Nigel ouvrit la bouche pour répliquer, mais aucun son n’en sortit.
Sa mère continua : « Tu crois que je ne comprends pas ton rejet, tes craintes ? Je ne suis pas aveugle, Nigel. Je sais que quelque chose te hante, quelque chose lié aux omégas. Mais ce n’est pas une raison pour ignorer ce que tu es. » Elle marqua une pause, puis ajouta avec une fermeté implacable : « Ryse sera ta femme. Je ne veux plus en entendre parler. » Le silence qui s’installa fut écrasant. Nigel dévisagea sa mère, une lueur de colère et d’incompréhension dans les yeux. Il aurait voulu crier, argumenter, tout envoyer valser… mais face à l’assurance tranquille de Léonie, il se sentit impuissant. Léonie se leva à son tour, lissant les plis de sa robe avec une élégance mesurée. « Tu as toujours été un homme fier, Nigel. Mais réfléchis bien à ce que je t’ai dit. Car cette fois, il n’y aura pas d’alternative. » Et sur ces mots, elle tourna les talons et s’éloigna lentement, le laissant seul avec ses pensées tourmentées. Nigel se leva brusquement, le regard brûlant de colère, et se tourna vers sa mère sans la moindre hésitation. « Je n’épouserai jamais Ryse. » Sa voix était ferme, tranchante, comme si chaque mot était une promesse de rébellion. « Peu importe ce que tu dis. Je ne le ferai pas. » Léonie le fixa un instant, son visage impassible malgré la tempête dans ses yeux. Elle savait que son fils était têtu, que les principes qui le guidaient étaient parfois difficiles à ébranler, mais elle n’avait jamais imaginé qu’il irait jusqu’à la révolte ouverte. Mais il en était ainsi. Il avait sa propre vision des choses, et il s’y accrochait. « Très bien, » répondit-elle, sa voix calme mais pleine de détermination. « Mais souviens-toi, Nigel, que tu ne peux pas échapper à ta destinée. » Il ne répondit rien, mais d’un geste brusque, il tourna les talons et se dirigea vers la porte du jardin. Léonie le regarda partir, mais n’émit aucun son. Elle savait qu’il avait besoin de respirer, de prendre du recul, de réfléchir à ce qu’il venait d’entendre. Mais alors qu’il s’éloignait, une vague d’inquiétude la submergea. Elle savait que la situation avec Ryse ne se réglerait pas aussi facilement. Au même moment, dans la cuisine, Ryse se tenait près de la table, son esprit en proie à un tourbillon de pensées. Son cœur battait fort, chaque battement résonnant dans sa poitrine comme un écho douloureux. Elle avait entendu la conversation entre Nigel et sa mère, et bien qu’elle sache que ce mariage n’était pas ce qu’elle voulait, cela ne faisait pas moins mal. Elle n’avait jamais imaginé que tout se passerait ainsi, qu’elle serait obligée de vivre dans l’ombre d’une situation qu’elle n’avait pas choisie. Soudain, elle sentit une main se poser sur son épaule, la tirant de ses pensées. Éloïse. La jeune femme la fixait avec un regard sévère, les bras croisés sur sa poitrine. « Tu ne vas pas me dire que tu pleures encore, n’est-ce pas ? » La voix d’Éloïse était acerbe, presque accusatrice. Ryse se tourna lentement, les larmes aux yeux. « Éloïse, je… » Elle ne savait pas comment répondre. Tout semblait si confus dans sa tête. « Ne joue pas à la victime, Ryse, » la coupa Éloïse d’un ton glacial. « C’est ce que tu voulais, non ? Après tout, c’est toi qui as manipulé la situation pour que Nigel te remarque. Alors pourquoi pleurer maintenant ? Pourquoi faire comme si tout cela t’échappait ? » Les mots d’Éloïse frappèrent Ryse comme une gifle, douloureux et cruels. Elle sentit ses épaules se tendre sous la pression des reproches, mais elle n’osa pas répondre. Que pouvait-elle dire ? Qu’elle n’avait jamais voulu ça ? Qu’elle n’avait jamais cherché à être au centre de l’attention de Nigel, même si les choses avaient évolué ainsi ? Mais Éloïse ne lui laissait pas le temps de réfléchir. Elle poursuivit, son ton se faisant de plus en plus méprisant. « Tu savais très bien que tout ça finirait ainsi. Tu savais qu’un alpha comme Nigel n’allait jamais accepter une oméga dans sa vie, surtout après tout ce qui s’est passé. Alors pourquoi t’entêter à faire la pauvre victime ? » Ryse baissa les yeux, ne supportant plus le regard