Le vent soufflait doucement à travers les hautes herbes qui bordaient le chemin menant au domaine de Sombreval. Alaric, le visage marqué par les épreuves, avançait d’un pas hésitant, tiraillé par des émotions contradictoires. À trente-cinq ans, il avait l’apparence d’un homme plus âgé, les rides de l’inquiétude et de la douleur creusant son front. La vérité sur ce qui était arrivé à Alba l’avait à la fois soulagé et tourmenté. Ce qu’il avait appris sur sa transformation en lycanthrope le hantait. Comment pourrait-il faire face à cette nouvelle réalité ? La peur de ce qu’elle était devenue le paralysait. Les lycans, pour lui, n’étaient que des créatures de cauchemar, des menaces pour la sécurité de Valmont et de ses habitants.
En approchant du domaine, il contempla les murs de pierre grise, partiellement couverts de lierre, qui avaient dissimulé la présence d’Alba pendant toutes ces années. Ga
Gabriel se tenait face à la forêt, le regard perdu dans le vide. La conversation avec Alaric avait été tumultueuse, une tempête de mots et d'émotions qui l'avait profondément troublé. Les accusations et les menaces de l’homme rongé par la colère résonnaient encore dans son esprit, et il avait besoin de s'éloigner, de se libérer de ce poids.Sans hésiter, il se transforma, laissant sa bête intérieure prendre possession de son corps: un magnifique loup noir, aux reflets argentés qui scintillaient sous la lumière du soleil. Ses yeux mordorés brillaient d'une intensité sauvage, et il se sentit instantanément plus léger, plus libre. Il s'élança dans la forêt, ses pattes puissantes foulant le sol avec grâce.La forêt l'accueillit dans un murmure apaisant, les feuilles bruissant sous le souffle du vent. Gabriel courait, se laissant port
Tout le monde s’était réuni au salon. Béatrice, appuyé contre le mur, se tenait un peu en retrait. Alba et Émilie étaient assises côte à côte dans le canapé près de la cheminée. Lucas, debout derrière elles, les mains posées sur le dossier, ne cachait pas son hostilité. Pierre, installé dans un fauteuil avec son fusil à portée de main, affichait une attitude faussement décontractée, tandis que Gabriel, debout devant l’âtre, attendait bras croisés que l’inconnu veuille bien s’expliquer.Le sosie de Chuck Norris, qui s’était fait servir un verre de Whisky, était négligemment affalé dans un fauteuil face à Gabriel, avec une nonchalance arrogante, visiblement satisfait de l’effet qu’il produisait sur ses hôtes, suspendus à ses lèves.«J’ignore si ma chère sœur ici présente vous a expliqué ce qu’est notre famille…» commença-t-il
C’était une belle journée de printemps. Le soleil brillait haut dans le ciel, une douce brise faisait danser les branches des arbres dans la forêt communale de Valmont. Les élèves de seconde du lycée professionnel d’Ombrepins étaient réunis pour une sortie scolaire. Au programme : randonnée, pique-nique et course d’orientation. Quelle meilleure façon de célébrer la fin de l'année scolaire, et l’imminence des grandes vacances d’été ? L’excitation était à son comble, et les rires des adolescents résonnaient à travers les sous-bois.Alba se tenait légèrement à l’écart des groupes animés. Elle avait toujours aimé la nature, et les promenades en forêt. Son frère, un chasseur aguerri de quinze ans son aîné, lui avait appris à se repérer dans la nature et à en apprécier la beauté. Les cartes et les boussoles n’avaient pas de secrets pour elle, et elle espérait bien dénicher les balises avant les autres. C’était une compétition amicale, mais pour Alba, c’était aussi l’occasion de briller.« A
Émilie se tenait à la fenêtre de sa chambre, observant le village de Valmont s’éveiller sous les premiers rayons du soleil matinal. Les maisons en pierres apparentes, avec leurs toits en pente recouverts de tuiles brunes, s'intégraient harmonieusement dans le paysage verdoyant.Elle se détourna de la vue et se dirigea vers son équipement, soigneusement disposé sur le petit bureau rustique en bois massif. L’appareil photo, son fidèle compagnon, semblait n’attendre qu’elle pour démarrer une nouvelle aventure. En tant que photographe naturaliste, elle avait prouvé son talent à travers des reportages captivants sur la faune et la flore. Cependant, ces derniers temps, elle faisait face à un profond manque d’inspiration. Les paysages qu’elle avait autrefois immortalisé avec passion lui semblaient désormais banals, et les histoires qu’elle voulait raconter lui échappaient.Quelques semaines plus tôt, Claire, la rédactrice en chef du magazine Planète Vivante pour lequel elle travaillait, l’av
