Dix-sept ans plus tard…
Tenant avec précaution un plateau sur lequel reposait un copieux repas, Arielle se dirigea vers la chambre de sa fille. À chacun de ses pas, ses longs cheveux bruns, relâchés, bougeaient sur ses épaules.
Dans ses yeux noisette se lisait de l'inquiétude. Cela faisait quatre jours qu'une fièvre étrange abattait son enfant. Le plus préoccupant était la manière dont elle s'était déclenchée. Assise toutes les deux dans la salle à manger, Lidya s'était brusquement saisie la tête et mise à hurler. Elle était devenue toute brûlante et il avait fallu la mettre au lit. Dès lors, elle y était restée. Les examens à l'hôpital n'avaient rien donné. D'après les bouts de papiers, tout était normal. Malgré les médicaments prescrits, le mal persistait.
Troublée, Arielle s'était confiée à l'un de ses collègues. Ali, un homme doux, frôlant la quarantaine, toujours à l'écoute de ses petits patients, joviale, et très serviable avec qui elle s'entendait très bien. Le Togolais lui avait proposé une visite au pasteur de son église. Selon lui, le problème de Lidya serait d'origine mystique. Une idée qu'Arielle ne partageait pas, puisqu’elle était athée. Originaire d’une famille athées, elle avait grandi en ne croyant pas à l’existence d’un Dieu. Sa certitude était uniquement en la science, quoique ces derniers jours elle commençait à envisager cette perspective.
Après avoir frappé à la porte, elle entra dans la pièce. Sur le lit était allongée une adolescente couverte d'un drap.
Elle posa le plateau sur la table de chevet et s'assit à côté de celle à qui elle avait consacré la moitié de sa vie. Avec douceur et un sourire aux lèvres, elle replaça derrière l'oreille de la belle endormie quelques mèches rebelles de ses cheveux noirs.
- Debout, ma chérie, lui murmura-t-elle tendrement.
Lentement, la jeune fille ouvrit les yeux, révélant leur magnifique couleur. Celle des plus beaux lagons au monde. Elle s'étira et le drap s'abaissa, exposant une peau blanche et parfaite différente de celle de sa mère plutôt bronzée. Malgré le soleil, malgré les saisons, elle gardait cette blancheur immaculée que beaucoup lui enviaient. Elle avait un visage ovale aux traits fins, des sourcils bien dessinés, et un joli petit nez retroussé qui se plissait lorsqu’elle riait.
Elle offrit un pâle sourire, qui fit apparaître une fossette sur chacune de ses joues, à sa mère.
- Coucou, ma princesse. Comment vas-tu ?
- Mieux, maman, répondit l'adolescente d'un ton qui se voulait rassurant.
- Tu en es sûre ? insista-t-elle.
- Oui, tu peux partir le cœur léger.
Âgée d'une quarantaine d'années, Arielle travaillait en tant qu'infirmière au CHU de Lomé. Avec sa fille, elles étaient arrivées au Togo il y avait de cela deux ans. Depuis son enfance, lorsqu'elle habitait en France avec ses parents, son rêve avait toujours été de découvrir le continent Africain, et il s'était réalisé. Elle s'occupait des enfants en pédiatrie. Les voir sourire faisait son plus grand bonheur. Elle commençait à sept heures, prenait une pause à midi, puis y retournait à quatorze heures trente.
La praticienne poussa un soupir vaincu, car elle devait y aller. Elle habitait à trois kilomètres de l'hôpital, dans l'une des villas réservées aux résidents étrangers située au niveau de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS).
- Voici ton repas. Promets-moi de tout manger, chérie.
- Promis, jura la jouvencelle en s'efforçant de sourire.
La femme hocha la tête, l'embrassa sur le front, se leva et s'en alla. Une fois dehors, elle démarra sa petite Peugeot bleu nuit et sortit du garage. Laisser toute seule Lidya dans cet état la désolait, mais elle ne pouvait se permettre d'être absente.
Perdue dans ses pensées, l'infirmière ne vit pas le temps passer. Elle ne s'en rendit compte que lorsqu'elle atteignit le grand parking de l'hôpital. Elle enfila sa blouse blanche sur laquelle le nom d'Arielle Leclerc était étiqueté, et s'orienta vers la pédiatrie. Elle passa en premier lieu dans les locaux réservés aux nourrissons. Dès qu'elle entra, un grand sourire illumina son visage. À chaque fois qu'elle voyait des bébés, elle ne pouvait s'empêcher de repenser à ce jour-là. Seize ans déjà !
