CHAPITRE TROIS
Éviter Lucas et Gael allait tenir de la gageure ! Saurie frôla un mur et se glissa derrière un groupe d’adolescents pour éviter que les deux jeunes hommes l’aperçoivent. Ils la cherchaient visiblement, Gael avait même eu une prise de bec avec Perséphone en lui sommant carrément de lui dire où se trouvait son invisible cousine. Il lui était tombé dessus à la sortie de l’autobus scolaire. Persy était hors d’elle et ne rêvait plus que de l’enterrer vivant à la place des deux malheureuses dont le meurtrier n’avait pas été retrouvé. Les policiers n’avaient aucune piste exceptée que c’était exactement la même chose qui s’était déroulée cinquante ans plus tôt avec Hélène Maréchal, fille exemplaire d’une famille dont le père était comptable et la mère bien née, héritière d’un entrepreneur de Beldecour. Pierre était le seul descendant des Maréchal, ses parents s’étaient tués dans un accident de voilier quinze ans plus tôt. Il n’avait pas d’enfants, ne s’était jamais marié, il avait tout perdu dans la vie en commençant par sa sœur qu’il adorait.
Lorsque les journalistes l’avaient rencontré pour connaître son opinion sur les derniers incidents de Beldecour, il avait rétorqué avec un regard triste que la tragédie qui avait frappé les siens cinquante ans plus tôt assombrissait aujourd’hui les regards des proches de Marjorie Trudel et de ceux de Zoey St-Jean qui revivaient cette perte un mois après avoir cru qu’elle avait été attaquée par des bêtes sauvages en forêt. Monsieur Pierre, comme les gens le surnommaient, semblait porter le poids de l’humanité sur ses frêles épaules de vieillard. Il avait douze ans au décès de sa sœur, il aurait pu paraître moins vieux car il n’avait que soixante-deux ans, mais les morts autour de lui avaient éteint la lumière dans le reflet de son âme.
Il était le sujet de conversation à l’école secondaire Beauharnois Privilège depuis la découverte des corps. Les gens murmuraient sur son passage et Saurie trouvait cela très triste. Monsieur Pierre méritait de vivre tranquille, pas d’être encore une fois le potin principal des mauvaises langues de Beldecour. Elle avait dû se taper toutes les spéculations les plus idiotes sur le meurtre de Marjorie la veille dans la file d’attente pour les photos des finissants. Un congé de conneries était son plus cher souhait !
Une main masculine jaillit entre deux épaules et tira Saurie hors du bouclier humain qu’elle longeait sans un bruit. Les adolescents se dispersèrent, personne n’allait se frotter à Gael St-Clair et son sale caractère. Saurie lui décocha un coup de pied sur le tibia, il la lâcha pour sacrer et jurer après tous les saints du ciel. La jeune fille fit deux bonds pour s’échapper, mais Lucas la ceintura et l’appuya contre un mur. De loin, on ne voyait que le dos massif de l’étoile montante de l’équipe de football Les Loups de Beldecour. Lucas braqua un regard sévère sur la récalcitrante partenaire de leur trio.
—Tu ne peux pas nous éviter toute ta vie, Saurie.
—Je peux toujours essayer.
—Tu es vraiment une fille énervante, tu le savais ?
Gael boita jusqu’à eux.
—Je vais lui tordre son petit cou de grenouille à cette …
Lucas ne le laissa pas terminer sa phrase.
—Gisèle Malonet n’est pas retournée chez-elle hier soir. Elle est venue prendre des photos de la pratique de football après la séance de torture pour celles des finissants, deux filles parmi les majorettes l’ont déposé devant chez-elle, mais elle n’a jamais franchi le pas de la porte de sa maison. Ses parents ont alerté la police et mon père m’a demandé à ce qu’on te surveille, Saurie. Tu étais présente lorsqu’on a découvert les corps et le tueur en série à une prédilection pour les filles de petites tailles aux longs cheveux.
Saurie lui donna un petit coup de poing sec dans le ventre et il fut surpris qu’elle soit forte malgré sa petite carrure. Il recula un peu et elle se détendit, visiblement se sentir prisonnière la rendait agressive. Gael tira une mèche de cheveux châtain vers lui.
—Tu vois un peu pourquoi Lucas se tracasse pour toi, tête de mule ? Gisèle Malonet habite à quelques maisons de la tienne. C’est écrit M sur sa boîte aux lettres, même concept que les Mannigan. L’assassin a peut-être confondu les demeures. Tant qu’à moi le soir la maison des Malonet m’a l’air aussi lugubre que la tienne.
Saurie ouvrit la bouche et la referme illico. Elle n’avait pas pensé à cela et ignorait que Gisèle était portée disparut. La cloche sonna et Lucas se pencha vers Saurie pour murmurer et n’être entendu que de Gael, l’adolescente et lui :
—Ne quitte pas l’école sans nous, Saurie. Je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose.
Elle hocha la tête et ils s’éloignèrent. Les couloirs commençaient à se vider et Saurie se dépêcha de rejoindre son casier pour se précipiter vers sa classe de cours. Elle n’entendit pas le clic clic clic d’un téléphone qui prend plusieurs photos ni ne vit l’ombre qui se glissa hors de l’école avec un sac à dos quand tous les étudiants se dépêchaient de rejoindre leur classe.
