Elle avait accepté ce poste sur un coup de tête, se laissant porter par le cours des évènements. Ses études de lettres et ce nouveau job occupait la majeure partie de son temps. Travailler au salon de thé la ravissait et elle avait fait plein de suggestions à Delphine, la gérante. Passionnée de lecture, la jeune femme avait emporté certains de ses ouvrages et créer une petite blibliothèque à coté de coussins moelleux où les clients pouvaient bouquiner en toute sérénité. Elle avait refait les menus, les décorants de dessins de muffins souriants ou de grains de café volant dans tous les sens. Toutes ces petits améliorations semblaient ravir Delphine et tout se passait bien. Elles discutaient durant le service et Diane avait l'impression que son ainée voulait aborder certains sujets mais se ravisait. Ne souhaitant pas la brusquer, elle attendait patiemment que la gérante s'ouvre à elle.
Ce jour là, Diane fixait d'un air piteux le citronnier en pot de la terrasse. Elle l'avait toujours connue en pleine forme et maintenant, il se courbait vers le sol, ses feuilles ternes et jaunies tombant les unes après les autres. Elle avait essayé de s'en tenir loin pourtant, laissant à Delphine le soin de l'arroser. Comment diable cela pouvait-il être possible ?
- Il va rejoindre Francky...
Marmonna-t-elle en tournant les talons, manquant de percuter Delphine qui, grâce à son expérience, parvint à stabiliser un lourd plateau plein de patisseries.
- Qui est Francky ?
- C'est mon cactus, expliqua un peu honteusement la jeune femme, ma mère me l'a offert en disant que lui je ne pourrai pas le tuer et pourtant... J'ai vraiment un soucis avec les plantes, elles meurent toujours autour de moi.
- Ah bon ? Répondit Delphine en levant un sourcil, qui avait l'air subitement très intéressée par les propos de sa recrue.
- Je... Ce sont des coincidences, je n'ai pas la main verte quoi, pourtant je n'ai pas touché à votre citronnier je vous le promets.
Diane avait l'air tellement catastrophée que la gérante éclata de rire et continua son chemin, non sans lui jeter un dernier regard songeur dont elle avait le secret. C'était une belle journée ensoleillée et Diane était loin de se douter que, quelques heures plus tard, sa vie serait profondément bouleversée.
Delphine habitait au dessus de son salon de thé et fermait donc elle-même la plupart du temps. Pourtant ce soir-là, elle demande à la jeune femme de fermer exceptionnellement en prétextant avoir une urgence, un appel familial à passer. Diane accepta avec plaisir et servit les derniers clients. Il était à peine 18 heures. La blonde termina de balayer et de passer un coup sur les tables avant de s'étirer de tout son long. Elle aurait du être fatiguée par cette nouvelle façon de vivre mais être ici lui donnait toujours beaucoup d'énergie. Otant son tablier, elle se dirigea vers l'alarme et réalisa qu'elle n'avait pas eu la présence d'esprit de demander le code. Comment faire ? Elle se voyait mal laisser le magasin sans protection toute la nuit. Détestant déranger les gens, la jeune femme se tordit les mains quelques secondes avant d'oser appeler Delphine. Mais son téléphone tomba directement sur la messagerie comme si la gérante l'avait éteint. Etrange pour quelqu'un qui avait des coups de fil importants à passer non ?
Il ne lui restait plus qu'une solution, prendre l'escalier extérieur et entrer chez Delphine pour la prévenir. Prenant son courage à deux mains, elle s'exécuta se sentant profondément mal à l'aise. Elle toqua délicatement à la porte de l'étage mais personne ne lui répondit. En la poussant doucement, Diane découvrit un rideau de perles scintillantes qui tintèrent sur son passage. L'appartement était bien plus vaste que le sien mais quasiment plongé dans le noir. Les miroirs étaient recouverts de tissu et elle se demande si la quincagènaire n'était pas surpersitieuse. Sans vraiment savoir pourquoi, la jeune femme avança sans se manifester, guidée par son instinct. Elle se dirigea vers une pièce où s'échappait une lumière tamisée et dont la porte était entrouverte. Jetant un oeil à l'intérieur, elle aperçut Delphine de dos, assise en tailleur et entourée de bougies. Au moment où Diane s'apprêtait à la héler, sa patronne se mit à parler toute seule, d'une voix forte et chantante.
- Murmur, mon ami, je n'ai plus besoin de te contraindre alors prend place dans ce cercle et fais moi grâce de ta sagesse.