La conversation fut rapidement interrompue par l’entrée d’un homme d’une quarantaine d’années, grand et athlétique, avec une présence imposante. Habillé d’un treillis camouflage, de chaussures montantes noires et d’une veste de chasse marron aux multiples poches, il arborait une barbe de plusieurs jours et des cheveux châtain foncés en désordre, striés de quelques mèches grises. Émilie n’eut aucun mal à reconnaître Alaric Voss, grâce aux photos des extraits de presse qu’elle avait trouvé dans le dossier envoyé par la rédaction de son magazine. Il semblait plus âgé que sur les articles qu’elle avait parcouru, mais elle aurait pu jurer que c’était bien lui. Après tout, les faits remontaient à cinq ans, et la perte d’un être cher à tendance à laisser des traces…L’homme s’approcha du comptoir pour acheter du tabac, échangeant quelques mots avec la commerçante, qui semblait à présent nettement moins volubile. Émilie se leva aussitôt et s’approcha de lui.« Monsieur Voss ? » demanda-t-elle
Après le départ d’Alaric Voss, Émilie se sentit vaguement mal à l’aise. Elle était sincèrement touchée par sa détresse, mais le personnage dégageait aussi quelque chose d’inquiétant et vaguement menaçant. Elle décida de se changer les idées en consultant les pièces que l’équipe de rédaction avait joint au dossier envoyé par Claire, en plus des extraits de presse concernant l’affaire Alba Voss. Il contenait notamment le résumé d’un rapport de recherche scientifique consacré au retour du loup dans la forêt de Valmont, réalisée l’année qui avait suivi la disparition de l’adolescente. Elle commanda un autre café avant de se plonger dans la lecture du document sur l’écran de son smartphone.Résumé du rapport d’étude sur le retour du loup dans la forêt de ValmontContexte :Ce rapport présente les résultats d'une étude menée sur le retour du loup (Canis lupus) dans le territoire rural de la communauté de communes d'Ombrepins, couvrant une surface totale 300 kilomètres carrés, dont environ 3
Après quelques minutes de trajet, Émilie gara sa voiture sur le bord d’un chemin de terre. Elle avait préalablement repéré une boucle d’environ six kilomètres sur son application de randonnée, suivant les sentiers forestiers et les chemins de débardage qui serpentaient à travers la forêt. Pour cette première sortie, il lui semblait préférable de ne pas s’aventurer dans les bois à l’aveuglette. L’air frais lui fouetta le visage, emportant avec lui les dernières traces de fatigue oculaire, après trop de temps passé à lire sur son écran. Elle ferma les yeux un instant, inspirant profondément l’odeur des sapins et de la terre humide.En s’avançant sur le sentier, elle sortit son appareil photo : son poids familier avait quelque chose de rassurant. Les rayons du soleil se faufilaient à travers les branches, créant des motifs dansants sur le sol. Émilie se mit à photographier les détails : une feuille délicatement veinée, une toile d’araignée scintillante d’humidité, un champignon aux coule
Gabriel était perdu dans ses pensées, adossé au tronc d’un vieux tilleul, au sommet de la colline surplombant le paysage familier en contrebas. La forêt communale de Valmont s’étendait comme un océan de verdure, un havre de paix où la nature, sauvage et préservée, s’épanouissait dans toute sa splendeur. Les sapins, majestueux et anciens, dressaient fièrement leurs cimes vers le ciel assombri de cette fin d’après-midi d’automne. Chaque arbre semblait murmurer des secrets oubliés, des histoires d’un temps révolu, tandis que les ombres du crépuscule enrobait les lieux d’une aura mystérieuse.Au cœur de cette forêt, le domaine de Sombreval se révélait, tel un secret bien gardé. Cette ancienne ferme en pierre, construite avec soin, se fondait harmonieusement dans le paysage environnant. Les murs épais, partiellement couverts de lierre, racontaient des histoires de générations passées, tandis que les tuiles brunes, usées par les intempéries, ajoutait une touche de mystère à ce lieu empreint
