Le lendemain matin, je suis arrivée au campus avec un calme glacé. L’histoire de Lamia, je l’avais digérée. Mais pas oubliée. J’avais compris son jeu. Et j’avais décidé de ne plus le tolérer.Dans la cour, elle riait déjà avec Sara, Tarek, et quelques autres. La même voix trop forte. Les mêmes gestes trop étudiés. J’ai croisé son regard. Elle m’a adressé un sourire. Ironique. Presque provocateur.Moi (en m’approchant) : "On peut parler ?"Lamia (surprise) : "Maintenant ?"Moi : "Maintenant."Sara leva un sourcil. Tarek se redressa légèrement. Un silence tendu s’installa.Nous nous sommes éloignées. Dans un coin du jardin, à l’abri des oreilles. Lamia croisa les bras, ses lunettes de soleil plantées sur le nez.Moi : "C’était quoi ton plan ? Rendre Tarek jaloux ? Jouer avec Ashraf ? Ou les deux ?"Lamia : "T’es jalouse ?"Moi (sèchement) : "Je suis lucide. Et je vois clair dans tes manœuvres."Elle sourit. Lentement. Mais ses yeux ne souriaient pas.Lamia : "Écoute, t’es pas ma mère. T
Le lendemain était un jour sans attentes. Un de ces mardis sans urgence, sans pluie ni soleil éclatant. Je suis arrivée au campus comme d’habitude, maquillée légèrement, habillée simplement, mais avec l’assurance silencieuse d’une femme qui sait ce qu’elle vaut.Rien d’extraordinaire ne semblait se profiler. Aucun message d’Ashraf. Aucune tension. Rien… sauf une note glissée dans l’ordinaire.Je m’installai à ma place habituelle dans la bibliothèque. J’avais un livre à rendre — un ouvrage de développement personnel que j’avais déjà lu trois fois. Il appartenait à la collection privée de la fac, et j’y retournais souvent pour y relire mes passages préférés. C’était mon refuge, entre deux vagues de doutes.En l’ouvrant, une enveloppe tomba sur la table.Blanche. Sans nom. Ni adresse. Fine et soigneusement pliée.Mon cœur fit un battement de plus. Je regardai autour de moi, presque instinctivement. Personne ne me regardait. Du moins, en apparence.Je pris l’enveloppe. L’ouvris. Et lus.R
Le jeudi midi, la cafétéria du campus était pleine à craquer. Les plateaux s’entrechoquaient, les conversations fusaient de partout, et les files d’attente s’étiraient comme des serpents impatients. J’étais arrivée un peu en retard, les cheveux attachés à la va-vite, une robe beige qui épousait doucement mes courbes, et une paire de bottines simples. Je n’étais pas là pour impressionner. Mais c’est souvent dans ces moments-là qu’on attire le plus de regards.Sara et Lamia avaient déjà pris une table, près de la grande baie vitrée. Je les rejoignis avec mon plateau, un bol de soupe et un petit pain dans une main, une bouteille d’eau dans l’autre. Je parlais, je souriais. Mais mon esprit flottait.Je pensais à la lettre. À ses mots. À lui.Ashraf n’était pas encore arrivé. Ou peut-être qu’il ne viendrait pas. Il ne déjeunait pas souvent à la cafétéria. Trop bruyant, trop de monde. Trop d’attention. Mais ce jour-là, quelque chose me disait que je n’avais pas encore tout vu.Quelques minu
La bibliothèque était silencieuse. Trop silencieuse pour un vendredi après-midi. Même les claviers semblaient plus timides. Les chaises grinçaient à peine. On entendait les respirations concentrées, les soupirs étouffés de ceux qui révisaient.J’étais venue pour lire. Pour fuir, peut-être. Mais surtout, pour trouver un peu de paix. La veille, Ashraf m’avait encore une fois laissée avec plus de questions que de réponses. Mais il m’avait aussi laissée avec un sourire. Et c’est ce sourire que je portais ce jour-là, discret, mais solide.Je choisis une table isolée, près de l’étagère des classiques littéraires. Mon livre préféré à la main, je m’installai, retirant doucement mon gilet. Une chemise blanche, un jean brut, les cheveux attachés haut. Simple. Élégant. Moi, version concentrée.Quelques instants plus tard, une silhouette familière passa devant moi. Grande. Calme. Ashraf.Il portait un pull gris, un jean noir, ses lunettes posées comme toujours sur l’arête de son nez. Il ne me vit
Le week-end approchait, et avec lui, un petit détour familial. Mon père avait insisté : "Tu viens à la campagne avec nous. Ça fait des mois que t’as pas vu ta grand-mère."J’avais hésité, surtout avec tout ce qui se passait entre Ashraf et moi, même si rien n’était encore défini. Mais j’avais fini par accepter. Quitter un peu le tumulte du campus, du quotidien… et de lui.Vendredi matin, j’avais glissé dans mon sac quelques vêtements, mon livre préféré, et cette enveloppe qu’il m’avait laissée. Un rappel silencieux de quelque chose qui me dépassait un peu plus chaque jour.Il n’y avait pas eu de message. Ni de regard. Juste un vide. Un silence inhabituel entre nous. Un silence qui, pour une fois, n’apaisait pas. Il serrait.Ashraf, de son côté, ne l’avait pas bien vécu.Sara m’avait envoyé un message le samedi :"Tu sais qu’il n’a parlé à personne depuis hier ? Même Tarek dit qu’il s’est enfermé avec son PC et qu’il ne décroche plus un mot."Je n’ai rien répondu.Parce que moi aussi,
