Des pas lourds résonnèrent dans le couloir, et la porte s’ouvrit à la volée. Maximus entra, sa carrure massive emplissant la pièce, ses yeux dorés luisant d’une colère sourde. Derrière lui, Elias suivait, nonchalant, une pelle calée sur l’épaule, un sourire en coin flottant sur ses lèvres. Soléna retint son souffle, ses mains tremblant légèrement sur le bureau.— Toi, grogna Maximus en pointant Elias, qui t’a embauché ? Parle vite, ou je te fais regretter d’être venu au monde.Elias haussa les épaules, son regard croisant celui de Soléna une fraction de seconde avant de se poser sur Maximus.— Le vieux jardinier a déguerpi il y a deux jours, répondit-il, sa voix basse et calme. J’ai pris sa place. Les haies ne se taillent pas toutes seules, Alpha Maximus.Maximus plissa les yeux, ses narines frémissant comme s’il cherchait une odeur suspecte. Il fit un pas vers Elias, le dominant de toute sa hauteur.— Et que voulais-tu à ma compagne ce matin dans le jardin ? Qui t’a autorisé à lui pa
Elias se tenait face à Maximus, sa peau plantée dans le sol, un sourire narquois aux lèvres. Ses yeux verts scintillaient, défiant l’Alpha.— Un duel, Maximus, lâcha-t-il, sa voix tranchante. Toi contre moi, ce soir à la nuit tombée, sous la vieille chênaie. Pas de règles, juste du sang. T’as peur de perdre ta couronne ?Maximus éclata d’un rire rauque, ses poings serrés faisant craquer ses jointures.— Te réduire en poudre, jardinier ? grogna-t-il. J’accepte. Ce soir, je te fais bouffer la terre avant de pisser sur ton cadavre.Elias haussa les épaules, moqueur, et sortit sans un mot, laissant un silence lourd. Soléna, figée derrière son bureau, sentit sa louve hurler – Cerbère ! Elle compte en silence – 1, 2, 3… – pour tenir la bête à distance. Maximus pivota vers elle, ses yeux dorés la clouant sur place.— Reste ici, femelle, ordonna-t-il avant de claquer la porte. Et il partit comme un boulet de canon.Mais elle ne pouvait pas. Pas avec ce duel. Pas avec cette voix qui murmurait
Son pouls s’accélèra. Pendant que Danielle quittait le ureau une seconde fois et s’éloignait vers la cuisine, Soléna attrapa la clé, la glissant dans sa manche d’un geste rapide. Sa louve hurla –" Vas-y ! "– et elle ne réfléchit pas plus.Elle fila dans le couloir, toujours comptant – 1, 2, 3… – pour calmer ses nerfs, et monta l’escalier vers les archives. La porte céda sous la clé volée, grinçant comme une plainte. À l’intérieur, l’obscurité l’avala, chargée d’odeurs de moisi et de secrets. Elle se mir a chercher le registre de la veille et le trouva presque de suite, sur la table ronde, un registre marqué d’un symbole – trois têtes de loup entrelacées. Cerbère.Elle l’ouvrit, le cœur battant. Les pages jaunes racontaient une histoire :L’Histoire de la ville et de la naissance du clanIl y a des siècles, avant que la ville ne porte son nom, naquit Cerbère – un Alpha monstrueux, une aberration de la nature. Un seul corps puissant, mais trois têtes de loup, chacune avec des yeux brûlan
Soléna referma le registre d’un coup sec, le cœur battant à tout rompre. Les mots dansaient encore dans sa tête – Cerbère, Luna, vengeance – et sa louve hurlait, un grondement sauvage qui vibrait dans ses os. Il est là ! Elias était plus qu’un jardinier, plus qu’un homme. Il était le spectre à trois têtes revenu pour tout brûler, et elle… elle portait Luna, sa louve rousse, quelque part en elle. La prophétie la frappa comme un coup de poing.Des pas lourds dévalèrent l’escalier. Trop tard pour fuir. La porte s’ouvrit à la volée, et Maximus surgit, sa silhouette massive bloquant la lumière, ses yeux dorés flamboyants de rage. Il tenait la pelle d’Elias dans une main, tachée de terre fraîche, comme s’il venait de s’en servir.— Toi, dans les archives ? rugit-il, avançant vers elle à grandes enjambées. T’as volé la clé, femelle ? Tu cherches quoi ?Soléna recula, le registre serré contre sa poitrine, mais il fut sur elle en un éclair. Sa main massive s’abattit sur son poignet, la forçant