Des lignes tracées à la craie couraient sur le sol de la petite pièce. Les yeux de Diane s'écarquillèrent quand un bruit de clairon résonna, sans qu'elle puisse en identifier la provenance. A part le dos de Delphine, elle ne voyait rien et sa frustration grandit quand une voix se mit à répondre. L'homme avait-il toujours été dans la pièce ?
- Delphine... Cela fait fort longtemps que tu ne m'as pas invoqué. Je commençais à penser que tu t'étais trouvé un ange gardien du coté de mes frères non déchus.
- Non Murmur, je suis une femme fidèle.
Si ce n'était l'étrangeté de leur conversation, on aurait pu croire que deux amis aimant se taquiner étaient en train de converser. Mais la voix de ce Murmur était étrange, appartenant à autre temps, profonde, vibrante, ancienne.
- Murmur, je ne suis plus qu'une vieille sorcière désormais et j'ai mené à bien ma mission, protéger toutes celles qui croisaient mon chemin. Mais nos forces s'amenuisent de plus en plus tandis que nos ennemis ne cessent de se renforcer. Je ne sais plus quoi faire.
- Aies-foi en la prophétie, quand les 7 seront réunies les sorcières pourront faire face à de nouveaux défis.
- Je connais la prophétie, répliqua Delphine qui semblait bien plus vulnérable qu'à l'ordinaire, mais, hormis Ava, je ne vois pas qui...
- Sorcière, tu as pourtant l'odeur de la Mort collée à tes habits.
Il y eut un silence. Diane, totalement pétrifiée, n'osait même plus déglutir, tant elle avait l'impression de commettre un impair. Si la gérante se retournait et la surprenait... Elle n'osait même pas imaginer se remettre de cette honte. Delphine reprit la parole, plongeant l'espionne dans une stupeur totale.
- Tu parles de Diane n'est-ce pas ? Alors mon instinct ne me trompe pas. Je n'ai jamais rencontré de Sorcière de la Vie ou de la Mort je n'en étais donc pas certaine.
- J'ai vu une partie de son destin dans les étoiles, hâte toi de lui apprendre car elle devra unifier le Covent.
- Mais...
Une nouvelle salve de clairon fit sursauter Diane qui recula. La voix appartenant à Murmur prit congé en expliquant que son temps sur Terre était arrivé à expiration et il y eut un bruit si étrange, que la jeune femme se rapprocha, malgré sa peur, de l'ouverture de la porte, aperçevant alors un spectacle infernal. Le dénommé Murmur était un être d'apparence humaine, recouvert d'une armure étincelante et ceint d'une couronne ducale. Des ailes de corbeau battait doucement dans son dos. A ses pieds, le sol s'ouvrit brusquemement et une colonne de flammes en jaillit l'entourant sans le bruler et l'attirant vers la fosse. Ses yeux rouges se fixèrent sur Diane et un sourire traversa son visage avant qu'il disparaisse sur un dernier coup de clairon. La jeune femme cligna des yeux, profondément perturbée. Rien ne laissait présager ce qui venait de se passer. Le sol était intact, la musique s'était tue. Confuse, la blonde tenta de s'éclipser discrètement mais, dans l'obscurité du couloir, heurta un bibelot qui s'écrasa sur le sol.
- Qui va là ?
Rugit la voix de Delphine, tandis que toutes les bougies de l'appartement s'éteignirent d'un coup. Folle de terreur, Diane ramassa un des éclats de l'objet brisé et le brandit devant elle, essayant de cacher sa panique derrière son arme improvisée. Les larmes roulaient sur ses joues et elle gémit doucement. C'est alors que la lumière au plafond grésilla et s'alluma. Delphine s'approcha et parut très étonnée de la trouver ici.
- Diane ? Que fais-tu ici ?
- N'approchez pas !
Beugla l'étudiante, incapable de réfléchir. Mais elle ne tarda pas à s'effondrer en sanglots sur le sol, serrant sa porcelaine entre ses doigts, son corps secoué de spasme, en état de choc, son cerveau essayait de comprendre ce qu'il venait de vivre. Delphine prit alors une mesure radicale et s'accroupit face à elle avant de lui asséner une gifle magistrale qui eut pour effet de calmer Diane, tant sa surprise fut grande.
- Ca suffit Diane ! Je comptais t'annoncer les choses en douceur mais le destin en a décidé autrement. Puisque tu nous as épié tu as du entendre notre conversation. Notre sort repose sur tes épaules et je ne tolérai pas qu'une jeune fille en pleurs sois l'élue de la prophétie. Maintenant réfléchis à toutes les choses étranges qui te sont arrivées ces derniers temps et tu comprendras que c'est parce que tes pouvoirs se sont éveillés.
