— Mais qu'est-ce qui la fait rire ? s'étonna l'une des voix.
Le rire de Laurine resta coincé dans sa gorge. Elle commençait à se rendre compte qu'elle était bel et bien éveillée et que les deux petites voix étaient celles des rouges-gorges. — V...vous parlez vraiment ? s'exclama-t-elle en pointant du doigt les deux oiseaux. — Oui, oui, répondit celui sur son épaule gauche. Mais... tu nous entends ? s'écria-t-il ensuite. — Euh... Apparemment, oui, lâcha avec hésitation la jeune fille. Euh... ex... Excusez excusez-moi, mais je dois y aller. Sans plus tarder, elle referma la fenêtre et resta plantée au beau milieu de la chambre. Les yeux agrandis par la surprise, le cœur tambourinant de peur dans sa poitrine, elle se mit à tourner en rond. — Ce n'est pas vrai ! Je viens de parler à des oiseaux. Je suis folle, oui, c'est ça. Surement un début de folie. Elle se tirait les cheveux tout en marchant. ‹‹ Comment est-ce possible ? Qu'est-ce qui m'arrive ? Je suis en train de perdre la tête ou quoi ? Des oiseaux ! Je viens de parler à des oiseaux. Oh ! Mon Dieu ! ›› — Il faut que j'en parle à grand-mère, fit-elle à haute voix. Elle se précipita vers son armoire et enfila les premiers vêtements qui lui tombèrent entre les mains. Sans prendre le temps de soigner son apparence, elle se dirigea vers la sortie. Au moment de franchir la porte, l'adolescente s'arrêta net. L'idée que ni sa grand-mère, ni son grand-père ne la croiraient lui traversa l'esprit. Elle se ravisa et revint s'asseoir sur son lit. ‹‹ Mais à qui alors ? ›› s'interrogea-t-elle. Ce fut alors comme une évidence. Le nom de Lidya lui vint en tête, et cela l'étonna. Toutes les deux venaient à peine de se connaître, mais elle sentait en son for intérieur qu'elle pouvait lui faire confiance. C'était incompréhensible, pourtant quelque chose la poussait à se confier à la jeune fille. Elle avait la certitude qu'elle la croirait. Décidée à suivre son instinct, comme toujours, elle quitta à nouveau son lit et se dirigea vers la sortie. Ses yeux tombèrent par hasard sur la grande glace accrochée au mur rose de sa nouvelle chambre, et elle fut choquée par l'image que celle-ci renvoyait. Ses cheveux étaient comparables à un nid d'oiseau, un peu de salive avait séché au coin de sa bouche et elle avait mis à l'envers son dessus. Elle lâcha un ‹‹ Oh ! ›› et fila dans la salle de bain. Une heure plus tard, la sonnette de la maison des Butter retentissait. — Entre, ma petite, invita Jeanne d'une voix aimable. Laurine, tu as de la visite ! cria ensuite la vieille femme. En haut, dans sa chambre, la jolie blonde finissait de s'apprêter. Elle avait revêtu une robe fleurie rose à coupe ovale. — Je descends tout de suite, Mamie, répondit-elle en disciplinant ses cheveux. Quelques minutes plus tard, elle rejoignait sa grand-mère au salon. Quelle ne fut sa surprise en en découvrant Lidya. — Bonjour, Laurine, lui lança joyeusement sa voisine. Prête à découvrir les recoins de la résidence ? Elle hocha la tête en culpabilisant d'avoir oublié leur promenade. Avec les évènements d'il y'a quelque minutes, ça lui était carrément sorti de la tête. — On y va alors, fit Lidya en se levant d'un des fauteuils bourrés jaunes qui meublaient le salon. — À bientôt, Mamie, salua Laurine. Elles sortirent et prirent la route goudronnée qui longeait la résidence. Le silence entre les deux jeunes filles était gênant. Laurine se mordit la lèvre inférieure de nervosité, le regard insistant de Lidya ne faisait qu'empirer son état. ‹‹ Pas trop bavarde ›› remarqua la fille de la praticienne en souriant. Elle voyait bien qu'elle la mettait mal à l'aise, mais elle continua son manège avec joie. — Tu vas arrêter s'il te plaît ? marmonna, Laurine, en craquant. — Enfin ! Je pensais que tu ne parlerais jamais, se moqua Lidya. ‹‹ Trop bizarre, cette fille, mais aussi très marrante ›› pensa Laurine en rejoignant sa camarade dans son rire. La route était bordée d'arbres, et l'ombre qu'ils