Nathan
Je la vois entrer. Toujours ce pas hésitant, ce visage tendu, ces yeux qui évitent les miens. Léa. Mon dernier lien au monde, celle que je déteste autant que je supplie de rester.
Elle s’installe. Me parle de comptes, de contrats, d’Adrien. Je n’écoute plus. Je fixe sa bouche qui se tord sur chaque mot, son front qui se plisse sous l’effort de me convaincre que la vie continue.
Quelle blague.
Je la coupe net.
« T’es vraiment pathétique, Léa. À croire que t’aimes ça, venir te faire cracher à la gueule. »
Elle sursaute. Puis elle relève la tête.
---
Léa
Je le regarde. Et pour la première fois, je ne ressens plus de pitié. Juste de la rage.
« T’as raison. Je suis pathétique. Pathétique d’avoir cru qu’il restait encore quelque chose d’humain en toi. »
Ma voix tremble. Je serre les poings. Mes ongles s’enfoncent dans ma paume. « Je me lève chaque matin en espérant que tu bougeras. Que tu relèveras la tête. Mais non. Tu préfères te complaire dans ta merde. »
Il me fixe, les mâchoires serrées.
« Dégage. »
Je ris, un rire amer. « Tu veux que je parte ? Très bien. Mais sache un truc, Nathan… La prochaine fois que je franchis cette porte, ce sera pour te dire adieu. Définitif. »
---
Nathan
Elle me défie du regard. Et merde, elle est belle quand elle est en colère.
« Vas-y. Barre-toi. Ça changera quoi ? Sophia l’a fait. T’es qu’un nom de plus sur la liste. »
Je vois ses yeux se remplir de larmes. Elle détourne la tête. Mais elle ne part pas. Pas encore.
---
Léa
Il est cruel. Viscéralement cruel.
Je me lève. « Tu sais ce qui me tue, Nathan ? Tu n'es même plus un homme. Tu es un môme qui pleure parce qu’on lui a volé son jouet. »
Il ricane. « Tu as fini ton sermon ? »
Je le fixe, froidement.
« Tu n’as même pas idée de ce que ça me coûte de venir ici. De te voir t’enfoncer, jour après jour. Mais ça s’arrête là. »
Il ne répond pas. Il me regarde juste, avec cette lueur de vide au fond des yeux.
---
Nathan
Elle s’approche. Trop près.
« Tu veux que je ressente quoi, hein ? De la gratitude ? De l’amour ? » Je crache presque les mots. « Désolé, Léa. Tout ça, c’est mort. Comme mes jambes. Comme tout le reste. »
Elle ferme les yeux. Inspire profondément.
Et là, elle lâche.
« Tu crois que tu es le seul à souffrir ? Tu crois que t’as l’exclusivité du malheur, Nathan ? Mais regarde-moi, putain ! Moi aussi je crève à petit feu. À force de t’aimer en silence. »
Le mot tombe. Brutal. Aimer.
Je reste figé. Une minute. Une éternité.
---
Léa
Je viens de me trahir. Et je m’en fous.
« Oui, je t’aime, Nathan. Depuis des années. Mais tu es incapable de voir ce qu’il te reste. Tu préfères regarder ce que t’as perdu. »
Je recule. « C’est fini. T’entends ? J’en peux plus. »
Il ne dit rien.
Je sors.
Cette fois, je sais que je ne reviendrai pas.
---
Nathan
La porte claque.
Le silence m’explose à la gueule.
Elle m’aime. Et elle est partie.
Je fixe le vide devant moi. Et pour la première fois, je ressens autre chose que de la haine.
Je ressens le manque.
Le vrai.
Très bien. Voici le Chapitre 7, toujours en alternance entre Nathan et Léa, plus long, plus profond, plus dur. Ils s’effondrent, chacun de leur côté.
Nathan
La nuit tombe. Je ne sais plus depuis combien de temps je suis là, figé dans mon fauteuil. À fixer cette porte qu’elle a claquée en partant.
Elle m’aime. Elle l’a dit. Comme une bombe qu’elle a balancée avant de s’enfuir. Et moi ? Je l’ai laissée partir. Comme un lâche. Comme toujours.
Je tends la main vers la bouteille de whisky. Le verre glisse, se brise sur le sol. Rien à foutre. Ça change quoi ? J’ai perdu Sophia. Maintenant Léa. La seule conne qui restait encore à mes côtés.
