Besançon–Allo, capitaine Sergent ?–Oui…–Karpof. Commissaire Boris Karpof.Damien était sur la défensive, il venait d’apprendre la découverte du corps, il devait les y rejoindre.–Vous m’appelez pour me dire que Frédéric Biakry est libre ?–Euh non, pas tout à fait.–Alors merci commissaire, il me semble que nous n’ayons plus rien à nous dire.–Arrêtez de déconner Sergent, et écoutez-moi au lieu de me faire votre numéro à 2balles !–Bien, dites-moi, mais dépêchez-vous, il faut que j’appelle un ado de 15ans dont vous avez enfermé le père. Le fils d’un flic irréprochable…–Mais bon sang, écoutez-moi espèce de merdeux ! Je veux autant que vous que Biakry sorte, je sais qu’il n’y est pour rien…Damien attendit un délai raisonnable. Le ton paternaliste du commissaire ne lui faisait ni chaud ni froid, mais comme le fond du discours changeait, il éta
Besançon, hôtel du groupeToc toc…–Qui est là ?Un chuchotement lui répondit.–Moi.–Qui moi ?–Ouvre bordel, t’en connais beaucoup des nanas à Besançon qui viennent gratter à ta porte à une heure du mat ?Les huisseries étaient si fines que la conversation aurait pu se prolonger ainsi toute la nuit. Ça n’aurait pas gêné Yannis, tant il trouvait la situation cocasse. Après réflexion, il la fit entrer. S’il pouvait l’entendre, il se dit que les autres le pouvaient aussi, et il avait des scrupules à risquer réveiller tous ces braves travailleurs en semaine... Elle se tenait sur le palier avec deuxcanettes à la main.–J’ai besoin d’un témoin ou pas ?Elle le regarda, interloquée.–Je demande ça, au cas où tu espères abuser de moi.–Couillon va, je pourrais être ta grande sœur ! Je fumais une clope: insomnie. J’ai vu de la lumière, et me voilà. Tu veux u
BesançonDamien était de sale humeur. Mauvaise nuit, très mauvaise nuit. La veille, pendant le dîner, il leur avait dit qu’il voulait partir tôt, avant les embouteillages. Ils avaient besoin de décompresser et avaient décidé qu’ils feraient un point au petit-déjeuner et, bon sang, ils n’étaient pas levés. Yannis, encore, il comprenait, il avait la trace de l’oreiller jusqu’à 9h tous les matins, mais Sandrine, jamais elle n’était en retard. Il alla toquer à la porte du jeune. Il lui fallut insister longuement ! Quand elle ouvrit enfin, le geek avait vraiment la tête à l’envers.–Yannis, qu’est-ce que tu fous. Magne, je t’attends au p’tit dej.–Oh bordel, chef, tu es con ! Tu veux réveiller tout l’hôtel ou quoi ?Le capitaine lui mit sa montre sous le nez.–Je ne risque pas de déranger grand monde. Il est sept heures, ils sont déjà tous partis !La mauvaise foi était évidente, il était six heures quarante. Le j
BesançonLe bâtiment était d’apparence très moderne, un peu clinquant. Une jolie façade sur un vieil immeuble. Damien avait recherché des renseignements sur la toile pour se guider dans le CHRU. Comme souvent, leur site était superbe. Ils avaient dû dépenser une petite fortune pour faire un site internet: élégant, agréable, informatif et... inutile. La seule chose dont il avait besoin était de savoir où se situait le bâtiment bleu. D’après les informations décrites, il y avait deux sites, mais quid de Minjoz ou Saint-Jacques ? Impossible de trouver le renseignement, ou alors, l’indication était tellement bien cachée qu’il avait jeté l’éponge. Il avait donc appelé.Le bâtiment bleu était le service Oncologie. Étrange! Le nom marqué sur le chambranle de la porte ne lui dit rien du tout: Roger Mongin. Une chambre à un seul malade. Un type grand, d’une maigreur extrême. Son teint crayeux et sa peau translucide évoquaient une visite imminente de la Camarde.
