AnnaL'odeur du vent, cette brise légère qui pénètre mes poumons, me semble différente. Chaque particule d’air autour de moi vibre d’une manière nouvelle, comme si la réalité elle-même était en train de se reconfigurer. C’est subtil, presque imperceptible, mais indéniablement présent. Ce monde que je croyais connaître semble soudainement plus vaste, plus dense, plus vivant. Et moi, je suis à l'intérieur de tout cela, à l’épicentre de ce changement, mais je ne sais pas encore quelle forme il prendra.Je suis encore sous l’emprise de ce pouvoir, cette lumière qui est désormais une extension de moi-même. Elle est partout. Elle est dans mes veines, dans mon esprit, dans chaque fibre de mon être. Je la ressens dans mon souffle, dans mes battements de cœur. Elle ne me brûle plus, elle ne me consume plus. Au contraire, elle me nourrit. Elle me transforme.Léo ne dit rien, mais je sais qu’il m’observe avec une attention particulière. J’imagine qu’il craint ce que je pourrais faire. Lui aussi
AnnaLe vent, toujours présent, semble danser autour de moi, comme s'il voulait me guider, m’encourager à avancer. Mais en moi, c’est une autre force qui prend les devants. Cette lumière, cette énergie qui m’habite, elle se fait plus pressante, plus insistante, comme si elle avait un message à me transmettre, un secret à révéler.Léo marche à mes côtés, mais il garde une certaine distance. Je sens son regard posé sur moi, attentif, toujours cette même inquiétude qu’il ne cache plus tout à fait. Mais il y a aussi quelque chose d’autre, quelque chose que je n’arrive pas à identifier. Peut-être de l’espoir. Ou peut-être qu’il essaie de comprendre ce que je suis devenue.Il finit par briser le silence : - Anna, dit-il doucement, mais avec fermeté, je sais que tu veux aller de l’avant, mais il y a des choses que tu dois savoir avant. Des choses que tu n’as pas encore comprises.Je le regarde, intriguée, mais je n’interromps pas. Il a quelque chose à dire, et je dois l’entendre. Léo a touj
AnnaJe suis prise de vertige, mais une partie de moi sait qu’il a raison. Cette lumière, cette force que je porte, elle m’a déjà transformée. Et maintenant, je dois faire face à ce qu’elle implique.Je me sens soudainement plus seule que jamais, mais quelque chose dans mon cœur me dit que je n’ai pas le choix. La vérité est là, devant moi, et je dois l’accepter.Léo, que dois-je faire ? Mon cœur bat la chamade, mais mes mots sont fermes. Que dois-je sacrifier pour restaurer cet équilibre ?Il hésite, puis souffle doucement, comme s’il savait que ce moment était inévitable. Ce que tu sacrifies, Anna, c’est peut-être ce que tu es devenue. Il te faudra choisir entre garder ce pouvoir et t’en libérer. Mais fais attention, parce que l’une des deux options te détruira.Je regarde la brume qui s’élève autour de nous, sentant la pesée de ses paroles. La lumière qui brille en moi ne fait qu’intensifier, et je sais qu’à un moment donné, je devrai faire ce choix. Ce choix qui me hante déjà, ava
AnnaLe vent souffle plus fort, comme une invitation, une caresse qui me pousse à faire le pas suivant. Mais au fond de moi, un doute s’installe. La décision que je m'apprête à prendre ne dépend pas seulement de la force, de la volonté, mais de quelque chose de beaucoup plus intime. Ce n’est pas juste mon âme qui est en jeu, c’est mon cœur. Et ce dernier semble hésiter, comme une flamme vacillante, prise entre deux mondes.Léo, toujours à mes côtés, ne dit rien. Il attend. Il a compris, sans doute mieux que quiconque, que c’est moi seule qui peux choisir. Mais cela ne rend pas le poids de la décision moins lourd.Je suis face à ce que j’ai toujours voulu comprendre : la véritable nature de ce pouvoir. Ce n’était pas qu’une lumière aveuglante, un simple éclat. C’était l’essence même de ce qui me lie à ce monde, à cette réalité qui s'étend au-delà de ce que mes yeux peuvent voir. Une force primordiale, sacrée, mais aussi destructrice. Cette lumière, c’est moi et je suis elle. Je ne peux