Je ferme les yeux. Sa voix résonne encore dans ma tête. “Moi aussi je crève à petit feu. À force de t’aimer en silence.”
Putain. Pourquoi t’as dit ça, Léa ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi quand je suis déjà mort ?
Léa
Je marche dans la rue. Le froid me mord la peau, mais je continue. Fuir. Encore et encore. M’éloigner de lui. M’éloigner de cet appartement où j’ai laissé mon cœur.
J’ai craqué. Je lui ai dit. Trois mots que j’ai ravalés pendant des années. Je t’aime. Et il m’a regardée… Comme s’il n’entendait rien. Comme si c’était trop tard.
Les larmes roulent. J’ai mal. Physiquement mal. Comme si mon cœur éclatait dans ma poitrine.
Je me déteste de l’aimer encore. Je me déteste d’avoir espéré qu’il me retienne.
Je l’ai laissé seul. Je sais ce que ça veut dire. Il va sombrer. Et moi avec.
---
Nathan
La nuit est longue. Trop longue.
Je revois Sophia. Son visage figé quand elle a compris que je ne marcherai plus. “Je ne peux pas, Nathan. Je t’aime mais… pas comme ça.”
Et elle est partie.
Et maintenant Léa.
J’ai toujours été cet homme fort, ce connard arrogant qui ne laissait personne l’atteindre. Et regarde-moi. Une épave dans un fauteuil. Incapable de prononcer un mot qui aurait pu la retenir.
Je la voulais là. Mais j’ai choisi la haine. Parce que c’est plus simple que d’avouer que j’ai besoin d’elle.
Je suis seul. Définitivement seul.
---
Léa
Je rentre chez moi. L’appartement est vide. Trop vide.
Je m’écroule sur le sol. Je suffoque. Et je pleure. Pour lui. Pour moi. Pour tout ce qu’on a jamais eu.
J’aurais voulu qu’il dise quelque chose. Qu’il m’attrape, qu’il me supplie de rester. Mais non. Nathan Levasseur préfère tout perdre plutôt que de baisser la garde.
Je l’aime. Je l’aimerai toujours.
Mais je ne peux plus me brûler à ce feu.
Je ferme les yeux. Demain, je démissionne.
---
Nathan
Le jour se lève. Et elle n’est pas là.
Je le sens. C’est fini.
Elle ne reviendra pas.
Et moi… Je vais devoir apprendre à vivre avec ce vide.
Ou crever.
LéaJe suis devant l’immeuble. La gorge serrée, le cœur en vrac. Aujourd’hui, c’est la fin. Je le sens. Il ne le sait pas encore, mais je vais partir. Pour de bon.Je monte. Chaque pas me coûte. Chaque étage me rappelle ce qu’on a été… ce qu’on n’a jamais su être.La secrétaire me sourit, gênée. Tout le monde sait. Ils entendent ses cris, ses colères. Ils voient mes larmes que je cache derrière un sourire de façade. Mais aujourd’hui, je ne joue plus.Je frappe. Pas de réponse.J’entre.---NathanJe la vois. Elle. Léa. Une dernière fois.Elle est debout, droite, forte. Moi, affalé dans ce putain de fauteuil qui est devenu ma prison.« C’est quoi ? T’es venue t’excuser ? » je crache, le ton sec, cynique. Je sens déjà que cette conversation va me détruire.Elle ne répond pas. Elle me tend une enveloppe. Blanche. Froide. Mortelle.« Ma démission. »Les mots claquent dans l’air. Plus violents que n’importe quelle gifle.---LéaIl pâlit. Enfin, je crois. Il détourne les yeux. Fuit. Pour l
NathanLe bruit sec des talons résonne contre le sol de marbre. Je lève les yeux de mon écran. Sophia. Toujours impeccable, tirée à quatre épingles dans son tailleur beige, le regard déterminé de celle qui sait déjà ce qu’elle veut obtenir. Et elle l’obtiendra, comme toujours.Je me cale contre le dossier de mon fauteuil en cuir, mon royaume, mon empire, cette tour de verre qui domine la ville. Ici, tout m’appartient. Les décisions. Le temps. Les gens.Je suis Nathan Levasseur, et rien ni personne ne me résiste.« Tu rentres tôt ce soir ? » demande-t-elle, faussement légère.Je fronce les sourcils. Tôt n’existe pas dans mon vocabulaire.« J’ai un dîner d’affaires. »« Tu avais promis… » souffle-t-elle.La promesse. Ce mot qui se brise dès qu’il sort de sa bouche. Je n’ai jamais eu le temps pour ça. Pas maintenant. Pas avec tout ce que je construis.« Ce contrat est essentiel, Sophia. »Elle se raidit. « Je sais. Tout est toujours essentiel, sauf moi. »Je n’ai pas le temps de m’attard
