoin constant de me faire entrer dans son cercle, m
IsabellaLes heures s’égrènent lentement, chaque minute semblant plus lourde que la précédente. Richardson m’a laissée seule dans cette pièce, à m’enfoncer davantage dans les dossiers qu’il m’a montrés. Je pourrais les ignorer, feindre de ne pas comprendre l’ampleur de ce à quoi je suis mêlée, mais cela ne ferait qu’aggraver les choses.Il a raison. Je fais partie de ce jeu, malgré moi. Je le vois dans chaque page, chaque preuve de la corruption et des manipulations qui m’entourent.Mais plus que tout, je vois ce regard de Richardson qui me hante, cette certitude dans ses yeux.Je secoue la tête, comme pour chasser ses pensées. Il a tout un plan, je le sais. Et je dois le suivre. Mais est-ce la bonne chose à faire ?Je repousse les papiers d’un geste brusque et me relève. Le vent souffle à travers la fenêtre entrouverte, et j’aperçois la ville qui s’étend en bas. Je suis prisonnière de ce monde, mais je me refuse à l’accepter.— Pourquoi me fais-tu ça, Richardson ?Je parle tout haut