Le moteur de la camionnette tout terrain ronronnait comme un gros chat, tandis qu’Émilie, les cheveux attachés en queue de cheval, scrutait le paysage qui défilait sous ses yeux. La forêt de Valmont, avec ses sapins majestueux et ses couleurs automnales, semblait l’envelopper dans un cocon de sérénité. Les fougères, parées de nuances d’or et de brun, dansaient sur les talus au passage du véhicule, comme pour les saluer.À côté d’elle, Lucas, le jeune livreur à la chevelure blonde ébouriffée, se concentrait sur le chemin escarpée. Il avait un sourire contagieux, et Émilie ne pouvait s’empêcher de se sentir à l’aise en sa présence. Elle l'avait aperçu une fois au village, alors qu'il livrait Chez Hélène en produits frais pour l'épicerie.« Tu sais, je n’ai jamais vraiment travaillé dans les champs. » avoua Émilie, un brin d’anxiété dans la voix. « Je suis plutôt habituée à courir la campagne pour capturer les beautés de la nature à travers mon objectif. »Lucas tourna la tête vers elle,
Après une journée bien remplie, Émilie se tenait face à Pierre dans la cuisine de Sombreval, la chaleur du vin chaud réchauffant leurs mains engourdies par la fraîcheur automnale. L'air était saturé par l’odeur des plantes aromatiques, rassemblées en bouquets suspendus la tête en bas aux poutres de la cuisine. C'était sa première expérience dans le monde agricole, et elle se sentait à la fois enthousiaste et épuisée. Pierre, avec sa voix chaleureuse, lui avait expliqué comment reconnaître les courges prêtes pour la récolte. Elle avait appris à distinguer les Butternuts aux formes allongées, les potimarrons aux teintes orangées, et les citrouilles, rondes et imposantes, qui égayeraient bientôt la fête d'Halloween à l'école du village. Émilie leva son verre en direct
Alaric était de retour dans la forêt de Valmont, ses sapins immenses se dressant tels des géants silencieux. Le vent frais portait avec lui les murmures des feuilles, mais pour Alaric, ces sons étaient teintés d’une mélancolie profonde. Chaque pas qu’il faisait sur ce sol familier lui rappelait cruellement l’absence de sa sœur.Il avançait prudemment, ses sens en alerte. Chasseur aguerri, il connaissait chaque bruit, chaque odeur de cette forêt. Mais depuis la disparition d’Alba, quelque chose avait changé. Les loups qui peuplaient Valmont semblaient l’observer, le suivre dans l’ombre. Leur comportement était atypique, presque humain dans sa curiosité. Alaric avait souvent croisé leur chemin, mais jamais ils n’avaient cherché à le fuir ou à l’attaque
La journée d’Émilie s’écoula paisiblement, semblable à la précédente. Pierre estimait qu’il y aurait encore deux jours ou trois jours de travail pour finir la récolte des courges. Émilie regrettait déjà de devoir quitter si vite le domaine, cette vie simple et tranquille dans un cadre idyllique, et ces gens auxquels elle commençait à s’attacher sincèrement.En fin de journée, alors qu’elle regagnait la cuisine pour grignoter quelque chose et se réchauffer les mains, elle trouva Ally, attablée devant une tasse fumante de chocolat chaud. La jeune fille semblait à la fois surprise et gênée, évitant le regard d’Émilie, dissimulant partiellement son visage derrière sa longue chevelure. Elle avait quelque chose de vagueme
«Un de mes amis d’enfance était moniteur de ski dans une station de sport d’hiver dans les Alpes italiennes. J’ai vécu chez lui quelques temps, passant mes journées à dormir et mes nuits à me saouler dans les bars en draguant les touristes.» continua-t-il. «Un soir, alors que je rentrais en voiture sur une route de montagne après une soirée trop arrosée, j’ai percuté ce que je pensais être un chien.»Bien qu’elle fût de plus en plus dubitative, se demandant ou Gabriel voulait en venir, ce récit permit à Émilie de retrouver sa maîtrise d’elle-même. Elle le laissa donc continuer, l’encourageant d’un signe de tête.«As-tu vu le f
Cette conversation était si surréaliste qu’Émilie ne savait plus comment se comporter. Ces gens étaient-ils fous? Mythomanes? Cherchaient-ils à dissimuler l’enlèvement et la séquestration d’Alba Voss derrière des histoires délirantes?«Béatrice m’a expliqué que les lycanthropes comme nous, incarnation de la cohabitation entre l’animal sauvage et l’être humain, étaient des protecteurs, des gardiens, destinés à maintenir l’équilibre entre la nature et l’humanité.» continua Gabriel. «Le seul endroit où j’avais réellement envie de jouer ce rôle, c’était là où j’avais grandit, à Sombreval, dans la forêt de Valmont. C’est pourquoi je suis revenu, emmenant Béatrice et Lucas avec moi. Je n’avais pas revu Pierre depuis des années. Il avait quatre-vingt-sept ans, et il était rongé par un cancer généralisé. Il avait complètement perdu ma trace, incapable de me contacter, i