fournissaient protégeait les passants du soleil. De chaque côté, il y avait des boutiques, des banques, des revendeuses de nourriture... Leur promenade les mena au Parc. Elles s'assirent sous un arbre sur du gazon et observèrent l'agitation qui régnait tout autour. Puisque c'était les vacances, des parents avaient emmené leurs enfants pour s'amuser. Certains faisaient de la balançoire, et d'autres du cheval. Une équipe jouait au basket, sur le terrain. Un peu plus loin, d'autres nageaient dans la piscine... La vue de l'eau rappela à Lidya, ce qui lui était arrivé dans la douche. Elle passa ses doigts dans ses cheveux, un tic nerveux chez elle. De même, les sensations ressenties lors de son contact avec la jeune blonde lui revinrent en tête. Elle devint tout à coup sérieuse, ce que remarqua Laurine. — Tu penses à ce qui nous est arrivé hier, devina cette dernière. Lidya approuva de la tête. — Tu en as parlé à quelqu'un ? s'enquit-elle ensuite. — Non. Mais depuis, j'ai l'impression d'avoir changé, lui avoua-t-elle. Lidya qui avait le regard fixé sur l'eau reporta son attention sur sa camarade. — Comment ça ? fit-elle, curieuse. Laurine esquissa un léger sourire puis continua : — Laisse tomber, de toute manière tu ne me croiras pas. Le cœur de la jeune fille se mit à battre d'appréhension. ‹‹ Que voulait-elle dire par là ? Lui serait-il arrivé quelque chose, comme à moi ? ›› se questionna-t-elle. — J'ai la même impression, fit Lidya pour l'encourager à se confier. Elle promena son regard tout autour pour être sûre qu'elles étaient seules, puis continua. — Ce matin, lorsque je voulais prendre mon bain, l'eau du robinet s'est mise à flotter en milliers de gouttelettes autour de moi. J'ai hurlé, et tout est redevenu normal, confia-t-elle à voix basse en guettant sa réaction. Laurine était médusée. Sa bouche était grande ouverte et ses yeux dilatés. Elle saisit l'occasion pour lui parler également de sa conversation avec les rouges-gorges. — Moi, ce matin, j'ai entendu deux oiseaux aux poitrails rouges qui parlaient entre eux. Ils se sont adressés à moi, et j'ai pu leur répondre, débita-t-elle, toute excitée. Ce fut au tour de sa camarade d'être bouche bée. — Je n'y crois pas ! s'exclama la fille de la praticienne. — Si si, insista, Laurine. Je n'arrivais pas à le croire moi non plus, mais c'est la vérité, Lidya, lui assura la blonde. — Qu'est-ce qui nous arrive, bon sang ? interrogea Lidya, toute perdue et angoissée. — Ça a sûrement un lien avec l'orage et notre contact, soupçonna Laurine. — Tu veux dire quoi par là ? Qu'on aurait acquis des pouvoirs comme dans les Minijusticiers ? s'enquit Lidya. Sa nouvelle voisine rit à cette idée. Alors, comme ça, elle n'était pas la seule jeune fille de dix-sept ans à aimer les Animés. ‹‹ Intéressant, je crois que nous allons bien nous entendre. ›› — Non, pas comme les Minijusticiers. Il doit sûrement y avoir une explication, fit-elle en souriant. Et si nous en parlions à nos parents ? proposa-t-elle. — N'essaye même pas, la prévint Lidya. Ce matin, ma mère a failli m'emmener à l'hosto. Je propose qu'on garde cela secret. Après tout, il se peut que cela ne se reproduise plus. Tu en penses quoi ? — Ce n'est pas une mauvaise idée, attesta la blonde. Faisons comme cela. Elles se regardèrent, puis toutes les deux éclatèrent de rire nerveusement pour voiler les torrents d'émotions dont elles étaient sujettes. Même si elles essayaient de le cacher, la peur les rongeait. Pour détendre l'atmosphère, Lidya pointa du doigt un vendeur de glace. — Tu en veux ? demanda-t-elle à sa nouvelle amie. — Oui. J'adore les glaces, surtout celle à la vanille, murmura la concernée. — Moi aussi, sourit Lidya. On y va ? Cette dernière se leva, et toutes deux se dirigèrent joyeusement vers le vendeur de glace. ~*~ La journée était passée trop vite aux yeux des filles. Et, avec le coucher de soleil, il fallait malheureusement se séparer. Arrivées devant la villa des Butter, elles échangèrent