d’Éloïse. Les mots de la bêta étaient comme des poignards dans son cœur, et elle sentait la colère monter en elle, mais elle n’osait pas répondre. Éloïse, satisfaite de l’avoir réduite au silence, s’éloigna finalement. « C’est pathétique, Ryse. Tu ferais bien de te réveiller. » La porte de la cuisine se referma doucement derrière elle, laissant Ryse seule avec ses pensées tourmentées. Elle se laissa glisser lentement contre le mur, se repliant sur elle-même. Pourquoi tout était-il si compliqué ? Pourquoi devait-elle toujours se retrouver prise entre deux feux ? Nigel, Éloïse, sa propre place dans cette maison, tout semblait se mélanger dans un tourbillon de confusion. Elle n’avait pas de réponses, seulement un vide immense qui se creusait à l’intérieur d’elle-même. Les bruits de pas dans le couloir résonnèrent à travers la cuisine, et Éloïse se redressa soudainement, ses yeux fixés sur la porte qui menait au salon. Elle reconnut immédiatement le pas ferme et déterminé de Léonie. Sans perdre un instant, Éloïse s’éloigna de Ryse, son regard se posant sur la jeune oméga, toujours tremblante et secouée par les paroles acérées qu’elle venait d’entendre. Mais il n’était pas question de s’attarder. Elle ne voulait pas être prise en flagrant délit de confrontation. D’un pas précipité, elle traversa la cuisine et s’éclipsa par la porte arrière, disparaissant dans les couloirs du manoir. Ryse, encore sous le choc de l’attaque verbale d’Éloïse, se retrouva seule. Elle se laissa lentement glisser sur le sol froid, les larmes perlant à ses yeux. De l’autre côté de la maison, dans leur chambre, Nigel était en train de jeter quelques affaires dans une valise. Il semblait agité, ses gestes brusques et précipités. Un mélange de colère et de frustration marquait ses traits alors qu’il jetait des vêtements et des objets personnels sans vraiment se soucier de les plier. La porte s’ouvrit avec un bruit sourd, et Éloïse entra dans la pièce, visiblement inquiète. « Nigel… qu’est-ce que tu fais ? » demanda-t-elle, sa voix tremblante. Nous partons, Éloïse. » Les mots qu’il prononça étaient simples, mais pleins de signification. Il ne lui laissa pas le temps de répondre immédiatement. Il posa ses mains sur la valise ouverte, fermant doucement le zip. « Je ne peux plus supporter cette vie ici. Je… » Il se tourna vers elle, son regard se durcissant sous l’effet de la tension accumulée. « On part. Et je veux que tu viennes avec moi. » Il se rapprocha d’elle d’un pas, son regard ancré dans le sien. Éloïse sentit son cœur battre plus fort. Elle savait ce que cela signifiait. Il s’agissait d’une rupture totale avec la vie qu’ils avaient menée jusqu’ici. Et elle savait, au fond d’elle, qu’elle était prête à tout pour être à ses côtés, même si cela signifiait renoncer à tout ce qu’elle avait connu. Sans un mot, elle s’approcha de lui, prenant sa main. Il ne pouvait pas y avoir de retour en arrière maintenant. Ils s’éloignaient de ce monde, de ces règles, et ils allaient tout recommencer ailleurs. Ensemble. Elle lui sourit doucement, et d’un ton calme, presque apaisé, elle répondit : « Je viens avec toi, Nigel. » Il la fixa longuement, comme s’il cherchait à comprendre si elle était vraiment prête à faire ce sacrifice. Mais il n’y avait aucun doute dans ses yeux. Elle le suivrait partout. Elle l’aimait, et c’était tout ce qui comptait. Sans dire un mot de plus, il attrapa sa valise et se dirigea vers la porte. Éloïse, un dernier regard jeté à la chambre qu’ils laissaient derrière eux, emboîta le pas. Ils n’avaient plus rien à faire ici. Ils étaient prêts à affronter leur avenir, ensemble, main dans la main, déterminés à tourner la page de cette vie qu’ils avaient toujours connue.Dans le hall de la maison, ils croisèrent Ryse, qui les observa sans un mot, un mélange de confusion et de tristesse sur son visage. Elle comprenait que quelque chose venait de se briser, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de se demander si elle ne l’avait pas un peu précipitée, cette rupture.Ryse se retrouva seule dans sa chambre, son esprit tourbillonnant, submergé par les images qui se bousculaient dans son esprit. Elle venait tout juste de croiser Nigel et Éloïse, en train de quitter la maison, et la scène se répétait inlassablement dans sa tête. Ils étaient partis, ensemble, sans un mot, sans un regard pour elle. Elle se laissa tomber sur le lit, un frisson glacé traversant son corps.Elle ferma les yeux et, lentement, les souvenirs de son enfance commencèrent à refaire surface, aussi clairs et vivants que si c’était hier. Un autre temps, un autre lieu, un autre elle.Flashback - Quand Ryse était enfantIl faisait chaud ce jour-là, l’air chargé de la douceur de l’été, et Ryse
