Après quelques minutes de trajet, Émilie gara sa voiture sur le bord d’un chemin de terre. Elle avait préalablement repéré une boucle d’environ six kilomètres sur son application de randonnée, suivant les sentiers forestiers et les chemins de débardage qui serpentaient à travers la forêt. Pour cette première sortie, il lui semblait préférable de ne pas s’aventurer dans les bois à l’aveuglette. L’air frais lui fouetta le visage, emportant avec lui les dernières traces de fatigue oculaire, après trop de temps passé à lire sur son écran. Elle ferma les yeux un instant, inspirant profondément l’odeur des sapins et de la terre humide.
En s’avançant sur le sentier, elle sortit son appareil photo : son poids familier avait quelque chose de rassurant. Les rayons du soleil se faufilaient à travers les branches, créant des motifs dansants sur le sol. Émilie se mit à photographier les détails : une feuille délicatement veinée, une toile d’araignée scintillante d’humidité, un champignon aux couleurs vives pris dans la mousse...
Le sentier s'enfonçait dans la forêt, les immenses sapins filtraient la lumière du soleil, créant une atmosphère légèrement oppressante. Les paroles d’Alaric Voss, l’homme au regard hanté qui lui avait parlé de sa sœur disparue, lui revinrent en mémoire. « Ces loups… Ils ne sont pas comme les autres, Mademoiselle Rochefort. » Émilie secoua la tête pour chasser ces pensées. Elle était là pour observer et photographier des indices de la présence du loup, pas pour se laisser emporter par des chimères.
Soudain, un craquement de branches attira son attention. Émilie se figea, son cœur battant plus vite. Elle leva l’appareil photo, prête à immortaliser l'instant. Un mouvement furtif dans les buissons attira son regard. Elle s’approcha lentement, mesurant chaque pas pour éviter le moindre bruit, retenant son souffle. Elle aperçut une silhouette, une forme sombre qui se faufilait entre les sapins. Une pensée lui traversa l’esprit : et si c’était un sanglier ! Elle croisa les doigts pour qu'il ne s'agisse pas d'une mère soucieuse de protéger sa progéniture... Elle s'immobilisa pour ne pas effrayer l'animal, attendant patiemment qu'il se dirige dans sa direction, ou qu'il se montre suffisamment pour saisir un beau cliché. Alors, dans un moment de pure magie, il émergea lentement de l’ombre, avec une grâce tranquille, sans la moindre trace de méfiance ou d’inquiétude.
C’était un loup. Majestueux et magnifique, il se tenait là, à quelques mètres d’elle, observant Émilie de ses yeux mordorés, comme s'il pouvait lire à travers son âme. Sa fourrure noire aux reflets argentés ondulait dans l'air frais du sous-bois. Le temps sembla s’arrêter. Fascinée par cette rencontre inespérée, Émilie mit quelques instants à appuyer sur le déclencheur de son appareil photo. Comme s’il avait perçu son intention, le loup tourna la tête et, d’un bond élégant, disparut dans les profondeurs obscures de la forêt.
Émilie resta immobile, son cœur battant la chamade. Les paroles d’Alaric Voss tournoyaient dans sa tête malgré elle : « Je peux vous assurer que ces loups n’ont pas un comportement naturel. »avait-il dit. « On dirait qu’ils observent les gens, qu’ils surveillent la forêt. » Elle resta figée sur place plusieurs minutes, tâchant d’analyser ce qu’elle venait de vivre. D’une main tremblante, elle pianota sur l’écran tactile de son appareil pour afficher la dernière photo qu’elle avait prise. La magie de cet instant inoubliable s’afficha sous ses yeux à l’écran. Ça s’était probablement joué à moins d’une seconde, mais il était bien là, le grand loup noir avec son regard intense braqué droit sur l’objectif, comme s’il posait pour elle dans la lumière tamisée de la forêt. Elle n’avait pas eu le temps de faire le moindre réglage, mais elle pouvait dire merci à l’excellente qualité d’image et à la mise au point automatique, rapide et précise, de son équipement professionnel. Il avait fait le travail pour elle, saisissant toute la magie de l’instant, au point qu’elle en avait des frissons.