Au cœur des réticences de Soléna se trouvait le lien sacré qu’Alpha lui avait été imposé par la Déesse de la Lune, un lien mystique qui transcendait ses sentiments personnels. Un lien surnaturel qui l’unissait à Alpha Maximus, et qui ferait de sa mort une rupture de sa propre identité.Dans leur tradition, ce lien était un poids spirituel, la mort de l’un pouvant déséquilibrer l’autre, pouvant entraîner un effondrement psychologique ou physique.Pour Soléna, cela signifiait que la perte de Maximus pourrait briser la structure fragile de son existence, surtout compte tenu de son isolement et de son manque de pouvoir au sein du clan.— Il ne t’aimera jamais, se moqua Luna au fond d’elle-même, et tandis qu’elle pleurait à moitié couchée sur la table, elle vit qu’Alpha restait debout à côté d’elle. Il s’était réajusté et la regardait sans parler, son visage sévère.Il sut de suite qu’il avait entendu leur discussion, entre elle et sa louve...Ses traits si durs habituellement se radoucire
Soléna leva les yeux, son regard voilé par la douleur qui pulsait encore dans son corps. Malgré l’épuisement qui alourdissait ses membres, une lueur d’intrigue perça dans ses prunelles sombres. Capucine, assise près d’elle, sembla hésiter un instant, son visage marqué par une gravité inhabituelle. Elle prit une profonde inspiration, comme pour puiser le courage de dévoiler un secret trop longtemps gardé.— Il y a longtemps, commença-t-elle d’une voix basse, presque un murmure, Maximus devait s’unir à une femme qu’il aimait plus que tout. Elle s’appelait Cléa, une Alpha guerrière, fière et indomptable, issue de ton propre clan. Leur lien était si fort qu’on disait qu’il aurait défié les étoiles elles-mêmes pour elle. Mais… elle l’a trahi.Soléna tressaillit légèrement, ses doigts se crispant sur le tissu usé de la couverture qui l’enveloppait. Les larmes qui avaient coulé sur ses joues commençaient à sécher, laissant des traces salées sur sa peau pâle. Elle écoutait, suspendue aux mots
Après que Capucine eut laissé Soléna seule dans la chambre pour s’habiller, des pas lourds firent vibrer le plancher du couloir. La porte s’ouvrit d’un coup, sans un bruit d’annonce, et Maximus envahit l’espace. Sa silhouette massive bloqua la lumière pâle qui filtrait du dehors, projetant une ombre écrasante sur le sol usé. Soléna, encore drapée dans sa serviette humide, se figea. Son pouls s’emballa, martelant ses tempes. Un frisson glacé remonta sa colonne vertébrale, comme si l’air s’était chargé d’une menace prête à éclater.— Habille-toi, grogna-t-il. Sa voix, rauque et profonde, semblait râper contre les murs, mais elle n’avait pas ce tranchant qui d’habitude la faisait trembler. Il traversa la pièce d’un pas raide, ses bottes claquant sur le bois, et s’arrêta près de la fenêtre. Ses larges épaules se découpaient contre le ciel gris, lourd de nuages qui s’amoncelaient au-delà des murailles. Il fixait l’horizon, immobile, ses poings serrés si fort que ses griffes éraflaient le r
Soléna releva le menton, ses doigts crispés sur le tissu rêche de sa robe, comme si ce geste pouvait ancrer le peu de courage qui lui restait. Les mots lui échappèrent avant qu’elle ne puisse les retenir, portés par une impulsion qu’elle ne comprenait pas elle-même.— Et si tu me faisais confiance, au lieu de me frapper ? murmura-t-elle, sa voix tremblante mais claire, chaque syllabe vibrant d’une audace qui lui brûlait la gorge.Maximus éclata d’un rire sec, rauque, un son qui claqua comme un fouet dans l’air confiné de la chambre. Ses yeux dorés s’enflammèrent à nouveau, retrouvant cette lueur tranchante qui la faisait toujours reculer.— Confiance ? À une femelle de ton clan de menteuses ? ricana-t-il, son ton dégoulinant de mépris. T’es naïve ou juste stupide ? Va à table. Ma mère n’a plus une once de patience pour toi, et moi non plus.Il tourna les talons, ses bottes martelant le plancher avec une brutalité qui fit vibrer les murs. La porte claqua derrière lui, laissant Soléna s
La chambre était plongée dans une pénombre pesante, la lumière du matin filtrant à peine à travers les rideaux déchirés. Maximus gisait sur le lit, torse nu, son flanc bandé. Le bout de tissu de la veille avait été remplacé par une vraie bande et des gazes que Soléna avait réclamées au domestique. Elle l’avait soigné pendant qu’il était dans le coma, elle avait appelé le médecin et tout fait pour que l’Alpha s’en sorte. Le médecin l’avait recousu, et pourtant, sa bande était encore humide de sang. Sa respiration était rauque, ses yeux dorés mi-clos, vacillant entre douleur et épuisement.Soléna, agenouillée à ses côtés, essuyait ses mains sur un chiffon, ses gestes précis mais fatigués alors qu’elle ajustait le bandage. Une odeur de fer et de sueur flottait dans l’air, entêtante, presque suffocante. Chaque mouvement qu’elle faisait était guidé par un mélange d’instinct et de détermination. Il ne devait pas mourir. Pas maintenant. Pas comme ça.— Tiens-toi tranquille, murmura-t-elle, s
