Chapitre 2

La prochaine fois que je croisais mon amie dans le train elle me donna des nouvelles comme si de rien n'était. Elle continuait à me tenir au courant de ses conversations avec Léandre en cours ainsi que des ses craintes de rejet. Quant à moi je continuais à essayer de rester objective et pourtant douce dans ma manière de lui exposer mes pensées. Je ne voulais pas la froisser. Je n'avais jamais eu de crush alors j'ignorais ce que ça faisait mais je pouvais imaginer.

Mon amie n'en pouvait plus de ne pas savoir ce qu'il pensait et je la comprenais amplement. Moi même aimais tout savoir tout de suite. J'étais très têtue de ce point de vu et c'était justement pour cela que je n'aimais pas les surprises. Je n'aimais juste pas ne pas être au contrôle et me laisser aller. Cela me faisait peur quand je n'étais pas préparée.

Je conseillais donc à mon amie de lui demander pour en avoir le cœur net.

"Mais et si la réponse est non?

-Alors tu pourras tourner la page.

-J'ai peur de gâcher notre amitié.

-Tu le connais depuis quoi? Un mois? Tu te portais très bien avant de le connaître je ne vois pas pourquoi ce serait différent."

Mais je me souvenais du fait que ma meilleure amie et moi étions devenues meilleures amies le jour de notre rencontre. Nous avions été énormément proches dès le premier jour et cela n'avait fait que se renforcer au point où je n'imaginais pas ma vie sans elle.

"Il ne va pas arrêter de te parler pour une raison aussi débile. Ou alors c'est un connard et tu fais mieux de ne pas être sa pote."

J'ignorais comment mais j'avais convaincu mon amie de lui dire ce qu'elle ressentait à la prochaine soirée. Cette dernière arriva plus vite que prévu et mon amie m'avait envoyée en moyenne trente messages toutes les dix minutes m'exprimant son stresse. J'avais trouvé ça bête d'autant stresser pour une stupide question. Elle avait juste à lui demander s'il l'aimer bien. Ou mieux. Elle n'avait qu'à l'embrasser directement et voir comment il allait réagir. Il n'y avait rien de dure.

Évidemment je ne lui disais rien de tout cela et essayais de la conforter dans l'idée que tout allait bien se passer dans tous les cas. Je n'arrivais malheureusement pas à la convaincre et elle continua à stresser jusqu'à la seconde où elle vit Léandre. Là elle arrêta de parler et sans un regard dans ma direction disparut pour lui parler poussée de nouveau par l'alcool.

Quant à moi je retournais vers mes amis pour de nouveau passer une très bonne soirée en leur compagnie. Une soirée sans prise de tête et sans crush. C'était beaucoup plus simple. Je n'avais pas à me demander si une certaine personne me regardait quand je dansais. Je n'avais pas à stresser en me demandant ce qu'il ou elle pensait de moi. Je n'avais qu'à danser et être heureuse.

Mon bonheur fut interrompu bien vite par le retour de mon amie. A en juger par son regard cela s'était super bien passé. Elle m'avait presque arraché le bras en me révélant pleine d'énergie ce que Léandre lui avait dis:

"Il a dis qu'il était très touché et qu'il va y réfléchir!"

J'avais été super contente pour elle à mon tour. J'étais tellement contente qu'on aurait dis que c'était moi qui allait me mettre en couple. Pour être honnête j'avais le droit d'être heureuse. Après tout c'était moi qui avais convaincu mon amie de lui parler. J'étais la seule au courant de son crush et j'étais celle qui l'avait conseillée. Mon amie elle même me dit:

"Sans toi je n'aurais jamais osé lui demander. Merci!"

Elle parlait bien vite... La soirée était loin d'être terminée. J'aurais peut-être moi aussi dû économiser avec mes: "je te l'avais dis" parce que j'avais été bien trop flemmarde pour relever le fait que Léandre n'avait donné aucune réponse.

Mon amie disparue de nouveau pour danser avec Léandre tandis que je racontais à mes amis à quel point j'avais contribué dans la création d'un nouveau couple. J'étais entrain de raconter mes prouesses à la quinzième personne quand mon amie revint vers moi le regard plus sombre que jamais.

Je ne l'avais jamais vue ainsi pour être honnête. Elle avait les yeux fixés sur ses chaussures et le coin de ses lèvres suivait lui aussi. Elle avait les mains dans ses poches ou les bras pendants le long de son tronc et elle n'avait plus aucune envie de ne rien faire. Je brûlais d'envie de savoir ce qu'il venait de se passer mais je savais bien que ce serait douloureux d'en parler. Heureusement une amie de mon amie avait assisté à a scène et me dit:

"Ils dansaient quand soudain il lui a dit qu'il l'appréciait beaucoup en tant que potes et que c'était tout. Il était très gentil et souriant et lui a dis qu'il espérait qu'ils allaient rester potes.

-Oh... Mais je ne comprends pas. Il y a quelques heures il lui a dis qu'il allait y réfléchir. Je m'attendais pas à une réponse si rapide."

La fille haussa les épaules n'en sachant pas plus que moi. Pendant ce temps mon amie avait disparue. Je la retrouvais une heure plus tard assise sur un fauteuil n'ayant plus envie de rien. Elle voulait rentrer mais comme je ne voulais pas encore partir elle avait décidé de m'attendre dans un coin. Je m'assis à côté d'elle.

"Tu ne vas pas rester ici. Allez viens danser."

Aucune réponse.

"Au moins maintenant tu sais."

Aucun regard.

"C'est mieux de le savoir maintenant que si tu avais attendu des mois et que tu t'étais vraiment attachée non?"

Elle haussa les épaules.

"Allez viens. On s'en fiche de lui. Il veut que vous restiez potes c'est tout ce qui compte. Tu n'as pas gâché votre amitié. Tout va revenir à la normale et vous allez rire de cette soirée dans quelques mois."

C'était trop tôt pour se projeter. Quelques mois après cette histoire n'allait être que plus douloureuse. Si jamais j'avais su je n'aurais jamais mis les pieds dedans.

Mon amie ne parla plus de la soirée. La seule fois où je la vie sourire fut quand Léandre vint lui parler quelques minutes. Il faisait comme si de rien n'était mais il ne savait pas qu'il l'avait blessée.