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3. Rencontre

last update Last Updated: 2025-03-20 05:13:59

Le jour suivant, aux environs de seize heures, dans la foule venu accueillir les passagers se trouvaient les Dicaprio. Quand ils aperçurent leur petite-fille, ils allèrent à sa rencontre.

- Ma petite Laurine, fit Jeanne, toute émue.

Elle serra très fort la jeune fille dans ses bras et lui donna un baiser sur chacune de ses joues.

- Mamie, fit mine de se plaindre la blonde en riant.

Intérieurement elle était très heureuse de revoir ses grands-parents.

Ce fut au tour de Norbert d'enlacer sa petite-fille.

- Ma crevette !

Il ouvrit grand ses bras et cette dernière s'y précipita sans se faire prier. Elle savoura la chaleur de ce câlin et aspira l'éternelle odeur de tabac de son grand-père. Jeanne les rejoignit et tous les trois s’étreignirent.

- Vous m'avez beaucoup manqué, leur avoua Laurine, les larmes aux yeux.

- Toi aussi, répondirent à l'unisson ses grands-parents.

Ils se dirigèrent ensuite vers la sortie, Norbert tirait la valise de Laurine. Une fois à l'extérieur, le vieil homme démarra sa Toyota blanche et ils prirent la direction de la cité OUA.

En chemin, assise sur le siège arrière, Laurine regardait par les vitres le paysage défiler. Des panneaux publicitaires et des boutiques bordaient la route. Des femmes et des hommes à la peau noire, habillés de pagne, passaient sur les trottoirs. Leurs marchandises sur la tête, dans des charrettes, ou dans des sacs. D'autres avaient étalé les leurs sur des tables. Elle vit des femmes porter leur bébé au dos, et des taxi-motos remorquant doublement des passagers. Ils croisèrent dans le sens inverse, des véhicules pleins à craquer de passagers. Elle aperçut au loin des enfants courir tout nu, s'amuser en criant, des femmes revenir du forage, des bassines d'eau sur la tête. Laurine baissa les vitres et aussitôt un vent sec et poussiéreux s'engouffra dans l'habitacle.

Elle était émerveillée par toutes ces nouvelles découvertes et l'animation qui régnait. Un nouveau monde complètement différent de celui qu'elle connaissait, le Togo dans toute sa splendeur ! Excitée, elle ne cessait de regarder des deux côtés de la voie.

Le véhicule passa devant un grand bâtiment peint en jaune. C'était l'une des sociétés de communication au Togo, le Togocom. Ils prirent ensuite la voie passant près du campus de Lomé. Une fois au feu rouge, Norbert tourna à gauche et ils arrivèrent à destination après quelques mètres.

Consultant sa montre, Laurine remarqua que le trajet avait duré une trentaine de minutes.

En voyant la villa, son cœur se serra. Tant de fois elle l'avait vue en photo avec ses parents et attendue avec impatience sa première visite. Ils prévoyaient de venir y passer tous ensemble les vacances d'été, mais la vie en avait décidé autrement. Ceux-ci étaient décédés avant d'avoir pu réaliser leurs projets. La jeune fille ne venait pas pour quelques jours, mais pour vivre définitivement avec ses grands-parents.

Ces souvenirs ravivèrent sa douleur, et elle passa de l'état d'excitation à celui de tristesse. Ses yeux marron se gorgèrent de larme, elle se mordit la lèvre inférieure pour refouler ses sanglots et se terra dans le mutisme. Ses grands-parents remarquèrent son changement d'humeur et tentèrent de l'y faire sortir... sans succès. Après plusieurs échecs, Norbert monta les affaires de Laurine dans sa chambre, l'adolescente à sa suite.

- Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à me le demander, ma crevette.

Laurine approuva de la tête. Une fois seule dans sa chambre, elle se dirigea vers la fenêtre et coulissa la vitre. La vue donnait sur le jardin. Du gazon à perte de vue. Des fleurs, un manguier, un oranger, puis un cocotier y étaient, le tout formant un environnement paisible. Deux rouge-gorge volèrent et approchèrent la jeune fille. Ils vinrent frotter leur petit bec contre ses joues comme pour la consoler. Cela avait toujours été ainsi. Les animaux l'adoraient et c'était réciproque. 

Elle leur rendit leurs caresses et un sourire éclatant naquit sur son visage aux traits délicats et chaleureux. Peu importe comment elle se sentait, la vue d'un animal et un contact avec ce dernier la ressourçait.

Plus détendue, elle décida de prendre un bain. Elle enleva son haut, dévoilant une petite tache noire en forme de cœur sur son épaule gauche. Après elle s'allongea pour se remettre de son voyage.