AnnaLéo ferme les yeux un instant, comme s’il cherchait à accepter mes mots. Puis, il soupire, un soupir qui semble évacuer toutes ses peurs, tous ses doutes.Alors… Il murmure enfin, d’une voix résolue. Alors, allons-y. Nous n’avons pas de temps à perdre.Je lui adresse un dernier sourire, avant de me tourner vers l’horizon. La lumière qui m’entoure semble plus forte à cet instant, plus palpable, comme une force invisible prête à me guider. Mais à cet instant précis, je comprends qu’il ne s’agit pas seulement de cette lumière. Il s’agit de ce que je vais en faire.Oui, allons-y, murmuré-je. Il est temps de découvrir ce que cela signifie vraiment.Nous avançons tous deux en silence, nos pas résonnant sur le sol, marquant le début d’un voyage qui ne se résume pas seulement à l’affrontement des ténèbres, mais à l’acceptation de notre héritage, aussi lourd soit-il. L’avenir est incertain, mais ce pouvoir, cette lumière… elles sont en moi, et elles me guideront.Et je sais, au fond de mo
AnnaLéo me regarde longuement, hésitant, mais il finit par me suivre. Nous avançons dans la maison, vers la pièce la plus reculée, là où la lumière n’atteint presque jamais. Un endroit où le temps semble s’être arrêté.Et c’est là, dans l’obscurité de cette pièce oubliée, que je vais enfin découvrir la vérité.La pièce est plus sombre que je ne l’avais imaginé. Chaque recoin semble avaler la lumière, et l’air est plus lourd ici, comme si quelque chose de sinistre s’y était ancré depuis bien trop longtemps. Je fais un pas en avant, mon cœur battant plus vite à chaque mouvement. Léo reste à mes côtés, silencieux, mais je sens son regard peser sur moi, son inquiétude palpable.C’est ici que tout a commencé, murmuré-je, sans vraiment m’adresser à lui. C’est ici que je suis née, d’une certaine manière.Léo ne répond pas immédiatement, se contentant de m’observer. Il sait que ce moment est crucial, et il attend, respectant mon silence. Mais je ne peux plus rester silencieuse. Je dois compr
AnnaLa lumière du matin pénètre lentement dans la pièce, balayant les ombres qui s’y sont installées durant la nuit. Le silence est lourd, presque oppressant. Mais à l'intérieur de moi, quelque chose a changé. Une certitude s’est installée, une vérité que je ne peux plus ignorer. Je suis prête à affronter ce passé, à découvrir tout ce qui a été caché sous des couches de mystère et de silence.Léo est à mes côtés, toujours aussi présent, mais je sais qu’il attend. Il comprend la profondeur de ce que je ressens, de ce que je suis en train de découvrir. Mais il ne peut pas tout comprendre. Il ne connaît pas le poids de ce que je porte en moi.Tu es prête ? demande-t-il, sa voix douce mais emplie d’une certaine inquiétude.Je me tourne vers lui, un léger sourire au coin des lèvres.Je n’ai pas vraiment le choix, dis-je, ma voix assurée malgré l’incertitude qui fait écho dans mes entrailles. Il est temps. Le temps de comprendre ce qu’elle voulait. De savoir pourquoi elle m’a laissée avec
AnnaQue veux-tu savoir, Anna ? Sa voix est calme, mais il y a une intensité cachée derrière chaque syllabe. Je ne peux pas tout te dire d’un coup. Mais si tu veux connaître la vérité, tu dois être prête à accepter tout ce qui vient avec.Je n’ai pas de réponse immédiate. La vérité… Que puis-je en savoir ? Que puis-je en accepter ? Pendant si longtemps, j’ai vécu dans l’ignorance, dans le flou. Mais aujourd’hui, ce flou se dissipe, et avec lui, une terreur froide s’installe dans mes entrailles. Ce que ma mère cache, ce n’est pas quelque chose que l’on veut découvrir.Je respire profondément. L’air dans cette salle semble plus lourd, plus épais, comme si chaque mot qu’elle allait prononcer alourdissait l’atmosphère.Je suis prête, finis-je par dire, ma voix presque rauque. Dites-moi tout.Elle hoche lentement la tête, un geste qui semble approuver mes paroles, mais il y a toujours cette distance entre nous. Elle semble plus distante encore maintenant qu’elle va enfin commencer à parler
