Soléna rouvrit les yeux, l’eau gouttant sur ses épaules alors que le souvenir s’évanouissait. Maximus était toujours là, adossé au mur, ses griffes raclant distraitement la pierre, inconscient des pensées qu’elle enfouissait derrière son mur fragile. Une bête sanguinaire, oui, comme ceux dont parlaient Mamie Rousse – des loups qui tuaient pour le plaisir, qui dominaient par la peur. Mais les paroles de sa grand-mère résonnaient encore, un écho qui se mêlait aux murmures de Luna : Tu portes plus que tu ne le sais . Était-ce vrai ? Était-elle plus que cette haine, ce dégoût, cette faiblesse qu’on lui avait collée comme une seconde peau ?Maximus grogna soudain, la tirant de ses pensées.— Dépêche-toi, femelle, lancement-t-il, impatient. On n’a pas toute la journée.Elle coupe l’eau sans un mot, saisissant la serviette pour s’envelopper, ses mouvements mécaniques masquant le feu qui couvait en elle. Elle obéissait, oui, mais chaque goutte qui glissait sur sa peau semblait emporter un peu
Le grand hall vibrait des voix graves et des éclats de rire sporadiques de la famille d’Alpha Maximus. La table ployait sous une abondance ostentatoire – viandes rôties dégoulinantes de jus, pains encore tièdes exhalant leur vapeur, viennoiseries dorées, pots de confiture luisants, café fumant, carafes de jus éclatants – mais une lourdeur écrasait la poitrine de Soléna, comme si l’air refusait de circuler.Assise à la droite d’Alpha Maximus, elle fixait son assiette vide, les mains croustillantes sur ses genoux. La robe sombre qu’il lui avait imposée, rehaussée de broderies dorées, lui comprimait la taille, une cage de tissu qui murmurait sans cesser son asservissement.La mère de Maximus, une femme aux traits taillés comme des lames et aux yeux acérés, brisa le silence en reposant son verre avec une brusquerie calculée. Le cristal tinta contre le bois.— Dis-moi, Soléna, susurra-t-elle, mielleuse, presque trop douce, tes parents ne t’ont jamais appris à poser les mains là où on peut
— Le nouveau jardinier, répondit-il, inclinant légèrement la tête. Élias.. Je viens d’arriver. J’étais là-bas, à tailler les haies, quand je vous ai vue… Ça m’a serré le cœur, une jeune femme comme vous, seule ici.Il posa sa pelle contre le muret, s’approche d’un pas mesuré. Ses yeux – un vert profond, presque surnaturel, comme une forêt agitée par un vent invisible – accrochèrent les siens. Une chaleur étrange émanait de lui, un baume inattendu après la froideur qu’elle avait endurée.— Vous semblez perdu, ajoutéa-t-il, un léger pli soucieux barrant son front. Vous voulez… en dire un peu plus ?Soléna ouvre la bouche pour le repousser, mais les mots s’évanouissent. Une sensation montée en elle, un frisson sourd, comme si quelque chose grognait au creux de son être. Sa louve, jusque-là muette, s’éveilla, frémissante, tiraillée par une force qu’elle ne saisissait pas. Elle posa une main sur sa poitrine, troublée, tentant d’apaiser ce tumulte.— Je… je ne sais pas, souffla-t-elle, les
Il fit un pas vers elle, son ombre s’étendant sur le sol comme une menace silencieuse.— Mais je vais vérifier, ajouta-t-il, la voix lourde d’un sous-entendu qu’elle ne saisit pas tout à fait. En attendant, tu rentres. tout de suite.Soléna baissa les yeux, la chaleur remontant à ses joues. Elle ouvrit la bouche pour lui répondre , mais il la coupa d’un geste sec de la main.— Et tu vas t’excuser, continua-t-il, son ton glacial ne laissant aucune place à la discussion. Quitter la table sans ma permission ? Tu crois que ça se fait ça ?Elle sentit sa gorge se nouer, l’humiliation familiale rampante sous sa peau. Sa louve, agitée un instant plus tôt, se recroquevilla dans un coin de son esprit, comme si elle redoutait aussi la tempête à venir.— Oui, murmura-t-elle, à peine audible.Maximus grogna, satisfait, et tourna les talons, s’attendant clairement à ce qu’elle le suive. Mais il s’arrêta après quelques pas, jetant un regard par-dessus son épaule.— Ensuite, tu viendras au bureau. J