Ce jour-là, elle avait ressenti une indescriptible allégresse. Son cœur avait battu comme jamais, elle était tombée amoureuse de sa fille, dès le premier instant où leurs yeux s’étaient croisés. Lidya était son cadeau du Ciel, un pansement à ses blessures et la réalisation de son rêve, celui de devenir mère. Elle l'avait élevé seule, chéri, et était fière de la jeune femme que Lidya était devenue.
Arielle enferma dans un coin de son esprit ses beaux et mauvais souvenirs, quitta la salle des nourrissons et se mit à faire la tournée des autres pièces.
♠
Dans la villa où résidaient les Leclerc, Lidya, après quelques efforts, réussit à sortir du lit. Elle avala difficilement son repas et sortit s'asseoir sur l'une des chaises de la terrasse. Une ballade aurait été la bienvenue, mais elle manquait de force. Sans compter la désagréable sensation de recevoir des coups de marteau sur son crâne, et les vertiges qu'elle ressentait.
Un vent doux se mit à souffler, et la brise lui caressa la peau. Elle eut l'impression d'être en harmonie avec la nature, comme si elle ne faisait qu'un avec celle-ci. Un bien être immense l'envahit tellement qu'elle en ferma les yeux.
- Lidya... Lidya, chuchota une voix douce.
La jeune fille ouvrit brusquement les yeux et jeta un œil à la ronde. Personne. Haussant les épaules, elle s'adossa à la chaise sur laquelle elle était assise et se laissa bercer à nouveau par le vent.
- Lidya... Lidya, reprit la voix de façon mélodieuse.
Cette fois-ci, prise de crainte, l'adolescente sursauta et entra précipitamment dans la maison. Voilà qu'elle se mettait à entendre quelqu'un ou quelque chose l'appeler dans sa tête maintenant. Comme si cette atroce migraine ne suffisait pas. Pour se calmer, elle décida d'aller prendre une douche.
Elle se déshabilla, révélant une petite tache noire en forme d'étoile sur son épaule droite. Elle l'avait depuis son plus jeune âge et n'y avait jamais prêté attention. Lorsque l'eau entra en contact avec sa peau, elle ressentit une vive démangeaison à ce niveau. Elle se gratta et cela l'apaisa.
Une fois sa douche terminée, aussi bizarrement qu'elles étaient venues, sa migraine et sa fièvre disparurent. Soulagée, elle enfila un jogging et un débardeur, releva ses beaux cheveux noirs en un chignon négligé, et au lieu de la promenade qu'elle prévoyait, préféra se vautrer sur l'un des fauteuils rembourrés du salon pour suivre la saison deux de La Casa de Papel. Elle adorait suivre les séries, une de ses multiples passions, et passait ses vacances dessus puisqu'elle n'avait pas d'amis. Elle avait tenté pourtant, mais au lycée comme à la résidence, les jeunes de son âge l'ignoraient et l'évitaient comme la peste. Parfois, elle avait même l'impression d'être invisible. Comme si un sort magique agissait dans sa vie.
La soirée passa entre alternance de séries, de films d'horreur et d'animés. Sa mère la trouva devant l'écran lorsqu'elle rentra du boulot aux environs de vingt heures.
- Salut, ma puce, lança cette dernière heureuse de voir sa fille hors du lit.
- Bonne arrivée, maman.
Arielle enleva sa blouse et la jeta avec son sac sur le fauteuil. Elle s'approcha ensuite de Lidya et lui tâta le front. Elle poussa un soupir de soulagement en remarquant que la fièvre avait baissé.
- Enfin ! Tu vas mieux, ma chérie. Je commençais à mourir d'inquiétude.
Elle la serra très fort dans ses bras.
- Arrête, maman, tu m'étouffes. Je ne suis plus un bébé, j'aurai bientôt dix-huit ans, tu sais ? se plaignit Lidya en essayant de se dégager.
Arielle éclata de rire et la libéra. Elle s'assit à côté de sa fille et toutes les deux se mirent à discuter.
- En rentrant, j'ai croisé Jeanne.