Tout le monde s’était réuni au salon. Béatrice, appuyé contre le mur, se tenait un peu en retrait. Alba et Émilie étaient assises côte à côte dans le canapé près de la cheminée. Lucas, debout derrière elles, les mains posées sur le dossier, ne cachait pas son hostilité. Pierre, installé dans un fauteuil avec son fusil à portée de main, affichait une attitude faussement décontractée, tandis que Gabriel, debout devant l’âtre, attendait bras croisés que l’inconnu veuille bien s’expliquer.Le sosie de Chuck Norris, qui s’était fait servir un verre de Whisky, était négligemment affalé dans un fauteuil face à Gabriel, avec une nonchalance arrogante, visiblement satisfait de l’effet qu’il produisait sur ses hôtes, suspendus à ses lèves.«J’ignore si ma chère sœur ici présente vous a expliqué ce qu’est notre famille…» commença-t-il
Gabriel se tenait face à la forêt, le regard perdu dans le vide. La conversation avec Alaric avait été tumultueuse, une tempête de mots et d'émotions qui l'avait profondément troublé. Les accusations et les menaces de l’homme rongé par la colère résonnaient encore dans son esprit, et il avait besoin de s'éloigner, de se libérer de ce poids.Sans hésiter, il se transforma, laissant sa bête intérieure prendre possession de son corps: un magnifique loup noir, aux reflets argentés qui scintillaient sous la lumière du soleil. Ses yeux mordorés brillaient d'une intensité sauvage, et il se sentit instantanément plus léger, plus libre. Il s'élança dans la forêt, ses pattes puissantes foulant le sol avec grâce.La forêt l'accueillit dans un murmure apaisant, les feuilles bruissant sous le souffle du vent. Gabriel courait, se laissant port
Le vent soufflait doucement à travers les hautes herbes qui bordaient le chemin menant au domaine de Sombreval. Alaric, le visage marqué par les épreuves, avançait d’un pas hésitant, tiraillé par des émotions contradictoires. À trente-cinq ans, il avait l’apparence d’un homme plus âgé, les rides de l’inquiétude et de la douleur creusant son front. La vérité sur ce qui était arrivé à Alba l’avait à la fois soulagé et tourmenté. Ce qu’il avait appris sur sa transformation en lycanthrope le hantait. Comment pourrait-il faire face à cette nouvelle réalité? La peur de ce qu’elle était devenue le paralysait. Les lycans, pour lui, n’étaient que des créatures de cauchemar, des menaces pour la sécurité de Valmont et de ses habitants.En approchant du domaine, il contempla les murs de pierre grise, partiellement couverts de lierre, qui avaient dissimulé la présence d’Alba pendant toutes ces années. Ga
La récolte des courges était terminée depuis longtemps, mais personne n’avait encore évoqué le départ d’Émilie. Les jours passaient, et la jeune femme se levait chaque matin avec l'excitation d'une nouvelle découverte. Elle avait trouvé un rythme dans cette vie simple, loin des tumultes de la ville et des exigences de son métier de photographe. Ici, chaque lever de soleil était une promesse, chaque rencontre une aventure.Émilie se mêlait aux habitants de Sombreval, chacun apportant sa couleur à la toile de cette petite communauté. Gabriel, avec son charme mystérieux, était devenu une présence fascinante dans sa vie. Il avait ce regard intense, comme s'il pouvait lire dans son âme, et chaque échange avec lui la laissait &agrav
Après qu’Alaric eut quitté Sombreval, Gabriel se mit à faire les cent pas, visiblement inquiet.«Que ferons-nous si Alaric se met à raconter partout qu’on est des loups-garous et qu’on séquestre sa sœur?» s’écria-t-il, sur un ton de reproche.«Au cas où tu ne le saurais pas, c’est déjà plus ou moins ce qu’il raconte à qui veut l’entendre, y compris à la presse!» répondit Émilie en haussant les épaules.«Et s’il va à la gendarmerie?» continua Gabriel.