*****
Saurie se trouvaient devant les portes centrales lorsque Perséphone et ses copains passèrent devant elle. Persy planta là sa bande pour revenir sur ses pas.
—Ça va ?
—Oui, je pense. Tu savais que Gisèle Malonet est portée disparue depuis hier soir ?
Persy s’humecta les lèvres, mal à l’aise.
—Tu penses que c’est le tueur en série ?
—C’est à quatre maisons de la nôtre, Persy, et il y a un M sur la boîte aux lettres comme la nôtre. Même la poste se trompe parfois et mélange nos courriers.
—Ce ne serait pas ces deux imbéciles qui veulent jouer les héros, qui t’on mis ces idées ridicules en tête ?
Gael et Lucas entourèrent Saurie et Perséphone leva les bras au ciel.
—Je n’en reviens pas ! Le Cercle des bêtises recommence !
Lucas poussa un soupir. La remarque de Perséphone venait d’attirer l’attention sur eux. Il n’aimait pas être le centre d’intérêt en dehors des parties de football.
—Tu veux qu’on te dépose aussi, Perséphone ? Nous allons conduire Saurie pour plus de sécurité.
—C’est ridicule ! Vous pensez vraiment qu’il y a un tueur en série dans le coin et qu’il vous a vu avec les policiers près du tombeau improvisé de Marjorie et de la journaliste ?
Gael allait répondre vertement quelque chose, mais il s’étouffa lorsqu’il aperçut par les grandes fenêtres de l’école Gisèle Malonet. Tout le monde suivit son regard, mais Perséphone fut la seule à ne pas voir la brunette à l’air hagard qui marchait vers l’école, en sens inverse des étudiants, de la boue sur la joue, les cheveux poisseux de terre et son appareil photo à la main. Saurie colla son nez contre le torse de Lucas qui referma les bras sur elle. Gael baissa la tête pour inspirer. Le fantôme traversa les portes sans les voir et continua, elle ne se rendit même pas compte que le Cercle des bêtises s’étaient tassés pour l’éviter. Perséphone pâlit et interrogea le trio perturbé :
—Vous avez vu le fantôme de Gisèle ?
Gael fronça les sourcils et Persy expliqua :
—Je tenais souvent la main de Saurie la nuit avant que l’on trouve le moyen d’éloigner les esprits errants loin de la maison. Elle avait tellement peur d’eux lorsqu’elle était petite. Ils venaient la harceler la nuit et lui demandaient plein de trucs sans sens, elle ne savait pas quoi faire et moi je les engueulais même si je ne les voyais pas. Je sais reconnaître lorsqu’un revenant passe tout près désormais. J’ai froid jusque dans les os.
Elle fit la grimace :
—À voir vos têtes, Gisèle est morte et elle donnait l’impression de sortir de sous la terre.
Leur air terrorisé fut une réponse. Elle se frictionna les bras vigoureusement.
—Je peux me joindre à vous ? Pas trop envie de me rendre seule chez-moi, l’autobus nous dépose à trois maisons de chez-nous habituellement. Presque devant la demeure de Gisèle, en fait.
Gael frissonna :
—Dorénavant, je vous ramasse le matin et je vous dépose le soir. Hors de question que je vous laisse marcher dans la rue toutes les deux tant et aussi longtemps que ce monstre sanguinaire ne sera pas arrêté.
Lucas ébaucha un sourire malgré lui.
—Bienvenue dans le Cercle des bêtises, Persy.
Elle lui tira la langue. Ils s’engouffrèrent deux minutes plus tard dans la Camaro noire de Gael sans échanger une parole.
*****
Le père de Lucas avait la même idée que son fils. Le tueur en série aurait-il le culot d’enterrer Gisèle Malonet vivante au même endroit que les deux autres ? Les chiens policiers et une escouade complète d’hommes et de femmes fouillèrent les lieux, en vain. Impossible de trouver Gisèle. Une semaine s’écoula après sa disparition, puis deux et finalement trois. Lorsque cela fit deux mois après le premier meurtre, on ne parlait déjà plus de ce tueur qui avait dû quitter les environs de la petite ville tranquille de Beldecour. Gael et Lucas finirent par conclurent que les cousines Mannigan n’étaient plus en danger et les filles reprirent l’autobus matin et soir pour l’école. L’automne allait se terminer sous peu, les drames du début d’année scolaire n’intéressaient plus personne, sauf la dame blanche hantant le domaine des Murray que ces morts avaient perturbé.
*****
Lucas fit sursauter Saurie et Perséphone en s’appuyant sur le casier de la plus courte des deux Mannigan.
—Vous serez à la soirée d’Halloween de Patrick Champlain ?
Saurie pâlit et Perséphone tourna une boucle rouge (elle changeait de couleur au gré des saisons) entre ses doigts.
—Je pensais que j’avais été clair que nous n’étions pas tes amies, Mathis.
Gael saisit brusquement Persy par la taille, la souleva du sol pour la déposer plus loin et ainsi s’appuyer près de Saurie.
—Quand il dit vous, Persy, c’est pour être polie. Alors, tu viens à la soirée ce soir, Saurie ?
L’intéressée plissa le nez, dédaigneuse.