Je suis rentrée le lundi matin, un peu avant l’heure de pointe. Le campus était encore endormi, les bancs humides de rosée, les couloirs presque vides. J’aimais ce calme, ce moment suspendu avant que la journée commence vraiment. Mon sac sur l’épaule, je marchais lentement, mon esprit encore enveloppé de ce week-end étrange et doux, marqué par l’éloignement… et par lui.Quand je suis arrivée dans la salle d’étude commune, il y avait un petit carnet posé sur ma place. Noir, sans nom. À première vue, rien d’extraordinaire. J’ai cru que quelqu’un l’avait oublié. Mais en l’ouvrant, j’ai su.C’était son écriture. Légère. Penchée. Inconfondable.Sur la première page, il n’y avait qu’un mot :Pour les jours où je n’arrive pas à parler.J’ai refermé la couverture comme si elle était brûlante. Mon cœur cognait. J’ai regardé autour de moi. Personne. Juste ce carnet. Et moi. Et tout ce que je n’étais pas prête à lire… mais que je lirais quand même.Je l’ai glissé dans mon sac. Et je suis sortie.
Le soleil d’automne glissait sur les feuilles dorées du campus, projetant des ombres dansantes sur les murs des bâtiments. Tout semblait paisible, mais dans les cœurs, les émotions bouillonnaient.Depuis quelques jours, Tarek et Lamia étaient devenus... inséparables. Cela n’avait pas commencé par un baiser ou une grande déclaration. Non. Juste des regards plus longs. Des silences qui prenaient sens. Des gestes qui s’attardaient.Moi : "T’as remarqué que Lamia ne décroche plus de son téléphone ?"Sara (sourire en coin) : "Et Tarek qui arrive toujours pile au moment où elle sort de cours ? Je t’en supplie, c’est trop évident."Rien n’avait été dit officiellement, mais tout le monde l’avait vu. Même Ashraf, qui restait toujours aussi discret, observait sans intervenir. Il avait cette manière de comprendre les choses avant qu’on ne les dise.Ce jour-là, ils avaient organisé une sortie improvisée dans un petit café près de la fac. Lamia avait proposé. Tarek avait validé en moins d’une seco
C’était une soirée douce-amère, comme un mélange de fin et de commencement. Une de ces soirées qu’on vit avec insouciance, mais qui laisse une trace dans le cœur. Organisée par l’université pour marquer la fin des cours, c’était censé être une parenthèse légère avant la tempête des examens. Il y avait de la musique live, des guirlandes lumineuses suspendues entre les arbres du campus, des stands de nourriture qui embaumaient l’air, et des rires éclatants dans tous les coins. La cour était pleine de vie. De promesses aussi.Je n’y allais pas avec l’idée de briller. J’avais mis une robe noire toute simple, un trench camel, mes bottines préférées. J’avais laissé mes cheveux détachés, parfumés à la fleur d’oranger, comme un souvenir d’été. Je ne cherchais rien ce soir-là. Ni à séduire, ni à être remarquée. Juste à passer un bon moment, entourée de mes amies.Rym, toujours terre-à-terre, avait lâché en me voyant :— “C’est une soirée banale, pas un tapis rouge.”Sara, elle, riait en ajusta
J’aurais dû être soulagée. Heureuse. Rassurée.Et pourtant… j’étais perdue.Ce n’était pas du doute. Ce n’était pas de la peur. C’était cette sensation étrange de flotter entre deux vérités : l’évidence de ce que je ressens, et l’inconnu de ce que ça pourrait devenir.Depuis la veille, tout avait changé. Pas par un geste. Pas par un baiser. Mais par cette promesse silencieuse qu’Ashraf avait glissée dans l’air entre nous. Cette promesse de me choisir. De rester, sans tricher.Je n’arrêtais pas de repenser à ses mots."Je veux que ce soit propre. Fier. Juste."Dans un monde où tout va vite, où les relations se consomment comme des cafés tièdes… il voulait de la patience. De la profondeur. Du vrai.Et moi, je ne savais plus comment respirer normalement quand il entrait dans une pièce.Le lendemain, j’étais arrivée en cours en avance. Pour éviter les regards. Pour éviter ses yeux. Et pourtant… j’espérais les croiser.Sara m’a surprise en train de rêvasser en regardant par la fenêtre.Sar