leur numéro et se donnèrent rendez-vous le lendemain. — Je suis rentrée, prévint Laurine en ouvrant la porte du salon. Elle alla donner une bise à Norbert qui était assis sur l'un des fauteuils en train de suivre un match à la télé. — Tu t'es bien amusée, ma crevette ? demanda le vieil homme tout taquin. — Oh oui, grand-père, répondit gaiement sa petite fille. Elle se revit avec Lidya achetant des brochettes de bœuf, se goinfrant de pâtisseries, et faisant des commentaires sur les beaux mecs qu'elles croisaient. Oh oui, elle s'était vraiment amusée. — Où est Mamie ? demanda-elle en sortant de ses pensées. — En train de nous cuisiner de bons petits plats. — Je vais l'aider, papy, annonça la jeune fille en se levant. — Attends-moi, je viens aussi, souffla le vieil homme en se levant. En deux enjambées, il rejoignit sa petite crevette, et tous les deux se dirigèrent en discutant joyeusement vers la cuisine.Un portail lumineux de forme circulaire se matérialisa petit à petit sur la plage de Lomé. Il était plus de minuit, et les lieux étaient déserts. Trois jeunes femmes, dont une blonde, une rousse et une autre aux cheveux châtains, sortirent du passage qui se referma derrière elles.- Aïe, tu m'as écrasé le pied, Betty, se plaignit la blonde.- Je n'en ai rien à foutre, Nora, répondit la rousse en lissant sa jupe et en remettant de l'ordre dans ses cheveux.- Tu pourrais au moins t'excuser, attaqua de nouveau la jeune sœur en se mettant face à son aînée.Elles se défièrent du regard. Alexa, qui avait les mains croisées sur sa poitrine et les yeux fermés, avança, puis se plaça entre les deux jeunes femmes.- Nous sommes en mission, ne l'oubliez pas. Alors mettez vos disputes de côté et concentrez-vous, bon sang, ordonna-t-elle.Nora et Betty se dévisagèrent encore quelques secondes, puis mirent fin à leur duel visuel pour observer les alentours.Il y avait des cocotiers et des bancs publ
Un blanc passa, durant lequel Laurine et Lidya regardèrent la brune avec de gros yeux. Elles ne virent aucune trace d’amusement sur son visage. Toutes les deux se lancèrent un coup d’œil complice, puis pouffèrent de rire.- T'es vraiment sérieuse ? souffla Laurine. Ha ha ha... Alors selon toi, nous sommes des extraterrestres ! Ah ! Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas autant marrée.Léa s'attendait à ce genre de réaction. Malgré les moqueries de Laurine et Lidya, elle restait calme, avec un sourire en coin scotché sur ses lèvres pulpeuses. Son attitude chassa petit à petit l'hilarité des deux filles.- Vous appartenez à un autre monde, répéta-t-elle en essayant d'être plus douce et convaincante. Tout ce qui vous entoure n'est qu'éphémère. La famille à laquelle vous pensez appartenir n'est pas la vôtre. Tout a été mis en œuvre pour vous protéger...- Cela suffit, la coupa Lidya en colère. Tu te rends compte de ce que tu racontes ? Tu sais ce que cela implique ?Ses joues avaient
Debout et enlacés devant un berceau en or, le couple couvait d'un regard attendri et empli d'amour leur enfant. Le nourrisson, emmitouflé dans des vêtements chauds, dormait profondément.La pièce dans laquelle ils se trouvaient était peinte dans des tons rosés. Une fenêtre donnait sur le jardin et laissait entrer les rayons du soleil de midi, heure à laquelle le monarque parvenait à mettre en pause ses obligations et rejoignait en douce sa reine. Les seuls meubles présents étaient une table à langer, une armoire en bois incrustée d'or qui contenait les vêtements du bébé, et quelques jouets traînant sur la moquette.Le roi repoussa les beaux cheveux blond de sa femme d'un côté, plongea la tête dans son cou, et huma son délicieux parfum de violette qui le rendait fou de désir.- Merci pour ce beau cadeau, ma reine, tu ne sais pas à quel point tu me comble, avoua-t-il en posant un tendre baiser sur sa joue.- Je t'aime tant mon Arrow.Elle se retourna et souda amoureusement ses lèvres à