Elle décida de poursuivre son exploration, mais cette rencontre inattendue ajoutée aux histoires d'Alaric Voss enrobaient cette promenade d’une aura inquiétante. Le soleil déclinait lentement, projetant des ombres allongées sur le sentier. Émilie avançait avec précaution, son appareil photo suspendu à son cou, attentive au moindre bruit.
Soudain, un mouvement sur sa droite attira son attention. Émilie s'arrêta, son cœur battant un peu plus vite, prête à immortaliser une nouvelle rencontre avec un animal sauvage. Contre toute attente, ce ne fut pas un animal, mais un homme d'une trentaine d'années, aux longs cheveux noirs rassemblés en queue de cheval, qui émergea d’un sentier perpendiculaire au sien, dissimulé par une frange de fougères. Malgré ses nombreuses expéditions dans des lieux sauvages à travers le monde, elle conservait des réflexes de citadine : rencontrer un inconnu alors qu’elle se trouvait seule dans un endroit isolé éveillait toujours sa méfiance, et ses nerfs avaient déjà été mis à rude épreuve au cours de cette journée… Le regard de l’homme était intense, presque captivant, et il semblait presque aussi étonné qu'elle.
« Désolé ! » dit-il avec un sourire chaleureux. « Je ne m'attendais pas à croiser quelqu'un ici. Les ramasseurs de champignons se font rares à cette heure de la journée. »
Émilie, un peu déconcertée, répondit : « Bonjour. Je m'appelle Émilie, je suis photographe. Je suis venue immortaliser la beauté de cette forêt. »
L'homme pencha la tête sur le côté, visiblement intéressé. Ses longs cheveux noirs, lisses et brillants, lui donnaient des airs d’Amérindien, mais sa peau claire et ses yeux bleus démentaient cette impression. « Je m'appelle Gabriel, » répondit-il d’un ton enjoué, « vous avez choisi un bel endroit. Cette forêt a beaucoup à offrir. Quelles espèces espérez-vous photographier ? »
La surprise passée, Émilie, s'avéra ravie de cette rencontre inattendue. Il semblait connaître les lieux, et aurait peut-être un point de vue moins loufoque qu’Alaric Voss. « Je cherche à capturer des images de la faune locale, en particulier des traces de la présence du loup. C'est le sujet de mon reportage. »
Gabriel hocha la tête, ses yeux brillant d’excitation. « Chaque espèce a ses préférences et ses petites habitudes. Les loups, par exemple, ils sont souvent plus actifs à l'aube et au crépuscule. Si vous êtes patiente, vous pourriez avoir la chance de les observer. »
Elle préféra garder pour elle sa rencontre avec le grand loup noir, comme si l’évoquer risquait d’en altérer la magie. Leurs échanges se poursuivirent, chacun partageant ses connaissances et ses expériences. Gabriel parlait avec aisance des vertus médicinales des plantes sauvages et des comportements de la faune locale. Émilie se laissa emporter par son enthousiasme, évoquant ses voyages autour du monde et les moments exceptionnels qu’elle avait eu la chance d’immortaliser à travers son objectif. Elle apprit qu'il avait passé des années à explorer cette forêt, à découvrir ses secrets et en apprécier la beauté.
« La nature a une façon de nous parler. » dit-il, contemplant un rayon de lumière qui filtrait à travers les branches. « Il suffit de savoir écouter. »
Émilie acquiesça, touchée par ses paroles. Elle prit conscience qu'elle n'était pas seulement venue ici pour réaliser son reportage, mais aussi pour retrouver cette connexion profonde avec le monde naturel qu'elle avait perdu au cours de sa carrière. Leurs voix et leurs rires se mêlaient au chant des oiseaux et au murmure du vent dans joyeuse symphonie.
Alors que le soleil se couchait, teintant le ciel de nuances orangées, Émilie réalisa qu'elle avait encore un bon quart d'heure de marche pour achever la boucle qui la ramènerait à sa voiture. « Je devrais rentrer avant la nuit… » dit-elle, un brin de regret dans la voix.