Le vent soufflait doucement à travers les arbres de la forêt, apportant avec lui un parfum de terre humide et de feuilles en décomposition. Alaric avançait d’un pas déterminé vers le domaine de Sombreval, son cœur battant la chamade. Depuis cinq longues années, il vivait avec le poids de la disparition d’Alba, sa sœur adorée, et aujourd’hui, il était prêt à affronter Gabriel Fontaine pour lui faire part de ses soupçons.Les loups, la forêt, Sombreval… tout cela était lié d’une manière qu’il ne comprenait pas encore. Alaric s’arrêta un instant, prenant une profonde inspiration pour calmer son esprit tourmenté. Il devait rester lucide. Les portes closes du domaine se dressaient devant lui, il ne pouvait plus reculer: il actionna l’interrupteur de l’interphone.«Oui?» répondit une voix féminine à travers le haut-pa
Le crépuscule s’étendait lentement sur la forêt de Valmont, enveloppant le paysage d’une lumière dorée et apaisante. Alba contemplait l’horizon depuis le balcon de sa chambre, surplombant le domaine où elle avait passé tant de temps à lutter contre sa nouvelle réalité. À ses côtés, Lucas, son frère de cœur et ami fidèle, contemplait le monde avec son éternel sourire satisfait. Il avait le don d'illuminer les moments les plus sombres, et aujourd’hui, il était là pour elle, comme il l’avait été depuis leur première rencontre.«Qu’est-ce qui se passe, Al?» demanda-t-il, étonné par le silence de la jeune femme. «Je sens que quelque chose te tracasse.»Elle soupira, son regard se perdant dans le lointain. «C’est juste… tout ça.» Elle désigna la forêt, le ciel, et tout ce qui les entourait. «Je
La journée était déjà bien avancée lorsque Gabriel, fatigué de faire les cent pas dans son bureau, décida de sortir s’aérer l’esprit, espérant que la bise automnale chasserait ses idées noires. Émilie s’était enfermée dans sa chambre après sa conversation matinale avec Béatrice, et n’en était pas sortie depuis. Il se tenait sur la colline surplombant Sombreval, le regard perdu dans la forêt qui s’étendait à perte de vue. Mais ce lieu familier ne lui procura pas l’apaisement habituel.Au pied du mur, il avait révélé à Émilie le secret qui les liait tous en tant que lycans. Il avait vu la peur s’installer sur son visage, et cela l’avait profondément blessé. Émilie, avec sa passion pour la nature et son regard curieux, était devenue une présence lumineuse dans sa vie. À présent, il craignait que cette lumière ne s’éteigne à cause des vérités qu’il avait partagées.
Émilie ouvrit les yeux, la lumière tamisée de l’aube filtrant à peine à travers les rideaux épais de sa chambre. Le silence pesant du domaine de Sombreval l’enveloppa comme une couverture, mais ce silence était troublé par le tumulte de ses pensées. La nuit avait été longue, peuplée de rêves étranges et de souvenirs flous, tous tournant autour de cette révélation qui l’avait laissée à la fois fascinée et terrifiée : les loups-garous existaient. Des êtres capables de se métamorphoser, cachés sous des visages familiers, des visages qu’elle avait appris à aimer.Elle se leva lentement, ses muscles encore engourdis par le sommeil. La fatigue pesait sur ses paupières, mais l’adrénaline de la découverte l’empêchait de se laisser aller. Émilie se leva, se frotta les yeux et se dirigea vers la cuisine, le parquet craquant sous ses pieds. Chaque pas résonnait comme un écho de ses doutes. Que savait-elle vr