NathanJe n’aime pas perdre le contrôle. Et ce soir, je sens que tout m’échappe.Sophia m’attend dans le salon. Belle, glaciale. Ses bras croisés sur sa poitrine disent tout ce qu’elle ne hurle pas.« Tu rentres encore à pas d’heure, Nathan. »Je retire ma veste sans répondre. À quoi bon ? Je connais la scène par cœur. La même rengaine depuis des semaines. Le mariage, le travail, ses doutes.Elle se lève. « Tu veux vraiment te marier ? Parce que moi, j’en sais plus rien. »Je la fixe, un sourire froid aux lèvres. « T’as fini ? Ou tu veux que je prenne des notes ? »Elle tremble. De colère ou de tristesse, je m’en fous. Je la dépasse, prends mes clés. Ce soir, je refuse d’écouter.« Où tu vas ? »« Respirer. Loin de toi. »La porte claque. Elle reste seule. Moi, je fonce droit dans la nuit.---La pluie s’abat sur la ville. Le genre d’averse qui transforme les rues en pièges.Je roule trop vite. Le moteur hurle, comme mon cœur. Tout m’échappe. Sophia. Ce putain de mariage. Ma vie parfa
NathanLa nuit, je reste éveillé. Je repense à Sophia. À sa robe de mariée qui ne servira jamais. À ses larmes. À sa fuite.Elle m’a abandonné.Et je la déteste autant que je l’aime encore.---Je repense à ma vie d’avant. Le pouvoir. La réussite. Cette impression d’être intouchable.Je suis devenu un fantôme.Un roi sans royaume.Un matin, Léa arrive. Elle s’assied, le visage fermé.« Monsieur Levasseur… Ils veulent vous transférer en centre de rééducation. Vous devez signer. »Je ne la regarde même pas. « Et si je refuse ? »« Alors ils vous gardent ici, comme un légume. »Je souris. « Parfait. »Elle explose. Enfin.« Putain, Nathan ! Tu crois que tu peux continuer comme ça combien de temps ? Tu crois que Sophia va revenir si tu crèves à petit feu ? Tu veux quoi, hein ? Mourir ici, seul ? »Le silence tombe. Froid. Glacial.Je claque d’une voix sourde : « Dégage, Léa. »Elle reste là, les yeux pleins de larmes, avant de sortir. Pour la première fois, elle claque la porte.Et moi, j
LéaJe suis devant l’immeuble. La gorge serrée, le cœur en vrac. Aujourd’hui, c’est la fin. Je le sens. Il ne le sait pas encore, mais je vais partir. Pour de bon.Je monte. Chaque pas me coûte. Chaque étage me rappelle ce qu’on a été… ce qu’on n’a jamais su être.La secrétaire me sourit, gênée. Tout le monde sait. Ils entendent ses cris, ses colères. Ils voient mes larmes que je cache derrière un sourire de façade. Mais aujourd’hui, je ne joue plus.Je frappe. Pas de réponse.J’entre.---NathanJe la vois. Elle. Léa. Une dernière fois.Elle est debout, droite, forte. Moi, affalé dans ce putain de fauteuil qui est devenu ma prison.« C’est quoi ? T’es venue t’excuser ? » je crache, le ton sec, cynique. Je sens déjà que cette conversation va me détruire.Elle ne répond pas. Elle me tend une enveloppe. Blanche. Froide. Mortelle.« Ma démission. »Les mots claquent dans l’air. Plus violents que n’importe quelle gifle.---LéaIl pâlit. Enfin, je crois. Il détourne les yeux. Fuit. Pour l