Elle s’approcha, ses cheveux tombant sur son visage.— Je ne suis pas là pour te trahir, Maximus. J’pourrais. Luna veut Elias. Elle veut que tu paies pour tes ancêtres. Mais moi… je te vois, toi. Pas juste la brute. Pas juste l’Alpha. Et je veux pas que tu tombes. Pas encore.Il grogna. Moins fort. Moins sûr.— T’es naïfe… ou t’es folle. Il détourna les yeux. Mais t’as du cran. T’étais pas censée voir ça… moi, à terre. Faible.Elle posa une main sur son torse.— Tu n’es pas faible. Tu es vivant. Et ça compte.Il tourna la tête vers elle. Il n’y avait pas de colère dans ses yeux. Juste une lueur brute. Curiosité ? Reconnaissance ? Sa main se posa sur la sienne. Un contact simple. Mais puissant.Luna murmura : “Il est en train de changer.”Solèna s’élança vers lui, ignorant les regards et les murmures. Elle s’agenouilla à ses côtés, déchirant un morceau de son tee short qui se trouvait sous sa veste de jogging, pour le presser contre la plaie béante, ses mains tremblantes tachées de san
Maximus haletait. Chaque respiration semblait lui arracher une part de son âme, comme si l'air même était devenu poison. Le sang continuait de couler, chaud et épais, imbibant le sol sous lui. Mais ses yeux restaient ouverts, plantés dans ceux de Soléna. Un regard noir, intense, traversé de douleur, de honte, mais aussi… de gratitude muette.Il essaya de parler. Sa bouche s'ouvrit, trembla, mais aucun son n'en sortit. Il se contenta de poser une main sur sa plaie, le geste lent, fébrile. Il ne demandait pas de l'aide. Il constatait. Il était en vie. Par miracle. Ou grâce à elle.Soléna avanca d'un pas, ses jambes vacillantes, ses tempes battant comme des tambours de guerre. Luna grondait toujours, mais à bas bruit, comme un orage qui s'éloigne. À cet instant, le monde s'était figé. Le public retenant son souffle, les ennemis stupéfaits, les alliés absents. Elle était seule. Lui aussi.Elle se pencha vers lui, d'une voix basse, qui semblait être arrachée à ses tripes.— Tu dois te rele
La louve voulait surgir. Elle était là, juste sous la peau, tapie comme une tempête retenue par un fil. Chaque battement du cœur de Soléna résonnait comme un tambour de guerre, éveillant la bête en elle. Luna, l’éclat primal, la voix ancienne, grondait dans les tréfonds de son esprit, prête à prendre le dessus, à arracher les rênes. Mais Soléna ne céda pas. Ses ongles s’enfoncèrent dans ses paumes fermées, le goût métallique de sa propre volonté sur sa langue.Elle respirait vite. L’air semblait lourd, chargé de poussière et de tension, comme avant un orage. Autour d’elle, la foule retenait son souffle, hypnotisée par le combat. La lumière blafarde de la lune faisait luire les flaques de sang comme des joyaux maudits sur le sol de pierre. Elle pouvait sentir la peur, la haine, l’excitation collective vibrer comme une onde sous ses pieds."Non, Luna. Pas encore. Laisse-les se battre."Sa voix intérieure était ferme, mais son corps tremblait. Chaque fibre d’elle-même hurlait de douleur,
Soléna, le souffle court, sentit une larme couler sur sa joue, chaude contre sa peau glacée. Elle ne savait pas d’où venait cette larme – de la peur qui lui nouait les entrailles, de la colère qui bouillonnait en elle face à ce carnage, ou de cette étrange fascination qui la retenait, incapable de détourner les yeux. Elle était là, spectatrice d’un affrontement qui dépassait la simple rivalité, un combat où chaque coup portait le poids d’un passé qu’elle ne comprenait pas encore. Était-ce le destin de Maximus, de Cerbère, ou le sien propre qui se jouait sous ses yeux ? Luna grondait toujours, son cri résonnant dans l’esprit de Soléna, mais il y avait autre chose dans ce hurlement – une douleur, une perte, comme si sa louve pleurait quelque chose qu’elle-même ne pouvait nommer.Le vent sifflait dans la cour, portant avec lui l’odeur métallique du sang et la sueur âcre des combattants. Les torches crépitaient, leurs flammes dansant dans l’obscurité, jetant des ombres mouvantes sur les m