Gabriel acquiesça avec un sourire compréhensif. « Les jours raccourcissent à vue d’œil à cette saison. Si vous repassez par ici, peut-être aurons-nous la chance de nous revoir. J'habite un peu plus loin sur le sentier, au domaine de Sombreval. »
Émilie hocha la tête, le cœur battant, notant mentalement l’information : « J’aimerais beaucoup. Merci pour cette belle conversation. »
Ils échangèrent un dernier regard, comme une promesse silencieuse de se retrouver. Émilie reprit son chemin, rejoignant sa voiture d’un pas léger sans voir le temps passer. La forêt lui avait offert bien plus que de simples images : elle avait croisé un esprit semblable au sien, et se sentait revigorée par cette rencontre.
Gabriel était perdu dans ses pensées, adossé au tronc d’un vieux tilleul, au sommet de la colline surplombant le paysage familier en contrebas. La forêt communale de Valmont s’étendait comme un océan de verdure, un havre de paix où la nature, sauvage et préservée, s’épanouissait dans toute sa splendeur. Les sapins, majestueux et anciens, dressaient fièrement leurs cimes vers le ciel assombri de cette fin d’après-midi d’automne. Chaque arbre semblait murmurer des secrets oubliés, des histoires d’un temps révolu, tandis que les ombres du crépuscule enrobait les lieux d’une aura mystérieuse.Au cœur de cette forêt, le domaine de Sombreval se révélait, tel un secret bien gardé. Cette ancienne ferme en pierre, construite avec soin, se fondait harmonieusement dans le paysage environnant. Les murs épais, partiellement couverts de lierre, racontaient des histoires de générations passées, tandis que les tuiles brunes, usées par les intempéries, ajoutait une touche de mystère à ce lieu empreint
Après une nuit agitée, peuplée de rêves où le sourire chaleureux de Gabriel se mêlait au regard fou d'Alaric Voss, Émilie avait grand besoin d'un bon café. Le ciel était encore plongé dans l'obscurité automnale, et son smartphone affichait à peine six heures. Elle se leva, enfilant une veste en laine qui lui apporta un peu de réconfort. Le jour ne se lèverait pas avant une bonne heure, et l'idée de rester seule dans sa petite chambre lui plombait le moral. Elle décida de descendre Chez Hélène, où le parfum du café fraîchement moulu promettait de chasser les ombres de la nuit. L'esprit encore embrumé, elle répondit poliment aux sollicitations d’Hélène Clairmont, sans pour autant l'encourager à poursuivre ses incessants bavardages. Quand la commerçante s'éloigna enfin, elle ouvrit son ordinateur portable et lança ChatGPT. Profondément marquée par sa rencontre avec le loup, qui s’était, lui aussi, invité dans ses rêves, elle engagea la conversation avec la célèbre intelligence artificiel
Alaric Voss arpentait la forêt, porté par une volonté inébranlable de trouver des réponses, d’arracher les secrets dissimulés dans l’ombre des sapins. À trente-cinq ans, Alaric était un homme marqué par la douleur et la culpabilité. Son regard sombre et perçant scrutait les profondeurs de la forêt, à la recherche d’indices, de pistes, de tout ce qui pourrait l’aider à comprendre la disparition inexpliquée de sa sœur, Alba.En tant que chasseur, Alaric avait passé des années à arpenter ces sentiers, à observer le comportement du gibier sauvage et à traquer ses proies. Mais aujourd’hui, il n’était pas là pour chasser. Il était là pour affronter les démons qui le hantaient.Il avançait d’un pas sûr, ses vêtements de chasse se fondant dans le décor forestier. Ses cheveux châtains foncés en désordre étaient balayés par le vent frais qui soufflait entre les arbres. Alaric était un homme imposant, musclé et athlétique, mais son allure était assombrie par une mélancolie palpable. Chaque pas q
