Bois de Pugey2011Séverine terminait d’enfiler ses chaussures de running, trop contente de son cadeau. Son Frédo ne s’était pas moqué d’elle, sa réaction en disait long sur le plaisir qu’il lui avait procuré :–Wow je vais voler avec ces pompes ; elle les avait fait tourner en l’air ! Regarde comme elles sont légères... Et ces semelles, le top de l’amorti.–Va les essayer. Nous, on va faire un tennis avec Matthieu, sauf si tu veux jouer avec nous. On peut faire un tournoi, c’est Nathan qui arbitre.Penser à leur petit bout de huit ans en juge de chaise la fit sourire.–Ah ah! Vous voir courir désespérément après cette balle trop rapide pour vous: l’idée est alléchante, mais non merci. Je vais faire un tour en forêt pour roder mon cadeau, n’oublie pas que j’ai un trail dans un mois près d’Anduze.Frédo la regarda partir à petites foulées. Elle lui jeta un baiser porté par le vent, assorti de son incroyable sou
BesançonL’infirmière arriva dans le couloir. Elle se dirigea droit vers Damien.–Vous pouvez venir. Il vous demande, mais il est très faible. Je vous donne cinqminutes, après il faudra le laisser se reposer.Youri était à nouveau calme, serein. Il fit signe à Damien de s’approcher. En arrivant, il le trouva encore plus délabré que tout à l’heure... en paix, mais au bout du rouleau.Sa peau diaphane faisait ressortir davantage ses tatouages. Ils semblaient presque faux, trop noirs sur une peau trop fine, translucide ! Sa chemise d’hôpital avait mal été repositionnée par les infirmières, découvrant d’étranges tatoos. Sur chaque épaule étaient tracées de larges épaulettes à franges comme celles portées par les officiers de l’ancien temps. Les gallons ajoutés étaient des têtes de mort. Un autre graphisme attira son regard, une étoile à huit branches sur le cœur et l’acronyme SOS…–Nous avons peu de temps. Écoutez, dans mon placard vous
Besançon.La tonalité d’attente du légiste retentit deux fois avant qu’il ne réponde:–Allo Pierre ? c’est Damien.–Salut Dam, tu viens aux nouvelles ? Je n’ai rien de neuf, désolé.–Non! Il faudrait que tu me rendes un service. Je t’ai fait envoyer par « taxi colis » un sac de sport qui contient un chapeau.–Attends Dam, je note.–Tu l’emmènes personnellement aux TIC, tu vois Jonathan Guscioni. Tu lui dis que j’ai besoin d’une recherche ADN ultra-rapide. C’est très important. Après, tu lui demandes une comparaison dans le FNAEG avec la trace de sang retrouvée sur la disparition d’une certaine Séverine Bonaud, tu notes ?–Oui, B O deux N–Non, B O N A U D–Ah OK, disparue quand ?–CinqAout 2012 à Pugey, départementvingt-cinq. C’est à côté de Besançon.–Tu cherches quoi ?–À établir un lien sur la
BesançonUne dame encore jolie et bien mise vint ouvrir aux deux policiers. Bien sûr, elle fut étonnée par l’heure matinale, il n’était même pas huit heures. « Bien heureuse que j’aie mon cours, sinon ils me trouvaient en peignoir » telles étaient les pensées profondes que lui inspiraient cette visite inattendue.–Oui, bonjour, que puis-je pour vous ?Les deux policiers présentèrent leurs cartes de service.–Bonjour, madame Allard ?–Non il n’y a pas de madame Allard, enfin je l’espère… ajouta-t-elle avec un petit rire. Mon compagnon s’appelle Pierre Allard, mais nous ne sommes pas mariés.–OPJ Sandrine Martin, et mon collègue, Yannis Amraoui. Pouvons-nous lui parler ?–Oui je vous l’appelle, mais moi je ne reste pas. J’ai Tai-chi-chuan!Pierre ! On te demande. Sur ce, au revoir, messieurs dame.Au moment de partir, elle se ravisa et s’enquit soudain avec un brin d