—L’Halloween est la fête des morts, alors vous imaginez que je ne place jamais le nez dehors ce soir-là.
Lucas lui dédia un sourire jovial :
—Justement, on aimerait ne pas être les seuls perturbés.
Jada Kerridan la petite-amie, et ex-petite-amie selon son humeur, de Gael s’immisça dans le groupe.
—Gael, tu fais quoi ?
—Je demandais à Saurie si elle venait à la fête de Patrick Champlain ce soir ?
Jada braqua un regard méprisant sur la jeune fille qui lui allait à peine au nez.
—Ce qu’on s’en fout de cette larve.
Gael ouvrit la bouche et la referma aussitôt, et bien malgré lui, lorsque Persy saisit Jada par les cheveux et la tira vers l’arrière.
—Dégage, la conne.
Jada se massa le cuir chevelu, les dents serrées.
—Mikelson, tu vas me payer ça.
Saurie passa sous le bras de sa cousine qui faisait un geste de la main fort peu sympathique à Jada et se planta devant la brunette trop maquillée et aux vêtements moulants.
—Mikelson c’est ma cousine et ces deux gars-là ce sont mes amis même si je ne comprends pas pourquoi. Tu veux ton petit jouet personnel, tu le prendras quand j’en aurai fini avec lui. Autrement, dégage, Jada. Ta vue m’horripile.
Jada dévisagea, ulcérée, la petite chose qu’elle pensait être effacée et insignifiante. Saurie lui tourna le dos pour retourner à son casier, mais s’arrêta brusquement pour l’interroger avec une mine ingénue :
—Oh, j’y pense, tu sais ce que veut dire horripile ? Je n’ai pas utilisé un vocabulaire trop recherché pour toi, j’espère ?
Jada serra les poings. Elle bouillait de rage, mais elle passa aux larmes lorsqu’elle croisa le regard amusé de son copain des six derniers mois.
—Je te déteste, Gael !
Il ne chercha même pas à la rattraper et ramena son attention sur Saurie.
—Tu sais te défendre, la grenouille.
Elle leva les yeux au ciel. Lucas ignora son ami d’enfance et agrippa Saurie par les épaules pour qu’elle lui fasse face.
—Alors, tu veux bien être traumatisée avec nous au party de Patrick ?
—Est-ce que vous ne pourriez pas éviter un traumatisme ?
—Tu veux dire ?
—Vous pourriez venir chez-moi au lieu d’un party où il y aura plein de fantômes ?
Perséphone se tapa le front de sa main.
—Ben oui, le soir où oncle Bernard et tante Mesra ne sont pas là, tu invites deux garçons à la maison. Moi, je vais au cimetière avec mes copains et si j’ai de la chance l’un d’eux tombera dans une fosse fraîchement faites et hurlera de terreur.
Saurie battit des cils.
—Tu ne veux pas passer la soirée à la Mannigan avec ta cousine et ses deux meilleurs amis sangsues ?
Persy ébaucha un lent sourire.
—À la Mannigan ?
—À la Mannigan.
Lucas grimaça en s’adressant à Gael par-dessus la tête de Saurie.
—T’es certain qu’un party avec plein de fantômes autour ne serait pas moins dangereux ?
Gael passa une main nerveuse dans ses cheveux.
—Je préfère qu’on soit tous les trois lorsqu’il y a plein de revenants. Je n’ai jamais aimé l’Halloween à cause de tous ces morts que personnes ne voient.
Lucas grommela :
—Alors, va pour une soirée à la Mannigan, même si je doute que je vais aimer cela.
Persy posa le coude sur l’épaule de Gael avec un air enchanté. Elle avait presque sa grandeur avec les hauts talons de ses bottes gothiques.
—Oh, vous allez aimer ! Il faut vous déguiser, sinon ce ne serait pas l’Halloween, la fête des morts.
Saurie ne dit rien, mais Gael surprit son petit sourire en coin. Il se dégagea, Persy faillit tomber dans le mouvement, et il enfonça les mains dans les poches de son jeans.
—Je ne suis pas ton accotoir, Persy.
Ils s’éloignèrent chacun en sens inverse lorsque la cloche sonna, histoire d’informer leurs bandes respectives qu’ils ne se sentaient vraiment pas bien et ne sortiraient pas en ce soir mémorable. Saurie fut la seule qui ne mentit à personne, car elle n’avait pas d’amis à part eux.
*****
Ce fut Perséphone qui ouvrit la porte à vingt heures pile. Elle avait deux lulus qui lui donnaient un air gamin avec ses cheveux rouges qui lui tombaient ordinairement sur les épaules. Elle portait une robe de petite fille du genre Alice au pays des merveilles, mais rouge ornée de boucles blanches, courte à mi-cuisse avec jupon blanc et une crinoline rouge vif, ainsi que de hautes bottes rouges aux lacets blancs. Gael pouffa de rire et s’inclina. Il était déguisé en chapelier fou et aurait pu faire concurrence à Johnny Deep dans le film de Tim Burton de 2010. Perséphone trouva cela très drôle. Elle appuya sur la sonnette pour qu’ils puissent entendre le bruit étrange d’outre-tombe que cela faisait et éclata de rire devant la mine craintive de Lucas.
—T’inquiète, Dracula, tu ne passeras pas les prochaines heures aux portes de l’Enfer !