Dix-sept ans plus tard…Tenant avec précaution un plateau sur lequel reposait un copieux repas, Arielle se dirigea vers la chambre de sa fille. À chacun de ses pas, ses longs cheveux bruns, relâchés, bougeaient sur ses épaules.Dans ses yeux noisette se lisait de l'inquiétude. Cela faisait quatre jours qu'une fièvre étrange abattait son enfant. Le plus préoccupant était la manière dont elle s'était déclenchée. Assise toutes les deux dans la salle à manger, Lidya s'était brusquement saisie la tête et mise à hurler. Elle était devenue toute brûlante et il avait fallu la mettre au lit. Dès lors, elle y était restée. Les examens à l'hôpital n'avaient rien donné. D'après les bouts de papiers, tout était normal. Malgré les médicaments prescrits, le mal persistait.Troublée, Arielle s'était confiée à l'un de ses collègues. Ali, un homme doux, frôlant la quarantaine, toujours à l'écoute de ses petits patients, joviale, et très serviable avec qui elle s'entendait très bien. Le Togolais lui a
Le jour suivant, aux environs de seize heures, dans la foule venu accueillir les passagers se trouvaient les Dicaprio. Quand ils aperçurent leur petite-fille, ils allèrent à sa rencontre.- Ma petite Laurine, fit Jeanne, toute émue.Elle serra très fort la jeune fille dans ses bras et lui donna un baiser sur chacune de ses joues.- Mamie, fit mine de se plaindre la blonde en riant.Intérieurement elle était très heureuse de revoir ses grands-parents.Ce fut au tour de Norbert d'enlacer sa petite-fille.- Ma crevette !Il ouvrit grand ses bras et cette dernière s'y précipita sans se faire prier. Elle savoura la chaleur de ce câlin et aspira l'éternelle odeur de tabac de son grand-père. Jeanne les rejoignit et tous les trois s’étreignirent.- Vous m'avez beaucoup manqué, leur avoua Laurine, les larmes aux yeux.- Toi aussi, répondirent à l'unisson ses grands-parents.Ils se dirigèrent ensuite vers la sortie, Norbert tirait la valise de Laurine. Une fois à l'extérieur, le vieil homme dém
Sur Mirabel… Vautrée sur un fauteuil dans l'une des salles du manoir, une jeune fille aux cheveux châtain clair lisait un livre de sortilèges. Elle portait une mini-jupe en cuir noir et un top de la même couleur. Du haut de ses un mètre soixante-cinq, elle avait des formes voluptueuses et paraissait avoir au moins dix-huit ans. Les murs de la pièce étaient bleu ciel, le sol recouvert de carreaux blancs, et le plafond en marbre de même couleur incrusté de pierres lumineuses. Dans un angle se trouvait une table en verre entourée de chaises en argent. Sourcils froncés, nez pincé, et une moue aux lèvres, elle paraissait agacée et jetait chaque minute un coup d'oeil vers la porte. Elle se demanda ce qu’elle pouvait bien foutre. Un éclair de colère passa dans ses yeux et elle se leva, à bout de patience. D'une marche rageuse, elle sortit de la salle et se retrouva dans le salon. De là, elle emprunta les escaliers qui menaient à l'étage supérieur où se trouvaient les chambres à couche
La porte d'entrée de la petite villa claqua, montrant que la propriétaire était de retour. Une jeune brune au teint parfaitement bronzé entra dans le salon. Elle retira les écouteurs de ses oreilles et enleva son débardeur mouillé par l'effort du footing qu'elle venait d'effectuer. Ce fut ensuite au tour de la culotte de sport qu'elle portait d'être ôtée et de rejoindre une pile de vêtements sur le fauteuil. Un peu partout sur le carrelage, des habits traînaient dans la pièce. ‹‹ Il faut vraiment que je range tout ce bazar ›› se promit-elle intérieurement. Elle se demanda ce qu'aurait fait sa mère si cette dernière était là, et un sourire éclaira son visage. Sortant de ses pensées, elle prit la direction de la douche pour un bain. La jeune fille y était toujours lorsque dehors le vent se mit à souffler. Elle s'enroula rapidement dans une serviette et sortit fermer les fenêtres. Dehors, le ciel s'était obscurci. Debout derrière l'une d'elles, elle observait les éléments se décha