Mais je ne veux pas être celle qui gâche son bonheur, » répondit-elle, sa voix presque inaudible. « Je ne veux pas être la raison de ses souffrances. Il a besoin de quelqu’un de… meilleur. Pas de moi. Je ne suis qu’une oméga. Et il mérite plus que cela. »Léonie s’approcha encore un peu plus, son regard perçant mais empli de compassion. Elle attrapa doucement le menton de Ryse pour la forcer à la regarder dans les yeux.« Tu te trompes, Ryse. Ce n’est pas ce que tu es qui définit ce que tu mérites. Ce qui compte, c’est ce que vous avez vécu ensemble, ce que vous ressentez l’un pour l’autre. Nigel a besoin de toi. Pas d’une oméga idéale dans l’imaginaire, mais de toi, celle qu’il connaît depuis l’enfance, celle qui le comprend mieux que personne. »Ryse sentit une boule se former dans sa gorge, la vérité de ces mots la frappant de plein fouet. Mais elle était terrifiée. Terrifiée à l’idée de vivre dans l’ombre de quelqu’un d’autre, terrifiée à l’idée de ne pas pouvoir être à la hauteur
Le matin se leva sur le domaine Harris, enveloppant la demeure d’une lumière douce et dorée. Dans la cuisine, Ryse s’activait déjà, les mains occupées à ranger les ustensiles et à préparer le petit-déjeuner. Le cliquetis des couverts, le doux parfum du pain grillé et du café chaud emplissaient l’espace. Elle tentait de se concentrer sur sa tâche, d’oublier les événements de la veille, mais son esprit était encore alourdi par les paroles de Léonie et la vision de Nigel quittant la maison avec Éloïse.Elle se répéta en silence qu’elle n’attendait rien de lui. Qu’elle n’avait jamais voulu ce mariage. Pourtant, une sensation amère lui restait au fond de la gorge.— Tu as une mine affreuse ce matin, fit remarquer une voix derrière elle.Ryse sursauta légèrement avant de se retourner. Lorna, une des servantes avec qui elle s’entendait bien, était adossée contre la table, un torchon à la main. Son regard pétillait d’une curiosité mal dissimulée.— Alors, c’est vrai ? demanda-t-elle avec un s
Le frottement du chiffon contre le bois poli résonnait doucement dans la chambre baignée de lumière. Ryse s’appliquait, passant le tissu humide sur chaque surface avec la minutie d’un travail qu’elle connaissait par cœur. Elle venait de finir de faire le lit, et les draps blancs parfaitement tendus donnaient à la pièce un aspect immaculé. Ici, tout devait être parfait, impeccable, sans la moindre trace de poussière ou de négligence. Elle repoussa une mèche de cheveux blonds derrière son oreille et recula de quelques pas pour inspecter son travail. La grande chambre d’amis, qui n’avait pas été occupée depuis des mois, était désormais prête. D’un geste automatique, elle ramassa son seau et son chiffon, puis se dirigea vers le couloir silencieux. Les journées de Ryse étaient toujours les mêmes : du matin au soir, elle s’occupait du nettoyage, du linge, parfois de la cuisine quand on avait besoin d’aide. C’était une routine bien rodée, une existence discrète au sein de cette immense d
Sa voix était calme, posée, sans trace d’émotion apparente. Après tout, elle n’était qu’une domestique ici, rien de plus. Mais dans ses souvenirs, il avait été bien plus que cela. Peut-être qu’au fond, une petite part d’elle espérait voir un éclat de reconnaissance, une lueur dans ses yeux qui lui prouverait que ces années partagées n’avaient pas été totalement effacées.Mais il n’en fut rien.Nigel baissa les yeux vers sa main tendue, la scrutant comme s’il s’agissait d’un objet étranger. Un silence pesant s’installa.Puis, il détourna simplement le regard.Il ne la salua pas. Il ne prit pas sa main. Il ne lui adressa même pas un mot.L’air autour d’eux sembla se figer. Madame Harris observa la scène sans dire un mot, les lèvres légèrement pincées, tandis qu’Éloïse jetait un regard curieux à Ryse, comme si elle tentait de comprendre qui elle était pour oser s’adresser à Nigel ainsi.Un nœud se forma dans l’estomac de Ryse. Elle sentit ses doigts se crisper légèrement avant de se refe