L’après-midi était déjà bien avancé quand Émilie poussa la porte de la mairie, un bâtiment en pierre aux volets bleus, dont la peinture écaillée avaient connu des jours meilleurs. L’odeur du papier neuf se mêlait à celle des feuilles mortes qui s’accumulaient sur le parking. Elle avait toujours aimé l’atmosphère des petites mairies de village. L'accueil était généralement chaleureux, et elle avait besoin d’informations pour étayer ses recherches.La secrétaire, une femme d’une cinquantaine d’années aux cheveux gris tirés en arrière, leva à peine les yeux de son ordinateur. Émilie se présenta, décrivant son projet. Elle expliqua qu’elle recherchait des informations sur les populations de gibier dans la forêt de Valmont. La secrétaire soupira, sans dissimuler son irritation.« Vous savez, Mademoiselle, ici, on a autre chose à faire que de s’occuper des loups. Si vous voulez des chiffres, il va falloir vous adresser directement à l’association de chasse. » Déconcertée par cette brusqueri
Le soleil déclinait lentement derrière les collines, projetant des ombres dorées dans les ruelles de Valmont. Gabriel poussa la porte de Chez Hélène. L’odeur de bière et de friture, le carrelage usé et les étagères chargées de produits locaux lui étaient familiers, mais aujourd’hui, il n’était pas là pour approvisionner l’épicerie.« Bonjour Hélène ! » lança-t-il en entrant, sa voix résonnant dans l’espace chaleureux. Quelques clients assis au bar le saluèrent d’un signe de tête, auquel il répondit poliment.La commerçante aux formes généreuses et au regard inquisiteur, leva les yeux de son comptoir. « Gabriel ! Que me vaut cette visite ? Lucas a déjà livré ce matin. »« Je viens pour déposer une petite annonce. » répondit-il en s’approchant. « Je cherche un ouvrier agricole pour quelques jours. La météo annonce les premières gelées d’ici la semaine prochaine, on doit finir de récolter des courges ! »Hélène plissa les yeux, sceptique. « Un ouvrier agricole ? Sombreval est isolé et di
Le moteur de la camionnette tout terrain ronronnait comme un gros chat, tandis qu’Émilie, les cheveux attachés en queue de cheval, scrutait le paysage qui défilait sous ses yeux. La forêt de Valmont, avec ses sapins majestueux et ses couleurs automnales, semblait l’envelopper dans un cocon de sérénité. Les fougères, parées de nuances d’or et de brun, dansaient sur les talus au passage du véhicule, comme pour les saluer.À côté d’elle, Lucas, le jeune livreur à la chevelure blonde ébouriffée, se concentrait sur le chemin escarpée. Il avait un sourire contagieux, et Émilie ne pouvait s’empêcher de se sentir à l’aise en sa présence. Elle l'avait aperçu une fois au village, alors qu'il livrait Chez Hélène en produits frais pour l'épicerie.« Tu sais, je n’ai jamais vraiment travaillé dans les champs. » avoua Émilie, un brin d’anxiété dans la voix. « Je suis plutôt habituée à courir la campagne pour capturer les beautés de la nature à travers mon objectif. »Lucas tourna la tête vers elle,
Après une journée bien remplie, Émilie se tenait face à Pierre dans la cuisine de Sombreval, la chaleur du vin chaud réchauffant leurs mains engourdies par la fraîcheur automnale. L'air était saturé par l’odeur des plantes aromatiques, rassemblées en bouquets suspendus la tête en bas aux poutres de la cuisine. C'était sa première expérience dans le monde agricole, et elle se sentait à la fois enthousiaste et épuisée. Pierre, avec sa voix chaleureuse, lui avait expliqué comment reconnaître les courges prêtes pour la récolte. Elle avait appris à distinguer les Butternuts aux formes allongées, les potimarrons aux teintes orangées, et les citrouilles, rondes et imposantes, qui égayeraient bientôt la fête d'Halloween à l'école du village. Émilie leva son verre en direct
Alaric était de retour dans la forêt de Valmont, ses sapins immenses se dressant tels des géants silencieux. Le vent frais portait avec lui les murmures des feuilles, mais pour Alaric, ces sons étaient teintés d’une mélancolie profonde. Chaque pas qu’il faisait sur ce sol familier lui rappelait cruellement l’absence de sa sœur.Il avançait prudemment, ses sens en alerte. Chasseur aguerri, il connaissait chaque bruit, chaque odeur de cette forêt. Mais depuis la disparition d’Alba, quelque chose avait changé. Les loups qui peuplaient Valmont semblaient l’observer, le suivre dans l’ombre. Leur comportement était atypique, presque humain dans sa curiosité. Alaric avait souvent croisé leur chemin, mais jamais ils n’avaient cherché à le fuir ou à l’attaque