Elle ferma derrière-eux.
—L’aîné des six Mannigan se nomme Bernard, c’est lui le chef de maison, mais il ne veut pas qu’on fasse réparer quoi que ce soit par des étrangers. Il veut tout faire lui-même, sauf qu’il ne le fait jamais. Le toit coule, la cave prend l’eau, les fenêtres font passer l’air, la tuyauterie de la cuisine est bouchée une fois sur deux, etc., etc. La sonnette de l’entrée c’est le cadet de ses soucis, mais on a l’impression d’être dans la maison de la famille Adams quand on l’entend.
Elle pouffa de rire lorsqu’ils s’arrêtèrent à l’entrée du salon, surpris.
—Bienvenue à une soirée à la Mannigan !
La grande pièce était éclairée par des bougies, des chandeliers et des pots transparents où on aurait cru voir des lucioles. Le courant avait été fermé partout sauf dans l’entrée de la demeure. Saurie jaillit alors de la pièce adjacente qui était la salle à manger dans un mouvement de tissus diaphanes avec deux grandes ailes vertes dans son dos dont les paillettes accrochaient des éclats de lumière. Gael siffla pour montrer son admiration et elle rougit. Lucas s’inclina :
—Vous êtes magnifique petite fée.
Il se redressa et montra ses faux crocs.
—On pourrait vous croquer toute crue.
Elle balaya l’air de sa main.
—Sottise, Dracula. Je goûte le citron et le fenouil, alors pas bonne du tout à manger pour des carnivores.
Gael s’avança pour toucher une aile, impressionné par le déguisement.
—Vraiment beau. Si je te pousse du toit, tu pourras t’envoler ?
Saurie lui donna un coup de poing dans l’estomac et il crampa, le souffle court :
—C’est pas supposé être doux et gentils les fées ?
Persy haussa les épaules avec un sourire aguicheur en se hissant sur un petit bureau ancien.
—J’sais pas, tu en connais beaucoup de fées, toi ?
Gael lorgna sur ses jambes gainées d’un filet rouge qu’elle croisa devant elle. Lucas lui donna une tape derrière la tête et il en perdit son chapeau haut de forme. Saurie les ignora et retourna à la salle à manger. Elle revint dans la seconde avec un plateau. Lucas s’avança vers elle :
—Qu’est-ce que c’est ?
—Du cidre confectionné par mon oncle. Des dés, des feuilles et un crayon.
Il fronça les sourcils :
—Le cidre, je comprends, mais le reste ça sert à quoi ?
Saurie leva la tête pour croiser son regard et lui dédia un grand sourire joyeux.
—Pour une soirée à la Mannigan !
Gael jeta un coup d’œil à Persy qui semblait rigoler de la situation.
—J’ai l’impression, Mathis, que nous sommes tombés dans un piège.
Lucas acquiesça, mais les filles les invitèrent à s’asseoir par terre, sur des coussins installés autour de la vieille table du salon en bois. À leur grande surprise, une soirée à la Mannigan c’était une soirée de jeux de société en commençant par une partie de Yahtzee !
*****
Lucas et Persy étaient très compétitifs, Gael jouait pour le plaisir sans se casser la tête et Saurie perdait constamment en grommelant qu’elle n’avait pas de chance. Ils s’amusaient et rigolaient, ce qui comptait le plus à leurs yeux en ce soir des morts. Lucas remporta une partie de « Pige dans le lac » et hurla sa joie comme un loup. Persy pouffa de rire.
—T’es un vampire, pas un loup-garou !
Lucas mima une version vampire/loup-garou et ils se tordirent tous, hilares. Saurie se leva pour amener dans la cuisine les assiettes sales de leur encas guacamole et salsa avec croustilles au blé. Un fracas de vaisselles les fit sursauter et ils s’élancèrent vers le bruit.
Saurie était debout devant la fenêtre, qui se trouvait au-dessus du lavabo et du comptoir. À l’extérieur une femme aux longs cheveux noirs vêtue d’une robe blanche cognait de ses ongles sur la vitre. Des débris de verre étaient répandus autour de la jeune fille. Gael évita de regarder la femme qui devait avoir des jambes extrêmement longues pour se trouver à hauteur de la taille lorsque l’ouverture était à au moins huit pieds du sol. Il attrapa Saurie par les hanches, la souleva pour la passer à Lucas qui la déposa loin des éclats qui pourraient transpercer ses petites ballerines. Perséphone attrapa le balai et le porte-poussière dans une armoire.
—Laisse-moi deviner. Tu as vu un fantôme dehors ? J’ai des frissons, le mort doit être encore là.
Saurie hocha la tête, toujours sous le choc.
—Je l’ai déjà vu quelque part.
Lucas grimaça à la remarque de Gael.
—C’est une dame blanche, un spectre qui hante la cour ou les jardins d’une demeure, parfois les routes aussi. C’est un mythe aperçu souvent en Europe et en Amérique du Nord.
Gael se tourna à demi vers lui, tout en gardant un œil sur la revenante qui continuait à cogner sur la fenêtre.
—Mythe ? Pour le moment, ça m’a l’air bien réel et elle veut nous dire quelque chose.
Persy cessa de nettoyer les dégâts.
—Tu veux dire qu’elle essaie de parler ?