Éloïse, qui était restée silencieuse jusque-là, s’agenouilla à ses côtés et prit doucement sa main. « Je comprends… » murmura-t-elle. Puis, son regard s’assombrit alors qu’elle jetait un coup d’œil vers la porte. « Et pourtant, ce soir, Ryse a laissé ses phéromones se diffuser. »Elle tourna de nouveau son visage vers Nigel. « Tu vois ce que ça veut dire, n’est-ce pas ? »Nigel ne répondit pas tout de suite. Son esprit était encore embrumé, mais une chose était certaine : il ne pouvait pas rester près de Ryse.Pas après ce qu’il venait de ressentir.Et surtout pas si elle représentait une menace pour son équilibre fragile.Le silence s’était installé dans le salon, lourd et pesant.Lorsque madame Harris revint, elle était accompagnée de Nigel et d’Éloïse. Son visage, d’ordinaire si chaleureux, était fermé, marqué par l’inquiétude. Nigel, lui, semblait encore troublé. Son teint était légèrement pâle, et ses mâchoires étaient crispées comme s’il se battait intérieurement pour garder co
Le parquet grinça légèrement sous les pas légers de Ryse alors qu’elle descendait l’escalier de service menant aux cuisines. L’odeur du pain chaud et du café flottait déjà dans l’air, se mêlant aux effluves sucrés des confitures et à l’arôme plus prononcé des œufs en train de cuire.Lorsqu’elle pénétra dans la grande cuisine animée, elle fut aussitôt accueillie par le brouhaha familier des servantes en plein travail. Mary, une femme aux joues rondes et au tablier couvert de farine, leva la tête en la voyant entrer.« Ah, Ryse ! Tu arrives juste à temps. Attrape donc ce plateau et va poser les couverts sur la grande table. »Ryse s’exécuta sans attendre, attrapant avec habileté le plateau rempli de vaisselle et de serviettes pliées.« Alors, tu es excitée ? » lança subitement Lorna, une jeune servante aux cheveux bruns attachés en une tresse serrée.Ryse se tourna vers elle, haussant un sourcil.« Excitée par quoi ? »Lorna roula des yeux en posant un panier de viennoiseries sur le com
Ryse hésita, ses doigts se resserrant involontairement autour du plateau. Mais elle n’avait jamais su désobéir à cette femme qui, malgré son statut, l’avait toujours traitée avec une certaine bienveillance.Elle reposa le plateau sur une desserte et s’approcha lentement.Le fauteuil qu’elle occupait était grand, imposant, et contrastait avec la silhouette délicate de la vieille femme qui lui faisait signe de s’asseoir juste à côté d’elle.Ryse s’exécuta, gardant les yeux baissés, le cœur battant fort dans sa poitrine.Léonie Harris prit une profonde inspiration avant de poser sa main sur la sienne.« Il est temps de parler sérieusement, Ryse. »L’oméga se raidit légèrement.Elle ne savait pas pourquoi, mais une angoisse sourde se répandait en elle.Madame Harris attendit quelques secondes avant d’annoncer d’une voix calme mais ferme :« Tu vas épouser Nigel. »Le monde de Ryse bascula en une fraction de seconde.Elle releva brusquement les yeux vers la matriarche, les lèvres entrouver
Le matin se leva sur le domaine Harris, enveloppant la demeure d’une lumière douce et dorée. Dans la cuisine, Ryse s’activait déjà, les mains occupées à ranger les ustensiles et à préparer le petit-déjeuner. Le cliquetis des couverts, le doux parfum du pain grillé et du café chaud emplissaient l’espace. Elle tentait de se concentrer sur sa tâche, d’oublier les événements de la veille, mais son esprit était encore alourdi par les paroles de Léonie et la vision de Nigel quittant la maison avec Éloïse.Elle se répéta en silence qu’elle n’attendait rien de lui. Qu’elle n’avait jamais voulu ce mariage. Pourtant, une sensation amère lui restait au fond de la gorge.— Tu as une mine affreuse ce matin, fit remarquer une voix derrière elle.Ryse sursauta légèrement avant de se retourner. Lorna, une des servantes avec qui elle s’entendait bien, était adossée contre la table, un torchon à la main. Son regard pétillait d’une curiosité mal dissimulée.— Alors, c’est vrai ? demanda-t-elle avec un s