Il pleuvait ce jour-là. Une pluie fine, presque timide, qui traçait des chemins hésitants sur les vitres de la bibliothèque. J’étais restée après les cours, incapable de fixer mon attention sur quoi que ce soit. Les mots dansaient dans mon cahier, les visages s’effaçaient autour de moi. Tout semblait distant, sans forme, sans consistance. Il n’y avait qu’un prénom qui restait clair dans mon esprit, comme une ancre à laquelle je continuais de m’accrocher : Ashraf.Je m’apprêtais à partir, mon sac à l’épaule, la tête ailleurs, quand je l’ai vu. Adossé au mur près de la sortie, les bras croisés, les cheveux encore humides, le regard bas. Il avait l’air perdu, ailleurs lui aussi. Puis, lentement, il a levé les yeux. Et nos regards se sont croisés. Plus rien autour n’existait.Ashraf : on peut parler ?Je n’ai pas répondu tout de suite. Je me suis contentée de hocher la tête, incapable d’articuler quoi que ce soit.En silence, on a traversé la bibliothèque. Ses pas suivaient les miens sans
Le lendemain de la soirée universitaire, l’université semblait flotter dans une atmosphère étrange. Les souvenirs de lumières suspendues, de musique et de regards croisés traînaient encore dans l’air. Mais quelque chose avait changé. En moi. Et, je le sentais, en lui aussi.Je m’étais réveillée avec la ferme intention de passer à autre chose. J’avais mis une robe crème, laissé mes cheveux détachés, et mon rouge à lèvres était plus prononcé que d’habitude. Non pas pour lui. Pour moi.Dans le hall, Sara m’attendait.Sara : "T’as entendu ? Adel est de retour."Moi (sourcils haussés) : "Adel… comme dans mon ancien prétendant du lycée Adel ?"Sara : "Le même. Et devine quoi ? Il a demandé après toi."Je ris légèrement. Ce genre de retour inattendu avait toujours un effet étrange. Adel n’avait jamais été un mauvais garçon. Trop lisse, peut-être. Trop prévisible.Mais ce jour-là, je décidai de ne pas fuir. Quand je l’ai vu dans la cour, je suis allée vers lui. Décontractée. Un sourire aux lè
C’était une soirée douce-amère, comme un mélange de fin et de commencement. Une de ces soirées qu’on vit avec insouciance, mais qui laisse une trace dans le cœur. Organisée par l’université pour marquer la fin des cours, c’était censé être une parenthèse légère avant la tempête des examens. Il y avait de la musique live, des guirlandes lumineuses suspendues entre les arbres du campus, des stands de nourriture qui embaumaient l’air, et des rires éclatants dans tous les coins. La cour était pleine de vie. De promesses aussi.Je n’y allais pas avec l’idée de briller. J’avais mis une robe noire toute simple, un trench camel, mes bottines préférées. J’avais laissé mes cheveux détachés, parfumés à la fleur d’oranger, comme un souvenir d’été. Je ne cherchais rien ce soir-là. Ni à séduire, ni à être remarquée. Juste à passer un bon moment, entourée de mes amies.Rym, toujours terre-à-terre, avait lâché en me voyant :— “C’est une soirée banale, pas un tapis rouge.”Sara, elle, riait en ajusta
Le soleil d’automne glissait sur les feuilles dorées du campus, projetant des ombres dansantes sur les murs des bâtiments. Tout semblait paisible, mais dans les cœurs, les émotions bouillonnaient.Depuis quelques jours, Tarek et Lamia étaient devenus... inséparables. Cela n’avait pas commencé par un baiser ou une grande déclaration. Non. Juste des regards plus longs. Des silences qui prenaient sens. Des gestes qui s’attardaient.Moi : "T’as remarqué que Lamia ne décroche plus de son téléphone ?"Sara (sourire en coin) : "Et Tarek qui arrive toujours pile au moment où elle sort de cours ? Je t’en supplie, c’est trop évident."Rien n’avait été dit officiellement, mais tout le monde l’avait vu. Même Ashraf, qui restait toujours aussi discret, observait sans intervenir. Il avait cette manière de comprendre les choses avant qu’on ne les dise.Ce jour-là, ils avaient organisé une sortie improvisée dans un petit café près de la fac. Lamia avait proposé. Tarek avait validé en moins d’une seco
Je suis rentrée le lundi matin, un peu avant l’heure de pointe. Le campus était encore endormi, les bancs humides de rosée, les couloirs presque vides. J’aimais ce calme, ce moment suspendu avant que la journée commence vraiment. Mon sac sur l’épaule, je marchais lentement, mon esprit encore enveloppé de ce week-end étrange et doux, marqué par l’éloignement… et par lui.Quand je suis arrivée dans la salle d’étude commune, il y avait un petit carnet posé sur ma place. Noir, sans nom. À première vue, rien d’extraordinaire. J’ai cru que quelqu’un l’avait oublié. Mais en l’ouvrant, j’ai su.C’était son écriture. Légère. Penchée. Inconfondable.Sur la première page, il n’y avait qu’un mot :Pour les jours où je n’arrive pas à parler.J’ai refermé la couverture comme si elle était brûlante. Mon cœur cognait. J’ai regardé autour de moi. Personne. Juste ce carnet. Et moi. Et tout ce que je n’étais pas prête à lire… mais que je lirais quand même.Je l’ai glissé dans mon sac. Et je suis sortie.