Lucas expliqua :
—Elle cogne sur la vitre.
Perséphone se redressa avec le porte-poussière dans les mains.
—Des mouvements aléatoires, non répétées ou comme du morse de manière constante et répétée au même endroit ?
Saurie ouvrit la bouche de stupeur.
—Elle cogne toujours à la même place. Vous comptez les coups ?
Gael s’approcha de la fenêtre et fit signe à la dame blanche de continuer. Elle gardait son air perdu sur ses traits cadavériques, mais s’activa davantage. Gael imita sur le comptoir le bruit sur les carreaux. Persy sortie son téléphone des poches dissimulées de sa robe et les enregistra. Après deux minutes de ce manège, le fantôme cessa et continua sa ronde sans but précis dans le jardin. Gael se hissa sur le comptoir pour jeter un coup d’œil dans la nuit obscure.
—Elle est partie. À part une dizaine de revenants qui déambulent dans la cour comme s’ils jouaient à un jeu, je ne vois pas de dame blanche.
Saurie lui fit signe de descendre d’un air écœuré :
—N’attire pas leur attention. Ils jouent au criquet sans équipement. Ils sont bizarres depuis que tante Mesra les a chassés de la maison.
Persy acquiesça :
—Ils jouaient à cache-cache avant qu’on les jette dehors et terrorisaient Saurie constamment en sortant de nulle part.
Lucas préféra ne pas poser de questions et termina de nettoyer et de ranger, pendant que les autres se rendaient au salon pour écouter l’enregistrement. Lorsqu’il les rejoignit, ses amis faisaient jouer le message codé pour la troisième fois.
—Je ne sais pas ce que ça veut dire.
—Moi non plus, Saurie.
Lucas acquiesça à la remarque de Persy, mais s’arrêta brusquement dans le mouvement pour demander :
—Fais-le reculer encore.
La rouquine artificielle s’activa. Gael était avachi sur le plancher, des coussins derrière la tête.
—On dirait une chanson.
Lucas cogna du poing sur la table du salon, les faisant tous sursauter.
—C’est ça ! C’est « Céline » une des chansons les plus populaires en 1966. C’est cette musique qui aurait inspiré la mère de Céline Dion de la nommer ainsi.
Perséphone réfléchit à voix haute.
—Oui, c’est vrai. C’est la musique d’Hugues Aufray, mon père l’adorait. Ça fait cinquante ans de cela si c’était en 1966.
Saurie poussa un petit cri en faisant un lien.
—La dame blanche, je sais qui elle est !
Gael s’assit.
—Moi aussi.
Lucas et Persy les dévisagèrent. Gael expliqua :
—Je me disais qu’elle était familière et c’est parce que j’ai vu sa photo récemment lorsque les médias ont ramené sur le sujet la mort d’Hélène Maréchal suite aux meurtres de Marjorie Trudel et de la journaliste. Ça fait cinquante ans qu’Hélène a été assassinée, vous vous rappelez ?
Ils furent debout tous les quatre dans la seconde. Saurie s’affola la première.
—C’était Hélène Maréchal et elle voulait nous dire quelque chose.
Persy se mordit les lèvres, songeuse.
—Si c’est le même tueur, elle doit savoir qui il est et voulait peut-être nous conduire jusqu’à lui.
Lucas grimaça comme s’il venait de boire quelque chose d’amer.
—T’es folle ! Je ne vais pas suivre un fantôme pour trouver un meurtrier !
Saurie était déjà près de la porte d’entrée.
—Moi oui ! C’est peut-être quelqu’un de Beldecour et pas un étranger de passage comme le supposait les médias.
Gael la retint d’ouvrir le battant en s’y appuyant.
—Vous savez ce que raconte la chanson Céline ?
Ils firent tous non de la tête. Gael chercha sur son téléphone, trouva la mélodie et activa le vidéo en disant :
—Écoutez bien les paroles.
Ils portèrent une attention presque religieuse aux lyriques de la musique. Lorsque ce fut terminé, Gael rangea son téléphone dans les poches de sa veste rapiécée de Chapelier fou.
—C’est son frère qui lui parle, qui lui dit qu’ils resteront toujours avec elle, la sœur qui a sacrifié son bonheur personnel pour veiller sur sa famille.
Lucas se balança sur ses talons d’avant en arrière.
—Tu veux dire que son message peut avoir un rapport avec son frère Pierre ?
Gael les observa à tour de rôle.
—Vous ne comprenez pas que c’est peut-être Pierre Maréchal qui a tué sa sœur autrefois car la fille modèle qui gardait sa famille soudée voulait peut-être fuir avec un bon à rien ? Il l’a gardé à Beldecour malgré elle.
Persy maugréa :
—Ou bien elle voulait nous dire que son frère était en danger.
Saurie soupira :
—C’était peut-être simplement pour qu’on comprenne qui elle est et son meurtre il y a cinquante ans.
Gael secoua la tête.
—Je doute qu’elle voulait qu’on fasse seulement ce lien là car elle aurait pu nous cogner contre la vitre l’air de n’importe quelle autre chanson populaire de l’époque. Je pense qu’elle l’a choisi pour une raison spécifique dans l’espoir qu’on intervienne et qu’on retrouve le corps de Gisèle Malonet.