À sa surprise, le chaos du papier sous ses doigts lui offris une étrange consolation. Classer, ranger, répondre aux rares appels – ces tâches mécaniques apaisèrent peu à peu la tempête en elle. Le téléphone sonna une fois, un marchand demandant un devis pour un agrandissement de maison; elle répondit d’une voix calme, presque assurée, et raccrocha avec un léger sentiment de maîtrise. Pendant un instant, loin des regards et des ordres, elle respira plus librement, ses pensées dérivant vers le muret, vers Elias et ses yeux verts insondables. Sur sa douceur lorsqu'il lui avait parlé, puis elle sentit le regard d'alpha posé sur elle et elle realisa qu'il tentait une intrusion dans sa tête, alors elle se remis a compté 1.2.3 elle savait que cela l'agacait mais en attendant de reussir a faire un véritable mur, cela était un bon debut pour l'empecher de penetre son esprit.Alpha Maximus s'approcha d'elle et elle se sentit trembler comme une feuille. Il traversa la pièce sans un regard pour e
Des pas lourds résonnèrent dans le couloir, et la porte s’ouvrit à la volée. Maximus entra, sa carrure massive emplissant la pièce, ses yeux dorés luisant d’une colère sourde. Derrière lui, Elias suivait, nonchalant, une pelle calée sur l’épaule, un sourire en coin flottant sur ses lèvres. Soléna retint son souffle, ses mains tremblant légèrement sur le bureau.— Toi, grogna Maximus en pointant Elias, qui t’a embauché ? Parle vite, ou je te fais regretter d’être venu au monde.Elias haussa les épaules, son regard croisant celui de Soléna une fraction de seconde avant de se poser sur Maximus.— Le vieux jardinier a déguerpi il y a deux jours, répondit-il, sa voix basse et calme. J’ai pris sa place. Les haies ne se taillent pas toutes seules, Alpha Maximus.Maximus plissa les yeux, ses narines frémissant comme s’il cherchait une odeur suspecte. Il fit un pas vers Elias, le dominant de toute sa hauteur.— Et que voulais-tu à ma compagne ce matin dans le jardin ? Qui t’a autorisé à lui pa
Elias se tenait face à Maximus, sa peau plantée dans le sol, un sourire narquois aux lèvres. Ses yeux verts scintillaient, défiant l’Alpha.— Un duel, Maximus, lâcha-t-il, sa voix tranchante. Toi contre moi, ce soir à la nuit tombée, sous la vieille chênaie. Pas de règles, juste du sang. T’as peur de perdre ta couronne ?Maximus éclata d’un rire rauque, ses poings serrés faisant craquer ses jointures.— Te réduire en poudre, jardinier ? grogna-t-il. J’accepte. Ce soir, je te fais bouffer la terre avant de pisser sur ton cadavre.Elias haussa les épaules, moqueur, et sortit sans un mot, laissant un silence lourd. Soléna, figée derrière son bureau, sentit sa louve hurler – Cerbère ! Elle compte en silence – 1, 2, 3… – pour tenir la bête à distance. Maximus pivota vers elle, ses yeux dorés la clouant sur place.— Reste ici, femelle, ordonna-t-il avant de claquer la porte. Et il partit comme un boulet de canon.Mais elle ne pouvait pas. Pas avec ce duel. Pas avec cette voix qui murmurait
Son pouls s’accélèra. Pendant que Danielle quittait le ureau une seconde fois et s’éloignait vers la cuisine, Soléna attrapa la clé, la glissant dans sa manche d’un geste rapide. Sa louve hurla –" Vas-y ! "– et elle ne réfléchit pas plus.Elle fila dans le couloir, toujours comptant – 1, 2, 3… – pour calmer ses nerfs, et monta l’escalier vers les archives. La porte céda sous la clé volée, grinçant comme une plainte. À l’intérieur, l’obscurité l’avala, chargée d’odeurs de moisi et de secrets. Elle se mir a chercher le registre de la veille et le trouva presque de suite, sur la table ronde, un registre marqué d’un symbole – trois têtes de loup entrelacées. Cerbère.Elle l’ouvrit, le cœur battant. Les pages jaunes racontaient une histoire :L’Histoire de la ville et de la naissance du clanIl y a des siècles, avant que la ville ne porte son nom, naquit Cerbère – un Alpha monstrueux, une aberration de la nature. Un seul corps puissant, mais trois têtes de loup, chacune avec des yeux brûlan
La chambre était plongée dans une pénombre pesante, la lumière du matin filtrant à peine à travers les rideaux déchirés. Maximus gisait sur le lit, torse nu, son flanc bandé. Le bout de tissu de la veille avait été remplacé par une vraie bande et des gazes que Soléna avait réclamées au domestique. Elle l’avait soigné pendant qu’il était dans le coma, elle avait appelé le médecin et tout fait pour que l’Alpha s’en sorte. Le médecin l’avait recousu, et pourtant, sa bande était encore humide de sang. Sa respiration était rauque, ses yeux dorés mi-clos, vacillant entre douleur et épuisement.Soléna, agenouillée à ses côtés, essuyait ses mains sur un chiffon, ses gestes précis mais fatigués alors qu’elle ajustait le bandage. Une odeur de fer et de sueur flottait dans l’air, entêtante, presque suffocante. Chaque mouvement qu’elle faisait était guidé par un mélange d’instinct et de détermination. Il ne devait pas mourir. Pas maintenant. Pas comme ça.— Tiens-toi tranquille, murmura-t-elle, s