Soléna, tapie dans l’ombre, sentait son cœur marteler sa poitrine, chaque battement résonnant dans ses os comme un tambour de guerre. Le son semblait s’amplifier, vibrer à l’unisson avec le rugissement de la foule, un écho primal qui menaçait de l’engloutir. Chaque pulsation cognait contre sa cage thoracique, une onde de choc qui se propageait dans ses bras, jusque dans ses doigts crispés. Luna, sa louve intérieure, hurlait en elle, un cri sauvage qui lui lacérait l’âme. C’était un mélange de loyauté brisée et d’instinct brut, une tempête qui grondait dans son être, menaçant de la faire basculer.Il est là ! Mon Cerbère !La voix de Luna était un torrent furieux, un appel viscéral qui secouait Soléna jusqu’au plus profond de son essence. Un cri plus ancien que le langage, plus fort que la raison. Mais elle luttait pour ne pas se laisser emporter, ses doigts crispés sur le mur de pierre froide derrière elle, les aspérités mordant sa peau comme pour la ramener à la réalité, à son corps,
La nuit était tombée sur Cerberes, une lune rouge suspendue dans un ciel d’encre, projetant une lueur sinistre sur la cour du château. Son éclat baignait les pierres usées d’une teinte sanglante, transformant chaque ombre en menace. L’air était lourd, chargé d’une tension primal, comme si la terre elle-même retenait son souffle. Soléna, malgré l’ordre d’Alpha Maximus de rester cloîtrée dans leur chambre, n’avait pu obéir. Une force plus grande qu’elle – Luna, sa louve intérieure, grondante et sauvage – l’avait arrachée au lit, poussant son corps à agir avant que son esprit ne puisse protester. Elle avait enfilé à la hâte un jogging noir et des baskets usées, ses doigts tremblants luttant avec les lacets. Puis elle avait couru, ses pas résonnant dans les couloirs froids du château, chaque écho amplifiant l’urgence qui lui tordait les entrailles.Elle déboula dans la cour juste à temps, son souffle court formant des volutes dans l’air glacial. Une foule s’était rassemblée, un cercle hurl
Allongée dans le lit, Soléna fixait le plafond, les ombres des poutres dansant dans la lumière pâle comme des spectres moqueurs. Le silence qui avait suivi le départ d’Alpha Maximus était plus oppressant encore que sa présence, un vide saturé de l’écho de ses derniers mots : Pas un mot. Pas un geste. Chaque syllabe résonnait dans son esprit, une chaîne invisible qui la maintenait clouée sur place. Les draps, froids contre sa peau nue, semblaient l’enserrer, amplifiant la sensation de vulnérabilité qui la rongeait. Son souffle, toujours irrégulier, emplissait la pièce, un son faible mais qui semblait assourdissant dans ce calme morbide.Elle serrait les poings sous les couvertures, ses ongles s’enfonçant dans ses paumes jusqu’à ce qu’une douleur sourde la ramène à elle. Un, deux, trois… Elle compta encore, un réflexe futile pour ancrer son esprit, pour empêcher ses pensées de sombrer dans le chaos. Mais chaque chiffre semblait amplifier l’angoisse qui montait en elle, une marée inexora
Soléna resta figée, les mots d’Alpha Maximus résonnant dans son esprit comme un écho implacable. Mets-toi nue, couche-toi, et attends mon retour. L’ordre, prononcé avec une froideur calculée, pesait sur elle comme une chaîne invisible, resserrant son emprise à chaque seconde. Ses yeux, toujours rivés sur les siens, semblaient fouiller son âme, cherchant la moindre trace de rébellion, le moindre signe de faiblesse. Elle voulait parler, protester, comprendre, mais la lueur dangereuse dans son regard l’en dissuada. La pièce, déjà oppressante, semblait se refermer sur elle, l’air devenant plus lourd, plus difficile à respirer.Elle détourna enfin les yeux, incapable de soutenir plus longtemps l’intensité de ce regard. Ses mains, tremblantes, saisirent l’ourlet de sa robe, et elle sentit une vague de honte l’envahir à l’idée de ce qu’elle s’apprêtait à faire. Gênée, elle lui tourna le dos, un geste instinctif pour préserver un semblant de dignité, bien que futile. Le tissu glissa lentement