Mais je ne veux pas être celle qui gâche son bonheur, » répondit-elle, sa voix presque inaudible. « Je ne veux pas être la raison de ses souffrances. Il a besoin de quelqu’un de… meilleur. Pas de moi. Je ne suis qu’une oméga. Et il mérite plus que cela. »Léonie s’approcha encore un peu plus, son regard perçant mais empli de compassion. Elle attrapa doucement le menton de Ryse pour la forcer à la regarder dans les yeux.« Tu te trompes, Ryse. Ce n’est pas ce que tu es qui définit ce que tu mérites. Ce qui compte, c’est ce que vous avez vécu ensemble, ce que vous ressentez l’un pour l’autre. Nigel a besoin de toi. Pas d’une oméga idéale dans l’imaginaire, mais de toi, celle qu’il connaît depuis l’enfance, celle qui le comprend mieux que personne. »Ryse sentit une boule se former dans sa gorge, la vérité de ces mots la frappant de plein fouet. Mais elle était terrifiée. Terrifiée à l’idée de vivre dans l’ombre de quelqu’un d’autre, terrifiée à l’idée de ne pas pouvoir être à la hauteur
Dans le hall de la maison, ils croisèrent Ryse, qui les observa sans un mot, un mélange de confusion et de tristesse sur son visage. Elle comprenait que quelque chose venait de se briser, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de se demander si elle ne l’avait pas un peu précipitée, cette rupture.Ryse se retrouva seule dans sa chambre, son esprit tourbillonnant, submergé par les images qui se bousculaient dans son esprit. Elle venait tout juste de croiser Nigel et Éloïse, en train de quitter la maison, et la scène se répétait inlassablement dans sa tête. Ils étaient partis, ensemble, sans un mot, sans un regard pour elle. Elle se laissa tomber sur le lit, un frisson glacé traversant son corps.Elle ferma les yeux et, lentement, les souvenirs de son enfance commencèrent à refaire surface, aussi clairs et vivants que si c’était hier. Un autre temps, un autre lieu, un autre elle.Flashback - Quand Ryse était enfantIl faisait chaud ce jour-là, l’air chargé de la douceur de l’été, et Ryse
Nigel ouvrit la bouche pour répliquer, mais aucun son n’en sortit.Sa mère continua :« Tu crois que je ne comprends pas ton rejet, tes craintes ? Je ne suis pas aveugle, Nigel. Je sais que quelque chose te hante, quelque chose lié aux omégas. Mais ce n’est pas une raison pour ignorer ce que tu es. »Elle marqua une pause, puis ajouta avec une fermeté implacable :« Ryse sera ta femme. Je ne veux plus en entendre parler. »Le silence qui s’installa fut écrasant.Nigel dévisagea sa mère, une lueur de colère et d’incompréhension dans les yeux.Il aurait voulu crier, argumenter, tout envoyer valser… mais face à l’assurance tranquille de Léonie, il se sentit impuissant.Léonie se leva à son tour, lissant les plis de sa robe avec une élégance mesurée.« Tu as toujours été un homme fier, Nigel. Mais réfléchis bien à ce que je t’ai dit. Car cette fois, il n’y aura pas d’alternative. »Et sur ces mots, elle tourna les talons et s’éloigna lentement, le laissant seul avec ses pensées tourmentée
Ryse hésita, ses doigts se resserrant involontairement autour du plateau. Mais elle n’avait jamais su désobéir à cette femme qui, malgré son statut, l’avait toujours traitée avec une certaine bienveillance.Elle reposa le plateau sur une desserte et s’approcha lentement.Le fauteuil qu’elle occupait était grand, imposant, et contrastait avec la silhouette délicate de la vieille femme qui lui faisait signe de s’asseoir juste à côté d’elle.Ryse s’exécuta, gardant les yeux baissés, le cœur battant fort dans sa poitrine.Léonie Harris prit une profonde inspiration avant de poser sa main sur la sienne.« Il est temps de parler sérieusement, Ryse. »L’oméga se raidit légèrement.Elle ne savait pas pourquoi, mais une angoisse sourde se répandait en elle.Madame Harris attendit quelques secondes avant d’annoncer d’une voix calme mais ferme :« Tu vas épouser Nigel. »Le monde de Ryse bascula en une fraction de seconde.Elle releva brusquement les yeux vers la matriarche, les lèvres entrouver