Ils s’éloignèrent tous de l’entrée et retournèrent au salon. Le reste de la soirée se déroula sur des spéculations et des déductions pour finir par décider de surveiller étroitement Pierre Maréchal, tout en faisant une recherche approfondit sur le drame s’étant déroulé cinquante ans plus tôt à Beldecour.
CHAPITRE QUATRE Jamais Gael n’aurait cru passer son vendredi soir à la bibliothèque municipale de Beldecour à feuilleter les vieux articles de journaux datant de cinquante ans. Il tendit une partie des cartables à Saurie et Persy. —Dès qu’il termine sa pratique de football, Lucas nous rejoindra. Il ne pouvait pas s’absenter ce soir, c’est l’étoile de l’équipe et ils ont une partie demain. C’est la finale de la saison. Persy haussa une épaule. —On lui laissera taper nos notes au propre, ce sera sa participation. Saurie plissa le nez au milieu de sa recherche. —Même si on veut aider Hélène et retrouver le corps de Gisèle, on ne peut décemment pas laisser de côté nos activités scolaires ou nos études. Nous avons des vies, les morts vont devoir se faire à l’idée. Persy appuya les coudes sur la table qu’ils monopolisaient. —Dis-moi, Gael, ta copine ne t’en veut pas que tu passes ton vendredi soir avec deux a
CHAPITRE CINQ Perséphone dévisagea sa cousine. —De quoi parles-tu ? Saurie extirpa des plis de son manteau une photo ancienne un peu chiffonnée, mais où l’on apercevait Hélène Maréchal avec cinq autres personnes âgées entre dix-sept et dix-huit ans. Persy reconnue leur oncle Bernard, l’aîné des Mannigan parmi la petite bande souriant sur l’image. Elle retourna le cliché et lut à voix haute les noms notés d’une écriture allongée et précise. —10 mai 1966, la bande Rock On ! Malcom Hayes, Paul Leblanc, Hélène Maréchal, Jenny Sansoucis, Salomon MacFlair et moi. Persy ouvrit de grands yeux. —Oncle Bernard était un ami proche d’Hélène Maréchal ? —Je ne savais pas jusqu’à ce soir. Je venais de terminer mon livre lorsqu’en voulant le ranger dans la bibliothèque du salon j’ai fait tomber un vieil album. Il y avait trois photos qui n’étaient pas rentrées sous le plastique et collés dans l’
CHAPITRE SIX Saurie essayait de suivre Persy de son mieux, mais son sac à dos la ralentissait et sa cousine avait décidé de marcher jusqu’à leur domicile, ce qui était une bonne demi-heure d’un pas d’athlète avec leurs bottes dans le froid plus mordant puisque le soleil déclinait graduellement. Il était hors de question que Gael les ramène à la maison et encore moins de voir ce triple idiot ! Saurie préféra ignorer et ne pas commenter cette phrase qui revenait constamment dans le discours sans suite de sa cousine. Persy s’arrêta soudain et se tourna si brusquement vers Saurie qui traînait derrière, que la jeune fille figea, prise en faute de ne pas être aussi en forme qu’elle le voudrait. Pourtant Perséphone ne s’adressa pas à elle, mais à quelqu’un d’autre: —Hey, t’es qui toi ? Saurie se retourna lentement et recula de deux pas devant la silhouette cagoulée qui se cachait dans l’ombre d’une grande capuche d’un ma
CHAPITRE SEPT Le vedettariat du Cercle des bêtises s’éteignit lentement durant le mois de janvier, puis février. À la relâche scolaire de mars, personne n’en parlait plus et aucune disparition de signaler. La fin du mois de mars, c’était le bal de fin d’année qui monopolisait les conversations. Les cousines Mannigan ne prenaient plus l’autobus, Gael allait les chercher le matin et les reconduisait le soir. Il n’était pas question qu’elles tombent à nouveau nez à nez avec la Bête de Beldecour. La police avait arrêté quelques suspects, mais aucun n’avait une blessure par flèche à la cuisse, les hôpitaux n’avaient reçu personne avec cette condition. Les forces de l’ordre ne se relâchaient pas pour autant, trois jeunes femmes avaient perdu la vie et leur meurtrier courait toujours les rues. Le seul détail qui avait circulé dans la population concernait le fait que les victimes étaient enterrées vivantes. Mise à part le coroner et l’équipe policière sur l’enquête
CHAPITRE HUIT Persy et Gael firent le trajet en voiture jusqu’au moulin de bois des MacFlair dans un silence nerveux. L’adolescente tirait sur un fil de ses mitaines qu’elle avait posé sur ses cuisses. Gael stationna la voiture le long de la rue, puisque le terrain était grillagé et qu’il n’avait pas de laissez-passer électronique pour franchir les portes métalliques. Il posa une main sur celles de Persy. —Je te demande pardon. Je ne sais toujours pas où j’avance avec toi et j’avais déjà repris avec Luisa, je … Persy se dégagea et descendit de la voiture en disant: —Oublie ça. C’est du passé et ça ne se reproduira plus. Je n’ai jamais demandé à être ton amie et encore moins à devenir ton encas de fin de soirée lorsque tu as une petite-amie. L’avoir su, crois-moi, ça ne serait jamais arrivé. Ils marchèrent le long du terrain jusqu’aux remises mentionnées par le fantôme. —Je ne veux pas te perdre, Persy. —T