Un blanc passa, durant lequel Laurine et Lidya regardèrent la brune avec de gros yeux. Elles ne virent aucune trace d’amusement sur son visage. Toutes les deux se lancèrent un coup d’œil complice, puis pouffèrent de rire.- T'es vraiment sérieuse ? souffla Laurine. Ha ha ha... Alors selon toi, nous sommes des extraterrestres ! Ah ! Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas autant marrée.Léa s'attendait à ce genre de réaction. Malgré les moqueries de Laurine et Lidya, elle restait calme, avec un sourire en coin scotché sur ses lèvres pulpeuses. Son attitude chassa petit à petit l'hilarité des deux filles.- Vous appartenez à un autre monde, répéta-t-elle en essayant d'être plus douce et convaincante. Tout ce qui vous entoure n'est qu'éphémère. La famille à laquelle vous pensez appartenir n'est pas la vôtre. Tout a été mis en œuvre pour vous protéger...- Cela suffit, la coupa Lidya en colère. Tu te rends compte de ce que tu racontes ? Tu sais ce que cela implique ?Ses joues avaient
Un portail lumineux de forme circulaire se matérialisa petit à petit sur la plage de Lomé. Il était plus de minuit, et les lieux étaient déserts. Trois jeunes femmes, dont une blonde, une rousse et une autre aux cheveux châtains, sortirent du passage qui se referma derrière elles.- Aïe, tu m'as écrasé le pied, Betty, se plaignit la blonde.- Je n'en ai rien à foutre, Nora, répondit la rousse en lissant sa jupe et en remettant de l'ordre dans ses cheveux.- Tu pourrais au moins t'excuser, attaqua de nouveau la jeune sœur en se mettant face à son aînée.Elles se défièrent du regard. Alexa, qui avait les mains croisées sur sa poitrine et les yeux fermés, avança, puis se plaça entre les deux jeunes femmes.- Nous sommes en mission, ne l'oubliez pas. Alors mettez vos disputes de côté et concentrez-vous, bon sang, ordonna-t-elle.Nora et Betty se dévisagèrent encore quelques secondes, puis mirent fin à leur duel visuel pour observer les alentours.Il y avait des cocotiers et des bancs publ
— Mais qu'est-ce qui la fait rire ? s'étonna l'une des voix.Le rire de Laurine resta coincé dans sa gorge. Elle commençait à se rendre compte qu'elle était bel et bien éveillée et que les deux petites voix étaient celles des rouges-gorges.— V...vous parlez vraiment ? s'exclama-t-elle en pointant du doigt les deux oiseaux.— Oui, oui, répondit celui sur son épaule gauche. Mais... tu nous entends ? s'écria-t-il ensuite.— Euh... Apparemment, oui, lâcha avec hésitation la jeune fille. Euh... ex... Excusez excusez-moi, mais je dois y aller.Sans plus tarder, elle referma la fenêtre et resta plantée au beau milieu de la chambre. Les yeux agrandis par la surprise, le cœur tambourinant de peur dans sa poitrine, elle se mit à tourner en rond.— Ce n'est pas vrai ! Je viens de parler à des oiseaux. Je suis folle, oui, c'est ça. Surement un début de folie.Elle se tirait les cheveux tout en marchant. ‹‹ Comment est-ce possible ? Qu'est-ce qui m'arrive ? Je suis en train de perdre la tête ou
La porte d'entrée de la petite villa claqua, montrant que la propriétaire était de retour. Une jeune brune au teint parfaitement bronzé entra dans le salon. Elle retira les écouteurs de ses oreilles et enleva son débardeur mouillé par l'effort du footing qu'elle venait d'effectuer. Ce fut ensuite au tour de la culotte de sport qu'elle portait d'être ôtée et de rejoindre une pile de vêtements sur le fauteuil. Un peu partout sur le carrelage, des habits traînaient dans la pièce. ‹‹ Il faut vraiment que je range tout ce bazar ›› se promit-elle intérieurement. Elle se demanda ce qu'aurait fait sa mère si cette dernière était là, et un sourire éclaira son visage. Sortant de ses pensées, elle prit la direction de la douche pour un bain. La jeune fille y était toujours lorsque dehors le vent se mit à souffler. Elle s'enroula rapidement dans une serviette et sortit fermer les fenêtres. Dehors, le ciel s'était obscurci. Debout derrière l'une d'elles, elle observait les éléments se décha