Le week-end approchait, et avec lui, un petit détour familial. Mon père avait insisté : "Tu viens à la campagne avec nous. Ça fait des mois que t’as pas vu ta grand-mère."J’avais hésité, surtout avec tout ce qui se passait entre Ashraf et moi, même si rien n’était encore défini. Mais j’avais fini par accepter. Quitter un peu le tumulte du campus, du quotidien… et de lui.Vendredi matin, j’avais glissé dans mon sac quelques vêtements, mon livre préféré, et cette enveloppe qu’il m’avait laissée. Un rappel silencieux de quelque chose qui me dépassait un peu plus chaque jour.Il n’y avait pas eu de message. Ni de regard. Juste un vide. Un silence inhabituel entre nous. Un silence qui, pour une fois, n’apaisait pas. Il serrait.Ashraf, de son côté, ne l’avait pas bien vécu.Sara m’avait envoyé un message le samedi :"Tu sais qu’il n’a parlé à personne depuis hier ? Même Tarek dit qu’il s’est enfermé avec son PC et qu’il ne décroche plus un mot."Je n’ai rien répondu.Parce que moi aussi,
La bibliothèque était silencieuse. Trop silencieuse pour un vendredi après-midi. Même les claviers semblaient plus timides. Les chaises grinçaient à peine. On entendait les respirations concentrées, les soupirs étouffés de ceux qui révisaient.J’étais venue pour lire. Pour fuir, peut-être. Mais surtout, pour trouver un peu de paix. La veille, Ashraf m’avait encore une fois laissée avec plus de questions que de réponses. Mais il m’avait aussi laissée avec un sourire. Et c’est ce sourire que je portais ce jour-là, discret, mais solide.Je choisis une table isolée, près de l’étagère des classiques littéraires. Mon livre préféré à la main, je m’installai, retirant doucement mon gilet. Une chemise blanche, un jean brut, les cheveux attachés haut. Simple. Élégant. Moi, version concentrée.Quelques instants plus tard, une silhouette familière passa devant moi. Grande. Calme. Ashraf.Il portait un pull gris, un jean noir, ses lunettes posées comme toujours sur l’arête de son nez. Il ne me vit
Le jeudi midi, la cafétéria du campus était pleine à craquer. Les plateaux s’entrechoquaient, les conversations fusaient de partout, et les files d’attente s’étiraient comme des serpents impatients. J’étais arrivée un peu en retard, les cheveux attachés à la va-vite, une robe beige qui épousait doucement mes courbes, et une paire de bottines simples. Je n’étais pas là pour impressionner. Mais c’est souvent dans ces moments-là qu’on attire le plus de regards.Sara et Lamia avaient déjà pris une table, près de la grande baie vitrée. Je les rejoignis avec mon plateau, un bol de soupe et un petit pain dans une main, une bouteille d’eau dans l’autre. Je parlais, je souriais. Mais mon esprit flottait.Je pensais à la lettre. À ses mots. À lui.Ashraf n’était pas encore arrivé. Ou peut-être qu’il ne viendrait pas. Il ne déjeunait pas souvent à la cafétéria. Trop bruyant, trop de monde. Trop d’attention. Mais ce jour-là, quelque chose me disait que je n’avais pas encore tout vu.Quelques minu