Jeanne Dicaprio, leur voisine, était une vieille femme proche de la soixantaine, rondelette et au visage aimable. Cheveux grisonnant, yeux vert clair, joufflue et toujours souriante, celle-ci habitait avec son vieux et retraité mari, Norbert. Ensemble, ils passaient la journée dans leur jardin à papoter. Le vieux couple mexicain invitait souvent les Leclerc à dîner chez eux, et tous ensembles, ils passaient d'agréables soirées.
- Elle m'a annoncé l'arrivée de leur petite-fille très prochainement. Elle a le même âge que toi. Tu en penses quoi ?
- Super, avec un peu de chance j'aurais de la compagnie, répondit Lidya en doutant de ses propres mots.
Cette nouvelle la remplissait d'une immense joie, mais vu son passif en amitié ces dernières années, elle n'y croyait pas trop.
- C'est exactement ce que j'ai pensé. Et devine quoi ? fit énigmatiquement la jeune femme.
- Tu sais bien que je suis nulle en devinettes, maman.
Arielle se mit de nouveau à rire. Décidément, sa fille était son rayon de soleil.
- Oui, tu as raison, tu es nulle, confirma-t-elle. Eh bien, nous sommes invitées à dîner le jour suivant son arrivée !
- J'ai hâte de la rencontrer.
Qui sait ? Peut-être qu’elle y arriverait cette fois !
Le jour suivant, aux environs de seize heures, dans la foule venu accueillir les passagers se trouvaient les Dicaprio. Quand ils aperçurent leur petite-fille, ils allèrent à sa rencontre.- Ma petite Laurine, fit Jeanne, toute émue.Elle serra très fort la jeune fille dans ses bras et lui donna un baiser sur chacune de ses joues.- Mamie, fit mine de se plaindre la blonde en riant.Intérieurement elle était très heureuse de revoir ses grands-parents.Ce fut au tour de Norbert d'enlacer sa petite-fille.- Ma crevette !Il ouvrit grand ses bras et cette dernière s'y précipita sans se faire prier. Elle savoura la chaleur de ce câlin et aspira l'éternelle odeur de tabac de son grand-père. Jeanne les rejoignit et tous les trois s’étreignirent.- Vous m'avez beaucoup manqué, leur avoua Laurine, les larmes aux yeux.- Toi aussi, répondirent à l'unisson ses grands-parents.Ils se dirigèrent ensuite vers la sortie, Norbert tirait la valise de Laurine. Une fois à l'extérieur, le vieil homme dém
Sur Mirabel… Vautrée sur un fauteuil dans l'une des salles du manoir, une jeune fille aux cheveux châtain clair lisait un livre de sortilèges. Elle portait une mini-jupe en cuir noir et un top de la même couleur. Du haut de ses un mètre soixante-cinq, elle avait des formes voluptueuses et paraissait avoir au moins dix-huit ans. Les murs de la pièce étaient bleu ciel, le sol recouvert de carreaux blancs, et le plafond en marbre de même couleur incrusté de pierres lumineuses. Dans un angle se trouvait une table en verre entourée de chaises en argent. Sourcils froncés, nez pincé, et une moue aux lèvres, elle paraissait agacée et jetait chaque minute un coup d'oeil vers la porte. Elle se demanda ce qu’elle pouvait bien foutre. Un éclair de colère passa dans ses yeux et elle se leva, à bout de patience. D'une marche rageuse, elle sortit de la salle et se retrouva dans le salon. De là, elle emprunta les escaliers qui menaient à l'étage supérieur où se trouvaient les chambres à couche
La porte d'entrée de la petite villa claqua, montrant que la propriétaire était de retour. Une jeune brune au teint parfaitement bronzé entra dans le salon. Elle retira les écouteurs de ses oreilles et enleva son débardeur mouillé par l'effort du footing qu'elle venait d'effectuer. Ce fut ensuite au tour de la culotte de sport qu'elle portait d'être ôtée et de rejoindre une pile de vêtements sur le fauteuil. Un peu partout sur le carrelage, des habits traînaient dans la pièce. ‹‹ Il faut vraiment que je range tout ce bazar ›› se promit-elle intérieurement. Elle se demanda ce qu'aurait fait sa mère si cette dernière était là, et un sourire éclaira son visage. Sortant de ses pensées, elle prit la direction de la douche pour un bain. La jeune fille y était toujours lorsque dehors le vent se mit à souffler. Elle s'enroula rapidement dans une serviette et sortit fermer les fenêtres. Dehors, le ciel s'était obscurci. Debout derrière l'une d'elles, elle observait les éléments se décha