Tout le monde s’était réuni au salon. Béatrice, appuyé contre le mur, se tenait un peu en retrait. Alba et Émilie étaient assises côte à côte dans le canapé près de la cheminée. Lucas, debout derrière elles, les mains posées sur le dossier, ne cachait pas son hostilité. Pierre, installé dans un fauteuil avec son fusil à portée de main, affichait une attitude faussement décontractée, tandis que Gabriel, debout devant l’âtre, attendait bras croisés que l’inconnu veuille bien s’expliquer.Le sosie de Chuck Norris, qui s’était fait servir un verre de Whisky, était négligemment affalé dans un fauteuil face à Gabriel, avec une nonchalance arrogante, visiblement satisfait de l’effet qu’il produisait sur ses hôtes, suspendus à ses lèves.«J’ignore si ma chère sœur ici présente vous a expliqué ce qu’est notre famille…» commença-t-il
Gabriel se tenait face à la forêt, le regard perdu dans le vide. La conversation avec Alaric avait été tumultueuse, une tempête de mots et d'émotions qui l'avait profondément troublé. Les accusations et les menaces de l’homme rongé par la colère résonnaient encore dans son esprit, et il avait besoin de s'éloigner, de se libérer de ce poids.Sans hésiter, il se transforma, laissant sa bête intérieure prendre possession de son corps: un magnifique loup noir, aux reflets argentés qui scintillaient sous la lumière du soleil. Ses yeux mordorés brillaient d'une intensité sauvage, et il se sentit instantanément plus léger, plus libre. Il s'élança dans la forêt, ses pattes puissantes foulant le sol avec grâce.La forêt l'accueillit dans un murmure apaisant, les feuilles bruissant sous le souffle du vent. Gabriel courait, se laissant port
Le vent soufflait doucement à travers les hautes herbes qui bordaient le chemin menant au domaine de Sombreval. Alaric, le visage marqué par les épreuves, avançait d’un pas hésitant, tiraillé par des émotions contradictoires. À trente-cinq ans, il avait l’apparence d’un homme plus âgé, les rides de l’inquiétude et de la douleur creusant son front. La vérité sur ce qui était arrivé à Alba l’avait à la fois soulagé et tourmenté. Ce qu’il avait appris sur sa transformation en lycanthrope le hantait. Comment pourrait-il faire face à cette nouvelle réalité? La peur de ce qu’elle était devenue le paralysait. Les lycans, pour lui, n’étaient que des créatures de cauchemar, des menaces pour la sécurité de Valmont et de ses habitants.En approchant du domaine, il contempla les murs de pierre grise, partiellement couverts de lierre, qui avaient dissimulé la présence d’Alba pendant toutes ces années. Ga
La récolte des courges était terminée depuis longtemps, mais personne n’avait encore évoqué le départ d’Émilie. Les jours passaient, et la jeune femme se levait chaque matin avec l'excitation d'une nouvelle découverte. Elle avait trouvé un rythme dans cette vie simple, loin des tumultes de la ville et des exigences de son métier de photographe. Ici, chaque lever de soleil était une promesse, chaque rencontre une aventure.Émilie se mêlait aux habitants de Sombreval, chacun apportant sa couleur à la toile de cette petite communauté. Gabriel, avec son charme mystérieux, était devenu une présence fascinante dans sa vie. Il avait ce regard intense, comme s'il pouvait lire dans son âme, et chaque échange avec lui la laissait &agrav
Après qu’Alaric eut quitté Sombreval, Gabriel se mit à faire les cent pas, visiblement inquiet.«Que ferons-nous si Alaric se met à raconter partout qu’on est des loups-garous et qu’on séquestre sa sœur?» s’écria-t-il, sur un ton de reproche.«Au cas où tu ne le saurais pas, c’est déjà plus ou moins ce qu’il raconte à qui veut l’entendre, y compris à la presse!» répondit Émilie en haussant les épaules.«Et s’il va à la gendarmerie?» continua Gabriel.