Elle s’approcha, ses cheveux tombant sur son visage.— Je ne suis pas là pour te trahir, Maximus. J’pourrais. Luna veut Elias. Elle veut que tu paies pour tes ancêtres. Mais moi… je te vois, toi. Pas juste la brute. Pas juste l’Alpha. Et je veux pas que tu tombes. Pas encore.Il grogna. Moins fort. Moins sûr.— T’es naïfe… ou t’es folle. Il détourna les yeux. Mais t’as du cran. T’étais pas censée voir ça… moi, à terre. Faible.Elle posa une main sur son torse.— Tu n’es pas faible. Tu es vivant. Et ça compte.Il tourna la tête vers elle. Il n’y avait pas de colère dans ses yeux. Juste une lueur brute. Curiosité ? Reconnaissance ? Sa main se posa sur la sienne. Un contact simple. Mais puissant.Luna murmura : “Il est en train de changer.”Solèna s’élança vers lui, ignorant les regards et les murmures. Elle s’agenouilla à ses côtés, déchirant un morceau de son tee short qui se trouvait sous sa veste de jogging, pour le presser contre la plaie béante, ses mains tremblantes tachées de san
Maximus haletait. Chaque respiration semblait lui arracher une part de son âme, comme si l'air même était devenu poison. Le sang continuait de couler, chaud et épais, imbibant le sol sous lui. Mais ses yeux restaient ouverts, plantés dans ceux de Soléna. Un regard noir, intense, traversé de douleur, de honte, mais aussi… de gratitude muette.Il essaya de parler. Sa bouche s'ouvrit, trembla, mais aucun son n'en sortit. Il se contenta de poser une main sur sa plaie, le geste lent, fébrile. Il ne demandait pas de l'aide. Il constatait. Il était en vie. Par miracle. Ou grâce à elle.Soléna avanca d'un pas, ses jambes vacillantes, ses tempes battant comme des tambours de guerre. Luna grondait toujours, mais à bas bruit, comme un orage qui s'éloigne. À cet instant, le monde s'était figé. Le public retenant son souffle, les ennemis stupéfaits, les alliés absents. Elle était seule. Lui aussi.Elle se pencha vers lui, d'une voix basse, qui semblait être arrachée à ses tripes.— Tu dois te rele
La louve voulait surgir. Elle était là, juste sous la peau, tapie comme une tempête retenue par un fil. Chaque battement du cœur de Soléna résonnait comme un tambour de guerre, éveillant la bête en elle. Luna, l’éclat primal, la voix ancienne, grondait dans les tréfonds de son esprit, prête à prendre le dessus, à arracher les rênes. Mais Soléna ne céda pas. Ses ongles s’enfoncèrent dans ses paumes fermées, le goût métallique de sa propre volonté sur sa langue.Elle respirait vite. L’air semblait lourd, chargé de poussière et de tension, comme avant un orage. Autour d’elle, la foule retenait son souffle, hypnotisée par le combat. La lumière blafarde de la lune faisait luire les flaques de sang comme des joyaux maudits sur le sol de pierre. Elle pouvait sentir la peur, la haine, l’excitation collective vibrer comme une onde sous ses pieds."Non, Luna. Pas encore. Laisse-les se battre."Sa voix intérieure était ferme, mais son corps tremblait. Chaque fibre d’elle-même hurlait de douleur,
Soléna, le souffle court, sentit une larme couler sur sa joue, chaude contre sa peau glacée. Elle ne savait pas d’où venait cette larme – de la peur qui lui nouait les entrailles, de la colère qui bouillonnait en elle face à ce carnage, ou de cette étrange fascination qui la retenait, incapable de détourner les yeux. Elle était là, spectatrice d’un affrontement qui dépassait la simple rivalité, un combat où chaque coup portait le poids d’un passé qu’elle ne comprenait pas encore. Était-ce le destin de Maximus, de Cerbère, ou le sien propre qui se jouait sous ses yeux ? Luna grondait toujours, son cri résonnant dans l’esprit de Soléna, mais il y avait autre chose dans ce hurlement – une douleur, une perte, comme si sa louve pleurait quelque chose qu’elle-même ne pouvait nommer.Le vent sifflait dans la cour, portant avec lui l’odeur métallique du sang et la sueur âcre des combattants. Les torches crépitaient, leurs flammes dansant dans l’obscurité, jetant des ombres mouvantes sur les m