Alba se tenait devant le miroir, observant son reflet avec une intensité mêlée de fascination et de dégoût. Ses yeux, habituellement d’un vert doux, brillaient actuellement d’un éclat doré, trahissant sa nature lorsqu’elle était sous le coup d’une émotion violente. Elle n’avait que quinze ans lorsque tout avait basculé, lorsque la chute mortelle dans la forêt avait marqué le début de sa transformation. Gabriel l’avait sauvée grâce à sa morsure, lui avait offert une seconde chance, mais à quel prix?Les souvenirs de ce jour-là lui revenaient en boucle, comme un film dont elle ne pouvait se défaire. La sortie scolaire, la course d’orientation, puis le cailloux qui roule sous sa chaussure. La douleur, l’obscurité, et enfin, la lumière de la lune qui l’avait accueillie dans un monde qu’elle n’avait jamais demandé à connaître. Elle se souvenait de la morsure, de la chaleur qui avait envahi son co
Émilie ouvrit les yeux, la lumière tamisée de l’aube filtrant à peine à travers les rideaux épais de sa chambre. Le silence pesant du domaine de Sombreval l’enveloppa comme une couverture, mais ce silence était troublé par le tumulte de ses pensées. La nuit avait été longue, peuplée de rêves étranges et de souvenirs flous, tous tournant autour de cette révélation qui l’avait laissée à la fois fascinée et terrifiée : les loups-garous existaient. Des êtres capables de se métamorphoser, cachés sous des visages familiers, des visages qu’elle avait appris à aimer.Elle se leva lentement, ses muscles encore engourdis par le sommeil. La fatigue pesait sur ses paupières, mais l’adrénaline de la découverte l’empêchait de se laisser aller. Émilie se leva, se frotta les yeux et se dirigea vers la cuisine, le parquet craquant sous ses pieds. Chaque pas résonnait comme un écho de ses doutes. Que savait-elle vr
Tout le monde s’était réuni au salon. Béatrice, appuyé contre le mur, se tenait un peu en retrait. Alba et Émilie étaient assises côte à côte dans le canapé près de la cheminée. Lucas, debout derrière elles, les mains posées sur le dossier, ne cachait pas son hostilité. Pierre, installé dans un fauteuil avec son fusil à portée de main, affichait une attitude faussement décontractée, tandis que Gabriel, debout devant l’âtre, attendait bras croisés que l’inconnu veuille bien s’expliquer.Le sosie de Chuck Norris, qui s’était fait servir un verre de Whisky, était négligemment affalé dans un fauteuil face à Gabriel, avec une nonchalance arrogante, visiblement satisfait de l’effet qu’il produisait sur ses hôtes, suspendus à ses lèves.«J’ignore si ma chère sœur ici présente vous a expliqué ce qu’est notre famille…» commença-t-il
Gabriel se tenait face à la forêt, le regard perdu dans le vide. La conversation avec Alaric avait été tumultueuse, une tempête de mots et d'émotions qui l'avait profondément troublé. Les accusations et les menaces de l’homme rongé par la colère résonnaient encore dans son esprit, et il avait besoin de s'éloigner, de se libérer de ce poids.Sans hésiter, il se transforma, laissant sa bête intérieure prendre possession de son corps: un magnifique loup noir, aux reflets argentés qui scintillaient sous la lumière du soleil. Ses yeux mordorés brillaient d'une intensité sauvage, et il se sentit instantanément plus léger, plus libre. Il s'élança dans la forêt, ses pattes puissantes foulant le sol avec grâce.La forêt l'accueillit dans un murmure apaisant, les feuilles bruissant sous le souffle du vent. Gabriel courait, se laissant port
Le vent soufflait doucement à travers les hautes herbes qui bordaient le chemin menant au domaine de Sombreval. Alaric, le visage marqué par les épreuves, avançait d’un pas hésitant, tiraillé par des émotions contradictoires. À trente-cinq ans, il avait l’apparence d’un homme plus âgé, les rides de l’inquiétude et de la douleur creusant son front. La vérité sur ce qui était arrivé à Alba l’avait à la fois soulagé et tourmenté. Ce qu’il avait appris sur sa transformation en lycanthrope le hantait. Comment pourrait-il faire face à cette nouvelle réalité? La peur de ce qu’elle était devenue le paralysait. Les lycans, pour lui, n’étaient que des créatures de cauchemar, des menaces pour la sécurité de Valmont et de ses habitants.En approchant du domaine, il contempla les murs de pierre grise, partiellement couverts de lierre, qui avaient dissimulé la présence d’Alba pendant toutes ces années. Ga
La récolte des courges était terminée depuis longtemps, mais personne n’avait encore évoqué le départ d’Émilie. Les jours passaient, et la jeune femme se levait chaque matin avec l'excitation d'une nouvelle découverte. Elle avait trouvé un rythme dans cette vie simple, loin des tumultes de la ville et des exigences de son métier de photographe. Ici, chaque lever de soleil était une promesse, chaque rencontre une aventure.Émilie se mêlait aux habitants de Sombreval, chacun apportant sa couleur à la toile de cette petite communauté. Gabriel, avec son charme mystérieux, était devenu une présence fascinante dans sa vie. Il avait ce regard intense, comme s'il pouvait lire dans son âme, et chaque échange avec lui la laissait &agrav
Après qu’Alaric eut quitté Sombreval, Gabriel se mit à faire les cent pas, visiblement inquiet.«Que ferons-nous si Alaric se met à raconter partout qu’on est des loups-garous et qu’on séquestre sa sœur?» s’écria-t-il, sur un ton de reproche.«Au cas où tu ne le saurais pas, c’est déjà plus ou moins ce qu’il raconte à qui veut l’entendre, y compris à la presse!» répondit Émilie en haussant les épaules.«Et s’il va à la gendarmerie?» continua Gabriel.