AnnaLa pluie tombe doucement sur le monde. Chaque goutte semble porter une part de ce que j’ai vécu, de ce que j’ai dû traverser. Elle effleure la terre, se pose sur les feuilles des arbres, et je la sens, ici, contre ma peau, comme un dernier souvenir de tout ce qui a été. Le vent, lui, murmure des promesses brisées, des mots d’adieu non dits, mais je les accueille. Car c’est tout ce qui reste à la fin : l’écho de ce qui a été, la résonance de ce que l’on a traversé ensemble.Il est là, à mes côtés. Léo. Angel. Les deux hommes qui m’ont redéfinie. L’un par sa douceur, l’autre par sa passion. L’un par son regard de feu, l’autre par ses bras solides, prêts à me soutenir quoi qu’il arrive. Leur présence me fait me sentir complète, comme si le vide en moi, celui que j’ai toujours cherché à combler, était enfin comblé. Parce que, je le sais, ce n’est pas une question de tout avoir, mais de savoir choisir ce que l’on garde."Tu es prête ?" La voix de Léo brise le silence, doux et clair co
AnnaLe silence, enfin.Pas celui qui oppresse, pas celui qui serre la gorge et fait trembler les mains.Non.Celui qui enveloppe, celui qui rassure, celui qui crée un espace entre les battements du cœur et les soubresauts du monde extérieur.Je suis allongée entre eux, dans cette étrange sérénité où le temps semble suspendu, comme si le monde ne pouvait exister au-delà de la chaleur de leurs corps.La lumière du matin filtre à travers la toile fine qui nous abrite, tremblante, timide. Elle s’invite, comme un rayon secret, et danse sur nos peaux. Elle trouve ses chemins dans les creux, sur les courbes, sur les lignes de vie et de combat.Léo est encore plongé dans un sommeil profond, son visage détendu, marqué par les traces des heures passées à lutter contre tout ce qui nous sépare. Ses mains reposent sur mon ventre, doucement, comme un ancrage. Comme un souffle.Il n’a pas bougé. Pas encore.Angel, lui, se tient un peu à l’écart. Il ne dort pas. Ses yeux sont ouverts, mais il ne me
AnnaIls dorment.Ou ils essaient.Moi, je reste au bord.Assise contre la pierre froide.À distance de leurs souffles.Je ne veux pas les réveiller.Parce que cette nuit… ce n’est pas d’eux que j’ai peur.C’est de moi.Je tremble.Pas de froid. De cette tension que je retiens depuis trop longtemps. Ce cri qui n’est jamais sorti. Cette rage, ce chagrin, cette solitude que j’ai recouverte de silence.Alors je me lève.Je marche dans l’obscurité. Pieds nus.Le vent accroche ma peau. Mais c’est bon.Ça me rappelle que je suis encore là.Je m’éloigne. Un peu.Mais pas assez.Car il me suit.Eliel.Toujours lui.Je m’arrête. Il ne dit rien. Je ne dis rien.Puis je craque.« Tu crois que c’est facile ? » ma voix explose sans prévenir.Elle tremble. Elle se brise.Il ne répond pas.Alors je continue. Parce que si je m’arrête, je m’effondre.« Tu crois que j’ai choisi ça ? Que j’ai choisi de porter un pouvoir qui me consume ? Que j’ai demandé à aimer des gens que je vais sûrement tuer sans le
LéoJe la cherche du regard.Même à travers le chaos, même dans ce monde qui s’effondre, je saurais reconnaître sa silhouette.Même brisée. Même changée.Surtout changée.Parce que ce n’est plus la même Anna.Et pourtant, elle est toujours là.Je l’ai vue s’effondrer. Je l’ai vue se relever.Et quand j’ai cru qu’elle ne reviendrait jamais, qu’elle s’était trop éloignée de nous, j’ai compris : c’est à moi de faire le chemin.Alors j’avance.Angel est à mes côtés.Silencieux, comme toujours.On ne se parle pas.Mais on sait pourquoi on est là.AngelJe n’ai jamais cessé de l’aimer.Même quand elle s’est éloignée. Même quand elle a choisi d’être autre chose.Même quand elle m’a oublié, un peu.Ce n’était pas une décision. C’était une évidence. Une fatalité.Elle vit dans chaque battement de mon cœur, même quand il se fend.Et Léo le sait. Je le vois à sa mâchoire serrée, à ses doigts crispés sur son arme.On est deux à aimer la même fille.Mais on n’est pas ennemis.On est les deux phare
ElielSa main dans la mienne. Elle tremble.Et pourtant, c’est elle qui m’a tendu la sienne.Elle, l’éclat brisé.Elle, la fille que le monde regarde comme un danger.Elle, l’ultime espoir.Je la sens prête à fuir, à se retirer au moindre signe. Mais elle reste.Alors je serre doucement ses doigts, comme on attrape une flamme. Sans vouloir l’éteindre.AnnaJe l’ai choisi.Pas comme on choisit un sauveur. Pas comme on choisit un soldat.Je l’ai choisi comme on choisit une vérité : en sachant qu’elle fera mal.Il me regarde. Je ne détourne pas les yeux.« Il faut entrer dans le cercle, Anna. » dit-il.Je hoche la tête.On y entre. Ensemble.Le sol est marqué de symboles anciens. Le vent se lève. Quelque chose s’éveille sous la terre. Quelque chose de très vieux. Très pur. Ou très terrible.Je sens mes os vibrer.Eliel« Le feu va te tester. » je dis.Elle ne bouge pas.« Tu peux encore faire demi-tour. »« Non. »Sa voix est claire. Inflexible.Alors je recule.Elle s’avance.Et la lumi