— Mais qu'est-ce qui la fait rire ? s'étonna l'une des voix.Le rire de Laurine resta coincé dans sa gorge. Elle commençait à se rendre compte qu'elle était bel et bien éveillée et que les deux petites voix étaient celles des rouges-gorges.— V...vous parlez vraiment ? s'exclama-t-elle en pointant du doigt les deux oiseaux.— Oui, oui, répondit celui sur son épaule gauche. Mais... tu nous entends ? s'écria-t-il ensuite.— Euh... Apparemment, oui, lâcha avec hésitation la jeune fille. Euh... ex... Excusez excusez-moi, mais je dois y aller.Sans plus tarder, elle referma la fenêtre et resta plantée au beau milieu de la chambre. Les yeux agrandis par la surprise, le cœur tambourinant de peur dans sa poitrine, elle se mit à tourner en rond.— Ce n'est pas vrai ! Je viens de parler à des oiseaux. Je suis folle, oui, c'est ça. Surement un début de folie.Elle se tirait les cheveux tout en marchant. ‹‹ Comment est-ce possible ? Qu'est-ce qui m'arrive ? Je suis en train de perdre la tête ou
Un portail lumineux de forme circulaire se matérialisa petit à petit sur la plage de Lomé. Il était plus de minuit, et les lieux étaient déserts. Trois jeunes femmes, dont une blonde, une rousse et une autre aux cheveux châtains, sortirent du passage qui se referma derrière elles.- Aïe, tu m'as écrasé le pied, Betty, se plaignit la blonde.- Je n'en ai rien à foutre, Nora, répondit la rousse en lissant sa jupe et en remettant de l'ordre dans ses cheveux.- Tu pourrais au moins t'excuser, attaqua de nouveau la jeune sœur en se mettant face à son aînée.Elles se défièrent du regard. Alexa, qui avait les mains croisées sur sa poitrine et les yeux fermés, avança, puis se plaça entre les deux jeunes femmes.- Nous sommes en mission, ne l'oubliez pas. Alors mettez vos disputes de côté et concentrez-vous, bon sang, ordonna-t-elle.Nora et Betty se dévisagèrent encore quelques secondes, puis mirent fin à leur duel visuel pour observer les alentours.Il y avait des cocotiers et des bancs publ
Un blanc passa, durant lequel Laurine et Lidya regardèrent la brune avec de gros yeux. Elles ne virent aucune trace d’amusement sur son visage. Toutes les deux se lancèrent un coup d’œil complice, puis pouffèrent de rire.- T'es vraiment sérieuse ? souffla Laurine. Ha ha ha... Alors selon toi, nous sommes des extraterrestres ! Ah ! Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas autant marrée.Léa s'attendait à ce genre de réaction. Malgré les moqueries de Laurine et Lidya, elle restait calme, avec un sourire en coin scotché sur ses lèvres pulpeuses. Son attitude chassa petit à petit l'hilarité des deux filles.- Vous appartenez à un autre monde, répéta-t-elle en essayant d'être plus douce et convaincante. Tout ce qui vous entoure n'est qu'éphémère. La famille à laquelle vous pensez appartenir n'est pas la vôtre. Tout a été mis en œuvre pour vous protéger...- Cela suffit, la coupa Lidya en colère. Tu te rends compte de ce que tu racontes ? Tu sais ce que cela implique ?Ses joues avaient
Debout et enlacés devant un berceau en or, le couple couvait d'un regard attendri et empli d'amour leur enfant. Le nourrisson, emmitouflé dans des vêtements chauds, dormait profondément.La pièce dans laquelle ils se trouvaient était peinte dans des tons rosés. Une fenêtre donnait sur le jardin et laissait entrer les rayons du soleil de midi, heure à laquelle le monarque parvenait à mettre en pause ses obligations et rejoignait en douce sa reine. Les seuls meubles présents étaient une table à langer, une armoire en bois incrustée d'or qui contenait les vêtements du bébé, et quelques jouets traînant sur la moquette.Le roi repoussa les beaux cheveux blond de sa femme d'un côté, plongea la tête dans son cou, et huma son délicieux parfum de violette qui le rendait fou de désir.- Merci pour ce beau cadeau, ma reine, tu ne sais pas à quel point tu me comble, avoua-t-il en posant un tendre baiser sur sa joue.- Je t'aime tant mon Arrow.Elle se retourna et souda amoureusement ses lèvres à