CHAPITRE NEUF Avril rayonna de tous ses feux pour souligner le printemps qui approchait et le Cercle des bêtises souligna les dix-sept ans des aînés de la bande; Gael et Saurie. Fin avril, les gens spéculaient parfois sur le meurtrier qui avait ravi deux adolescentes à leurs familles. Les préparations du bal de fin d’années étaient de plus en plus souvent ponctuées de regrets. Marjorie et Gisèle ne pourraient pas y être et si la Bête de Beldecour avait perdu de sa popularité durant l’hiver, sa notoriété revenait à grands pas avec la fin de l’année scolaire. Mai était le moment idéal pour sortir son vélo et profiter de l’extérieur plus longtemps. Les gens étaient prudents, les adolescentes attendaient leurs parents à la fin des cours ou des entrainements de majorettes. Les joueurs de football veillaient à partir après les filles, pour éviter de perdre encore certaines de leurs pompons girls. Le Cercle des bêtises tournait en rond avec l
CHAPITRE DIX Lucas jeta un œil à l’heure sur son téléphone pour la quatrième fois. Il soupira et se mit à taper du pied. La voiture de Gael se stationna à ses côtés et il glissa son téléphone et ses clés dans ses poches pour sortir de son véhicule. Ses amis l’imitèrent et Lucas fit la moue en apercevant Saurie et sa couette fontaine qui se perdait dans un manteau trop grand pour elle. —C’est une nouvelle mode ? Saurie lui fit la grimace la plus drôle de l’univers et ils pouffèrent tous sauf elle. Lucas toussa pour retrouver son sérieux. —Il y a une nouvelle morte. Tout le monde sembla se transformer en statue. Lucas expliqua: —J’étais en train de me faire un en-cas de milieu de journée lorsque je l’ai vu passer au travers d’une voiture par la fenêtre du salon. Persy se mordilla les lèvres. —Qui est-ce ? Lucas se tourna vers Gael. —Lorsque je l’ai vu dehors, j’ai pens
CHAPITRE ONZE Saurie avait ouvert une porte dissimulée sous l’escalier menant aux chambres de l’étage. L’endroit servait d’entreposage pour les confitures et conserves de Mesra. Lucas coinça son grand corps dans l’espace disponible et Saurie se glissa près de lui en fermant doucement la porte. Ils ne voyaient pas grand-chose, sauf par une légère fente dans le mur mince de l’entrepôt. Une silhouette entra dans leur champ de vision, elle venait du sous-sol. Saurie posa les deux mains sur sa bouche pour ne pas crier. Lucas se maudit de ne pas avoir eu le temps de prendre son téléphone. Emile MacFlair était habillé de noir, il avait un liquide sombre qui tâchait ses vêtements et les yeux rougis de larmes versées. Son chagrin et sa colère se lisait sur ses traits. À la main, cette fois-ci, il n’avait pas un couteau, mais un revolver. Il passa devant la cachette des adolescents sans savoir qu’eux l’avaient vu. ***** Persy se doutait
ÉPILOGUEPersy était grimpée sur un escabeau et tendait les guirlandes de Noël à Gael pour qu’il les ramasse dans un gros contenant de rangement. Le temps des fêtes était terminé, Mesra pouvait bouger sans douleur après quelques semaines de convalescence. Jake était aux petits soins avec elle, au grand découragement de Bernard qui avait dû «accepter» que les Mathis s’installent dans la grande demeure. Mesra avait transformer son ancienne chambre en bureau de travail, c’est-à-dire que tous ses accessoires ésotériques s’y trouvaient. Elle avait pris l’ancienne chambre de Layla pour l’adapter et en faire le lieu privé du couple. Jake avait apprécié l’idée. Ils avaient un coin juste à eux et décoré à deux.Lucas avait adopté sa ch
CHAPITRE TRENTE-QUATRE Lucas dû jouer le jeu et persuader son père qu’il voulait recoller les pots cassés, ce qui n’était pas faux. Il accepta donc un repas avec son paternel et sa nouvelle flamme. L’idée même de passer la soirée avec Valérie Marchant ne l’enchantait guère, il demanda donc à Gael de l’accompagner dans cette démarche. Le soir du repas, Gael et Lucas tenaient à peine en place. Ils avaient préparé le repas tous les deux et attendaient le retour du travail de Jake et Valérie. Ces derniers firent leur entrée en même temps que Jasmin, Raoul et Jimmy. Lucas recula d’un pas devant la présence des spectres et Gael avala de travers, tentant de cacher sa nervosité aux deux humains face à lui. Ce serait le repas le plus perturbant jamais vécu ! ***** Lucas servit son père et Valérie d’une main plus ferme qu’il ne l’aurait pensé. Il n’aurait jamais cru un jour devoir se concentrer autant pour ne pas lever les yeux d