AnnaMais ce n’est pas le Eliel que j’ai connu. Pas celui qui avait encore l’espoir au bord des lèvres. Son visage est plus dur. Son regard, plus sombre. Il a vu des choses. Et il porte quelque chose en lui. Une douleur vivante.« Pourquoi es-tu là ? » ma voix tremble malgré moi.Il s’approche d’un pas, puis s’arrête.« Parce que le monde va se fendre, Anna. Et que toi seule peux empêcher qu’il s’effondre. »Je déglutis. Chaque mot est une lame.« Tu savais, n’est-ce pas ? Tu savais ce que j’étais. »Il ferme les yeux. Puis, d’une voix basse :« Je savais que tu étais plus que ce qu’on t’avait dit. Mais je ne savais pas que tu étais… l’éclat brisé. »« L’éclat brisé ? »Il me regarde avec une intensité glaciale.« Celle qui a le pouvoir de refaire le monde… ou de le détruire entièrement. »Le silence tombe, plus lourd que jamais.Je sens mon cœur battre dans mes tempes.« Et toi ? Tu viens m’aider ? Ou m’arrêter ? »Un silence. Long. Tranchant.Puis il murmure :« Je ne sais pas encor
AnnaUn cercle de pierres se dessinait dans la clairière, parfaitement symétrique. Au centre, une colonne de lumière bleutée s’élevait du sol, sans source apparente. L’air y vibrait, distordu, chargé d’une magie ancienne et inaltérable. C’était comme si le monde retenait son souffle.Je sentis mes jambes trembler, mais je restai droite. Pas cette fois. Je voulais savoir. Je voulais tout affronter.« Qu’est-ce que c’est ? » soufflai-je, hypnotisée.« Le seuil. » La voix de ma mère était douce mais ferme. « Le lien entre ce qui a été et ce qui peut être. C’est ici que les gardiens veillent. C’est ici que tu sauras. »« Les gardiens ? »Elle me regarda, et pour la première fois, j’y lus de la peur.« Ils ont connu la vérité avant nous. Ils ont vu les erreurs, les sacrifices, les serments trahis. Et maintenant… ils attendent ton choix. »Je reculai d’un pas.« Mon choix ? »« Tu es celle qui brise le cycle, Anna. Mais tu es aussi celle qui peut en créer un nouveau. »Un grondement sourd m
AnnaLe sol sous mes pieds vibre à chaque pas. Une pulsation sourde, presque imperceptible, comme si la terre elle-même réagissait à notre passage. Ma main ne quitte pas celle de ma mère. Je sens sa chaleur, sa force, son énergie fluide, ancrée en moi comme une certitude. Nous avançons en silence, mais nos pensées sont bruyantes.Je sens le poids du monde s'alléger. Non pas parce que le danger a disparu, mais parce que, pour la première fois, j'avance sans fuir. J'avance pour comprendre. Pour choisir. Pour affronter.La forêt s'efface lentement, remplacée par des clairières où la lumière lunaire coule comme du lait sur les feuilles argentées. Puis un sentier, une ouverture dans l’obscurité, bordée de pierres anciennes, couvertes de mousse. L’air change. Il devient plus dense, chargé de souvenirs que je ne reconnais pas mais que mon corps semble connaître. Mon sang palpite d’une mémoire plus vieille que moi.« Nous y sommes presque », souffle ma mère, la voix tremblante d’un pressentim
AnnaEt au fond de moi, je savais que même si les ombres du passé ne disparaîtraient jamais complètement, j'étais prête à affronter quoi que ce soit. Avec ma mère à mes côtés, nous pourrions braver toutes les tempêtes à venir. L'héritage de nos ancêtres continuait de vivre à travers nous, et ensemble, nous étions invincibles.Mais quelles autres ombres se cachaient encore dans les recoins de notre avenir ?Alors que le silence s'étendait autour de nous, je me relevai lentement, encore tremblante d'émotions. La forêt, autrefois assombrie par l'angoisse et le danger, semblait maintenant vibrant d'une nouvelle énergie. Le souffle du vent caressait ma peau, porteur d'un ressenti de renouveau. Mais les luttes passées assombrissaient toujours mes pensées. Que se passerait-il maintenant ? Ma mère se tenait à mes côtés, une aura de sérénité émanant de sa présence. Je pouvais lire dans ses yeux qu'elle ressentait la douleur et la fatigue que je portais dans mon cœur. Mais elle avait aussi une