CHAPITRE NEUF
Avril rayonna de tous ses feux pour souligner le printemps qui approchait et le Cercle des bêtises souligna les dix-sept ans des aînés de la bande; Gael et Saurie. Fin avril, les gens spéculaient parfois sur le meurtrier qui avait ravi deux adolescentes à leurs familles. Les préparations du bal de fin d’années étaient de plus en plus souvent ponctuées de regrets. Marjorie et Gisèle ne pourraient pas y être et si la Bête de Beldecour avait perdu de sa popularité durant l’hiver, sa notoriété revenait à grands pas avec la fin de l’année scolaire.
Mai était le moment idéal pour sortir son vélo et profiter de l’extérieur plus longtemps. Les gens étaient prudents, les adolescentes attendaient leurs parents à la fin des cours ou des entrainements de majorettes. Les joueurs de football veillaient à partir après les filles, pour éviter de perdre encore certaines de leurs pompons girls. Le Cercle des bêtises tournait en rond avec l
CHAPITRE DIX Lucas jeta un œil à l’heure sur son téléphone pour la quatrième fois. Il soupira et se mit à taper du pied. La voiture de Gael se stationna à ses côtés et il glissa son téléphone et ses clés dans ses poches pour sortir de son véhicule. Ses amis l’imitèrent et Lucas fit la moue en apercevant Saurie et sa couette fontaine qui se perdait dans un manteau trop grand pour elle. —C’est une nouvelle mode ? Saurie lui fit la grimace la plus drôle de l’univers et ils pouffèrent tous sauf elle. Lucas toussa pour retrouver son sérieux. —Il y a une nouvelle morte. Tout le monde sembla se transformer en statue. Lucas expliqua: —J’étais en train de me faire un en-cas de milieu de journée lorsque je l’ai vu passer au travers d’une voiture par la fenêtre du salon. Persy se mordilla les lèvres. —Qui est-ce ? Lucas se tourna vers Gael. —Lorsque je l’ai vu dehors, j’ai pens
CHAPITRE ONZE Saurie avait ouvert une porte dissimulée sous l’escalier menant aux chambres de l’étage. L’endroit servait d’entreposage pour les confitures et conserves de Mesra. Lucas coinça son grand corps dans l’espace disponible et Saurie se glissa près de lui en fermant doucement la porte. Ils ne voyaient pas grand-chose, sauf par une légère fente dans le mur mince de l’entrepôt. Une silhouette entra dans leur champ de vision, elle venait du sous-sol. Saurie posa les deux mains sur sa bouche pour ne pas crier. Lucas se maudit de ne pas avoir eu le temps de prendre son téléphone. Emile MacFlair était habillé de noir, il avait un liquide sombre qui tâchait ses vêtements et les yeux rougis de larmes versées. Son chagrin et sa colère se lisait sur ses traits. À la main, cette fois-ci, il n’avait pas un couteau, mais un revolver. Il passa devant la cachette des adolescents sans savoir qu’eux l’avaient vu. ***** Persy se doutait
Perséphone se tourna vers sa cousine après avoir replacé une dernière mèche de ses boucles blondes derrière son oreille où pendait une salamandre aux yeux turquoise. —Tu me trouves comment ? Saurie jouait distraitement avec les torsades dans ses cheveux châtains. —Ma-gni-fi-que. Persy pouffa de rire. —Je me sens toujours bizarre avec ma couleur naturelle. Saurie sourit, amusée. —Je trouve que ça te va super bien. Persy tourna sur elle-même. Elle portait une robe d’un beau bleu royal dont la crinoline terminait au-dessus du genou, rappelant presque son costume d’Alice au Pays des merveilles de l’Halloween, et des souliers à talons hauts de la même couleur. Saurie portait une simple robe sans manche en satin rose très pâle qui lui allait aux chevilles avec de fausses petites roses blanches dans les cheveux et des ballerines fushia. La sonnerie de la porte d’entrée marmonna son discours de film d’horreur et Mesra se dépêch
CHAPITRE DOUZELa lumière de la lune baignait le Lac bleu et ses environs d’un éclat réconfortant. C’était l’endroit privilégié des touristes et des vacanciers. Situé à quelques minutes de Nouvelle Marie et à une heure et demie de route de la ville de Beldecour, le Lac bleu, ses chalets et ses canots étaient un régal pour les visiteurs. Ce soir là, cinq adolescents riaient et célébraient la fin de leur première année d’études en technique policière. Cinq jeunes hommes qui profitaient du moment pour passer un beau moment et plaisanter ensemble. Ils se trouvaient au chalet numéro 7 et jouaient à «Loup-garou».Étienne Lesage était le maître de jeu. Le «loup-garou» venait de tuer quelqu’un et tout le monde avait les yeux f
CHAPITRE TREIZELes filles s’installèrent dans une chambre, répandant une variété de crèmes, maquillage et bijoux sur le bureau de la pièce. Saurie se laissa tomber sur le grand lit double avec un soupire de soulagement.—Je pensais que je n’aimerais pas, mais ça va me faire du bien à moi aussi.Persy se laissa choir à ses côtés.—Gael remet ça.Saurie s’assit brusquement.—Il aime se torturer, le pauvre.Perséphone se leva pour finir de ranger ses vêtements dans les tiroirs du haut, Saurie aurait ceux du bas.—T’inquiète, ça lui passera. Nous étions rivaux niveau mauvaise réputation à l’école alors ça le fascine de connaître la Mannigan et de l’apprécier, j’imagine.&md