Un blanc passa, durant lequel Laurine et Lidya regardèrent la brune avec de gros yeux. Elles ne virent aucune trace d’amusement sur son visage. Toutes les deux se lancèrent un coup d’œil complice, puis pouffèrent de rire.- T'es vraiment sérieuse ? souffla Laurine. Ha ha ha... Alors selon toi, nous sommes des extraterrestres ! Ah ! Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas autant marrée.Léa s'attendait à ce genre de réaction. Malgré les moqueries de Laurine et Lidya, elle restait calme, avec un sourire en coin scotché sur ses lèvres pulpeuses. Son attitude chassa petit à petit l'hilarité des deux filles.- Vous appartenez à un autre monde, répéta-t-elle en essayant d'être plus douce et convaincante. Tout ce qui vous entoure n'est qu'éphémère. La famille à laquelle vous pensez appartenir n'est pas la vôtre. Tout a été mis en œuvre pour vous protéger...- Cela suffit, la coupa Lidya en colère. Tu te rends compte de ce que tu racontes ? Tu sais ce que cela implique ?Ses joues avaient
Un portail lumineux de forme circulaire se matérialisa petit à petit sur la plage de Lomé. Il était plus de minuit, et les lieux étaient déserts. Trois jeunes femmes, dont une blonde, une rousse et une autre aux cheveux châtains, sortirent du passage qui se referma derrière elles.- Aïe, tu m'as écrasé le pied, Betty, se plaignit la blonde.- Je n'en ai rien à foutre, Nora, répondit la rousse en lissant sa jupe et en remettant de l'ordre dans ses cheveux.- Tu pourrais au moins t'excuser, attaqua de nouveau la jeune sœur en se mettant face à son aînée.Elles se défièrent du regard. Alexa, qui avait les mains croisées sur sa poitrine et les yeux fermés, avança, puis se plaça entre les deux jeunes femmes.- Nous sommes en mission, ne l'oubliez pas. Alors mettez vos disputes de côté et concentrez-vous, bon sang, ordonna-t-elle.Nora et Betty se dévisagèrent encore quelques secondes, puis mirent fin à leur duel visuel pour observer les alentours.Il y avait des cocotiers et des bancs publ
— Mais qu'est-ce qui la fait rire ? s'étonna l'une des voix.Le rire de Laurine resta coincé dans sa gorge. Elle commençait à se rendre compte qu'elle était bel et bien éveillée et que les deux petites voix étaient celles des rouges-gorges.— V...vous parlez vraiment ? s'exclama-t-elle en pointant du doigt les deux oiseaux.— Oui, oui, répondit celui sur son épaule gauche. Mais... tu nous entends ? s'écria-t-il ensuite.— Euh... Apparemment, oui, lâcha avec hésitation la jeune fille. Euh... ex... Excusez excusez-moi, mais je dois y aller.Sans plus tarder, elle referma la fenêtre et resta plantée au beau milieu de la chambre. Les yeux agrandis par la surprise, le cœur tambourinant de peur dans sa poitrine, elle se mit à tourner en rond.— Ce n'est pas vrai ! Je viens de parler à des oiseaux. Je suis folle, oui, c'est ça. Surement un début de folie.Elle se tirait les cheveux tout en marchant. ‹‹ Comment est-ce possible ? Qu'est-ce qui m'arrive ? Je suis en train de perdre la tête ou
La porte d'entrée de la petite villa claqua, montrant que la propriétaire était de retour. Une jeune brune au teint parfaitement bronzé entra dans le salon. Elle retira les écouteurs de ses oreilles et enleva son débardeur mouillé par l'effort du footing qu'elle venait d'effectuer. Ce fut ensuite au tour de la culotte de sport qu'elle portait d'être ôtée et de rejoindre une pile de vêtements sur le fauteuil. Un peu partout sur le carrelage, des habits traînaient dans la pièce. ‹‹ Il faut vraiment que je range tout ce bazar ›› se promit-elle intérieurement. Elle se demanda ce qu'aurait fait sa mère si cette dernière était là, et un sourire éclaira son visage. Sortant de ses pensées, elle prit la direction de la douche pour un bain. La jeune fille y était toujours lorsque dehors le vent se mit à souffler. Elle s'enroula rapidement dans une serviette et sortit fermer les fenêtres. Dehors, le ciel s'était obscurci. Debout derrière l'une d'elles, elle observait les éléments se décha