Dans la villa des Leclerc, Lidya avait assisté à l'arrivée de la nouvelle voisine. Elle suivait l'une de ses multiples séries lorsqu'elle avait entendu le bruit de la Toyota des Dicaprio. Curieuse et attirée comme un aimant, elle avait mis le lecteur en pause et accouru derrière la fenêtre.

Lidya était impatiente de rencontrer la petite-fille des Butter. Sans la connaître elle était attirée par sa nouvelle voisine, irrésistiblement.

Le nez collé à la vitre, elle vit sortir du véhicule une blonde de son âge qui portait un jean, un débardeur et un pull qu'elle avait noué à la hanche. Sa démarche était toute simple et gracieuse. À sa vue, une grosse nostalgie l’envahit. Ses yeux bleu-vert s'étaient teintés de tristesse et elle en avait perdu sa bonne humeur. Elle eut l’impression d’avoir un vide à la place du cœur, un manque. Lidya ne comprit pas ce qui lui arrivait ni cette attraction pour sa voisine. Elle resta là à observer le trio jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision.

Quelques minutes après, elle retrouva subitement sa bonne humeur. Elle flottait à present dans un état de bien-être intense qu'elle ne s'expliquait pas. Elle était complètement perdue. Le reste de la soirée, elle la passa à se demander ce qui lui arrivait.

Lorsqu’Arielle rentra de sa garde aux environs de vingt-deux heures, elle eut juste le temps de franchir la porte d'entrée que le téléphone fixe se mit à sonner.

- Allô, chanta une voix fluette au bout du fil.

- Bonsoir, Jeanne, lui répondit aimablement Arielle.

- J'espère ne pas vous réveiller ? s'inquiéta la vieille dame.

En effet il était tard, mais cela ne la dérangeait nullement.

- Non, rassura-t-elle. D'ailleurs, je viens juste de rentrer.

- J'en suis soulagée. Je voulais confirmer votre invitation à dîner. La petite est arrivée aujourd'hui.

- Oh ! s'exclama Arielle. Avec plaisir. Lidya sera très contente. Elle a tellement hâte de la rencontrer !

En parlant du loup, elle dormait sur l'un des fauteuils rembourrés du salon. Malgré le bruit du lecteur et la conversation téléphonique, elle continuait à roupiller. Son visage paisible élargit le sourire de sa mère.

- Dans ce cas, à demain alors, reprit Jeanne.

- Bonne nuit, lui souhaita Arielle.

L'infirmière reposa le combiné et se dirigea vers sa belle au bois dormant. Elle essaya de la réveiller et reçu des grognements en retour. Un sourire attendrit aux lèvres, elle alla chercher un drap et la couvrit. Ensuite, elle éteignit le lecteur les lumières, puis regagna sa chambre.

Lidya se réveilla à dix heures le lendemain. Sa mère l'avait laissée faire la grasse matinée, vu que c'était les vacances.

Aussitôt sur pieds, elle fit un petit brin de toilette et sortit rejoindre sa génitrice à la cuisine.

- Bonjour, maman, lança-t-elle d'une voix ensommeillée en lui faisant une bise.

Cette dernière préparait des petits gâteaux. Elle lui en proposa quelques-uns.

- Bien dormi, ma puce ?

- Ouais, en piochant un morceau.

- Toujours de mauvaise humeur le matin, toi. Quand changeras-tu ?

Lidya préféra ignorer sa question. Elle se servit un verre de lait qu'elle vida d'une traite.

- Garde un peu de place pour le dîner. Nous sommes invitées chez les Dicaprio, lui annonça Arielle d'une voix enjouée tout en guettant sa réaction.

L'infirmière crut lire dans les yeux de son enfant de l'impatience, et cela la ravit. Secrètement, elle s'inquiétait de la voir toujours cloîtrée au salon à suivre des séries et à lire des mangas, au lieu de sortir, se faire des amis, et s'amuser comme les jeunes de son âge. Avec l'arrivée de la petite fille des Butter, elle espérait que cela allait changer.

- Soyez les bienvenus, leur souhaita Jeanne, d'une voix guillerette, un sourire aimable aux lèvres.

La vielle dame portait une longue robe à pois noir sur fond blanc. Des lunettes de vue, de forme sphérique, recouvraient ses beaux yeux bleus. Ses cheveux gris étaient relâchés et flottaient au gré du vent.

Elle s’écarta et laissa entrer ses invitées.

Ensemble, ils s'installèrent autour d'une longue table en ébène dans la salle à manger. Différents mets y étaient posés. Il flottait dans l'air une délicieuse odeur de friture, d'épice et de fruit. Sur le mur vert pâle de la pièce étaient accrochés des cadres représentant chaque saison de l'année. Il régnait dans la salle une ambiance chaleureuse et bon enfant.

- Te voilà, ma crevette. Allez approche.