Le vent soufflait doucement à travers les arbres de la forêt, apportant avec lui un parfum de terre humide et de feuilles en décomposition. Alaric avançait d’un pas déterminé vers le domaine de Sombreval, son cœur battant la chamade. Depuis cinq longues années, il vivait avec le poids de la disparition d’Alba, sa sœur adorée, et aujourd’hui, il était prêt à affronter Gabriel Fontaine pour lui faire part de ses soupçons.Les loups, la forêt, Sombreval… tout cela était lié d’une manière qu’il ne comprenait pas encore. Alaric s’arrêta un instant, prenant une profonde inspiration pour calmer son esprit tourmenté. Il devait rester lucide. Les portes closes du domaine se dressaient devant lui, il ne pouvait plus reculer: il actionna l’interrupteur de l’interphone.«Oui?» répondit une voix féminine à travers le haut-pa
Le crépuscule s’étendait lentement sur la forêt de Valmont, enveloppant le paysage d’une lumière dorée et apaisante. Alba contemplait l’horizon depuis le balcon de sa chambre, surplombant le domaine où elle avait passé tant de temps à lutter contre sa nouvelle réalité. À ses côtés, Lucas, son frère de cœur et ami fidèle, contemplait le monde avec son éternel sourire satisfait. Il avait le don d'illuminer les moments les plus sombres, et aujourd’hui, il était là pour elle, comme il l’avait été depuis leur première rencontre.«Qu’est-ce qui se passe, Al?» demanda-t-il, étonné par le silence de la jeune femme. «Je sens que quelque chose te tracasse.»Elle soupira, son regard se perdant dans le lointain. «C’est juste… tout ça.» Elle désigna la forêt, le ciel, et tout ce qui les entourait. «Je
La journée était déjà bien avancée lorsque Gabriel, fatigué de faire les cent pas dans son bureau, décida de sortir s’aérer l’esprit, espérant que la bise automnale chasserait ses idées noires. Émilie s’était enfermée dans sa chambre après sa conversation matinale avec Béatrice, et n’en était pas sortie depuis. Il se tenait sur la colline surplombant Sombreval, le regard perdu dans la forêt qui s’étendait à perte de vue. Mais ce lieu familier ne lui procura pas l’apaisement habituel.Au pied du mur, il avait révélé à Émilie le secret qui les liait tous en tant que lycans. Il avait vu la peur s’installer sur son visage, et cela l’avait profondément blessé. Émilie, avec sa passion pour la nature et son regard curieux, était devenue une présence lumineuse dans sa vie. À présent, il craignait que cette lumière ne s’éteigne à cause des vérités qu’il avait partagées.
Émilie ouvrit les yeux, la lumière tamisée de l’aube filtrant à peine à travers les rideaux épais de sa chambre. Le silence pesant du domaine de Sombreval l’enveloppa comme une couverture, mais ce silence était troublé par le tumulte de ses pensées. La nuit avait été longue, peuplée de rêves étranges et de souvenirs flous, tous tournant autour de cette révélation qui l’avait laissée à la fois fascinée et terrifiée : les loups-garous existaient. Des êtres capables de se métamorphoser, cachés sous des visages familiers, des visages qu’elle avait appris à aimer.Elle se leva lentement, ses muscles encore engourdis par le sommeil. La fatigue pesait sur ses paupières, mais l’adrénaline de la découverte l’empêchait de se laisser aller. Émilie se leva, se frotta les yeux et se dirigea vers la cuisine, le parquet craquant sous ses pieds. Chaque pas résonnait comme un écho de ses doutes. Que savait-elle vr