CHAPITRE QUATORZESaurie était experte dans l’art de passer inaperçu autant pour les vivants que pour les morts. Le point positif de ces vacances, qui avaient débuté de la mauvaise façon avec la blonde qui apparaissait même à Persy, était qu’il y avait très peu de spectres errants autour du lac. Deux vieux messieurs et un chien, le genre de revenants tranquilles et pas compliqués. Tant qu’il n’y avait pas de souris fantômes ou d’esprits perturbés, ça se présentait mieux que prévu.L’adolescente glissa une pièce dans la machine distributrice et fronça les sourcils lorsque son sac de M&N se coinça sur la spirale derrière laquelle il se trouvait au départ.—Maudite machine.Un poing frappa sur le haut de la vitre et Saurie leva les yeux vers un viking des temps
CHAPITRE QUINZEGaspard Mannigan ne ressemblait pas aux autres membres de sa famille, il avait l’air d’un intello avec ses petites lunettes rondes et ses mimiques distraites. Lorsqu’il ouvrait la bouche, la voix grave et profonde qui en sortait contrastait avec sa réserve. Gael se dit que s’il l’avait croisé dans la rue, il ne l’aurait même pas vu même s’il était grand et élancé. Toutefois, s’il l’avait entendu parler, il se serait imaginé un gangster des années 1940. Saurie se blottie contre son oncle et ce dernier sourit avec affection.—Ma petite Saurie adorée, je suis vraiment content de te voir.Gael remarqua la similitude dans le sourire et lorsque Gaspard le regarda par-dessus la tête de sa nièce, le jeune homme reconnu le regard vert de Perséphone chez l’oncle des adolesce
CHAPITRE SEIZELa soirée battait son plein depuis presque une heure lorsque les conversations dévièrent vers les bons souvenirs avec Justin et Étienne relatés par ses amis. Au début, c’était plus des échanges permettant à tout le monde d’apprendre à se connaître, quelques toasts en l’honneur de Justin, sans plus. Après quelques bières et une fois plus à l’aise, Marc-Antoine ne manquait pas une anecdote cocasse à relater. Persy capta le regard de James plusieurs fois vers la table d’appoint qu’ils avaient déménagé dans un coin à cause de Snappy. Ce fut Simon qui posa la question qui semblait préoccuper James.—Pourquoi vous avez déplacé la table ?Lucas fit la grimace en se tournant vers l’endroit désigné, son Pepsi &agra
ÉPILOGUEPersy était grimpée sur un escabeau et tendait les guirlandes de Noël à Gael pour qu’il les ramasse dans un gros contenant de rangement. Le temps des fêtes était terminé, Mesra pouvait bouger sans douleur après quelques semaines de convalescence. Jake était aux petits soins avec elle, au grand découragement de Bernard qui avait dû «accepter» que les Mathis s’installent dans la grande demeure. Mesra avait transformer son ancienne chambre en bureau de travail, c’est-à-dire que tous ses accessoires ésotériques s’y trouvaient. Elle avait pris l’ancienne chambre de Layla pour l’adapter et en faire le lieu privé du couple. Jake avait apprécié l’idée. Ils avaient un coin juste à eux et décoré à deux.Lucas avait adopté sa ch
CHAPITRE TRENTE-QUATRE Lucas dû jouer le jeu et persuader son père qu’il voulait recoller les pots cassés, ce qui n’était pas faux. Il accepta donc un repas avec son paternel et sa nouvelle flamme. L’idée même de passer la soirée avec Valérie Marchant ne l’enchantait guère, il demanda donc à Gael de l’accompagner dans cette démarche. Le soir du repas, Gael et Lucas tenaient à peine en place. Ils avaient préparé le repas tous les deux et attendaient le retour du travail de Jake et Valérie. Ces derniers firent leur entrée en même temps que Jasmin, Raoul et Jimmy. Lucas recula d’un pas devant la présence des spectres et Gael avala de travers, tentant de cacher sa nervosité aux deux humains face à lui. Ce serait le repas le plus perturbant jamais vécu ! ***** Lucas servit son père et Valérie d’une main plus ferme qu’il ne l’aurait pensé. Il n’aurait jamais cru un jour devoir se concentrer autant pour ne pas lever les yeux d
CHAPITRE TRENTE-TROIS À la surprise du Cercle des bêtises, l’inspecteur Mathis envoya une équipe de surveillance vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour protéger non seulement Gael, mais également Louis-Vincent Chattreau et Stuart Stevenson. Il annonça dans une conférence de presse que le lien entre toutes les victimes, excepté pour Sébastien Ludovic, était qu’ils avaient été membres de l’ancienne équipe de volleyball de Beldecour. Gael n’avait jamais fait partie de l’équipe, mais Jake sauta ce détail car il refusait de croire que quelqu’un tuait des jeunes gens par vengeance suite à une soirée où le personnel soignant était débordé. Les jours s’écoulèrent et finalement septembre se termina, puis octobre tira à sa fin et la température fraîche accompagna le Cercle de bêtises dans des décorations d’Halloween extérieures, une première chez les Mannigan. La surveillance policière était terminée et aucun mort n’avait eu lieu depuis presq