Le parquet grinça légèrement sous les pas légers de Ryse alors qu’elle descendait l’escalier de service menant aux cuisines. L’odeur du pain chaud et du café flottait déjà dans l’air, se mêlant aux effluves sucrés des confitures et à l’arôme plus prononcé des œufs en train de cuire.Lorsqu’elle pénétra dans la grande cuisine animée, elle fut aussitôt accueillie par le brouhaha familier des servantes en plein travail. Mary, une femme aux joues rondes et au tablier couvert de farine, leva la tête en la voyant entrer.« Ah, Ryse ! Tu arrives juste à temps. Attrape donc ce plateau et va poser les couverts sur la grande table. »Ryse s’exécuta sans attendre, attrapant avec habileté le plateau rempli de vaisselle et de serviettes pliées.« Alors, tu es excitée ? » lança subitement Lorna, une jeune servante aux cheveux bruns attachés en une tresse serrée.Ryse se tourna vers elle, haussant un sourcil.« Excitée par quoi ? »Lorna roula des yeux en posant un panier de viennoiseries sur le com
Éloïse, qui était restée silencieuse jusque-là, s’agenouilla à ses côtés et prit doucement sa main. « Je comprends… » murmura-t-elle. Puis, son regard s’assombrit alors qu’elle jetait un coup d’œil vers la porte. « Et pourtant, ce soir, Ryse a laissé ses phéromones se diffuser. »Elle tourna de nouveau son visage vers Nigel. « Tu vois ce que ça veut dire, n’est-ce pas ? »Nigel ne répondit pas tout de suite. Son esprit était encore embrumé, mais une chose était certaine : il ne pouvait pas rester près de Ryse.Pas après ce qu’il venait de ressentir.Et surtout pas si elle représentait une menace pour son équilibre fragile.Le silence s’était installé dans le salon, lourd et pesant.Lorsque madame Harris revint, elle était accompagnée de Nigel et d’Éloïse. Son visage, d’ordinaire si chaleureux, était fermé, marqué par l’inquiétude. Nigel, lui, semblait encore troublé. Son teint était légèrement pâle, et ses mâchoires étaient crispées comme s’il se battait intérieurement pour garder co
Sa voix était calme, posée, sans trace d’émotion apparente. Après tout, elle n’était qu’une domestique ici, rien de plus. Mais dans ses souvenirs, il avait été bien plus que cela. Peut-être qu’au fond, une petite part d’elle espérait voir un éclat de reconnaissance, une lueur dans ses yeux qui lui prouverait que ces années partagées n’avaient pas été totalement effacées.Mais il n’en fut rien.Nigel baissa les yeux vers sa main tendue, la scrutant comme s’il s’agissait d’un objet étranger. Un silence pesant s’installa.Puis, il détourna simplement le regard.Il ne la salua pas. Il ne prit pas sa main. Il ne lui adressa même pas un mot.L’air autour d’eux sembla se figer. Madame Harris observa la scène sans dire un mot, les lèvres légèrement pincées, tandis qu’Éloïse jetait un regard curieux à Ryse, comme si elle tentait de comprendre qui elle était pour oser s’adresser à Nigel ainsi.Un nœud se forma dans l’estomac de Ryse. Elle sentit ses doigts se crisper légèrement avant de se refe
Le frottement du chiffon contre le bois poli résonnait doucement dans la chambre baignée de lumière. Ryse s’appliquait, passant le tissu humide sur chaque surface avec la minutie d’un travail qu’elle connaissait par cœur. Elle venait de finir de faire le lit, et les draps blancs parfaitement tendus donnaient à la pièce un aspect immaculé. Ici, tout devait être parfait, impeccable, sans la moindre trace de poussière ou de négligence. Elle repoussa une mèche de cheveux blonds derrière son oreille et recula de quelques pas pour inspecter son travail. La grande chambre d’amis, qui n’avait pas été occupée depuis des mois, était désormais prête. D’un geste automatique, elle ramassa son seau et son chiffon, puis se dirigea vers le couloir silencieux. Les journées de Ryse étaient toujours les mêmes : du matin au soir, elle s’occupait du nettoyage, du linge, parfois de la cuisine quand on avait besoin d’aide. C’était une routine bien rodée, une existence discrète au sein de cette immense d