Le vent soufflait doucement à travers les arbres de la forêt, apportant avec lui un parfum de terre humide et de feuilles en décomposition. Alaric avançait d’un pas déterminé vers le domaine de Sombreval, son cœur battant la chamade. Depuis cinq longues années, il vivait avec le poids de la disparition d’Alba, sa sœur adorée, et aujourd’hui, il était prêt à affronter Gabriel Fontaine pour lui faire part de ses soupçons.Les loups, la forêt, Sombreval… tout cela était lié d’une manière qu’il ne comprenait pas encore. Alaric s’arrêta un instant, prenant une profonde inspiration pour calmer son esprit tourmenté. Il devait rester lucide. Les portes closes du domaine se dressaient devant lui, il ne pouvait plus reculer: il actionna l’interrupteur de l’interphone.«Oui?» répondit une voix féminine à travers le haut-pa
Le crépuscule s’étendait lentement sur la forêt de Valmont, enveloppant le paysage d’une lumière dorée et apaisante. Alba contemplait l’horizon depuis le balcon de sa chambre, surplombant le domaine où elle avait passé tant de temps à lutter contre sa nouvelle réalité. À ses côtés, Lucas, son frère de cœur et ami fidèle, contemplait le monde avec son éternel sourire satisfait. Il avait le don d'illuminer les moments les plus sombres, et aujourd’hui, il était là pour elle, comme il l’avait été depuis leur première rencontre.«Qu’est-ce qui se passe, Al?» demanda-t-il, étonné par le silence de la jeune femme. «Je sens que quelque chose te tracasse.»Elle soupira, son regard se perdant dans le lointain. «C’est juste… tout ça.» Elle désigna la forêt, le ciel, et tout ce qui les entourait. «Je
La journée était déjà bien avancée lorsque Gabriel, fatigué de faire les cent pas dans son bureau, décida de sortir s’aérer l’esprit, espérant que la bise automnale chasserait ses idées noires. Émilie s’était enfermée dans sa chambre après sa conversation matinale avec Béatrice, et n’en était pas sortie depuis. Il se tenait sur la colline surplombant Sombreval, le regard perdu dans la forêt qui s’étendait à perte de vue. Mais ce lieu familier ne lui procura pas l’apaisement habituel.Au pied du mur, il avait révélé à Émilie le secret qui les liait tous en tant que lycans. Il avait vu la peur s’installer sur son visage, et cela l’avait profondément blessé. Émilie, avec sa passion pour la nature et son regard curieux, était devenue une présence lumineuse dans sa vie. À présent, il craignait que cette lumière ne s’éteigne à cause des vérités qu’il avait partagées.
Émilie ouvrit les yeux, la lumière tamisée de l’aube filtrant à peine à travers les rideaux épais de sa chambre. Le silence pesant du domaine de Sombreval l’enveloppa comme une couverture, mais ce silence était troublé par le tumulte de ses pensées. La nuit avait été longue, peuplée de rêves étranges et de souvenirs flous, tous tournant autour de cette révélation qui l’avait laissée à la fois fascinée et terrifiée : les loups-garous existaient. Des êtres capables de se métamorphoser, cachés sous des visages familiers, des visages qu’elle avait appris à aimer.Elle se leva lentement, ses muscles encore engourdis par le sommeil. La fatigue pesait sur ses paupières, mais l’adrénaline de la découverte l’empêchait de se laisser aller. Émilie se leva, se frotta les yeux et se dirigea vers la cuisine, le parquet craquant sous ses pieds. Chaque pas résonnait comme un écho de ses doutes. Que savait-elle vr