- Je... Je tue des plantes. C'est ça mon pouvoir ? Mais qu'est-ce que vous racontez, je deviens cinglée c'est ça ? Il n'y avait pas de démon dans votre chambre hein ?
- Tu es une sorcière Diane, répliqua patiemment Delphine, une sorcière de la Mort, une branche obscure crainte par nos ennemis et nos alliés. Non, tu ne fais pas que mourir les plantes. De ce que j'ai compris tu peux voir les souvenirs des morts également.
Diane s'essuya les yeux et déglutit, comprenant à quoi faisait référence Delphine. C'était bel et bien ce qui s'était passé avec sa voisine. Toutefois, son cerveau peinait à accepter la réalité. Elle n'était qu'une étudiante fauchée ordinaire, elle ne voulait pas de cette vie consistant à faire apparaitre des gens dans des cercles enflammés, ce n'était pas elle, ce n'était pas son monde.
- Mais je... Je ne veux pas.
- Tu n'as pas le choix. Tu as été touchée par la grâce de la Magie et ce qu'elle offfre elle ne peut reprendre. Tu auras tes pouvoirs toute ta vie. Il te faut apprendre à les maitriser et à les cacher ou tu seras en danger. Les sorcières sont traquées sans relâche, assassinées dans la froideur et l'indifférence. Tu n'as pas le temps de pleurer Diane.
La blonde se redressa, les jambes tremblantes. En état de choc, elle n'arrivait pas à ingérer correctement les propos de sa supérieure. Alors, son corps agissant par automatisme, elle ouvrit la bouche et cracha une phrase veninmeuse avant de tourner les talons et de s'enfuir.
- C'est vous qui êtes cinglée en fait, vous faites partie d'une secte c'est ça ? Vous m'avez entendu dire des choses étranges et avez décidé de me faire entrer dans votre délire ? Mais je ne vais pas rentrer dans votre jeu !
Delphine la regarda partir stoiquement. Elle n'était pas inquiète. Diane se rendrait très vite compte qu'elle avait besoin d'elle. Murmur avait vu quelque chose dans les étoiles et pensait que Diane était spéciale alors la jeune femme reviendrait. Le destin ne se trompait jamais après tout.
L'eau gelée lui coulait dans la nuque, glissait le long de son dos nu et entrait dans ses sous-vêtements sans pitié, lui causant des tremblements qu'il essayait vainement de réprimer. Ils étaient tous en petite tenue, en cercle, et le calvaire avait commencé depuis maintenant trois jours. Pour la millième fois, Raphaël se demanda pourquoi il avait choisi la classe supérieure des guerriers. Igor avait toujours été un mentor, une figure réconfortante tout au long de sa scolarité. Mais, aujourd’hui, il était devenu méconnaissable, un mélange entre un spartiate survolté et un commando marine beaucoup trop énervé. Sa dernière lubie avait été de pousser le concept des trois F, faim, froid, fatigue, à l’extrême. Abattus, ils subissaient tous sans broncher, n’arrivant à tenir que grâce à leur volonté. Après des jours sans manger quelque chose de satisfaisant, Raphaël sentait son estomac se révolter contre le traitement qu’il lui infligeait. Mais le pire ce n’était pas ça ou l’absence de somme
Diane tordit nerveusement ses cheveux et inspira profondément. Elle était d’une nature bien trop sensible et cette situation ne lui convenait absolument pas. Habituée à être mutique, à raser les murs, ignorant les autres humains qui avaient le malheur de l’entourer, se retrouver face à Madame Duchaux lui était insoutenable. D’autant plus que Madame Duchaux était effondrée en bas des escaliers, du sang luisant derrière son crâne, tachant le faux marbre de l’immeuble des années cinquante où elles habitaient. Au téléphone, la voix de l’opératrice lui répétait les mêmes instructions mais le cerveau de la jeune femme semblait ne plus vouloir fonctionner, entièrement plongé dans un état de sidération. Péniblement, elle réussit à articuler quelque chose, sa voix lui procurant une drôle de sensation, comme si ce n’était pas elle qui parlait, mais une étrangère. - Non, je ne sais pas si elle respire…Prendre le pouls, prendre le pouls. Comment pouvait-elle s’approcher de ça ? Madame Duchaux a
Il s’était toujours demandé pourquoi son papa était si souvent absent. Ils ne manquaient de rien, la maison était confortable, chaleureuse, et sa maman préparait de merveilleux cookies. Mais il y avait cette pièce interdite et l’odeur étrange, rance, métallique, que dégageait papa lorsqu’il rentrait. Puis, un jour le petit garçon devint grand, et il ouvrit la porte de la pièce.Il avait tout d’un jeune homme ordinaire. Des amis l'entourant en riant joyeusement, des livres sous le bras, une attitude polie et courtoise en croisant quelqu’un dans un couloir, un air mutin quand un professeur lui posait une question et de grands yeux verts irrésistibles. Raphael était le petit roi de son école, sans qu’il abuse de ce privilège. Cependant, contrairement à ce que les gens normaux pouvaient bien penser, ils n’avaient pas été d’écoles privées en écoles privées pour élites. Non, depuis ses 5 ans il étudiait à l’Académie des Braves, nichée en plein cœur de Paris. Il connaissait ses camarades dep