Laurine se joignit à eux. Elle portait un jean noir, un top rose et ses cheveux étaient retenus par un serre-tête rouge fabriqué à base de fausses perles. Elle savait que les Leclerc se joindraient à eux, mais n'avait fourni aucun effort pour être à l’heure. Elle s'assit sur la chaise en face de Lidya après avoir lancé un ‹‹ salut ›› à l'assemblée.

- Coucou, Laurine. Bienvenue au Togo. J'espère que tu as fait un bon voyage ! Tu te plais ici ? lui demanda Arielle.

- Ouais, répondit cette dernière de manière nonchalante en se concentrant sur son plat.

- Quelles sont ces manières, jeune fille ? lui reprocha mamie Jeanne.

- Ne vous en faites pas, la calma l'infirmière. J'en ai l'habitude. Je suis heureuse de te rencontrer, Laurine.

Pour toute réponse, l'adolescente lui sourit poliment. Lorsque la discussion reprit entre les adultes, Lidya essaya de l'aborder à son tour.

- Salut. Je m'appelle Lidya. Enchantée, Laurine, débita la jeune fille d'une voix mal assurée.

En face d'elle, la concernée ne daigna même pas lui répondre. Elle continua à manger tranquillement son riz cantonais comme si de rien n'était. Cela réussit presque à décourager Lidya, mais elle remit sa tentative d'approche à la fin du dîner.

Le reste du repas se déroula dans la bonne humeur du côté des parents, et dans une ambiance glaciale entre les deux jeunes femmes. Lorsque la table fut débarrassée, Laurine sortit s'assoir sur la terrasse. Lidya la rejoignit quelques minutes plus tard.

- Je peux m'asseoir ? demanda-t-elle gentiment en désignant la chaise à ses côtés.

Elle n'obtint aucune réponse, mais s'assit tout de même.

- J’espère ne pas déranger ?

Silence.

- Il fait un peu plus chaud au Togo mais crois-moi tu vas adorer.

Silence.

Ne pas obtenir de réponses ni de réactions malgré ses efforts commençait à l'attrister et l'énerver.

Apparemment son karma repoussant était encore à l’œuvre.

En dépit de tout elle tenta encore de lancer la discussion.

- Ça te dirait de découvrir un peu le coin ? Je serai ton guide.

Pour une personne qui mettait à peine le nez hors de sa chambre elle se demandait quel genre de guide elle ferait.

Aucune réponse ! Laurine était toujours assise, mais n'accordait aucun regard à sa voisine.

- Ben, je suis contente que tu sois là, reprit-elle d'une toute petite voix.

Elle qui pensait qu'elles seraient amies, eh bien c'était mal parti. Froissant sa jupe de nervosité, Lidya ne savait plus quoi dire. Pourquoi ne voulait-elle pas lui parler ? Avait-elle une tête qui repoussait les gens ? Au lycée c'était à chaque fois le même scenario. Pire, puisque personne ne la remarquait. Était-elle destinée à ne jamais avoir d'amis ? À avoir pour seule compagnon la solitude ? Son cœur se serra à cette idée. Elle raffermit la prise de ses mains sur la jupe plissée qu'elle portait pour l'occasion et se mordit la lèvre inférieure pour ne pas laisser ses larmes, qui lui picotaient les yeux, couler. Elle se maudit d'être si sensible, mais il était hors de question qu'elle montre à sa nouvelle voisine sa faiblesse. Elle se leva doucement et dignement, se dirigea vers la porte.

Le ton qu'avait utilisé Lidya toucha Laurine. Elle se sentit subitement envahi d'une énorme vague de tristesse et de désespoir, qu'elle ne s'expliquait pas, et regretta son comportement vis-à-vis de Lidya. Après tout, celle-ci ne lui avait rien fait. La faute était à ses grands-parents qui pensaient lui remonter le moral avec ce dîner, or elle ne souhaitait qu’un peu de solitude.

- Attends !

L'adolescente attendit, sa main sur la poignée de la porte.

- Oui. J'aimerais bien visiter le coin.

Le visage de Lidya s'illumina et ses joues rosirent de plaisir. Finalement, il y avait de l'espoir.

Refrénant sa joie, elle fit demi-tour et lui tendit la main, comme pour faire la paix.

Laurine fut surprise par ce geste et demeura interdite quelques secondes. Elle trouva Lidya étrange et vraiment entêtée. Finalement, elle lui prit la main, un faible sourire étirant à son tour ses lèvres.

Lorsqu’elles se touchèrent, elles eurent toutes les deux le souffle coupé. Elles furent comme électrocutées, à la différence que la douleur de la décharge fut remplacée par une douceur et une immense fraîcheur qui se propagea lentement dans leurs veines. Elles eurent la sensation de flotter dans un autre monde, où leurs émotions ne faisaient qu'un. Un grand vent se leva et un violent coup de tonnerre déchira le ciel qui se couvrit, à une vitesse phénoménale, de gros nuages noirs. Vaincues par les sensations qu'elles ressentaient, les deux jeunes filles avaient fini par fermer les yeux. Elles restèrent ainsi pendant quelques minutes, complètement sous l'emprise de cette sensation grisante.