Sur Mirabel… Vautrée sur un fauteuil dans l'une des salles du manoir, une jeune fille aux cheveux châtain clair lisait un livre de sortilèges. Elle portait une mini-jupe en cuir noir et un top de la même couleur. Du haut de ses un mètre soixante-cinq, elle avait des formes voluptueuses et paraissait avoir au moins dix-huit ans. Les murs de la pièce étaient bleu ciel, le sol recouvert de carreaux blancs, et le plafond en marbre de même couleur incrusté de pierres lumineuses. Dans un angle se trouvait une table en verre entourée de chaises en argent. Sourcils froncés, nez pincé, et une moue aux lèvres, elle paraissait agacée et jetait chaque minute un coup d'oeil vers la porte. Elle se demanda ce qu’elle pouvait bien foutre. Un éclair de colère passa dans ses yeux et elle se leva, à bout de patience. D'une marche rageuse, elle sortit de la salle et se retrouva dans le salon. De là, elle emprunta les escaliers qui menaient à l'étage supérieur où se trouvaient les chambres à couche
Le jour suivant, aux environs de seize heures, dans la foule venu accueillir les passagers se trouvaient les Dicaprio. Quand ils aperçurent leur petite-fille, ils allèrent à sa rencontre.- Ma petite Laurine, fit Jeanne, toute émue.Elle serra très fort la jeune fille dans ses bras et lui donna un baiser sur chacune de ses joues.- Mamie, fit mine de se plaindre la blonde en riant.Intérieurement elle était très heureuse de revoir ses grands-parents.Ce fut au tour de Norbert d'enlacer sa petite-fille.- Ma crevette !Il ouvrit grand ses bras et cette dernière s'y précipita sans se faire prier. Elle savoura la chaleur de ce câlin et aspira l'éternelle odeur de tabac de son grand-père. Jeanne les rejoignit et tous les trois s’étreignirent.- Vous m'avez beaucoup manqué, leur avoua Laurine, les larmes aux yeux.- Toi aussi, répondirent à l'unisson ses grands-parents.Ils se dirigèrent ensuite vers la sortie, Norbert tirait la valise de Laurine. Une fois à l'extérieur, le vieil homme dém
Dix-sept ans plus tard…Tenant avec précaution un plateau sur lequel reposait un copieux repas, Arielle se dirigea vers la chambre de sa fille. À chacun de ses pas, ses longs cheveux bruns, relâchés, bougeaient sur ses épaules.Dans ses yeux noisette se lisait de l'inquiétude. Cela faisait quatre jours qu'une fièvre étrange abattait son enfant. Le plus préoccupant était la manière dont elle s'était déclenchée. Assise toutes les deux dans la salle à manger, Lidya s'était brusquement saisie la tête et mise à hurler. Elle était devenue toute brûlante et il avait fallu la mettre au lit. Dès lors, elle y était restée. Les examens à l'hôpital n'avaient rien donné. D'après les bouts de papiers, tout était normal. Malgré les médicaments prescrits, le mal persistait.Troublée, Arielle s'était confiée à l'un de ses collègues. Ali, un homme doux, frôlant la quarantaine, toujours à l'écoute de ses petits patients, joviale, et très serviable avec qui elle s'entendait très bien. Le Togolais lui a
Debout et enlacés devant un berceau en or, le couple couvait d'un regard attendri et empli d'amour leur enfant. Le nourrisson, emmitouflé dans des vêtements chauds, dormait profondément.La pièce dans laquelle ils se trouvaient était peinte dans des tons rosés. Une fenêtre donnait sur le jardin et laissait entrer les rayons du soleil de midi, heure à laquelle le monarque parvenait à mettre en pause ses obligations et rejoignait en douce sa reine. Les seuls meubles présents étaient une table à langer, une armoire en bois incrustée d'or qui contenait les vêtements du bébé, et quelques jouets traînant sur la moquette.Le roi repoussa les beaux cheveux blond de sa femme d'un côté, plongea la tête dans son cou, et huma son délicieux parfum de violette qui le rendait fou de désir.- Merci pour ce beau cadeau, ma reine, tu ne sais pas à quel point tu me comble, avoua-t-il en posant un tendre baiser sur sa joue.- Je t'aime tant mon Arrow.Elle se retourna et souda amoureusement ses lèvres à