CHAPITRE TRENTE-TROIS À la surprise du Cercle des bêtises, l’inspecteur Mathis envoya une équipe de surveillance vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour protéger non seulement Gael, mais également Louis-Vincent Chattreau et Stuart Stevenson. Il annonça dans une conférence de presse que le lien entre toutes les victimes, excepté pour Sébastien Ludovic, était qu’ils avaient été membres de l’ancienne équipe de volleyball de Beldecour. Gael n’avait jamais fait partie de l’équipe, mais Jake sauta ce détail car il refusait de croire que quelqu’un tuait des jeunes gens par vengeance suite à une soirée où le personnel soignant était débordé. Les jours s’écoulèrent et finalement septembre se termina, puis octobre tira à sa fin et la température fraîche accompagna le Cercle de bêtises dans des décorations d’Halloween extérieures, une première chez les Mannigan. La surveillance policière était terminée et aucun mort n’avait eu lieu depuis presq
CHAPITRE TRENTE-DEUXCe que les gens pensaient était le cadet de ses soucis. Personne ne pouvait comprendre sa douleur. Chaque geste était précis, délicat et respectueux. Ce n’était pas des jeunes hommes qu’elle tuait, c’était une douleur similaire à la sienne qu’elle créait. Elle voulait qu’on se torde dans une agonie sans nom comme elle l’avait vécu et le vivait encore chaque matin en ouvrant les yeux.Il y a des blessures de l’âme qui détruisent une personne, qui ne se réparent jamais. C’était d’ailleurs un signe des cieux de découvrir que chacune de ses victimes potentielles n’avaient plus qu’un seul membre de famille dans sa vie. Bien sûr, elle faisait abstraction de l’entourage et de la parenté plus éloignée. C’était moins diff
Le mystère est-il en train de s'éclaircir au sujet de la Folle au Joker après la découverte du corps de Juliette Samuel ? Gael sera-t-il sa prochaine victime ?Les éléments sont nébuleux, les soupçons du Cercle des bêtises ne sont pas ceux de l'enquête menée par l'inspecteur Jake Mathis, le père de Lucas. Les fantômes de Juliette et des anciens joueurs de l'équipe de volleyball de Beldecour ne sont toujours pas en paix. Ce ne sera pas facile de mettre au grand jour la tueuse et ses sombres desseins.La conclusion de la troisième aventure du Cercle des bêtises approche et la fin du livre également. Le Cercle des bêtises vous invite au dénouement de cette nouvelle intrigue dans quelques jours !
CHAPITRE TRENTE ET UNIls contournèrent un lit de roses qui bordait le grand champ d’avoine et s’arrêtèrent devant la récolte agricole qui avait commencé. Une partie du champ vers le haut avait déjà des balles de foin, il manquait à faire celle près des bois où ils se tenaient.Saurie grommela:—Il est où le corps de Juliette dans tout ça ?Lucas parcouru l’horizon mouvante de l’avoine face à eux et haussa les épaules:—Où on peut cacher un corps à la fin de l’été sans attirer l’attention des agriculteurs ou des travailleurs sur les fermes ?Gael passa une main dans ses cheveux et ses yeux se posèrent à nouveau sur les rosiers sauvages. Ils étaient bien fournis.—Sous des rosiers ?Ses amis firent volte
CHAPITRE TRENTELa mort de Francis Jean ne fit de la peine à personne, c’était vraiment un homme désagréable que tout le monde avait fini par détester au fil des ans. Le seul qui semblait l’aimer était son petit-fils Sébastien habitant Nouvelle Marie, mais ce dernier avait été victime de la Folle du Joker et son corps avait été installé à l’endroit précis à Beldecour où le vieux Francis le trouverait. La douleur émotionnelle avait eu raison du détestable personnage.Gael déposa le journal devant lui et regarda sa mère.—La journaliste n’est pas allée de main morte pour décrire monsieur Jean. Il n’était pas aimé du tout pour que sa mort passe pour une «libération pour la population de Beldecour». Elle
CHAPITRE VINGT-NEUFLe Cercle des bêtises avait prévu une soirée végétarienne pour profiter d’un moment ensemble et discuter de la situation. L’estomac bien remplie, Gael continuait de grignoter des petites carottes avec de l’humus lorsqu’il résuma les interrogations de chacun depuis une demi-heure de discussion:—Donc on s’entend qu’il faut trouver le lien entre la mort de Juliette et celles de Jasmin et Raoul ?Lucas se laissa choir sur les coussins répandus autour de la table basse du salon à laquelle ils étaient tous assis.—Jasmin et Raoul étaient dans la même équipe de volleyball autrefois, mais je ne vois pas ton lien ou celui de Li-Jan avec eux ?Saurie termina d’engloutir une biscotte avec du paris pâté végétarien pour spécifier.
CHAPITRE VINGT-HUITSaurie faisait les cent pas dans le couloir de l’hôpital. Elle avait trafiqué la vérité lorsqu’on l’avait interrogé. Son récit était celui-ci: Elle avait croisé Li-Jan la semaine précédente et lorsque le sujet du meurtre de Jasmin et de Raoul était venu dans la conversation, Li-Jan lui avait parlé de sa montre JPS. Comme ils devaient se revoir et qu’elle n’avait pas eu de nouvelles, Saurie expliqua qu’elle s’était rendue avec sa cousine à la boutique médiévale dans l’intention inavouée de «croiser» Li-Jan. Inquiète que personne ne paraissait l’avoir vu récemment, elle avait demandé à Shanna de le retracer grâce à sa montre.Fin de l’histoire et les policiers y avaient cru. D