Petit à petit, le vent se calma, puis cessa de souffler lorsque les filles séparèrent leurs mains. Elles respirèrent à fond pour retrouver le souffle. Leurs regards reflétaient de la surprise, de l'incompréhension, de la méfiance, et de la peur.

- Tu l'as ressenti aussi ? s'inquiéta Laurine, haletante.

- Ou... Oui, affirma avec peine Lidya.

La porte d'entrée s'ouvrit sur les Dicaprio et Arielle. Ils avaient l'air inquiet. Ayant entendu le bruit du tonnerre et du vent, ils s'étaient précipités pour voir si les filles étaient à l'abri.

- Vous allez bien ? s'enquit Jeanne.

Laurine et Lidya hochèrent la tête d'assentiment en essayant de garder leur visage paisible et leur souffle normal.

- Mais la météo n'a pas annoncé d'orage aujourd'hui, releva Arielle en scrutant le ciel.

- Vous avez raison, concéda Norbert. C'est étrange !

- Nous sommes obligés de rentrer, fit avec regret la praticienne. Merci pour ce merveilleux repas.

- Oh ! Je vous en prie, répondit aimablement Jeanne.

Arielle se tourna vers sa fille et lui fit un signe de tête. Cette dernière se leva, murmura à Laurine un ‹‹ à demain ›› que lui rendit la blonde, salua poliment le vieux couple, puis elles prirent congé.

Une fois dans sa chambre, Lidya s'allongea sur son lit. Elle se mit à réfléchir à ce qui leur était arrivées à Laurine et elle. Cela l'inquiétait énormément, mais elle décida ne pas en parler à sa mère. La connaissant, celle-ci lui poserait de multiples questions auxquelles elle ne pourrait répondre.

Sa tâche noire en forme d'étoile recommença à la démanger. Comme dans la douche, elle se gratta en grognant et les picotements s'apaisèrent. La jeune fille ressentit subitement une immense fatigue. Ses paupières s'alourdirent progressivement, et elle sombra dans un profond sommeil.

Un peu plus loin, dans la villa, Arielle rangeait le salon. Dehors il pleuvait des cordes. Elle arrêta un instant son activité et regarda les gouttes couler sur les vitres. Elle n'était pas superstitieuse comme son collègue Ali, mais un tel orage en pleine saison sèche ne présageait rien de bon. D'autant plus qu'il continua à pleuvoir tout le reste de la soirée.

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    Dix-sept ans plus tard…Tenant avec précaution un plateau sur lequel reposait un copieux repas, Arielle se dirigea vers la chambre de sa fille. À chacun de ses pas, ses longs cheveux bruns, relâchés, bougeaient sur ses épaules.Dans ses yeux noisette se lisait de l'inquiétude. Cela faisait quatre jours qu'une fièvre étrange abattait son enfant. Le plus préoccupant était la manière dont elle s'était déclenchée. Assise toutes les deux dans la salle à manger, Lidya s'était brusquement saisie la tête et mise à hurler. Elle était devenue toute brûlante et il avait fallu la mettre au lit. Dès lors, elle y était restée. Les examens à l'hôpital n'avaient rien donné. D'après les bouts de papiers, tout était normal. Malgré les médicaments prescrits, le mal persistait.Troublée, Arielle s'était confiée à l'un de ses collègues. Ali, un homme doux, frôlant la quarantaine, toujours à l'écoute de ses petits patients, joviale, et très serviable avec qui elle s'entendait très bien. Le Togolais lui a

  • MIRABEL : LES HÉRITIÈRES    1.Prologue

    Debout et enlacés devant un berceau en or, le couple couvait d'un regard attendri et empli d'amour leur enfant. Le nourrisson, emmitouflé dans des vêtements chauds, dormait profondément.La pièce dans laquelle ils se trouvaient était peinte dans des tons rosés. Une fenêtre donnait sur le jardin et laissait entrer les rayons du soleil de midi, heure à laquelle le monarque parvenait à mettre en pause ses obligations et rejoignait en douce sa reine. Les seuls meubles présents étaient une table à langer, une armoire en bois incrustée d'or qui contenait les vêtements du bébé, et quelques jouets traînant sur la moquette.Le roi repoussa les beaux cheveux blond de sa femme d'un côté, plongea la tête dans son cou, et huma son délicieux parfum de violette qui le rendait fou de désir.- Merci pour ce beau cadeau, ma reine, tu ne sais pas à quel point tu me comble, avoua-t-il en posant un tendre baiser sur sa joue.- Je t'aime tant mon Arrow.Elle se retourna et souda amoureusement ses lèvres à

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