NathanJe la vois entrer. Toujours ce pas hésitant, ce visage tendu, ces yeux qui évitent les miens. Léa. Mon dernier lien au monde, celle que je déteste autant que je supplie de rester.Elle s’installe. Me parle de comptes, de contrats, d’Adrien. Je n’écoute plus. Je fixe sa bouche qui se tord sur chaque mot, son front qui se plisse sous l’effort de me convaincre que la vie continue.Quelle blague.Je la coupe net.« T’es vraiment pathétique, Léa. À croire que t’aimes ça, venir te faire cracher à la gueule. »Elle sursaute. Puis elle relève la tête.---LéaJe le regarde. Et pour la première fois, je ne ressens plus de pitié. Juste de la rage.« T’as raison. Je suis pathétique. Pathétique d’avoir cru qu’il restait encore quelque chose d’humain en toi. »Ma voix tremble. Je serre les poings. Mes ongles s’enfoncent dans ma paume. « Je me lève chaque matin en espérant que tu bougeras. Que tu relèveras la tête. Mais non. Tu préfères te complaire dans ta merde. »Il me fixe, les mâchoires
NathanLa nuit, je reste éveillé. Je repense à Sophia. À sa robe de mariée qui ne servira jamais. À ses larmes. À sa fuite.Elle m’a abandonné.Et je la déteste autant que je l’aime encore.---Je repense à ma vie d’avant. Le pouvoir. La réussite. Cette impression d’être intouchable.Je suis devenu un fantôme.Un roi sans royaume.Un matin, Léa arrive. Elle s’assied, le visage fermé.« Monsieur Levasseur… Ils veulent vous transférer en centre de rééducation. Vous devez signer. »Je ne la regarde même pas. « Et si je refuse ? »« Alors ils vous gardent ici, comme un légume. »Je souris. « Parfait. »Elle explose. Enfin.« Putain, Nathan ! Tu crois que tu peux continuer comme ça combien de temps ? Tu crois que Sophia va revenir si tu crèves à petit feu ? Tu veux quoi, hein ? Mourir ici, seul ? »Le silence tombe. Froid. Glacial.Je claque d’une voix sourde : « Dégage, Léa. »Elle reste là, les yeux pleins de larmes, avant de sortir. Pour la première fois, elle claque la porte.Et moi, j
NathanJe n’aime pas perdre le contrôle. Et ce soir, je sens que tout m’échappe.Sophia m’attend dans le salon. Belle, glaciale. Ses bras croisés sur sa poitrine disent tout ce qu’elle ne hurle pas.« Tu rentres encore à pas d’heure, Nathan. »Je retire ma veste sans répondre. À quoi bon ? Je connais la scène par cœur. La même rengaine depuis des semaines. Le mariage, le travail, ses doutes.Elle se lève. « Tu veux vraiment te marier ? Parce que moi, j’en sais plus rien. »Je la fixe, un sourire froid aux lèvres. « T’as fini ? Ou tu veux que je prenne des notes ? »Elle tremble. De colère ou de tristesse, je m’en fous. Je la dépasse, prends mes clés. Ce soir, je refuse d’écouter.« Où tu vas ? »« Respirer. Loin de toi. »La porte claque. Elle reste seule. Moi, je fonce droit dans la nuit.---La pluie s’abat sur la ville. Le genre d’averse qui transforme les rues en pièges.Je roule trop vite. Le moteur hurle, comme mon cœur. Tout m’échappe. Sophia. Ce putain de mariage. Ma vie parfa
NathanLe bruit sec des talons résonne contre le sol de marbre. Je lève les yeux de mon écran. Sophia. Toujours impeccable, tirée à quatre épingles dans son tailleur beige, le regard déterminé de celle qui sait déjà ce qu’elle veut obtenir. Et elle l’obtiendra, comme toujours.Je me cale contre le dossier de mon fauteuil en cuir, mon royaume, mon empire, cette tour de verre qui domine la ville. Ici, tout m’appartient. Les décisions. Le temps. Les gens.Je suis Nathan Levasseur, et rien ni personne ne me résiste.« Tu rentres tôt ce soir ? » demande-t-elle, faussement légère.Je fronce les sourcils. Tôt n’existe pas dans mon vocabulaire.« J’ai un dîner d’affaires. »« Tu avais promis… » souffle-t-elle.La promesse. Ce mot qui se brise dès qu’il sort de sa bouche. Je n’ai jamais eu le temps pour ça. Pas maintenant. Pas avec tout ce que je construis.« Ce contrat est essentiel, Sophia. »Elle se raidit. « Je sais. Tout est toujours essentiel, sauf moi. »Je n’ai pas le temps de m’attard