Bois de Pugey2011Séverine terminait d’enfiler ses chaussures de running, trop contente de son cadeau. Son Frédo ne s’était pas moqué d’elle, sa réaction en disait long sur le plaisir qu’il lui avait procuré :–Wow je vais voler avec ces pompes ; elle les avait fait tourner en l’air ! Regarde comme elles sont légères... Et ces semelles, le top de l’amorti.–Va les essayer. Nous, on va faire un tennis avec Matthieu, sauf si tu veux jouer avec nous. On peut faire un tournoi, c’est Nathan qui arbitre.Penser à leur petit bout de huit ans en juge de chaise la fit sourire.–Ah ah! Vous voir courir désespérément après cette balle trop rapide pour vous: l’idée est alléchante, mais non merci. Je vais faire un tour en forêt pour roder mon cadeau, n’oublie pas que j’ai un trail dans un mois près d’Anduze.Frédo la regarda partir à petites foulées. Elle lui jeta un baiser porté par le vent, assorti de son incroyable sou
BesançonL’infirmière arriva dans le couloir. Elle se dirigea droit vers Damien.–Vous pouvez venir. Il vous demande, mais il est très faible. Je vous donne cinqminutes, après il faudra le laisser se reposer.Youri était à nouveau calme, serein. Il fit signe à Damien de s’approcher. En arrivant, il le trouva encore plus délabré que tout à l’heure... en paix, mais au bout du rouleau.Sa peau diaphane faisait ressortir davantage ses tatouages. Ils semblaient presque faux, trop noirs sur une peau trop fine, translucide ! Sa chemise d’hôpital avait mal été repositionnée par les infirmières, découvrant d’étranges tatoos. Sur chaque épaule étaient tracées de larges épaulettes à franges comme celles portées par les officiers de l’ancien temps. Les gallons ajoutés étaient des têtes de mort. Un autre graphisme attira son regard, une étoile à huit branches sur le cœur et l’acronyme SOS…–Nous avons peu de temps. Écoutez, dans mon placard vous
Besançon.La tonalité d’attente du légiste retentit deux fois avant qu’il ne réponde:–Allo Pierre ? c’est Damien.–Salut Dam, tu viens aux nouvelles ? Je n’ai rien de neuf, désolé.–Non! Il faudrait que tu me rendes un service. Je t’ai fait envoyer par « taxi colis » un sac de sport qui contient un chapeau.–Attends Dam, je note.–Tu l’emmènes personnellement aux TIC, tu vois Jonathan Guscioni. Tu lui dis que j’ai besoin d’une recherche ADN ultra-rapide. C’est très important. Après, tu lui demandes une comparaison dans le FNAEG avec la trace de sang retrouvée sur la disparition d’une certaine Séverine Bonaud, tu notes ?–Oui, B O deux N–Non, B O N A U D–Ah OK, disparue quand ?–CinqAout 2012 à Pugey, départementvingt-cinq. C’est à côté de Besançon.–Tu cherches quoi ?–À établir un lien sur la
BesançonUne dame encore jolie et bien mise vint ouvrir aux deux policiers. Bien sûr, elle fut étonnée par l’heure matinale, il n’était même pas huit heures. « Bien heureuse que j’aie mon cours, sinon ils me trouvaient en peignoir » telles étaient les pensées profondes que lui inspiraient cette visite inattendue.–Oui, bonjour, que puis-je pour vous ?Les deux policiers présentèrent leurs cartes de service.–Bonjour, madame Allard ?–Non il n’y a pas de madame Allard, enfin je l’espère… ajouta-t-elle avec un petit rire. Mon compagnon s’appelle Pierre Allard, mais nous ne sommes pas mariés.–OPJ Sandrine Martin, et mon collègue, Yannis Amraoui. Pouvons-nous lui parler ?–Oui je vous l’appelle, mais moi je ne reste pas. J’ai Tai-chi-chuan!Pierre ! On te demande. Sur ce, au revoir, messieurs dame.Au moment de partir, elle se ravisa et s’enquit soudain avec un brin d