Sur Mirabel… Vautrée sur un fauteuil dans l'une des salles du manoir, une jeune fille aux cheveux châtain clair lisait un livre de sortilèges. Elle portait une mini-jupe en cuir noir et un top de la même couleur. Du haut de ses un mètre soixante-cinq, elle avait des formes voluptueuses et paraissait avoir au moins dix-huit ans. Les murs de la pièce étaient bleu ciel, le sol recouvert de carreaux blancs, et le plafond en marbre de même couleur incrusté de pierres lumineuses. Dans un angle se trouvait une table en verre entourée de chaises en argent. Sourcils froncés, nez pincé, et une moue aux lèvres, elle paraissait agacée et jetait chaque minute un coup d'oeil vers la porte. Elle se demanda ce qu’elle pouvait bien foutre. Un éclair de colère passa dans ses yeux et elle se leva, à bout de patience. D'une marche rageuse, elle sortit de la salle et se retrouva dans le salon. De là, elle emprunta les escaliers qui menaient à l'étage supérieur où se trouvaient les chambres à couche
Le jour suivant, aux environs de seize heures, dans la foule venu accueillir les passagers se trouvaient les Dicaprio. Quand ils aperçurent leur petite-fille, ils allèrent à sa rencontre.- Ma petite Laurine, fit Jeanne, toute émue.Elle serra très fort la jeune fille dans ses bras et lui donna un baiser sur chacune de ses joues.- Mamie, fit mine de se plaindre la blonde en riant.Intérieurement elle était très heureuse de revoir ses grands-parents.Ce fut au tour de Norbert d'enlacer sa petite-fille.- Ma crevette !Il ouvrit grand ses bras et cette dernière s'y précipita sans se faire prier. Elle savoura la chaleur de ce câlin et aspira l'éternelle odeur de tabac de son grand-père. Jeanne les rejoignit et tous les trois s’étreignirent.- Vous m'avez beaucoup manqué, leur avoua Laurine, les larmes aux yeux.- Toi aussi, répondirent à l'unisson ses grands-parents.Ils se dirigèrent ensuite vers la sortie, Norbert tirait la valise de Laurine. Une fois à l'extérieur, le vieil homme dém
Dix-sept ans plus tard…Tenant avec précaution un plateau sur lequel reposait un copieux repas, Arielle se dirigea vers la chambre de sa fille. À chacun de ses pas, ses longs cheveux bruns, relâchés, bougeaient sur ses épaules.Dans ses yeux noisette se lisait de l'inquiétude. Cela faisait quatre jours qu'une fièvre étrange abattait son enfant. Le plus préoccupant était la manière dont elle s'était déclenchée. Assise toutes les deux dans la salle à manger, Lidya s'était brusquement saisie la tête et mise à hurler. Elle était devenue toute brûlante et il avait fallu la mettre au lit. Dès lors, elle y était restée. Les examens à l'hôpital n'avaient rien donné. D'après les bouts de papiers, tout était normal. Malgré les médicaments prescrits, le mal persistait.Troublée, Arielle s'était confiée à l'un de ses collègues. Ali, un homme doux, frôlant la quarantaine, toujours à l'écoute de ses petits patients, joviale, et très serviable avec qui elle s'entendait très bien. Le Togolais lui a
Debout et enlacés devant un berceau en or, le couple couvait d'un regard attendri et empli d'amour leur enfant. Le nourrisson, emmitouflé dans des vêtements chauds, dormait profondément.La pièce dans laquelle ils se trouvaient était peinte dans des tons rosés. Une fenêtre donnait sur le jardin et laissait entrer les rayons du soleil de midi, heure à laquelle le monarque parvenait à mettre en pause ses obligations et rejoignait en douce sa reine. Les seuls meubles présents étaient une table à langer, une armoire en bois incrustée d'or qui contenait les vêtements du bébé, et quelques jouets traînant sur la moquette.Le roi repoussa les beaux cheveux blond de sa femme d'un côté, plongea la tête dans son cou, et huma son délicieux parfum de violette qui le rendait fou de désir.- Merci pour ce beau cadeau, ma reine, tu ne sais pas à quel point tu me comble, avoua-t-il en posant un tendre baiser sur sa joue.- Je t'aime tant mon Arrow.Elle se retourna et souda amoureusement ses lèvres à