CHAPITRE TRENTE-DEUXCe que les gens pensaient était le cadet de ses soucis. Personne ne pouvait comprendre sa douleur. Chaque geste était précis, délicat et respectueux. Ce n’était pas des jeunes hommes qu’elle tuait, c’était une douleur similaire à la sienne qu’elle créait. Elle voulait qu’on se torde dans une agonie sans nom comme elle l’avait vécu et le vivait encore chaque matin en ouvrant les yeux.Il y a des blessures de l’âme qui détruisent une personne, qui ne se réparent jamais. C’était d’ailleurs un signe des cieux de découvrir que chacune de ses victimes potentielles n’avaient plus qu’un seul membre de famille dans sa vie. Bien sûr, elle faisait abstraction de l’entourage et de la parenté plus éloignée. C’était moins diff
Le mystère est-il en train de s'éclaircir au sujet de la Folle au Joker après la découverte du corps de Juliette Samuel ? Gael sera-t-il sa prochaine victime ?Les éléments sont nébuleux, les soupçons du Cercle des bêtises ne sont pas ceux de l'enquête menée par l'inspecteur Jake Mathis, le père de Lucas. Les fantômes de Juliette et des anciens joueurs de l'équipe de volleyball de Beldecour ne sont toujours pas en paix. Ce ne sera pas facile de mettre au grand jour la tueuse et ses sombres desseins.La conclusion de la troisième aventure du Cercle des bêtises approche et la fin du livre également. Le Cercle des bêtises vous invite au dénouement de cette nouvelle intrigue dans quelques jours !
CHAPITRE TRENTE ET UNIls contournèrent un lit de roses qui bordait le grand champ d’avoine et s’arrêtèrent devant la récolte agricole qui avait commencé. Une partie du champ vers le haut avait déjà des balles de foin, il manquait à faire celle près des bois où ils se tenaient.Saurie grommela:—Il est où le corps de Juliette dans tout ça ?Lucas parcouru l’horizon mouvante de l’avoine face à eux et haussa les épaules:—Où on peut cacher un corps à la fin de l’été sans attirer l’attention des agriculteurs ou des travailleurs sur les fermes ?Gael passa une main dans ses cheveux et ses yeux se posèrent à nouveau sur les rosiers sauvages. Ils étaient bien fournis.—Sous des rosiers ?Ses amis firent volte
CHAPITRE TRENTELa mort de Francis Jean ne fit de la peine à personne, c’était vraiment un homme désagréable que tout le monde avait fini par détester au fil des ans. Le seul qui semblait l’aimer était son petit-fils Sébastien habitant Nouvelle Marie, mais ce dernier avait été victime de la Folle du Joker et son corps avait été installé à l’endroit précis à Beldecour où le vieux Francis le trouverait. La douleur émotionnelle avait eu raison du détestable personnage.Gael déposa le journal devant lui et regarda sa mère.—La journaliste n’est pas allée de main morte pour décrire monsieur Jean. Il n’était pas aimé du tout pour que sa mort passe pour une «libération pour la population de Beldecour». Elle
CHAPITRE VINGT-NEUFLe Cercle des bêtises avait prévu une soirée végétarienne pour profiter d’un moment ensemble et discuter de la situation. L’estomac bien remplie, Gael continuait de grignoter des petites carottes avec de l’humus lorsqu’il résuma les interrogations de chacun depuis une demi-heure de discussion:—Donc on s’entend qu’il faut trouver le lien entre la mort de Juliette et celles de Jasmin et Raoul ?Lucas se laissa choir sur les coussins répandus autour de la table basse du salon à laquelle ils étaient tous assis.—Jasmin et Raoul étaient dans la même équipe de volleyball autrefois, mais je ne vois pas ton lien ou celui de Li-Jan avec eux ?Saurie termina d’engloutir une biscotte avec du paris pâté végétarien pour spécifier.
CHAPITRE VINGT-HUITSaurie faisait les cent pas dans le couloir de l’hôpital. Elle avait trafiqué la vérité lorsqu’on l’avait interrogé. Son récit était celui-ci: Elle avait croisé Li-Jan la semaine précédente et lorsque le sujet du meurtre de Jasmin et de Raoul était venu dans la conversation, Li-Jan lui avait parlé de sa montre JPS. Comme ils devaient se revoir et qu’elle n’avait pas eu de nouvelles, Saurie expliqua qu’elle s’était rendue avec sa cousine à la boutique médiévale dans l’intention inavouée de «croiser» Li-Jan. Inquiète que personne ne paraissait l’avoir vu récemment, elle avait demandé à Shanna de le retracer grâce à sa montre.Fin de l’histoire et les policiers y avaient cru. D