L'eau gelée lui coulait dans la nuque, glissait le long de son dos nu et entrait dans ses sous-vêtements sans pitié, lui causant des tremblements qu'il essayait vainement de réprimer. Ils étaient tous en petite tenue, en cercle, et le calvaire avait commencé depuis maintenant trois jours. Pour la millième fois, Raphaël se demanda pourquoi il avait choisi la classe supérieure des guerriers. Igor avait toujours été un mentor, une figure réconfortante tout au long de sa scolarité. Mais, aujourd’hui, il était devenu méconnaissable, un mélange entre un spartiate survolté et un commando marine beaucoup trop énervé. Sa dernière lubie avait été de pousser le concept des trois F, faim, froid, fatigue, à l’extrême. Abattus, ils subissaient tous sans broncher, n’arrivant à tenir que grâce à leur volonté. Après des jours sans manger quelque chose de satisfaisant, Raphaël sentait son estomac se révolter contre le traitement qu’il lui infligeait. Mais le pire ce n’était pas ça ou l’absence de somme
Elle avait accepté ce poste sur un coup de tête, se laissant porter par le cours des évènements. Ses études de lettres et ce nouveau job occupait la majeure partie de son temps. Travailler au salon de thé la ravissait et elle avait fait plein de suggestions à Delphine, la gérante. Passionnée de lecture, la jeune femme avait emporté certains de ses ouvrages et créer une petite blibliothèque à coté de coussins moelleux où les clients pouvaient bouquiner en toute sérénité. Elle avait refait les menus, les décorants de dessins de muffins souriants ou de grains de café volant dans tous les sens. Toutes ces petits améliorations semblaient ravir Delphine et tout se passait bien. Elles discutaient durant le service et Diane avait l'impression que son ainée voulait aborder certains sujets mais se ravisait. Ne souhaitant pas la brusquer, elle attendait patiemment que la gérante s'ouvre à elle. Ce jour là, Diane fixait d'un air piteux le citronnier en pot de la terrasse. Elle l'avait toujours c
Il s’était toujours demandé pourquoi son papa était si souvent absent. Ils ne manquaient de rien, la maison était confortable, chaleureuse, et sa maman préparait de merveilleux cookies. Mais il y avait cette pièce interdite et l’odeur étrange, rance, métallique, que dégageait papa lorsqu’il rentrait. Puis, un jour le petit garçon devint grand, et il ouvrit la porte de la pièce.Il avait tout d’un jeune homme ordinaire. Des amis l'entourant en riant joyeusement, des livres sous le bras, une attitude polie et courtoise en croisant quelqu’un dans un couloir, un air mutin quand un professeur lui posait une question et de grands yeux verts irrésistibles. Raphael était le petit roi de son école, sans qu’il abuse de ce privilège. Cependant, contrairement à ce que les gens normaux pouvaient bien penser, ils n’avaient pas été d’écoles privées en écoles privées pour élites. Non, depuis ses 5 ans il étudiait à l’Académie des Braves, nichée en plein cœur de Paris. Il connaissait ses camarades dep
Diane tordit nerveusement ses cheveux et inspira profondément. Elle était d’une nature bien trop sensible et cette situation ne lui convenait absolument pas. Habituée à être mutique, à raser les murs, ignorant les autres humains qui avaient le malheur de l’entourer, se retrouver face à Madame Duchaux lui était insoutenable. D’autant plus que Madame Duchaux était effondrée en bas des escaliers, du sang luisant derrière son crâne, tachant le faux marbre de l’immeuble des années cinquante où elles habitaient. Au téléphone, la voix de l’opératrice lui répétait les mêmes instructions mais le cerveau de la jeune femme semblait ne plus vouloir fonctionner, entièrement plongé dans un état de sidération. Péniblement, elle réussit à articuler quelque chose, sa voix lui procurant une drôle de sensation, comme si ce n’était pas elle qui parlait, mais une étrangère. - Non, je ne sais pas si elle respire…Prendre le pouls, prendre le pouls. Comment pouvait-elle s’approcher de ça ? Madame Duchaux a