Soléna, tapie dans l’ombre, sentait son cœur marteler sa poitrine, chaque battement résonnant dans ses os comme un tambour de guerre. Le son semblait s’amplifier, vibrer à l’unisson avec le rugissement de la foule, un écho primal qui menaçait de l’engloutir. Chaque pulsation cognait contre sa cage thoracique, une onde de choc qui se propageait dans ses bras, jusque dans ses doigts crispés. Luna, sa louve intérieure, hurlait en elle, un cri sauvage qui lui lacérait l’âme. C’était un mélange de loyauté brisée et d’instinct brut, une tempête qui grondait dans son être, menaçant de la faire basculer.Il est là ! Mon Cerbère !La voix de Luna était un torrent furieux, un appel viscéral qui secouait Soléna jusqu’au plus profond de son essence. Un cri plus ancien que le langage, plus fort que la raison. Mais elle luttait pour ne pas se laisser emporter, ses doigts crispés sur le mur de pierre froide derrière elle, les aspérités mordant sa peau comme pour la ramener à la réalité, à son corps,
La nuit était tombée sur Cerberes, une lune rouge suspendue dans un ciel d’encre, projetant une lueur sinistre sur la cour du château. Son éclat baignait les pierres usées d’une teinte sanglante, transformant chaque ombre en menace. L’air était lourd, chargé d’une tension primal, comme si la terre elle-même retenait son souffle. Soléna, malgré l’ordre d’Alpha Maximus de rester cloîtrée dans leur chambre, n’avait pu obéir. Une force plus grande qu’elle – Luna, sa louve intérieure, grondante et sauvage – l’avait arrachée au lit, poussant son corps à agir avant que son esprit ne puisse protester. Elle avait enfilé à la hâte un jogging noir et des baskets usées, ses doigts tremblants luttant avec les lacets. Puis elle avait couru, ses pas résonnant dans les couloirs froids du château, chaque écho amplifiant l’urgence qui lui tordait les entrailles.Elle déboula dans la cour juste à temps, son souffle court formant des volutes dans l’air glacial. Une foule s’était rassemblée, un cercle hurl
Allongée dans le lit, Soléna fixait le plafond, les ombres des poutres dansant dans la lumière pâle comme des spectres moqueurs. Le silence qui avait suivi le départ d’Alpha Maximus était plus oppressant encore que sa présence, un vide saturé de l’écho de ses derniers mots : Pas un mot. Pas un geste. Chaque syllabe résonnait dans son esprit, une chaîne invisible qui la maintenait clouée sur place. Les draps, froids contre sa peau nue, semblaient l’enserrer, amplifiant la sensation de vulnérabilité qui la rongeait. Son souffle, toujours irrégulier, emplissait la pièce, un son faible mais qui semblait assourdissant dans ce calme morbide.Elle serrait les poings sous les couvertures, ses ongles s’enfonçant dans ses paumes jusqu’à ce qu’une douleur sourde la ramène à elle. Un, deux, trois… Elle compta encore, un réflexe futile pour ancrer son esprit, pour empêcher ses pensées de sombrer dans le chaos. Mais chaque chiffre semblait amplifier l’angoisse qui montait en elle, une marée inexora
Soléna resta figée, les mots d’Alpha Maximus résonnant dans son esprit comme un écho implacable. Mets-toi nue, couche-toi, et attends mon retour. L’ordre, prononcé avec une froideur calculée, pesait sur elle comme une chaîne invisible, resserrant son emprise à chaque seconde. Ses yeux, toujours rivés sur les siens, semblaient fouiller son âme, cherchant la moindre trace de rébellion, le moindre signe de faiblesse. Elle voulait parler, protester, comprendre, mais la lueur dangereuse dans son regard l’en dissuada. La pièce, déjà oppressante, semblait se refermer sur elle, l’air devenant plus lourd, plus difficile à respirer.Elle détourna enfin les yeux, incapable de soutenir plus longtemps l’intensité de ce regard. Ses mains, tremblantes, saisirent l’ourlet de sa robe, et elle sentit une vague de honte l’envahir à l’idée de ce qu’elle s’apprêtait à faire. Gênée, elle lui tourna le dos, un geste instinctif pour préserver un semblant de dignité, bien que futile. Le tissu glissa lentement