BesançonLes deux flics s’apprêtaient à frapper à la porte.–Cette fois s’il me prend pour une demeurée, je lui refais le portrait et je le jette par la fenêtre !–OK, et moi je te filme et je balance ça sur le net, répliqua le jeune geek en cognant à la porte.La porte s’entrebâilla. La puanteur qu’ils avaient oubliée leur sauta à la gorge.–C’est tôt, putain. Vous voulez réveiller l’immeuble ou quoi ?–Police, tu nous remets ? Ouvre !–Et pourquoi je le fera ?–Attention à toi, que je lui donne une raison pour qu’il le fera… lança le flic à l’attention de sa collègue.Il se mit en porte-à-faux arrière pour prendre de l’élan, et lança le plat du piedprès de la poignée. La chaînette capitula sans insister. La porte s’ouvrit en grand. Le nez de Kevin n’eut pas la présence d’esprit de l’entrebâilleur. Il éclata comme une cerise gorgée de soleil. Le pauvre idiot se retrou
BesançonLe capitaine Sergent attendait qu’on le fasse entrer dans le bureau du juge Kambert. Un petit juge qui ne faisait pas l’unanimité! Il en faisait trop d’après radio SPP... Dans tous les prétoires, il y avait ces bruissements de couloir, ces échanges de rumeurs. Le lieu des petits et grands règlements de compte, radio SPP: radio Salle des Pas Perdus. Il n’y avait pas que les pas qui se perdaient, les mots aussi s’envolaient. Parfois, ils ne s’égaraient pas tout à fait, et allaient se nicher au creux d’une oreille attentive. Damien les avait recueillies, ces petites bribes lâchées en l’air, juste avant que l’huissier ne l’annonce dans le saint des saints. Une petite confidence faite par un flic du coin, un habitué de Kambert ! Il lui avait expliqué à mots couverts que le petit juge avait parfois la langue bien pendue avec la presse… et qu’il pouvait lâcher des infos si ça pouvait lui apporter un peu de lumière. Damien ne savait pas encore ce qu’il allait en fai
Sur la route, à soixante kilomètres de St Gaudens–C’est encore loin ?–Décidément, tu es comme les gosses... Ma sœur a une gamine comme toi. Elle n’a pas le cul dans une bagnole depuis cinqminutes qu’elle demande avec une voix traînante: « c’est quand qu’on arrive » ? Mais elle n’a que six ans ! ajouta Sandrine, gratifiant son jeune collègue d’un clin d’œil appuyé.Tiens, regarde le panneau, jeune padawan impatient... Auch, trois kilomètres: tu as ta réponse.Quelques minutes plus tard, aux alentours de sept heures quarante-cinq, le groupe approcha lentement de la caravane. Damien avait dirigé le briefing. S’ils profitaient de l’effet de surprise, il y avait peu de chance qu’il réagisse.Ils avaient roulé toute la nuit, deux voitures pour trois chauffeurs. Pas vraiment de quoi pouvoir se reposer. Pichery n’avait voulu prendre aucun risque. Le GIPN allait se charger de l’arrestation. Damien avait dû obtempérer
BesançonBoris Karpof entra dans la C5 noire de son ami. Comme à son habitude, Paul, le chauffeur infirmier, les laissa seuls. Le préfet le rappela. Il lui demanda de s’approcher et luiglissa un mot à l’oreille. Paul acquiesça avec une légère moue de surprise.Georges Bergeron avait la mine pire que jamais. Son teint blafard tirait vers le crayon gris, terne comme un ciel de pluie. Le temps avait enfin décidé d’arrêter sa grisaille coutumière. Oh, ce n’était pas le grand bleu, mais au moins ne pleuvait-il plus, c’était déjà ça. Paul s’éloignait en allumant une cigarette, seul vice que lui connaissait son employeur. Le commissaire ne levait pas la tête. Ce fut lui qui lança les hostilités.–C’est fini Georges. Je suis désolé.–Tu m’avais promis, Boris. Tu nous as trahis !–Je n’ai rien pu faire. Je ne sais pas quoi te dire de plus.–Comment ont-ils su ?–Youri… Il est mort hier soir !Le pr